El watan le 23.01.14 | 10h00
Cinquante années après l’indépendance, la légitimité historique est toujours au cœur du pouvoir politique. Pourtant plus 70% de la population du pays a moins de 30 ans.
Cette jeunesse fait aujourd’hui face au chômage, à la crise du logement, à l’absence de loisirs et au manque de perspectives. C’est une jeunesse très angoissée et sans repères précis.
Durant la «sale guerre» des années 1990, de nombreux jeunes, exclus du marché du travail ou du système scolaire, ont rejoint les groupes islamiques armés en s’opposant aux forces de sécurité.
Pourtant, l’Etat algérien était et reste un Etat riche (ses réserves de change atteignent 148 milliards de dollars). L’augmentation des revenus pétroliers depuis les années 2000 (plus de 97% des revenus extérieurs) pouvait en effet permettre de mettre en œuvre une politique cohérente de l’emploi en investissant dans les secteurs créateurs de richesses, notamment dans l’économie du savoir et de l’immatériel.
Ce n’est pas le cas de l’Algérie d’aujourd’hui qui se distingue par un immobilisme dans tous les secteurs d’activité, pendant que la corruption a envahi toutes les institutions du pays, formelles et informelles. Seuls les services et les travaux publics sont créateurs d’emplois, mais des emplois temporaires, précaires. La croissance économique, bien qu’elle soit très faible, reste fictive. Le tissu industriel, constitué de PME, reste à construire. On préfère tout simplement faire de l’import-import avec l’argent du contribuable. Les opérations de négoce sont encouragées par le pouvoir politique au détriment des activités créatrices de valeur ajoutée.
Le chômage concerne aujourd’hui, selon les chiffres officiels, un jeune actif sur quatre.
Les universitaires et les diplômés sont les plus touchés par ce phénomène (71 500 universitaires dont 10 000 médecins ont quitté l’Algérie entre 1994 et 2006). Les femmes plus encore sont atteintes : leur taux d’activité est de 14% en 2013 alors qu’il était de 17% au début des années 2000. Le salariat permanent tend à diminuer, y compris dans la Fonction publique (la révision prévue de l’article 87 bis du code du travail vise à consacrer le passage du CDI au CDD et son application aggravera la précarisation). Les chômeurs vivent de petits boulots : travail saisonnier dans le monde rural, aide familiale et subventions étatiques dans le micro-crédit. Le déséquilibre structurel entre les demandeurs d’emploi et les offres disponibles pénalise toute une génération.
«Le marché du travail est relativement rigide en Algérie, affirme le dernier rapport du FMI, ce qui tend à favoriser les personnes déjà en place». Le rapport conclut que «l’économie n’a pu créer assez d’emplois hautement qualifiés». De tels emplois sont créés par les multinationales, mais elles ramènent leurs propres travailleurs. Même des agents de sécurité !
A croire que les jeunes Algériens sont des terroristes potentiels, pourtant le terrorisme islamique s’est pratiquement estompé à travers le pays.
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