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    Les années Lemchaheb

    L'histoire de Lemchaheb est née autour d’une table de "La Comédie", célèbre café du centre-ville de Casablanca, en face du défunt théâtre municipal. C’est là que Moulay Chérif Lamrani vient trouver le régisseur de Nass El Ghiwane, un certain Mohamed Bakhti, et lui demande : "Je sais que tu as bossé avec les Ghiwane, on veut monter un groupe comme eux,
    aide-nous". Nous sommes en 1973, en pleine explosion de la pop marocaine autour de Nass El Ghiwane. Moulay Chérif Lamrani, 24 ans à l’époque, est un musicien accompli. Originaire de Boudnib (comme le général Oufkir dont il disait, pour plaisanter, qu’il était "un cousin oublié"), le musicien doit beaucoup à son père, Mbarek Boudnibi, connu pour avoir longtemps dirigé un orchestre à Oran. Dès ses débuts, Moulay Chérif reprend la mandoline de son père, en allonge le manche et conçoit ainsi un instrument unique au monde : sa mandoline à lui !
    Chérif, qui a un faible pour les frères Mégri alors en plein boom, est imbibé de musique algérienne (sa mère est Algérienne). Pour l’épauler, il s’appuie sur les textes d’un ami, Mohamed Boulmane, instituteur à Hay Mohammadi (et ancien gardien de la fierté du quartier, l’équipe du TAS), connu pour sa grande culture. À eux deux, ils ont écrit et composé une première démo, accompagnés d’un certain Boukili d’Oujda et de Larbi Kessa au bendir. L’enregistrement, fait dans des conditions artisanales, est présenté à Bakhti. Le verdict tombe comme un couperet : "C’est intéressant, juge l’ancien régisseur de Nass El Ghiwane, mais pour avoir le succès des Ghiwane, il vous faut d’autres musiciens et des chanteurs". Moulay Chérif retourne à son quartier, le Belvédère, et à son boulot, à Carnaud, où il est dessinateur. L’affaire est entre les mains de Bakhti qui cherche de nouvelles têtes pour accompagner le prometteur Moulay Chérif et mettre en valeur les textes de Boulmane.
    Bakhti, un instituteur de 37 ans, a un immense avantage. Il dispose d’un local aux Roches-Noires, où bien des groupes sont venus répéter, voire habiter quelque temps. Après les Ghiwane, il avait pris sous son aile Tagadda dont faisait partie Mohamed Batma, le frère de Larbi. Bakhti auditionne d’autres groupes de passage à Casablanca et finit par dénicher la perle rare : les Tyour Ghourba (oiseaux de l’exil), originaires de Marrakech. Le groupe est composé des deux frères Bahiri, Ahmed et Mohamed, anciens de la troupe de Hamid Zahir, et d’une jeune fille de 15 ans, Saïda Birouk. Les Tyour Ghourba tournent en rond et n’arrivent pas à trouver un producteur pour les enregistrer. Ils sont en quête, eux aussi, d’un nouveau groupe où ils pourraient s’intégrer. Bakhti les présente à Chérif qui leur fait subir un "examen" musical et l’affaire est conclue. Mais il restait un problème : Saïda. "Il a fallu monter chez sa famille à Marrakech pour leur expliquer que Saïda fera carrière d’artiste à Casablanca, se souvient Mohamed Bakhti. Je me suis personnellement porté garant de sa sécurité et de sa bonne éducation". La jeune Saïda habite chez la famille Bakhti aux Roches-Noires. Chérif, après avoir testé les noms de "Khatoua khatoua (pas à pas)" et "Les étoiles filantes", finit par se fixer sur Lemchaheb, ou les barres rougeoyantes sur lesquelles on cuit le pain dans le four traditionnel. En 1973, le groupe, composé de Chérif, Saïda et les frères Bahiri (en plus de Bakhti, le manager) voit officiellement le jour. Il signe chez Barclay, alors en prospection au Maroc et entame ses premiers enregistrements (Al-Khyala, Bladi, premiers classiques). Chérif dessine les célèbres costumes qui signent le look du groupe, sa mère les découpe. Nous sommes en 1974, c’est le temps des premières prestations scéniques. Les affiches sont conçues par l’omniprésent Chérif, qui n’a rien perdu de son talent de dessinateur. Après une première tournée européenne pour le compte de la RAM (où le groupe encaisse 700 DH par soirée, en plus d’un défraiement quotidien… de 10 francs), Lemchaheb passe aux choses sérieuses : la scène casablancaise. Comme les Ghiwane quelques années auparavant, l’examen de passage de la bande à Chérif a lieu au cinéma Saâda, qui tient aussi lieu de salle de spectacle au Hay Mohammadi. 300 fans sont au rendez-vous. Le deuxième concert, à l’autre salle mythique de la ville, le Kawakib à Derb Soltane, élargit le premier cercle des aficionados. Lemchaheb s’est fait un nom, même si la RAM, qui les intègre dans une nouvelle tournée promotionnelle en Europe, les engage en tant que "Nass El Mchaheb".
