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De nombreuses manifestations ont été organisées ces derniers mois par les jeunes des régions sahariennes pour réclamer des emplois et dénoncer les recrutements effectués souvent de façon discriminatoire. Dans les villes de Ouargla, Laghouat, Biskra, El Ouad, In Amenas des organisations de chômeurs non reconnues par le pouvoir ont réussi à rassembler des milliers de jeunes. L'impact médiatique de ces manifestations a été tel que le chef du gouvernement a été contraint de répondre à leurs revendications par des mesures d'urgence comme le recrutement dans la police ou l'octroi de nouveaux avantages fiscaux pour ceux qui créent des entreprises. Ces mesures n'auront évidemment que très peu d'impact sur la résorption du chômage. C'est de la poudre aux yeux pour tenter de calmer les esprits.
Le gouvernement continue, à l'aide des faux rapports du ministre du Travail et des critères non-scientifiques retenus depuis une dizaine d'années par l'Office National des Statistiques à masquer l'étendue effarante du chômage. Officiellement, le taux de chômage est estimé à 10% alors qu'en réalité il est supérieur à 25%. Il est encore plus élevé dans les régions sahariennes où, en dehors des zones pétrolières, aucune activité économique n'existe pour fournir des emplois aux jeunes diplômés qui se comptent maintenant par milliers.
Les politiques de libéralisation ont cassé les processus de développement ininterrompu
Après l'indépendance et jusqu'au début des années 1980, de nombreuses régions du Sahara, encore plus délaissées durant le colonialisme que les régions du nord de l'Algérie, ont connu un processus rapide de sédentarisation des populations nomades. De nombreuses villes ont poussé. De simples lieux de rencontre des nomade se sont transformés en villages ou petites villes. Ce processus a été favorisé par la politique de scolarisation des jeunes, de construction de routes, d'aérodromes et d'infrastructures énergétiques, ainsi que de centres hospitalo-sanitaires.
Malgré de nombreuses insuffisances, ce processus positif qui devait être renforcé par des projets industriels a été brutalement freiné au début des années 1980 lorsque que des couches sociales embourgeoisées et sourdes aux aspirations sociales des masses laborieuses et des plus démunis se sont emparées des appareils d’État. Ces couches sociales ont porté à la tête du pouvoir leur représentant politique Chadli Bendjedid. On sait que la politique d'industrialisation a alors subi un coup d'arrêt et que l'argent procuré par la hausse du prix du pétrole a servi à satisfaire les besoins en biens de luxes des couches sociales enrichies, ce qui a amplifié de façon dangereuse l'endettement du pays qui aurait pu être évité et qui a ensuite plongé le pays dans une grave régression économique. La politique d'équilibre régional et la planification du développement ont été abandonnées.
Les "réformes économiques", en réalité le passage officiel à la privatisation, le contrôle des richesses par une minorité de privilégiés, ont accéléré la course vers l'abîme. La politique d'équilibre régional initiée dans les années 1970 par les courants patriotiques-révolutionnaires visait notamment à renforcer les bases économiques de l'intégrité et de l'unité territoriale du pays, à désenclaver les régions isolées, à faire sentir à tous les citoyens de condition modeste qu'ils sont membres d'une même entité nationale. La constitution d'un vaste secteur public industriel et commercial avait pour objectif de diffuser le progrès et le développement face à un secteur privé capitaliste incapable de relever de tels défis, préoccupé uniquement de faire des profits là où les conditions sont les plus favorables, c'est-à-dire essentiellement dans les grandes concentrations urbaines.
Les régions sahariennes avaient commencé à recevoir leur part des fruits du développement. Des projets structurants tels que les lignes ferroviaires reliant, en plein Sahara, Touggourt à l'est et Gara Djebilet à l'Ouest, devaient être lancés. Le régime de Chadli et tous les dirigeants qui lui ont succédé ont complètement tourné le dos à cet impératif de justice sociale et de sécurité nationale.
L'application des plans de libéralisation, de privatisation de l'économie et de fermeture de milliers d'entreprises, à partir de 1994, a foudroyé les entreprises publiques locales qui faisaient vivre de nombreux citoyens dans les régions rurales ou isolées.
En l'absence d'investissements industriels étatiques, seul le secteur des hydrocarbures a continué à créer des emplois. Ce qui a constitué une aubaine pour les responsables du secteur désirant placer leurs proches à la recherche d'emplois. Ce rôle peu reluisant a échu à la compagnie nationale Sonatrach convertie en centre d'embauche sur recommandation des chômeurs venus du nord. La tendance à favoriser des gens venus du nord au lieu de recruter les jeunes de la région est une pratique provoquée par la politique ultra-libérale de destruction des emplois du secteur public. Elle a conduit à des pratiques discriminatoires que les jeunes natifs des régions sahariennes ne pouvaient plus supporter. De plus, avec la cession à des sous-traitants nationaux ou étrangers des activités de maintenance, de cathering, ou des secteurs d'appui à l'exploitation des hydrocarbures, en application des directives de l'ancien ministre Khelil, aujourd'hui poursuivi pour des affaires de corruption,
Sonatrach a fermé de nombreux centres qui formaient une main d’œuvre qualifiée nationale. Cette politique de sous-traitance a cassé les capacités nationales de réalisation et conduit à réduire les possibilités de recrutement de jeunes des régions sahariennes.
Les actions tendant à opposer les chômeurs du sud à ceux venus du nord sont dangereuses. Chômeurs du sud ou du nord sont tous les victimes des mêmes classes exploiteuses et parasitaires qui dirigent le pays, de leur politique capitaliste et de leur soumission aux volontés des multinationales.
