L’Algérie a en effet 1,2 million de facebookers de moins que le Maroc qui en score 4 millions. Avec le meilleur taux de pénétration en nombre de population et d’internautes, la Tunisie vient quasiment à égalité avec l’Algérie qui compte presque trois fois plus d’habitants. Le Maroc totalise 4 075 920 facebookers et occupe la 37e place (sur plus de 180 pays), selon les chiffres de la première semaine de janvier 2012 de «socialbakers». Le taux de pénétration du nombre d’utilisateurs de ce réseau social par rapport à la population marocaine est de 12,89%, contre 39,03% parmi la population connectée. Selon «socialbakers», le nombre d’utilisateurs de facebook au Maroc a augmenté de 450 820 comptes durant les six derniers mois *.
- Au vu de la participation active des élites tunisienne et égyptienne (écrivains, artistes et intellectuels) à l’éveil des consciences de leurs sociétés, d’aucuns estiment que l’élite intellectuelle algérienne a déserté le terrain de la lutte pour les droits et a péché par son silence et sa démission. Qu’en pensez-vous ?
Pour parler de l’engagement des élites, des jeunes, des femmes et des différents catégories de la société dans les mouvements sociaux qui ont affecté dans de nouvelles formes de radicalité, de pratiques et de répertoires d’actions, ces dernières années, les pays de l’aire culturelle en question, il est nécessaire de poser au préalable les conditions du comparatisme.
Les mouvements sociaux qui affectent les pays au sud de la Méditerranée – principalement ceux des pays dits «arabes» – relèvent de situations différentes, s’inscrivent dans des profondeurs historiques différentes et renvoient à des conditions socio-anthropologiques, culturelles, politiques différentes. Même si on peut relever quelques invariants dans les formes de pérennisation de la domination par des pouvoirs illégitimes, autoritaires et dictatoriaux, la Libye n’est pas de ce point de vue le Yémen, l’Egypte est assez différente de la Tunisie, le Maroc de la Jordanie, la Syrie de l’Algérie.
Cependant, il y a quelque chose de transversal dans l’expression et l’affirmation de ces mouvements sociaux qui s’inscrivent dans un espace-temps générationnel de basculement vers de nouvelles demandes, de nouvelles façons d’être et de se représenter face au politique, face aux autres ; d’autres exigences de participation citoyenne qui sont en rupture avec les modes «traditionnels» de faire de la politique, d’exister, qui ont prévalu jusque-là ; il est néanmoins important de noter que cette évolution s’est développée de manière asynchrone et que ses rythmes comme ses formes ont différé d’un pays à l’autre, ce qui explique les modalités différentes d’entrée de ces catégories sociales dans les contestations et les mouvements sociaux.
Il me semble, dans le cas de notre pays, qu’il y a quatre causes principales à prendre en compte pour expliquer l’inertie des élites, plus loin celle de larges pans de la société et de manière générale le retard du mouvement social. Il y a en premier lieu le poids de l’histoire plus particulièrement coloniale, celle de la guerre d’indépendance et leurs effets, il y a en deuxième lieu la question de l’éducation et de l’enseignement et de ce qui s’y est défini durant les dernières décennies comme socialisations et intériorisation de modes de pensée, de travailler et d’agir, il y a également les caractéristiques du mouvement associatif et enfin intimement liée à ces dimensions la question des élites et de leur rôle.
S’agissant de l’histoire, la violence de la colonisation et celle en retour de la guerre de Libération nationale ont durablement configuré des relations sociales de type vertical, de type autoritaire qui n’ont pas permis la constitution d’un champ politique moderne, d’un espace de reconnaissance d’intérêts différents, de prise en compte de la différence, du conflit et de la nécessité de la construction du compromis. Les questions politiques se règlent toujours dans le rapport de forces, où celui qui détient le fusil a le premier et le dernier mot. En ce qui concerne le système d’enseignement et l’éducation, on peut observer qu’à l’opposé de pays comme le Maroc, la Tunisie et l’Egypte qui ont connu assez tôt le développement d’un haut enseignement supérieur privé ou semi-public ouvert sur l’international, offrant aux enfants des classes moyennes et des catégories supérieures des classes populaires, une alternative à la fois à l’enseignement public massifié et asphyxié et à la formation à l’étranger de plus en plus verrouillée, l’Algérie entrait tardivement, de manière timide et velléitaire, dans les contournements d’une université en voie de désinstitutionnalisation, alors que la Libye restait fermée à toute réforme et interrelation avec les universités du Nord méditerranéen.
