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En Égypte, la révolution agonise dans le sang

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  • En Égypte, la révolution agonise dans le sang

    ois ans après la révolution, c'est peut-être l'image qui résume le mieux le fonctionnement orwellien du nouveau régime égyptien. En ce samedi 25 janvier, triste anniversaire d'une révolte inédite qui chassa Moubarak, la chaîne télévisée CBC a divisé son écran en 24 cases diffusant, en direct, les vidéos des différents rassemblements pro-armée, comme autant de films issus de caméras de surveillance. Comble de l'absurde: ni les cortèges des activistes libéraux, ni ceux des Frères Musulmans - éphémères détenteurs d'un pouvoir dont ils ont, eux aussi, abusé - ne figurent au programme. Comme si le mariage entre propagande et censure avait éradiqué les derniers protestataires.
    Malgré l'interdit de manifester, instauré par les autorités intérimaires, les nostalgiques de la place Tahrir sont pourtant descendus par centaines dans les rues du Caire. Complètement bunkérisé, le lieu culte de leur fronde avait été réquisitionné par les supporteurs d'Abdel Fattah al-Sissi, le général artisan de l'éviction de l'ex-raïs islamiste, Mohammed Morsi, le 3 juillet dernier. Du matin au soir, ses groupies y ont scandé des slogans à sa gloire. Loin de cette ambiance de fête foraine, les vrais révolutionnaires étaient, eux, violemment chassés des environs de la mosquée Mostafa Mahmoud - point de départ emblématique des manifestations de janvier 2011 - par une pluie de gaz lacrymogène. Quelques heures plus tard, le même scénario s'est reproduit en centre-ville, devant le non moins symbolique Syndicat des journalistes, où un autre rassemblement s'était formé. Une chasse à l'homme entamée depuis plusieurs semaines contre les libéraux et qui s'inscrit dans la continuité de la répression, encore plus violente, qui s'abat sur les Frères musulmans, également nombreux à avoir défilé ce samedi. Bilan de la journée: plus de 1 000 arrestations et au moins 50 morts.
    Vague d'attentats

    De son point de vue, le pouvoir transitoire - soutenu par une importante frange de la population - est en «guerre contre le terrorisme». Sa rhétorique guerrière se nourrit d'une vague d'attentats qui, jusqu'ici cantonnée aux provinces, s'est invitée dans la capitale égyptienne à la veille de l'anniversaire de la révolution. En un jour, quatre explosions ont secoué Le Caire, causant la mort de 6 personnes. Elles ont toutes été revendiquées par Ansar Beit al-Makdas, un groupe djihadiste basé dans le Sinaï, et qui vient d'annoncer son implication dans le crash, ce samedi, d'un hélicoptère de l'armée - même si les autorités s'obstinent à pointer du doigt la Confrérie, récemment déclarée «terroriste». Pour les observateurs de l'Égypte, ce dangereux amalgame pourrait mener à un engrenage incontrôlable. «Les forces sécuritaires égyptiennes ont échoué à protéger la vie de leurs citoyens tout en renouant avec cette habitude d'utiliser la guerre contre le terrorisme comme un prétexte pour mener des arrestations et étouffer les libertés», estiment 13 ONG égyptiennes, dans une déclaration commune, en référence au cycle de violence des années 1990.
    Dans ce contexte particulièrement tendu, le président égyptien par intérim, Adli Mansour, a annoncé dimanche qu'une élection présidentielle serait organisée avant les législatives, levant les ambiguïtés sur le calendrier de la transition promise par l'armée, en juillet dernier. Une décision qui permet de mieux préparer le terrain pour la candidature du général Abdel Fattah al-Sissi, toujours mystérieux sur ses réelles intentions et qui risque de fermer pour de bon la porte des espoirs démocratiques de janvier 2011. Pour le chercheur et spécialiste de l'Égypte, Hisham A. Hellyer, ce choix indique «un désir de l'État d'enraciner son pouvoir politique». L'organisation du scrutin présidentiel en premier signifiera, en effet, la concentration des pouvoirs exécutif et législatif entre les mains d'un seul homme pour quelques mois.

    le figaro
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