Le Haut-commissariat au plan (HCP) vient tout juste de prévoir 2,4% de croissance pour le Maroc en 2014, quand le gouvernement Benkirane table lui sur 4,2% dans son budget 2014. La plupart des prévisionnistes internationaux se situent entre les deux. L'Usine Nouvelle fait le point.
Alors qu'Abdelilah Benkirane, le Chef du gouvernement marocain va intervenir ce 24 janvier à Davos pour discourir de la situation, notamment économique de l'Afrique du nord, la bataille des prévisions fait rage à propos de la croissance 2014 du PIB au Maroc.
Dans la loi de finances adoptée fin décembre, le gouvernement avance un taux optimiste de 4,2%. Le Haut-commissariat au plan, une institution publique mais indépendante, vient de prévoir le mercredi 22 janvier un tout petit 2,4%, quant les organismes internationaux pronostiquent 3,6% pour la Banque mondiale ou 3,8% pour le FMI.
Fin 2013, la banque centrale, Bank Al Maghrib, avait livré un pronostic de croissance plutôt médiocre pour 2014 avec une prévision de 2,5 à 3,5% dans l'hypothèse d'une production céréalière moyenne de 70 millions de quintaux.
Dans tous les cas, il s'agit d'une décélération comparée à la croissance 2013 qui aura sans doute dépassée 5% selon le FMI, du fait d'une très bonne année agricole dans un pays où ce secteur compte encore pour plus de 15% du PIB.
"La croissance demeure, en outre, tributaire des fluctuations des cours internationaux des phosphates (dont le Maroc est le 1er producteur et exportateur mondial) et des hydrocarbures importés." rappelle, par ailleurs, la Coface dans un commentaire récent sur le Maroc. En 2013, les exportations de phosphates ont chuté en valeur de 23,3%.
Lors d'une conférence de presse ce 22 janvier à Casablanca, le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami a justifié la faiblesse de sa prévision qui doit se traduire par un taux de chômage qui passerait de 9,1% à 9.8% malgré la création de 60 000 postes.
Selon lui, les projections du HCP pour l'année 2014 ont été établies sur la base d’un scénario moyen pour la production agricole durant la campagne 2013/2014, et sur les nouvelles dispositions fiscales et budgétaires de la loi de finances 2014.
Selon le HCP "la contribution de la demande intérieure à la croissance globale serait (..) moins favorable (...) [qu'en 2013 NDLR]. La consommation domestique ralentirait sous l’effet d’une baisse des revenus ruraux et d’un repli de l’offre de produits agricoles".
Le HCP a aussi tenu compte de la dépendance du Maroc à la santé de l'économie mondiale, au premier chef la zone euro dont la récession en 2013 a affecté l'élan de l’économie marocaine. Pour l'année 2014, la plupart des économistes s'attendent à un redémarrage progressif de l'économie en Europe et une croissance mondiale en reprise (3,7% en 2014 contre 3% en 2013, dixit le FMI), ce qui devrait tirer les exportations marocaines. C'est ce que confirme le HCP, en estimant que l’année sera marquée "par une hausse de la demande mondiale adressée au Maroc de 4,7% au lieu de 1,6% en 2013".
Pour rappel, en 2013, la croissance non agricole devrait s'établir autour de 2,6% (2,2% au premier semestre et 2,8% au second selon la banque centrale).
Face au scénario de fort ralentissement du HCP, ce jeudi, le ministère de l'économie et des finances, dont le titulaire est Mohamed Boussaid, a réagi et confirmé dans un communiqué les données clés de la loi de finances 2014, rapporte l'AFP.
Reprenant l'hypothèse "d'une année agricole moyenne", la croissance devrait selon le ministère de l'économie tourner "autour de 4%" cette année. Ce taux, selon lui, "permettra de stabiliser (celui du) chômage à son niveau actuel, autour de 9%", notant que le déficit public a été ramené à 5,4% du PIB à fin 2013 contre 7,3% en 2012.
Pour le FMI, qui a mené une consultation approfondie du pays mi-décembre (article IV), la croissance en 2014 pourrait atteindre près de 4% (3,8% selon la prévision publiée) si les secteurs non agricoles progressent plus vite et en tenant compte de l'hypothèse que la production de céréales revienne à des niveaux moindres.
Généreux en conseils, l'institution de Bretton Woods encourage le gouvernement marocain de continuer les réformes pour rééquilibrer les comptes budgétaires et extérieurs, renforcer la compétitivité, assurer une croissance plus forte et plus créatrice d'emplois et améliorer la protection sociale des plus démunis de la population.
Pour compléter ce tableau, selon la prévision de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) datant de cette semaine, la croissance du Maroc aurait été de 4,4% en 2013 mais devrait ralentir à 4% en 2014 là encore dans l'hypothèse d'une production agricole moyenne.
Interrogé en décembre 2013 par L'Usine Nouvelle, Mohamed el-Kettani, PDG d'Attijariwafa Bank première banque du Maroc déclarait "les prévisions pour 2014 tablent sur 4% à 4,5%. Ce chiffre me semble réaliste, car au travers de ses stratégies sectorielles, le Maroc est proactif pour diversifier ses sources de création de richesses."
Une analyse plutôt partagée par la Coface qui dans ses commentaires récents assure prévoir "un renforcement de l'activité économique non agricole, tirée par la reprise attendue en Europe. La montée en puissance de l’usine automobile Renault/Dacia de Tanger dope les exportations et l'expansion du port de Tanger Med contribue à la croissance des services."
