Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Quand Alger et La Havane préparaient la révolution

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Quand Alger et La Havane préparaient la révolution

    Il fut un temps où nul ne pensait que l'émergence des pays du tiers-monde ne serait que la répétition de l'invention du capitalisme. En pleine guerre froide, malgré elle ou grâce à elle, des pays avaient conquis leur indépendance. Et il semblait naturel de s'appuyer sur ces pays pour transformer le monde.

    Il fut un temps où nul ne pensait que l'émergence des pays du tiers-monde ne serait que la répétition de l'invention du capitalisme. En pleine guerre froide, malgré elle ou grâce à elle, des pays avaient conquis leur indépendance. Et il semblait naturel de s'appuyer sur ces pays pour transformer le monde.

    L'axe de la nouvelle révolution avait alors deux pôles, Alger et La Havane. Fédérer les mouvements de libération des peuples, pour combattre les vieux colonialismes et le nouvel impérialisme américain, sans pour autant dépendre de Moscou ou de Pékin..., ce rêve a marqué les années 60, fondant un nouveau romantisme révolutionnaire.

    Ce n'était, du reste, pas seulement un rêve. Roger Faligot retrace l'histoire de la Tricontinentale, alliance du tiers-mondisme et du marxisme, conçue par le président algérien Ben Bella, l'opposant marocain Mehdi ben Barka et le révolutionnaire mythique, Ernesto Guevara. Ces hommes avaient un but, mettre fin au colonialisme et à la domination impérialiste, l'unité venant de la méthode : la lutte armée qui avait permis le triomphe de la révolution en Algérie et à Cuba.

    Ultime lueur d'utopie

    La Tricontinentale accueillait donc tous les mouvements révolutionnaires, sans exclusive idéologique, pourvu qu'ils combattent l'impérialisme, en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Pour Cuba comme pour l'Algérie, la multiplication des révolutions apparaissait comme le seul moyen de préserver une indépendance chèrement acquise et de ne pas tomber sous la coupe de l'Union soviétique. Commença alors une série d'aventures désordonnées. Alger devint la base arrière des mouvements révolutionnaires d'Afrique. Tandis que la guérilla se structurait dans les colonies portugaises, sous la houlette d'un parti de type léniniste mené par Amilcar Cabral, Guevara tenta de relancer la révolution dans l'ex-Congo belge où Patrice Lumumba a été assassiné. Le Che s'installa donc dans la brousse, pour conseiller les factions qui reprenaient la lutte armée. Il ira de déception en déception, le seul chef trouvant grâce à ses yeux n'étant autre que le futur dictateur Laurent-Désiré Kabila.

    Qu'importe ! Le projet révolutionnaire devait être poursuivi. Alger devint une ruche, où toutes les guérillas seront représentées. Mais, en juin 1965, Ben Bella est renversé par le colonel Boumediene. La remise en ordre commence, avant même la première réunion de la Tricontinentale, à La Havane en 1966. Il sera de plus en plus difficile d'échapper à l'URSS. Pieds et poings liés, Castro se range. Le cœur de la révolution se trouve désormais au Vietnam. Hô Chi Minh ne peut se passer de Moscou. La Tricontinentale n'est plus qu'une belle façade romantique. Ses figures disparaissent. Ben Barka est enlevé et assassiné à Paris. Le Che tombe en Bolivie. Cabral est assassiné à son tour...

    La nouvelle voie révolutionnaire est déjà obstruée lorsque le portrait de Guevara domine les révoltes étudiantes de 68. Tant et si bien que l'on avait failli oublier la passion de Sartre pour les nouvelles révolutions et le choix, radical et courageux, de Régis Debray. Roger Faligot rend ses couleurs à la dernière aventure révolutionnaire, ultime lueur de l'utopie avant le triomphe mondial du capitalisme.

    Tricontinentale, de Roger Faligot, in marianne
Chargement...
X