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Un barrage va engloutir 6 000 ans d’histoire en Turquie

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  • Un barrage va engloutir 6 000 ans d’histoire en Turquie

    Encore un projet qui fait mal au coeur. Erdogan a décidé de construire un barrage hydroélectrique gigantesque qui fournira 3,8milliards de kw/h par an soit 3% des besoins de la Turquie . Seulement ce barrage va engloutir deux cents villages et hameaux soit 54 000 personnes, majoritairement kurdes comme par hasard qui seront déplacées et parmi ces villages se trouve des chefs d'oeuvres archéologiques, des témoignages des civilisations passées qui seront noyés à jamais et que dire des populations installées depuis toujours ne possèdant aucun acte de propriété et qui ne seront jamais indemnisés dans des régions qui sont deja si pauvres.


    ==========

    Pour son village, Vahap Kusen, rêve d’un destin comparable à celui d’Éphèse ou de la Cappadoce. « Qu’est-ce qu’ils ont de plus que nous pour attirer les touristes ? Rien ! », s’enflamme le maire d’Hasankeyf, accroché à la falaise sur la rive du Tigre.

    La bourgade du sud-est de la Turquie recèle effectivement des trésors archéologiques, légués par les civilisations qui se sont succédé dans cette partie de la Mésopotamie pendant au moins six mille ans : des milliers d’habitations troglodytiques dans la roche couleur miel, une forteresse romaine en haut du pic rocheux, poste avancé à la lisière de l’Empire perse, les puissantes arches d’un pont médiéval construit à l’âge d’or de la Route de la soie, les vestiges de palais ottomans... Le tout semble délicatement posé au creux d’une vallée indolente, comme dans un écrin.

    Mais les projets de grandeur de l’édile pour sa cité seront bientôt engloutis sous quarante mètres d’eau. En août, le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a lancé symboliquement la construction du barrage hydroélectrique d’Ilisu, en aval.

    Cet ouvrage colossal, dont le coût s’élève à 1,2milliard d’euros, fournira, dès 2013, 3,8milliards de kw/h par an. Soit 3 % des besoins de la Turquie. Ilisu s’inscrit au coeur de la politique nationale de diversification des sources énergétiques.

    Mais, pour approvisionner l’économie du pays en pleine croissance, le barrage va engloutir deux cents villages et hameaux : 54 000 personnes, majoritairement kurdes, seront déplacées.

    Dans une dernière tentative pour faire échec à sa construction, des organisations de défense de l’environnement font pression sur le consortium austro-germano-suisse chargé des travaux, en essayant de convaincre les États concernés de ne pas accorder aux sociétés les crédits à l’exportation. Pour calmer le monde archéologique, en émoi face à la disparition annoncée d’Hasankeyf, Ankara a promis la création d’un musée en plein air à quelques kilomètres. Quelques monuments y seront transportés au sec.

    « Un non-sens, il ne s’agit pas de Lego démontables, s’insurge Zeynep Ahunbay, professeur d’histoire de l’architecture à l’université technique d’Istanbul. Ils sont indissociables de leur environnement et de la topographie. » L’universitaire et un groupe d’opposants au projet ont déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, à Strasbourg. « Le barrage sera hors service dans trente ou cinquante ans à cause de la sédimentation, ajoute le professeur. Cela ne fait pas le poids dans la balance avec la préservation de cet héritage culturel de l’humanité. »

    La Plate-forme pour sauver Hasankeyf, qui regroupe 70 maires, associations et institutions locales, veut miser sur cette richesse archéologique pour se lancer dans le tourisme culturel. Depuis la fin de la guerre entre les séparatistes du PKK et l’armée turque, les touristes ont fait leur réapparition dans le Sud-Est. « Le potentiel de la région est énorme, s’enthousiasme Ercan Ayboga, l’un des responsables du collectif.

    Cette option amorcerait le développement économique et social. » Les promoteurs du barrage, eux, vantent les sports nautiques. « Ils nous ont même promis qu’on ferait du jet-ski », raille Hifzullah Marangoz, qui tient une échoppe de souvenirs à côté de la mosquée ayyoubide. À l’ombre de la tonnelle du café, où même le ventilateur a capitulé sous la chaleur écrasante, Ali Tekina, vieillard édenté, fulmine en serrant sa canne en bois : « Dans cette histoire, il n’est pas question que d’énergie, il s’agit aussi d’arracher les Kurdes à la terre de leurs ancêtres, de leur faire oublier leur culture en les envoyant à l’Ouest ou en Europe. »

    La retenue d’eau d’Ilisu s’inscrit dans le cadre du projet de développement de l’Anatolie du Sud-Est et de son réseau de 22 barrages. Muamer Yasar Ozgul, son président, promet « 500 millions d’euros de retombées économiques » et des bénéfices « pour 80 000 personnes ».

