Organisée par le Metropolitan museum of art ( le MET, à New York) et l’Institut du monde arabe (l’Ima, à Paris), l’exposition Venise et l’Orient qui se tient à l’Ima jusqu’au 18 février 2007 raconte les riches échanges culturels qui eurent lieu entre la Sérénissime et le Proche-Orient entre le XIVe et le XVIIIe siècle. Cité maritime au commerce florissant, Venise s’est imposée dès le Moyen-Âge comme un pont entre l’Occident européen et l’Orient méditerranéen, jouant un rôle majeur de pivot dans la transmission des savoirs et des techniques avec les grandes dynasties musulmanes. Quelque 200 objets d’un art raffiné en provenance de collections vénitiennes prestigieuses et de différents musées témoignent de cet odyssée.
Gentile Bellini, Vittore Carpaccio, Giovanni Mansueti, de Cesare Vecellio : les noms chantent l’Italie, mais les œuvres de ces peintres vénitiens de la Renaissance, peuplées de personnages enturbannés et de femmes voilées, respirent l’Orient. Cependant, contrairement à ce que laisse imaginer une abondante iconographie orientale, peu de peintres en fait ont réellement rencontré l’Orient qui les fascinait tant. Les récits des riches négociants éblouis par la richesse des cours ayyoubide, mamelouke ou ottomane -avec lesquelles au fil des siècles ils tissèrent des liens étroits- ont souvent suffi à nourrir chez les artistes des fantasmes d’Orient. La réception des ambassadeurs vénitiens à Damas (1511) d’un anonyme est à ce titre emblématique ; grande mosquée, bains, enceinte du palais : la scène se déroule dans le décor de la ville de Damas recomposé par l’imaginaire du peintre. De la même manière, Vittore Carpaccio dans sa Prédication de Saint Etienne place la scène dans une architecture qui évoque Jérusalem. «Les artistes s’inspiraient de dessins, d’ouvrages de pèlerinage en Terre sainte, tout le monde connaissait ces ouvrages-là», explique Aurélie Clémente-Ruiz, historienne.
Le Caire, Damas ou bien encore Byzance-Constantinople sont les trois villes phares avec lesquelles Venise entretient, dès le Moyen-Age, un commerce florissant. Dès la fin du XIIIe siècle, riche et prospère, la cité des Doges commence alors à se couvrir de palais, à se parer de tapis d’Orient, de soieries, de brocarts et de velours. «En ces siècles pendant lesquels Venise installe et maintient ses comptoirs au Levant, du XIIe au XVe siècle, les sociétés musulmanes du Proche-Orient connaissent un degré de civilisation bien supérieur à celui des pays d’Europe occidentale», explique Stefano Carboni, un des commissaire de l’exposition et conservateur au MET. A Venise même, les constructions de la cité marchande commencent à rappeler les chefs-d’œuvre de l’architecture islamique, agrémentées de décors d’arabesque, de mosaïques, de petites niches et de découpes en arcs pointus : «Venise tente ainsi de rivaliser avec les villes saintes de l’Orient, comme Jérusalem, en se parant des mêmes attributs», souligne Aurélie Clémente-Ruiz.
Venise fut le «premier pouvoir occidental à avoir des ambassades en Orient», souligne Stefano Carboni, et la cité des Doges a fait partager à l’Europe toute entière sa fascination pour le raffinement des civilisations orientales. Depuis le Moyen-Age jusqu’à la fin de la République de Venise au XVIIIe siècle, les influences réciproques ont circulé.
L’Orient a inventé le verre, Venise l’a copié, imitant les formes et les motifs, avant que les manufactures de Murano n’occupent à leur tour le premier plan au XIVe siècle. Iznik (Turquie) a exporté ses célèbres faïences et les poteries vénitiennes en majolique en ont repris les décors. Venise était largement réputée, notamment au XVe siècle, pour ses tissus luxueux; pour rivaliser avec ses productions, les Ottomans ont développé une industrie textile de luxe en installant des ateliers à Brousse (Turquie). Les reliures en cuir des ouvrages vénitiens se sont couverts de motifs de reliures du Coran : «Nous cherchons à perdre le visiteur, déclare Aurélie Clémente-Ruiz, pour montrer ces imbrications», qui sont telles que cinq à huit cents ans plus tard les experts historiens et scientifiques hésitent parfois à attribuer telle œuvre aux artisans ou aux artistes d’Istanbul ou de Venise.
