Le secrétaire général du Front de libération nationale n’a pas réussi, hier, à rassembler tous les élus de son parti au meeting d’Alger. Perturbé par la présence surprise de Abdelaziz Belkhadem, Amar Saâdani a dû écourter son discours
Sortie ratée. Amar Saâdani n’a pas réussi à rassembler les milliers d’élus nationaux et locaux que compte son parti. Hier matin, l’assistance présente sous le chapiteau dressé à proximité de la Coupole était divisée en deux: d’un côté des parlementaires et des membres du Comité central et de l’autre une foule de jeunes gens venus de plusieurs wilayas. Installés sur la scène, les cadres du FLN étaient tout au plus 200 alors que leur nombre dépasse largement 550.
Amar Saâdani fait son entrée à dix heures sous les acclamations de la foule. «Aujourd’hui je ne vais pas prononcer un discours politique. Nous sommes ici pour célébrer le Président Abdelaziz Bouteflika. Nous sommes réunis pour dire oui à un nouveau mandat présidentiel. Le Front de libération nationale est pour le candidat Abdelaziz Bouteflika et ne suivra aucun autre candidat. Que tout le monde sache que notre candidat à l’élection présidentielle est Abdelaziz Bouteflika», insiste-t-il.
Comme pris d’une crise d’hystérie, Amar Saâdani se met ensuite à crier le nom du chef de l’Etat. Et c’est à ce moment précis qu’un hôte inattendu arrive sur scène : Abdelaziz Belkhadem qui réapparaît une année, presque jour pour jour, après son limogeage. A la vue de l’ex-secrétaire général du FLN, des cadres se lèvent pour l’embrasser tandis que des dizaines de militants crient «Belkhadem-Bouteflika». «Certains veulent gâcher la fête», lance alors Amar Saâdani, visiblement déstabilisé par la visite surprise de son prédécesseur. Saâdani tente de revenir sur le sujet du jour : «Abdelaziz Bouteflika restera Président et Rabi Kbir (et Dieu est Grand). Le Front de libération nationale est un grand parti et il est au pouvoir.» Mais un aveu d’échec s’est cependant glissé au milieu de ce discours élogieux.
Amar Saâdani a reconnu qu’il avait fait fausse route en annonçant l’amendement de la Constitution avant l’élection présidentielle. «La révision constitutionnelle est du ressort du président de la République. C’est à lui seul de décider quand et pourquoi il doit procéder à cette révision. Notre parti a fait plusieurs propositions et les a adressées à la Commission chargée de la révision, nous attendons.» Il achèvera son «show» en appelant ses troupes à rester «mobilisées pour mener une campagne électorale victorieuse pour le quatrième mandat». Censé être «historique», le discours de Amar Saâdani n’aura duré qu’une petite dizaine de minutes. L’homme a montré ses limites. Il a été incapable de faire face à son prédécesseur qui lui a volé la vedette.
Pour Abdelhamid Si Affif, un des meneurs du front anti-Saâdani, cette sortie inattendue de Abdelaziz Belkhadem accélérera la chute du secrétaire général. «Belkhadem nous a rendu service car il a démontré que Saâdani ne maîtrise pas le parti. Il l’a ridiculisé puisque plusieurs de ses hommes étaient présents à ce meeting. Saâdani a fait preuve de naïveté. Ces cadres ont tous signé pour exiger la convocation d’une session extraordinaire du Comité central.» Si Affif estime que le patron du FLN a bâti sa stratégie sur l’hypothétique poste de «vice-président» qu’était censée lui procurer la révision de la Constitution. «Ces derniers mois, il n’a cessé de faire des promesses à son entourage. Il était persuadé qu’il allait devenir vice-président de la République.
A titre d’exemple, il a promis au sénateur Abdelkader Zahali qu’il serait nommé ministre de la Jeunesse et des Sports dans le prochain gouvernement. Actuellement, il s’accroche au quatrième mandat. Nous sommes tous pour que le Président Bouteflika soit élu à un quatrième mandat, mais s’il ne se présente pas, qu’allons-nous faire? Saâdani aurait dû prévoir d’autres plans pour permettre au Front de libération nationale de soutenir un autre candidat.
Mais il ne l’a pas fait car aujourd’hui il ambitionne de se présenter à l’élection présidentielle.» Abdelhamid Si Affif déclare s’opposer catégoriquement à cette option. Pour lui, le FLN doit soutenir «la candidature de Abdelmalek Sellal».