    Malgré le succès grandissant, Chérif est le premier à comprendre les limites du groupe. "Il nous faut de nouvelles gammes vocales, nous n’irons pas loin dans notre configuration actuelle", confie-t-il au fidèle Bakhti. Les frères Bahiri sont évincés suite à un différend personnel (le groupe tient régulièrement des conseils d’administration pour sanctionner les écarts de discipline !) et partent fonder, de leur côté, le groupe Lajouad. L’excellent Boulmane, songwriter attitré du groupe, part à Marrakech où il deviendra, plus tard, l’un des meilleurs avocats de la ville. C’est la crise. Chérif "teste" alors un nouveau-venu : Mohamed Batma, ancien de Tagadda, admirateur de Lemchaheb (et de Saïda plus particulièrement), depuis qu’il a assisté à leur premier concert au cinéma Saâda. Batma abandonne son boulot de cheminot et intègre ainsi le groupe dont il enrichit le répertoire avec le superbe "Amana". Tournant désormais à trois, Lemchaheb prospecte de nouveaux musiciens pour remplacer les frères Bahiri. Encore une fois, le salut vient de "La Comédie", où Bakhti, fidèle client, déniche quatre nouveaux talents : Mohamed Sousdi, Mobarak Jadid (dit Chadili), Saïd Bouqal et Hamid Tchika. Les quatre musiciens reviennent d’une tournée calamiteuse en France et cherchent à se relancer. Ils sont présentés à Chérif qui les "teste" et garde les deux premiers : Sousdi et Jadid-Chadili. L’un est un pur produit du Hay, épris de musique algérienne, avec un registre de voix aiguë rappelant le célèbre Boujemia. L’autre est un véritable poète hassani, originaire de Zagora. La combinaison est parfaite : Sousdi apporte le mémorable Al-Hasla, Chadili vient avec Ettaleb et Hab Erramane. Le groupe, qui tourne désormais à cinq unités, enregistre de nouvelles bandes dans l’arrière-boutique d’un atelier de cordonnerie tenu par un certain Abderrahmane Alami. Le résultat est remarquable. Lemchaheb repart en tournée. Mais Saïda, entre-temps marié à Batma, tombe enceinte et le groupe, à l’unanimité, choisit de l’écarter. Nous sommes en 1975. Lemchaheb, avec une poignée de chansons, est devenu le rival le plus sérieux des Ghiwane, loin devant Tagadda ou Jil Jilala. Dans le nord du pays, mais aussi chez les voisins algériens, ils sont fameux. C’est la période faste de Lemchaheb qui les emmène aux quatre coins du royaume (Sahara compris), dans les pays du Maghreb et en Europe. Leur potentiel devient encore plus fort avec l’arrivée, courant 1976, de l’excellent Mohamed Hamadi, ancien de Nouass Al-Hamra, un groupe marrakchi. La configuration est définitive, les cinq talents qui composent le groupe se lâchent complètement, toujours sous la direction du "médium" Chérif et du réaliste Bakhti, l’homme de l’ombre. Les textes se politisent. Batma, sur l’indémodable Daouini, pousse le luxe jusqu’à détourner le final, "wahaïdouss" devenant malicieusement "wahaïdouh" ("virez-le", allusion directe au roi dont la popularité, à l’époque, était au plus bas). Le couplet devient d’ailleurs un hymne underground. Le même Batma, sur Khiyi, se fend d’une étonnante intro : "Youmek jak… Hak hada ma souiti" (ton heure est venue, voilà ce que tu mérites). Sur scène, la deuxième partie du couplet est accompagnée d’un retentissant "doigt d’honneur"...
    La décennie des années 80 sera celle de toutes les expérimentations. Chérif et Chadili tentent un "mariage" musical réussi avec les Allemands de Dissidenten. Lemchaheb investit dans un studio, Zeryab, qui se transforme en gouffre financier. L’unité du groupe en prend un coup. Chérif, notamment, multiplie les voyages, allant jusqu’à s’installer, de longues années durant, en Tunisie. Sans son maître à penser, le groupe perd de son impact, se contentant de puiser dans son propre répertoire. Ce déclin sera confirmé dans la décennie suivante avec le départ du fédérateur Bakhti, qui plie bagages et s’installe aux États-Unis. C’est le coup de grâce. Lemchaheb recolle les morceaux quand Bakhti rentre au pays, en 2002. Mais le cœur n’y est plus. Batma, longtemps malade, a quitté ce monde dès 2001. Les autres membres ont pris de la bouteille. La crise d’inspiration affecte plus encore Chérif qui cherche désespérément à se renouveler et va jusqu’à créer un groupe parallèle, Lemchaheb music, sans relief. Trop tard. Pour l’anecdote, Lemchaheb se retrouvera au complet le 16 mai 2003 au complexe Sidi-Belyout, au moment même où des explosions embrasaient le ciel de Casablanca, quelques mètres plus loin. Chérif jouera une dernière fois sur scène (avec son nouveau groupe) en juin 2004 pour la fête de la musique. Saïda, après une éclipse de près de 30 ans, remontera également sur scène avec Sousdi, Hamadi et Chadili. Mais le train est passé. Chérif meurt le 20 octobre d’un cancer digestif. Sa fameuse mandoline, qui a composé tant de chefs-d’œuvre, est déclarée "objet perdu" depuis...
    من زين مديحك ما كيفه تجارة يا رسول الله

  • #2
    salam,

    Pour ecouter lemchaheb visitez ce site

    lemchaheb .cjb. net "enlever les espaces entre les mots, merci"
    Dernière modification par laafou ya baba, 29 octobre 2006, 09h04.

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