L’exposition sera présentée aux Etats-Unis au MET de New York du 26 mars au 8 juillet 2007.
Par RFI
Pour plus de renseignements Venise et l'Orient
Gentile Bellini, Vittore Carpaccio, Giovanni Mansueti, de Cesare Vecellio : les noms chantent l’Italie, mais les œuvres de ces peintres vénitiens de la Renaissance, peuplées de personnages enturbannés et de femmes voilées, respirent l’Orient. Cependant, contrairement à ce que laisse imaginer une abondante iconographie orientale, peu de peintres en fait ont réellement rencontré l’Orient qui les fascinait tant. Les récits des riches négociants éblouis par la richesse des cours ayyoubide, mamelouke ou ottomane -avec lesquelles au fil des siècles ils tissèrent des liens étroits- ont souvent suffi à nourrir chez les artistes des fantasmes d’Orient. La réception des ambassadeurs vénitiens à Damas (1511) d’un anonyme est à ce titre emblématique ; grande mosquée, bains, enceinte du palais : la scène se déroule dans le décor de la ville de Damas recomposé par l’imaginaire du peintre. De la même manière, Vittore Carpaccio dans sa Prédication de Saint Etienne place la scène dans une architecture qui évoque Jérusalem. «Les artistes s’inspiraient de dessins, d’ouvrages de pèlerinage en Terre sainte, tout le monde connaissait ces ouvrages-là», explique Aurélie Clémente-Ruiz, historienne.
Le Caire, Damas ou bien encore Byzance-Constantinople sont les trois villes phares avec lesquelles Venise entretient, dès le Moyen-Age, un commerce florissant. Dès la fin du XIIIe siècle, riche et prospère, la cité des Doges commence alors à se couvrir de palais, à se parer de tapis d’Orient, de soieries, de brocarts et de velours. «En ces siècles pendant lesquels Venise installe et maintient ses comptoirs au Levant, du XIIe au XVe siècle, les sociétés musulmanes du Proche-Orient connaissent un degré de civilisation bien supérieur à celui des pays d’Europe occidentale», explique Stefano Carboni, un des commissaire de l’exposition et conservateur au MET. A Venise même, les constructions de la cité marchande commencent à rappeler les chefs-d’œuvre de l’architecture islamique, agrémentées de décors d’arabesque, de mosaïques, de petites niches et de découpes en arcs pointus : «Venise tente ainsi de rivaliser avec les villes saintes de l’Orient, comme Jérusalem, en se parant des mêmes attributs», souligne Aurélie Clémente-Ruiz.
Venise fut le «premier pouvoir occidental à avoir des ambassades en Orient», souligne Stefano Carboni, et la cité des Doges a fait partager à l’Europe toute entière sa fascination pour le raffinement des civilisations orientales. Depuis le Moyen-Age jusqu’à la fin de la République de Venise au XVIIIe siècle, les influences réciproques ont circulé.
L’Orient a inventé le verre, Venise l’a copié, imitant les formes et les motifs, avant que les manufactures de Murano n’occupent à leur tour le premier plan au XIVe siècle. Iznik (Turquie) a exporté ses célèbres faïences et les poteries vénitiennes en majolique en ont repris les décors. Venise était largement réputée, notamment au XVe siècle, pour ses tissus luxueux; pour rivaliser avec ses productions, les Ottomans ont développé une industrie textile de luxe en installant des ateliers à Brousse (Turquie). Les reliures en cuir des ouvrages vénitiens se sont couverts de motifs de reliures du Coran : «Nous cherchons à perdre le visiteur, déclare Aurélie Clémente-Ruiz, pour montrer ces imbrications», qui sont telles que cinq à huit cents ans plus tard les experts historiens et scientifiques hésitent parfois à attribuer telle œuvre aux artisans ou aux artistes d’Istanbul ou de Venise.
L’exposition sera présentée aux Etats-Unis au MET de New York du 26 mars au 8 juillet 2007.
Par RFI
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