Tarek Hafid (Alger) - Le Soir
12 janvier 2014
Sortie ratée. Amar Saâdani n’a pas réussi à rassembler les milliers d’élus nationaux et locaux que compte son parti. Hier matin, l’assistance présente sous le chapiteau dressé à proximité de la Coupole était divisée en deux: d’un côté des parlementaires et des membres du Comité central et de l’autre une foule de jeunes gens venus de plusieurs wilayas. Installés sur la scène, les cadres du FLN étaient tout au plus 200 alors que leur nombre dépasse largement 550.
Amar Saâdani fait son entrée à dix heures sous les acclamations de la foule. «Aujourd’hui je ne vais pas prononcer un discours politique. Nous sommes ici pour célébrer le Président Abdelaziz Bouteflika. Nous sommes réunis pour dire oui à un nouveau mandat présidentiel. Le Front de libération nationale est pour le candidat Abdelaziz Bouteflika et ne suivra aucun autre candidat. Que tout le monde sache que notre candidat à l’élection présidentielle est Abdelaziz Bouteflika», insiste-t-il.
Comme pris d’une crise d’hystérie, Amar Saâdani se met ensuite à crier le nom du chef de l’Etat. Et c’est à ce moment précis qu’un hôte inattendu arrive sur scène : Abdelaziz Belkhadem qui réapparaît une année, presque jour pour jour, après son limogeage. A la vue de l’ex-secrétaire général du FLN, des cadres se lèvent pour l’embrasser tandis que des dizaines de militants crient «Belkhadem-Bouteflika». «Certains veulent gâcher la fête», lance alors Amar Saâdani, visiblement déstabilisé par la visite surprise de son prédécesseur. Saâdani tente de revenir sur le sujet du jour : «Abdelaziz Bouteflika restera Président et Rabi Kbir (et Dieu est Grand). Le Front de libération nationale est un grand parti et il est au pouvoir.» Mais un aveu d’échec s’est cependant glissé au milieu de ce discours élogieux.
Amar Saâdani a reconnu qu’il avait fait fausse route en annonçant l’amendement de la Constitution avant l’élection présidentielle. «La révision constitutionnelle est du ressort du président de la République. C’est à lui seul de décider quand et pourquoi il doit procéder à cette révision. Notre parti a fait plusieurs propositions et les a adressées à la Commission chargée de la révision, nous attendons.» Il achèvera son «show» en appelant ses troupes à rester «mobilisées pour mener une campagne électorale victorieuse pour le quatrième mandat». Censé être «historique», le discours de Amar Saâdani n’aura duré qu’une petite dizaine de minutes. L’homme a montré ses limites. Il a été incapable de faire face à son prédécesseur qui lui a volé la vedette.
Pour Abdelhamid Si Affif, un des meneurs du front anti-Saâdani, cette sortie inattendue de Abdelaziz Belkhadem accélérera la chute du secrétaire général. «Belkhadem nous a rendu service car il a démontré que Saâdani ne maîtrise pas le parti. Il l’a ridiculisé puisque plusieurs de ses hommes étaient présents à ce meeting. Saâdani a fait preuve de naïveté. Ces cadres ont tous signé pour exiger la convocation d’une session extraordinaire du Comité central.» Si Affif estime que le patron du FLN a bâti sa stratégie sur l’hypothétique poste de «vice-président» qu’était censée lui procurer la révision de la Constitution. «Ces derniers mois, il n’a cessé de faire des promesses à son entourage. Il était persuadé qu’il allait devenir vice-président de la République.
A titre d’exemple, il a promis au sénateur Abdelkader Zahali qu’il serait nommé ministre de la Jeunesse et des Sports dans le prochain gouvernement. Actuellement, il s’accroche au quatrième mandat. Nous sommes tous pour que le Président Bouteflika soit élu à un quatrième mandat, mais s’il ne se présente pas, qu’allons-nous faire? Saâdani aurait dû prévoir d’autres plans pour permettre au Front de libération nationale de soutenir un autre candidat.
Mais il ne l’a pas fait car aujourd’hui il ambitionne de se présenter à l’élection présidentielle.» Abdelhamid Si Affif déclare s’opposer catégoriquement à cette option. Pour lui, le FLN doit soutenir «la candidature de Abdelmalek Sellal».
Tarek Hafid (Alger) - Le Soir
12 janvier 2014
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