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L’activité économique au point mort à Ghardaïa

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  • L’activité économique au point mort à Ghardaïa

    Les opérateurs économiques de la Vallée du M’zab s’inquiètent. Ils ont commencé à ressentir les premiers effets des violences entre arabes et Mozabites qui secouent la région depuis fin décembre 2013. Ces affrontements ne sont pas sans conséquences sur l’activité économique dans cette wilaya et dans les villes avoisinantes. Au même titre que l’administration, l’économie ne fonctionne pas depuis que les incidents ont éclaté.

    L’insécurité empêche les travailleurs de rejoindre leurs bureaux et poussent les commerçants à baisser rideau. «Les gens sont beaucoup plus occupés à surveiller leurs quartiers et leurs maisons. Ils évitent les déplacements même pour aller travailler», nous dira un opérateur économique de la région contacté par téléphone. «C’est la paralysie totale», ajoutera pour sa part un responsable au niveau de l’entreprise Sabrinel, spécialisée dans les produits cosmétiques bio et qui emploie une vingtaine de personnes.

    Cette société lancée en 1982, comme c’est le cas pour les autres entités économiques de la wilaya, n’a pas échappé aux effets de la situation qui y prévaut. «L’usine est à l’arrêt depuis plusieurs jours. Les employés ne peuvent pas venir travailler», expliquera encore le comptable de Sabrinel pour qui l’impact financier s’annonce lourd. Pour l’heure, l’évaluation n’a pas été faite mais l’ambiance est loin d’être propice à la production. C’est le constat au niveau de toute la zone industrielle Bounourra (créée pour rappel en 1970) où sont implantées plusieurs entreprises privées, selon notre source. L’autre secteur à être rudement frappé par les conséquences de ces affrontements intercommunautaires est le commerce qui, faut-il le rappeler, s’est bien développé ces dernières années grâce notamment à la proximité des grands centres industriels pétroliers.

    Un coup dur pour le commerce

    Mais avec les événements qui secouent la région, les commerçants ont fini par réduire leurs activités. L’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) n’a pas manqué d’ailleurs d’appeler les commerçants et les administrations à un retour rapide à la vie normale et à l’arrêt immédiat de la grève déclenchée. Dans un communiqué rendu public à cet effet la semaine dernière, l’organisation plaide pour la suspension de la grève des commerçants, leur demandant de reprendre le chemin du travail. «Si ce mouvement protestataire perdure, il mettra de l’huile sur le feu et envenimera la situation», écrit l’Ugcaa dans son communiqué.

    Pour l’heure, l’appel de l’Ugcaa n’a pas encore eu d’écho chez des commerçants connus pourtant pour leur dynamisme et réputés à l’échelle nationale. Et ce, avec une activité qui s’étend même aux pays voisins aujourd’hui à l’arrêt. Un arrêt qui risque de se prolonger et de porter ainsi un coup dur à l’économie locale. Et ce, d’autant que le M’zab constitue un passage important et un grand carrefour aux abords du grand Sud. Les wilayas limitrophes s’alimentent à titre indicatif à Ghardaïa. Ainsi, la persistance de la crise risque d’engendrer une pression et une tension sur certains produits.

    En plus de sa position comme pôle commercial et industriel, Ghardaïa jadis connue sous le nom de la perle des Oasis, est également une importante destination touristique notamment en cette période de l’année. Or, actuellement, la ville est désertée par ses touristes.

    Les séjours touristiques suspendus

    En attendant de meilleurs jours, les opérateurs ont décidé de suspendre leurs programmes dans cette région. C’est du moins le cas pour M’zab Tours, une agence de voyages qui a à son actif vingt-sept ans de travail et dont le premier responsable, Boughali Toufik, nous dira : «J’ai arrêté la destination Ghardaïa depuis le 4 janvier jusqu’à nouvel ordre. Aucun circuit n’y sera programmé jusqu’à ce que les conditions sécuritaires s’améliorent. Tant qu’il n’y a pas la paix, je ne ferai pas visiter Ghardaïa aux touristes. Pour le moment, je maintiens les circuits à Tamanrasset», nous dira-t-il.

    «Comment voulez-vous que je ramène des touristes dans une région où la sécurité est absente», s’interroge-t-il non sans regretter la tournure prise par la situation. «Je suis Mozabite ; depuis près de trente ans, je travaille en harmonie avec une équipe composée de Chaâmba, de Mozabites, de Kabyles et même de personnes venues d’autres régions du pays. Et voilà qu’aujourd’hui on nous sort cette crise pour des desseins inavoués. Après la Kabylie, on veut casser le M’zab». «Ce qui est dommage, c’est que ça coûte cher sur le plan économique. Personne ne travaille aujourd’hui. Le tourisme est basé sur la sécurité. Or, ce point n’est pas satisfait actuellement. Même pour régler nos impôts, on ne peut pas se déplacer. J’espère que l’administration sera clémente avec nous et qu’on n’aura pas des pénalités à payer», expliquera t-il encore.

    Et dire qu’habituellement en cette période de l’année, l’agence qui propose une palette de circuits à la carte reçoit en moyenne une dizaine de groupes qu’elle héberge entre autres au niveau de son centre d’accueil d’une capacité de plus de 50 lits. La situation était meilleure durant le dernier trimestre de l’année dernière. «Nous avons fait le plein en décembre. Nous avons accueilli des algériens, des Canadiens et des Français. Ce que nous ne pouvons pas faire aujourd’hui», nous confie M. Boughali qui espère une prise en charge immédiate de la situation, sans internationalisation de l’affaire de la part des pouvoirs publics, lesquels «ne maîtrisent guère la situation», selon M. Boughali qui lie cette crise à une mauvaise prise en charge des conditions socio-économiques des populations de la région.

    «Depuis les inondations du 1er octobre 2008, il y a eu beaucoup de confusion. L’Etat a tout mélangé. Les Mozabites et les chaâmba sont carrément mis à l’écart et ignorés notamment dans l’épineuse question du logement et celle de l’emploi», notera M. Boughali comme pour rappeler le fond du problème dans une région considérée comme le point de relais entre les ksour de Timimoun et Adrar et qui se retrouve aujourd’hui en pleine saison touristique dans une situation de crise.

    Menace sur la fête du tapis

    Ce qui risque même de compromettre la Fête du tapis pour sa 47e édition. Une fête déjà chahutée l’année dernière. Ayant une vocation commerciale et touristique, cette fête qu’abrite annuellement durant les vacances du printemps (mi-mars), la capitale de la vallée du M’zab connaît habituellement une grande affluence, notamment de la part des touristes nationaux. Pour l’heure, rien n’est encore clair. «Nous attendons la suite des événements pour voir», nous dira une représentante d’une agence de voyages à Alger. Chez Ethaâlibia, une agence implantée à Rouiba, l’accent est essentiellement mis sur les vacances de printemps. «Le programme n’a pas encore été arrêté. Mais nous avons dans notre agenda annuellement des visites dans les cités de la vallée des M’zab. Pour mars prochain, on verra en fonction des développements de la situation», nous dira la directrice de ladite agence.

    Samira Imadalou- El Watan
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