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Il faut laisser les entreprises algériennes investir à l’étranger »

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  • Il faut laisser les entreprises algériennes investir à l’étranger »

    Entretien avec Ramdane Batouche, P-DG de Général Emballage

    Hamid Guemache TSA
    Ramdane Batouche est le patron de Général Emballage, une société privée basée à Akbou à l’ouest de Bejaïa, spécialisée dans la fabrication et la transformation de carton ondulé.
    Dans cet entretien, M. Batouche plaide pour la convertibilité totale du dinar, la possibilité d’acheter des devises à terme, et l’octroi des autorisations aux entreprises algériennes pour investir à l’étranger.
    Votre entreprise est leader dans le secteur en Algérie. Comment aviez-vous eu l’idée d’investir dans le carton ondulé ?
    Général Emballage a été créée en 2002. L’idée d’investir dans la fabrication du carton est née d’un besoin. À la laiterie Djurdjura, que nous avions vendue ensuite à Danone, on voulait remplacer les caisses en plastique par des caissons en carton pour l’emballage des boites de yaourt. Mais, on avait rencontré des difficultés d’approvisionnement. Un voisin voulait monter une cartonnerie et nous nous sommes associés pour créer Général Emballage. Le carton rentre pratiquement dans toutes les industries et l’agriculture mais aussi pour l’emballage des fruits et légumes.
    Général Emballage a réussi à s’imposer sur le marché …
    Nous réalisons une croissance à deux chiffres et des bénéfices depuis 2007. En 2013, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 7,7 milliards de dinars contre 6 milliards de dinars en 2012 et nous prévoyons d’atteindre 9,2 milliards de dinars en 2014. Nous avons investi près de 9 milliards de dinars depuis la création de la société et nous avons 1 011 salariés. Depuis 2011, nous avons investi 5,7 milliards de dinars. Nous avons trois unités de production à Akbou, Oran et Sétif. Notre capacité de production nominale sera portée de 200 000 tonnes contre 130 000 tonnes actuellement. L’unité de Sétif entrera en production en juin 2014 et fabriquera du carton paraffiné destiné à l’emballage des produits agricoles. Ce projet va permettre à l’Algérie de ne plus importer le carton paraffiné. Les caisses en carton sont plus faciles à utiliser que celles en plastique qui demandent une logistique difficile à entretenir pour les agriculteurs, les industriels et les commerçants. L’unité d’Oran fonctionne depuis un an. Nous investissons aussi dans la formation. Nous avons conclu une convention avec l’université de Bejaïa pour la création d’une nouvelle licence en emballage et arts graphiques, la première du genre en Algérie, pour la formation de 30 futurs cadres. Nous assurons à notre personnel des formations en interne et en externe. La ressource humaine est la base de tout développement. C’est la fondation d’une entreprise.
    Quelle était votre production en 2013 ?
    En 2013, nous avions produit 93 000 tonnes de papier et nous prévoyons de produire 113 000 tonnes en 2014. Le marché national du carton évolue de 10% par an. Il est estimé, aujourd’hui, à 230 000 tonnes par an. En 2013, nous avons exporté principalement vers la Tunisie pour 1,5 million de dollars.
    L’Algérie peine à développer ses exportations hors hydrocarbures. Pourquoi ?
    Dans l’industrie manufacturière, les produits algériens ne sont pas compétitifs. Nous achetons la matière première au même prix que nos concurrents européens. L’énergie est, certes, moins chère mais elle est de mauvaise qualité. Ce que nous gagnons sur le prix de l’énergie, nous le perdons en productivité. La main-d’œuvre en Algérie n’est pas bien formée et constitue donc un handicap pour les industriels. Les frais de transport maritime sont élevés, les ports sont congestionnés, les droits de douanes aussi. Nous ne pouvons pas créer des structures à l’étranger pour pouvoir exporter nos produits et répondre à la demande de nos clients. Aujourd’hui, pour exporter vers l’Europe, il faut avoir des structures sur place pour pouvoir stocker les produits et livrer à la demande des clients. Nous exportons vers la Tunisie et nous utilisons des camions pour transporter la marchandise. Avec l’Europe il faut des bateaux et des structures sur place. Beaucoup de clients en Europe veulent acheter nos produits. Nous avons discuté avec Peugeot, Francine. Ils veulent être alimentés selon un programme défini et il faut une structure sur place pour les satisfaire. Ce que nous ne pouvons faire, car le gouvernement n’autorise pas les entreprises algériennes à investir à l’étranger.
