Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Rachid Tlemçani sur RFI: «En Algérie, le pouvoir revient à un ensemble de réseaux occultes»

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Rachid Tlemçani sur RFI: «En Algérie, le pouvoir revient à un ensemble de réseaux occultes»

    Par RFI

    Les élections en Algérie auront bien lieu en avril prochain. Abdelaziz Bouteflika a signé à temps, vendredi 17 janvier, le décret qui convoque les électeurs, après son retour de France où il a effectué un séjour au Val-de-Grâce. Une nouvelle hospitalisation qui interroge sur la nature du pouvoir en Algérie. Le président Bouteflika arrive au terme de son troisième mandat. Mais qui détient réellement le pouvoir en Algérie ? Rachid Tlemçani, enseignant-chercheur à la faculté de sciences politiques de l'université Alger III répond aux questions d'Anthony Lattier.


    RFI : Le président Bouteflika a été fréquemment hospitalisé ces dernières années. Qui dirige en réalité l’Algérie aujourd’hui ?

    Rachid Tlemçani : C’est une question très pertinente et la réponse n’est pas du tout aisée pour la simple raison que le pouvoir en Algérie est fondamentalement parlant un pouvoir occulte. Donc le processus décisionnel se fait sur la base de relations très complexes. Il y a un mélange entre des relations modernistes et des relations traditionnelles. […] Le pouvoir officiel, le pouvoir formel, n’est pas très important. Toutes les institutions sont perçues comme des coquilles vides. Les représentants ne sont pas élus d’une façon démocratique. Donc le pouvoir réel revient à un pouvoir occulte, géré par l’institution militaire, et cela depuis le premier jour de l’Indépendance. Pour rappel, tous les présidents algériens ont été cooptés par l’institution militaire : par exemple, le président Bouteflika a été absent du pouvoir pendant tout le troisième mandat, mais l’Algérie d’une manière ou d’une autre fonctionne. Ici on appelle cela « à la normalité ». Le pouvoir revient à un ensemble de réseaux occultes qui prend les grandes décisions du pays.

    Ces réseaux occultes sont contrôlés notamment par les services de renseignements. Ce sont eux qui tirent les ficelles ?

    Les cellules sécuritaires - ici on appelle les DRS, Département du renseignement et de la sécurité - jouent un rôle fondamental. Toujours est-il que la relation finale revient à un réseau de relations familiales basées sur les affaires, le business. Donc il y a en Algérie actuellement une constitution de groupes d’intérêt et ces groupes sont liés à des formes de pouvoir au sein des institutions officielles. Il y a donc un tissu de réseaux très difficiles à déterminer, qu’on appelle en Europe les lobbies et ici des groupes d’intérêts informels.
    Ils ont un droit de regard sur les grandes décisions notamment les décisions d’ordre économique liées au commerce international. L’Algérie est un pays rentier, il faut toujours le souligner. Par conséquent, ce n’est pas un pays productif. Toutes les marchandises et tous les produits dépendent de l’extérieur. L’Algérie importe pratiquement tout ce qu’elle a besoin. La dépendance alimentaire, ces dernières années, a augmenté. Elle a atteint les 80%.

    Quelle est l’influence du frère du président, Saïd Bouteflika, qui est le conseiller spécial d’Abdelaziz Bouteflika ?

    Au début, on a dit que le pouvoir est informel. Et cette personne, qui semble jouer un grand rôle, a une grande influence. Il semble que ces derniers temps, c’est lui qui gérait le pouvoir à la place de son frère.

    Le président Bouteflika a été fréquemment hospitalisé ces dernières années. Ce pouvoir occulte dont vous parlez a-t-il accru son influence ces derniers temps ?

    Évidemment ce pouvoir occulte a gagné en importance pour la simple raison qu’au niveau formel, le processus démocratique entamé il y a plus de vingt ans n’a pas fait un bond en avant. Il a [même] été freiné par ce pouvoir occulte parce que qui dit transparence, démocratie dit à long terme que le pouvoir occulte n’aura pas un grand impacte. Son pouvoir va diminuer à la longue avec le développement des institutions démocratiques. Or ces institutions démocratiques sont devenues des coquilles vides, donc le pouvoir occulte a pris une grande importance ces derniers temps.

    Cela veut dire que le Front de libération national, le FLN, le parti au pouvoir, n’est qu’une vitrine sur le jeu politique ?

    Absolument. Dans tout pouvoir autoritaire, le jeu démocratique ce n’est qu’une mascarade, qu’une comédie pour la consommation intérieure et la consommation extérieure. En Algérie, on n’a pas eu jusqu’à présent des élections libres, transparentes, ouvertes et indépendantes. Il y a toujours un arrangement à un certain niveau au sein du pouvoir occulte.
    Dernière modification par Serpico, 23 janvier 2014, 14h25.
Chargement...
X