De nombreuses manifestations ont été organisées ces derniers mois par les jeunes des régions sahariennes pour réclamer des emplois et dénoncer les recrutements effectués souvent de façon discriminatoire. Dans les villes de Ouargla, Laghouat, Biskra, El Ouad, In Amenas des organisations de chômeurs non reconnues par le pouvoir ont réussi à rassembler des milliers de jeunes. L'impact médiatique de ces manifestations a été tel que le chef du gouvernement a été contraint de répondre à leurs revendications par des mesures d'urgence comme le recrutement dans la police ou l'octroi de nouveaux avantages fiscaux pour ceux qui créent des entreprises. Ces mesures n'auront évidemment que très peu d'impact sur la résorption du chômage. C'est de la poudre aux yeux pour tenter de calmer les esprits.
Le gouvernement continue, à l'aide des faux rapports du ministre du Travail et des critères non-scientifiques retenus depuis une dizaine d'années par l'Office National des Statistiques à masquer l'étendue effarante du chômage. Officiellement, le taux de chômage est estimé à 10% alors qu'en réalité il est supérieur à 25%. Il est encore plus élevé dans les régions sahariennes où, en dehors des zones pétrolières, aucune activité économique n'existe pour fournir des emplois aux jeunes diplômés qui se comptent maintenant par milliers.
Les politiques de libéralisation ont cassé les processus de développement ininterrompu
Après l'indépendance et jusqu'au début des années 1980, de nombreuses régions du Sahara, encore plus délaissées durant le colonialisme que les régions du nord de l'Algérie, ont connu un processus rapide de sédentarisation des populations nomades. De nombreuses villes ont poussé. De simples lieux de rencontre des nomade se sont transformés en villages ou petites villes. Ce processus a été favorisé par la politique de scolarisation des jeunes, de construction de routes, d'aérodromes et d'infrastructures énergétiques, ainsi que de centres hospitalo-sanitaires.
Malgré de nombreuses insuffisances, ce processus positif qui devait être renforcé par des projets industriels a été brutalement freiné au début des années 1980 lorsque que des couches sociales embourgeoisées et sourdes aux aspirations sociales des masses laborieuses et des plus démunis se sont emparées des appareils d’État. Ces couches sociales ont porté à la tête du pouvoir leur représentant politique Chadli Bendjedid. On sait que la politique d'industrialisation a alors subi un coup d'arrêt et que l'argent procuré par la hausse du prix du pétrole a servi à satisfaire les besoins en biens de luxes des couches sociales enrichies, ce qui a amplifié de façon dangereuse l'endettement du pays qui aurait pu être évité et qui a ensuite plongé le pays dans une grave régression économique. La politique d'équilibre régional et la planification du développement ont été abandonnées.
Les "réformes économiques", en réalité le passage officiel à la privatisation, le contrôle des richesses par une minorité de privilégiés, ont accéléré la course vers l'abîme. La politique d'équilibre régional initiée dans les années 1970 par les courants patriotiques-révolutionnaires visait notamment à renforcer les bases économiques de l'intégrité et de l'unité territoriale du pays, à désenclaver les régions isolées, à faire sentir à tous les citoyens de condition modeste qu'ils sont membres d'une même entité nationale. La constitution d'un vaste secteur public industriel et commercial avait pour objectif de diffuser le progrès et le développement face à un secteur privé capitaliste incapable de relever de tels défis, préoccupé uniquement de faire des profits là où les conditions sont les plus favorables, c'est-à-dire essentiellement dans les grandes concentrations urbaines.
Les régions sahariennes avaient commencé à recevoir leur part des fruits du développement. Des projets structurants tels que les lignes ferroviaires reliant, en plein Sahara, Touggourt à l'est et Gara Djebilet à l'Ouest, devaient être lancés. Le régime de Chadli et tous les dirigeants qui lui ont succédé ont complètement tourné le dos à cet impératif de justice sociale et de sécurité nationale.
L'application des plans de libéralisation, de privatisation de l'économie et de fermeture de milliers d'entreprises, à partir de 1994, a foudroyé les entreprises publiques locales qui faisaient vivre de nombreux citoyens dans les régions rurales ou isolées.
En l'absence d'investissements industriels étatiques, seul le secteur des hydrocarbures a continué à créer des emplois. Ce qui a constitué une aubaine pour les responsables du secteur désirant placer leurs proches à la recherche d'emplois. Ce rôle peu reluisant a échu à la compagnie nationale Sonatrach convertie en centre d'embauche sur recommandation des chômeurs venus du nord. La tendance à favoriser des gens venus du nord au lieu de recruter les jeunes de la région est une pratique provoquée par la politique ultra-libérale de destruction des emplois du secteur public. Elle a conduit à des pratiques discriminatoires que les jeunes natifs des régions sahariennes ne pouvaient plus supporter. De plus, avec la cession à des sous-traitants nationaux ou étrangers des activités de maintenance, de cathering, ou des secteurs d'appui à l'exploitation des hydrocarbures, en application des directives de l'ancien ministre Khelil, aujourd'hui poursuivi pour des affaires de corruption,
Sonatrach a fermé de nombreux centres qui formaient une main d’œuvre qualifiée nationale. Cette politique de sous-traitance a cassé les capacités nationales de réalisation et conduit à réduire les possibilités de recrutement de jeunes des régions sahariennes.
Les actions tendant à opposer les chômeurs du sud à ceux venus du nord sont dangereuses. Chômeurs du sud ou du nord sont tous les victimes des mêmes classes exploiteuses et parasitaires qui dirigent le pays, de leur politique capitaliste et de leur soumission aux volontés des multinationales.
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