    Justement, des groupes privés comme Cevital veulent se développer à l’international, mais seule la Sonatrach est autorisée à investir à l’étranger. Faut-il laisser tous les groupes aller à l’international ?
    Cevital est une fierté algérienne. Je le soutiens dans ses projets de développement à l’international. C’est une très bonne chose pour l’image de l’Algérie à l’étranger, en France notamment. Il faut laisser les entreprises algériennes investir à l’étranger. Les devises vont revenir en Algérie. L’export nous permettra de nous développer et de gagner des parts de marché. Nous sommes obligés d’exporter.
    La convertibilité totale du dinar est-elle la solution ?
    Je suis pour la convertibilité totale du dinar. Les gens qui aiment leur pays vont rester. Il faut rendre l’Algérie attractive aux yeux des investisseurs. Je ne quitterai pas mon pays pour tout l’or du monde.
    Le gouvernement affiche sa volonté de réindustrialiser le pays, mais sur le terrain, les résultats sont maigres. Pourquoi ?
    Pour relancer l’industrie, il faut rétablir la confiance entre le gouvernement et les opérateurs économiques. Les gens ont peur d’investir à cause, notamment, des changements fréquents de lois. Il faut donner des garanties aux investisseurs. Ce n’est pas seulement une affaire d’avantages fiscaux et parafiscaux. On est toujours dans une économie dirigée. Le mode de paiement des importations est imposé. Pour recruter, il faut passer par l’Anem …
    Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés ?
    Nous n’avons aucune protection. Nous dépendons de n’importe quel agent de l’administration. Pour un point, une virgule qui manque dans un document, l’administration peut nous bloquer. L’administration voit l’entreprise comme un adversaire. Pour avoir un permis de construire, nous avons attendu 18 mois. Nous avons demandé l’installation d’une gare ferroviaire pour pouvoir utiliser le train pour le transport des marchandises, on nous a demandé de participer financièrement à sa réalisation. Nous avons été obligés de réaliser le réseau d’assainissement, de payer les poteaux d’électricité, etc.
    La dévaluation du dinar a-t-elle impacté vos coûts de production ?
    Bien sûr. En plus de la dévaluation du dinar, nous faisons face à l’augmentation du prix de la matière première. Nous souhaitons que le gouvernement autorise les entreprises à acheter des devises à terme auprès des banques. Cela nous permettra de mieux maîtriser nos coûts et de se prémunir contre les hausses des prix des matières premières. Aujourd’hui, nous prenons beaucoup de risques avec la fluctuation du change et la congestion des ports, où les bateaux attendent parfois 45 jours pour décharger. Dans le monde entier, les entreprises travaillent à flux tendu. En Algérie, nous sommes obligés d’avoir des stocks, ce qui se répercute sur nos prix. Il faut savoir que, si un entrepreneur réussit en Algérie, il peut réussir partout dans le monde. D’ailleurs, nous sommes démarchés par des pays comme le Canada et la France pour investir chez eux.
    Et si le gouvernement vous demande de faire des propositions pour la prochaine loi de finances …
    Je ferai quatre propositions. La première est de permettre aux opérateurs d’acheter des devises à terme pour maîtriser les coûts. La deuxième est d’autoriser les entreprises à investir à l’étranger. La troisième est d'améliorer les conditions d'exportation par voie maritime. La quatrième est de rétablir la confiance entre le privé et le gouvernement.
    Est-ce que vous envisagez d’introduire votre entreprise en bourse ?
    Nous l’envisageons à partir de 2015, avec la sortie du fonds d’investissement Maghreb Invest qui détient 40% de Général Emballage.

  • #2
    qui sont ces patrons Algériens

    ce sont des success stories ? ... c'est intéressant de savoir comment ils ont fait pour réussir à monter des entreprises qui marchent ...

    Ont ils raconté leur histoire pour que d'autres prennent exemple sur eux ?

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