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Tyrannie

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  • Tyrannie

    Il se lève le matin, affichant une tronche de croque-mort, se débarbouille à peine le visage, se dirige tout droit vers la cuisine, savoure son café ni trop chaud ni trop froid. Sakina, la femme de peine (vous avez deviné de qui il s’agit), s’est bien appliquée, non pas par amour pour lui mais par crainte qu’il ne mette la cuisine sens dessus dessous. Elle se met face à son évier, et, silencieuse, elle épluche ses légumes pour préparer son déjeuner. Lui, sirote son breuvage, et tout à coup, comme sorti de sa torpeur, cherche son paquet de cigarettes. Il furète dans les tiroirs, les placards, puis commence à hurler. Sakina tremble. «Mon Dieu, faites qu’il le trouve.»

    Elle ne bronche pas, elle n’a pas le droit de bouger s’il ne lui en donne pas la permission. Il quitte la pièce et vocifère. Sakina se bouche les oreilles, appréhende la suite. Puis le silence. Sakina, inquiète, tend l’oreille mais ne bouge pas. Soudain, la porte s’ouvre, Farouk, le visage déformé par la colère, braille :
    - C’est toi, crétine, qui l’as caché !
    - Je te jure que je ne l’ai pas vu. Regarde dans la poche de ta robe de chambre, il me semble que tu l’y as mis hier avant de te coucher, lui répond-elle, tétanisée.
    Il court vite vers la chambre, et comme un forcené vérifie. Il retrouve sa drogue, et avec, son sourire.
    il retourne dans la cuisine, allume une cigarette et ordonne à Sakina de lui préparer un autre café.
    Elle s’exécute.
    - Et ne traîne pas, je dois sortir.
    Sakina n’en croit pas ses oreilles. «Enfin je vais respirer !»
    Il avale le contenu de la tasse, et s’empresse d’aller se raser, se pomponner, puis commande à Sakina de lui préparer ses vêtements. Je veux ma chemise blanche, mon pull bleu et mon pantalon beige. La malheureuse croise les doigts en priant que la tenue de monsieur soit au complet. Elle panique. Le pantalon est introuvable. Elle cherche encore, fouille dans toute l’armoire. «Ce n’est pas vrai, pourtant tous ses pantalons sont là devant ses yeux, rangés et repassés.»
    Elle cherche encore. Farouk s’impatiente.
    Ouf ! elle le voit. Elle a eu chaud.
    Elle le lui tend. Il le regarde, et après un moment de réflexion, il lui lance :
    - En fin de compte, j’opterai pour le pantalon bleu.
    Sakina blêmit. Le bleu est dans la corbeille à linge sale.
    Elle devient du coup aphone. Et ne tente même pas de convaincre son époux de porter le beige. Elle sait ce qui l’attend.

    Naïma Yachir- Le Soir

  • #2
    Bonsoir

    Elle sait ce qui l’attend.

    Elle sait oui...et le pire beaucoup savent ce qui se passe dans cette appartement, cette maison, et disent rien...
    Préfèrent l’indifférence, se boucher les oreilles ne rien entendre, rien voir ou chercher à comprendre pourquoi Sakina à souvent des bleus aux yeux, ou pourquoi elle boite, pourquoi n'a t'elle pas le droit de venir prendre un café entre voisines de palier, pourquoi...??
    Oui Pourquoi...?

    La réponse est que cette pauvre Sakina à un jour épousé l'homme le plus merveilleux au monde, ah oui il était beau son Farouk ,toujours impeccablement bien mis de sa personne, il avait un charme à faire tomber par terre, toutes les femmes le voulait, et c'est elle Sakina qui l'a eut..
    Elle était la femme la plus heureuse au monde..
    Jusqu'au jour le premier coup est tombé...
    Aujourd’hui elle est la femme la plus malheureuse et battue au monde...
    Demain, elle sera peut être enfin heureuse.. la mort l'aura écouté...




    Triste réalité , des histoire comme celle tu as écrite Morjane, malheureusement c'est le pain quotidien dans certains hôpitaux, aux urgence, ou ses femmes arrivent...des fois c'est trop tard !
    " Regarde le ciel c'est marqué dedans , toi et moi. Il suffit de regarder les étoiles et tu comprendra notre destinée "♥ღ♥
    M/SR

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