    Ces pronostics font enrager les opposants qui avancent d’autres chiffres : 2 300 emplois pour la construction du barrage, puis 200 pour la maintenance. «Mes administrés sont pauvres et sans qualification, ils finiront dans les bidonvilles de Diyarbakir et d’Istanbul, prédit le maire d’Hasankeyf. Ces villes rencontrent déjà de gros problèmes dus à l’immigration massive. Que pourront faire les habitants d’Hasankeyf à part devenir voleurs ? »

    L’État s’est engagé à verser des indemnisations pour les habitations et les terres. « Nous n’obtenons aucune information précise, car tout se décide à Ankara, sans concertation avec la population, dénonce Ercan Ayboga, de la Plate-forme. La moitié des paysans n’a pas de titre de propriété. » À Sinan, les dindons grattent la terre devant les maisons en chaux. Les hommes ressassent leur malheur en sirotant un thé : « Si le barrage est construit, on n’obtiendra rien du tout pour les champs. Les familles les possèdent depuis l’Empire ottoman, mais on s’est aperçu qu’un individu avait racheté au cadastre tous les titres frauduleusement. »

    Dans le sud-est du pays, un barrage peut en cacher en autre. Après celui d’Ilisu, celui de Cizre, destiné à l’irrigation, domestiquera définitivement le Tigre au profit de la Turquie. Il sera érigé à quelques kilomètres de la frontière syrienne. Au coeur d’une zone très sensible, enjeu d’un affrontement géopolitique : celui du partage des eaux du Tigre et de l’Euphrate avec la Syrie et l’Irak.


    Par Le figaro

  • #2
    Il faut dire aussi que ce projet permettra le dévelopement de l'Est de la Turquie malgré les défauts. Il suffit de regarder les photos satellites sur l'avancement du projet du sud Est Anatolien pour s'en rendre compte:


    On peut voir sur la photo satellite de gauche qu'en 1976 cette région etait aride.



    En 1990 les Turcs ont construit le barrage Attaturk que l'on peut voir dans cette photo:



    Sur la photo satellite de droite on peut voir la zone verte qui a poussée un peu plus au sud en 1999 grace à ce barrage. Cette zone est habitée par des Kurdes et s'appelle Haran. Haran n'aurait jamais pu se développer et sortir de la misére sans ce barrage car la ville etait loin du fleuve Euphrate. Maintenant il y a meme une industrie agro-alimentaire qui commence à se developper à Haran qui commence à devenir une ville réelement en voie de developement.

    A terme ce seront 22 barrages et 19 stations hydro electriques qui seront construites sur le Tigre et l'Euphrate. Résultat des courses: 1,7 millions d'hectares pourront etre irrigués, soit 17.000 km² de terres irriguées grace à ce projet. Ca permettra à la Turquie d'avoir une large autosuffisante alimentaire et de devenir un exportateur majeur de produits alimentaires.

    Le Figaro a la critique trop facile. Il ne regarde pas les avantages de ce projet, y compris pour la region Kurde, et fait de la récuperation politique. Si c'etait les Australiens qui auraient construits ce systéme de barrages sur des terres d'Aborigénes, je suis sur que Le Figaro n'aurait rien dit.

    Au plaisir,
    66

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    • #3
      Je connais les cotés positifs d’une construction de barrage, outre l'énergie que cela fournit, cela permet de développer la pêche en activité, et l'irrigation des terres agricoles peut rendre une région prospère et c'est donc créateur d'emploi.
      Il faut dire aussi que celui qui maitrise les ressources hydrauliques détient un pouvoir considérable et je comprend tout à fait l'ambition de la Turquie, la Syrie et l'Irak sont d'ailleurs à la merci de la Turquie car le le Tigre et l'Euphrate, prennent leur source en Turquie.

      A la décharge du Figaro, j'ai hésité à placer cet article ici plutôt que dans culture, car c'est en ayant pour optique le coté négatif d'une construction de barrage d'autant plus dans une région pauvre mais si riche de son passé car se côtoient des monuments assyriens, romains et ottomans et c'est un crève coeur de savoir que cela sera perdu à tout jamais et c'est pour ça que je voulais en parler.

      De même c'est mon mauvais esprit qui détourne l'attention sur les Kurdes car c'est bien eux qui seront pénalisés car déplacés et mal ou pas indemnisés et c'est aussi parce que j'ai encore en mémoire la construction du barrage des Trois Gorges en Chine, ces villages enfouis, ces trésors archéologiques aussi ces populations jamais indemnisés sans compter ces dégâts collatéraux. Et là beaucoup de kurdes n'ont aucun titre de propriété et que vont ils devenir?

      Merci en tous les cas pour ton post, il fait voir l'autre versant dans la construction d'un barrage.

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