Outre le délitement d’une université, où par exemple les directions sont là pour une grande part depuis une double décennie, fonctionnant comme autant de fiefs ou de zaouïas avec en moins le charisme, la mise en place d’un système de grandes écoles ces deux dernières années en Algérie, outre son caractère tardif, tâtonnant, bureaucratique, fait d’allers-retours, reproduisant les mêmes logiques de clientélisme et de référenciations exclusivistes, n’a pas permis l’affirmation d’élites jeunes conscientes, enracinées et de leur temps, manifestant au-delà de l’efficience de leurs formations, de nouvelles façons, de participation sociale et politique.
- Au vu de la participation active des élites tunisienne et égyptienne (écrivains, artistes et intellectuels) à l’éveil des consciences de leurs sociétés, d’aucuns estiment que l’élite intellectuelle algérienne a déserté le terrain de la lutte pour les droits et a péché par son silence et sa démission. Qu’en pensez-vous ?
Pour parler de l’engagement des élites, des jeunes, des femmes et des différents catégories de la société dans les mouvements sociaux qui ont affecté dans de nouvelles formes de radicalité, de pratiques et de répertoires d’actions, ces dernières années, les pays de l’aire culturelle en question, il est nécessaire de poser au préalable les conditions du comparatisme.
Les mouvements sociaux qui affectent les pays au sud de la Méditerranée – principalement ceux des pays dits «arabes» – relèvent de situations différentes, s’inscrivent dans des profondeurs historiques différentes et renvoient à des conditions socio-anthropologiques, culturelles, politiques différentes. Même si on peut relever quelques invariants dans les formes de pérennisation de la domination par des pouvoirs illégitimes, autoritaires et dictatoriaux, la Libye n’est pas de ce point de vue le Yémen, l’Egypte est assez différente de la Tunisie, le Maroc de la Jordanie, la Syrie de l’Algérie.
Cependant, il y a quelque chose de transversal dans l’expression et l’affirmation de ces mouvements sociaux qui s’inscrivent dans un espace-temps générationnel de basculement vers de nouvelles demandes, de nouvelles façons d’être et de se représenter face au politique, face aux autres ; d’autres exigences de participation citoyenne qui sont en rupture avec les modes «traditionnels» de faire de la politique, d’exister, qui ont prévalu jusque-là ; il est néanmoins important de noter que cette évolution s’est développée de manière asynchrone et que ses rythmes comme ses formes ont différé d’un pays à l’autre, ce qui explique les modalités différentes d’entrée de ces catégories sociales dans les contestations et les mouvements sociaux.
Il me semble, dans le cas de notre pays, qu’il y a quatre causes principales à prendre en compte pour expliquer l’inertie des élites, plus loin celle de larges pans de la société et de manière générale le retard du mouvement social. Il y a en premier lieu le poids de l’histoire plus particulièrement coloniale, celle de la guerre d’indépendance et leurs effets, il y a en deuxième lieu la question de l’éducation et de l’enseignement et de ce qui s’y est défini durant les dernières décennies comme socialisations et intériorisation de modes de pensée, de travailler et d’agir, il y a également les caractéristiques du mouvement associatif et enfin intimement liée à ces dimensions la question des élites et de leur rôle.
S’agissant de l’histoire, la violence de la colonisation et celle en retour de la guerre de Libération nationale ont durablement configuré des relations sociales de type vertical, de type autoritaire qui n’ont pas permis la constitution d’un champ politique moderne, d’un espace de reconnaissance d’intérêts différents, de prise en compte de la différence, du conflit et de la nécessité de la construction du compromis. Les questions politiques se règlent toujours dans le rapport de forces, où celui qui détient le fusil a le premier et le dernier mot. En ce qui concerne le système d’enseignement et l’éducation, on peut observer qu’à l’opposé de pays comme le Maroc, la Tunisie et l’Egypte qui ont connu assez tôt le développement d’un haut enseignement supérieur privé ou semi-public ouvert sur l’international, offrant aux enfants des classes moyennes et des catégories supérieures des classes populaires, une alternative à la fois à l’enseignement public massifié et asphyxié et à la formation à l’étranger de plus en plus verrouillée, l’Algérie entrait tardivement, de manière timide et velléitaire, dans les contournements d’une université en voie de désinstitutionnalisation, alors que la Libye restait fermée à toute réforme et interrelation avec les universités du Nord méditerranéen.
Outre le délitement d’une université, où par exemple les directions sont là pour une grande part depuis une double décennie, fonctionnant comme autant de fiefs ou de zaouïas avec en moins le charisme, la mise en place d’un système de grandes écoles ces deux dernières années en Algérie, outre son caractère tardif, tâtonnant, bureaucratique, fait d’allers-retours, reproduisant les mêmes logiques de clientélisme et de référenciations exclusivistes, n’a pas permis l’affirmation d’élites jeunes conscientes, enracinées et de leur temps, manifestant au-delà de l’efficience de leurs formations, de nouvelles façons, de participation sociale et politique.
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