De fait, malgré sa prévision globale pessimiste, le HCP table malgré tout lui aussi sur un redémarrage net des activités non agricoles, dans l'industrie et surtout les services, à +3,6 % en 2014, contre +2% en 2013. Selon le Haut commissariat, "l’investissement, notamment en travaux publics, poursuivrait son ralentissement et celui du secteur industriel progresserait à un rythme modéré et régulier". Espérons
usinenouvelle
Alors qu'Abdelilah Benkirane, le Chef du gouvernement marocain va intervenir ce 24 janvier à Davos pour discourir de la situation, notamment économique de l'Afrique du nord, la bataille des prévisions fait rage à propos de la croissance 2014 du PIB au Maroc.
Dans la loi de finances adoptée fin décembre, le gouvernement avance un taux optimiste de 4,2%. Le Haut-commissariat au plan, une institution publique mais indépendante, vient de prévoir le mercredi 22 janvier un tout petit 2,4%, quant les organismes internationaux pronostiquent 3,6% pour la Banque mondiale ou 3,8% pour le FMI.
Fin 2013, la banque centrale, Bank Al Maghrib, avait livré un pronostic de croissance plutôt médiocre pour 2014 avec une prévision de 2,5 à 3,5% dans l'hypothèse d'une production céréalière moyenne de 70 millions de quintaux.
Dans tous les cas, il s'agit d'une décélération comparée à la croissance 2013 qui aura sans doute dépassée 5% selon le FMI, du fait d'une très bonne année agricole dans un pays où ce secteur compte encore pour plus de 15% du PIB.
"La croissance demeure, en outre, tributaire des fluctuations des cours internationaux des phosphates (dont le Maroc est le 1er producteur et exportateur mondial) et des hydrocarbures importés." rappelle, par ailleurs, la Coface dans un commentaire récent sur le Maroc. En 2013, les exportations de phosphates ont chuté en valeur de 23,3%.
Lors d'une conférence de presse ce 22 janvier à Casablanca, le Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi Alami a justifié la faiblesse de sa prévision qui doit se traduire par un taux de chômage qui passerait de 9,1% à 9.8% malgré la création de 60 000 postes.
Selon lui, les projections du HCP pour l'année 2014 ont été établies sur la base d’un scénario moyen pour la production agricole durant la campagne 2013/2014, et sur les nouvelles dispositions fiscales et budgétaires de la loi de finances 2014.
Selon le HCP "la contribution de la demande intérieure à la croissance globale serait (..) moins favorable (...) [qu'en 2013 NDLR]. La consommation domestique ralentirait sous l’effet d’une baisse des revenus ruraux et d’un repli de l’offre de produits agricoles".
Le HCP a aussi tenu compte de la dépendance du Maroc à la santé de l'économie mondiale, au premier chef la zone euro dont la récession en 2013 a affecté l'élan de l’économie marocaine. Pour l'année 2014, la plupart des économistes s'attendent à un redémarrage progressif de l'économie en Europe et une croissance mondiale en reprise (3,7% en 2014 contre 3% en 2013, dixit le FMI), ce qui devrait tirer les exportations marocaines. C'est ce que confirme le HCP, en estimant que l’année sera marquée "par une hausse de la demande mondiale adressée au Maroc de 4,7% au lieu de 1,6% en 2013".
Pour rappel, en 2013, la croissance non agricole devrait s'établir autour de 2,6% (2,2% au premier semestre et 2,8% au second selon la banque centrale).
Face au scénario de fort ralentissement du HCP, ce jeudi, le ministère de l'économie et des finances, dont le titulaire est Mohamed Boussaid, a réagi et confirmé dans un communiqué les données clés de la loi de finances 2014, rapporte l'AFP.
Reprenant l'hypothèse "d'une année agricole moyenne", la croissance devrait selon le ministère de l'économie tourner "autour de 4%" cette année. Ce taux, selon lui, "permettra de stabiliser (celui du) chômage à son niveau actuel, autour de 9%", notant que le déficit public a été ramené à 5,4% du PIB à fin 2013 contre 7,3% en 2012.
Pour le FMI, qui a mené une consultation approfondie du pays mi-décembre (article IV), la croissance en 2014 pourrait atteindre près de 4% (3,8% selon la prévision publiée) si les secteurs non agricoles progressent plus vite et en tenant compte de l'hypothèse que la production de céréales revienne à des niveaux moindres.
Généreux en conseils, l'institution de Bretton Woods encourage le gouvernement marocain de continuer les réformes pour rééquilibrer les comptes budgétaires et extérieurs, renforcer la compétitivité, assurer une croissance plus forte et plus créatrice d'emplois et améliorer la protection sociale des plus démunis de la population.
Pour compléter ce tableau, selon la prévision de la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) datant de cette semaine, la croissance du Maroc aurait été de 4,4% en 2013 mais devrait ralentir à 4% en 2014 là encore dans l'hypothèse d'une production agricole moyenne.
Interrogé en décembre 2013 par L'Usine Nouvelle, Mohamed el-Kettani, PDG d'Attijariwafa Bank première banque du Maroc déclarait "les prévisions pour 2014 tablent sur 4% à 4,5%. Ce chiffre me semble réaliste, car au travers de ses stratégies sectorielles, le Maroc est proactif pour diversifier ses sources de création de richesses."
Une analyse plutôt partagée par la Coface qui dans ses commentaires récents assure prévoir "un renforcement de l'activité économique non agricole, tirée par la reprise attendue en Europe. La montée en puissance de l’usine automobile Renault/Dacia de Tanger dope les exportations et l'expansion du port de Tanger Med contribue à la croissance des services."
De fait, malgré sa prévision globale pessimiste, le HCP table malgré tout lui aussi sur un redémarrage net des activités non agricoles, dans l'industrie et surtout les services, à +3,6 % en 2014, contre +2% en 2013. Selon le Haut commissariat, "l’investissement, notamment en travaux publics, poursuivrait son ralentissement et celui du secteur industriel progresserait à un rythme modéré et régulier". Espérons
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