Plus de 40 000 nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année en Algérie. Le plus fréquent et mortel est le cancer du sein, il représente la première cause de mortalité chez les femmes.
le cancer du sein en Algérie touche près de 10 000 femmes chaque année, 3 500 en meurent, soit 10 femmes par jour ! Lourde perte qui pourrait être considérablement diminuée.
En effet, les avancées médicales permettent de soigner cette maladie et les connaissances sur les causes du cancer du sein pourraient également le prévenir dans certains cas. L’Algérie pourrait avoir le matériel médical permettant d’y faire face, à condition bien entendu que les autorités compétentes concrétisent les projets de formation du personnel médical, du dépistage massif, de prévention, de sensibilisation de la population et d’ouverture d’un centre de radiothérapie annoncé il y a plus de 6 ans maintenant.
Dépérissement des hôpitaux, absence de réelle volonté et d’actions politiques en matière de santé, manque d’instituts pour la prise en charge des personnes atteintes de cancer et de matériels médicaux spécialisés : manque d’appareils de soins de radiothérapie et panne tout au long de l'année des seuls disponibles, rupture de stocks de médicaments, absence de prévention, dépistage tardif, manque d’information sur les symptômes et la démarche à suivre pour les soins et enfin manque de formation d’un corps médical dépassé et en manque de reconnaissance.
Le cancer du sein, première cause de mortalité chez les femmes, est également accompagné de représentations sociales, d’ignorance et de tabous qui participent à sa mauvaise prise en charge. Tous ces manquements, dysfonctionnements et pourrissements d’un système arrivé à bout de lui-même
sont connus par les Algériens et les autorités ; cependant, rien ne change, ne bouge, les difficultés se cristallisent et entraînent des pertes inacceptables. L'ordonnance n°73-65 du 28 décembre 1973 avait institué la gratuité totale des soins à l'échelle de l'ensemble des établissements sanitaires publics. Cette mesure s'inscrivait dans le train des réformes radicales entreprises à l'époque par un Etat soucieux de renforcer sa légitimité en multipliant les marques de sollicitude à l'égard des «masses». Cependant, cet Etat s’est progressivement désengagé de sa promesse pour une médecine gratuite et accessible à tous, sa contribution qui représentait 71% en 1974 tombe à 31% en 1988, tandis que celle de la Sécurité sociale passe dans le même temps de 23,5% à 67,5%. Le soin gratuit n’est donc plus qu’un mythe. Selon Mohamed Mebtoul, sociologue, «la société algérienne a connu une construction par le haut de la profession médicale. Elle présente, de ce fait, ce qui va à l’encontre de ce qui est au fondement de cette profession, à savoir l'autonomie acquise par rapport aux autres pouvoirs. En intégrant les acteurs de la santé dans un moule unique, il a contribué à faire de la médecine un instrument efficace dans le maintien et le renforcement d'un Etat autoritaire. Les résultats sont connus : on se trouve en présence d'un simulacre de médecine «moderne», révélant une pratique médicale bricolée et exercée par des professionnels de santé, totalement désenchantés et frustrés, au statut et au prestige fortement dévalorisés, qui se limitent à revendiquer plus de moyens techniques et thérapeutiques». Des médecins débordés en manque de reconnaissance et des associations d’aide aux cancéreux ne cessent de dénoncer le manque de moyens et une déliquescence à peine voilée du système de santé national. Ce qui est spécifique au cancer du sein est que c’est la première cause de mortalité chez les femmes, il touche des jeunes femmes et est accompagné de représentations sociales, d’ignorance et de tabous qui viennent donc se greffer à ces dysfonctionnements structurels et expliqueraient en partie le problème du dépistage tardif.
Dépistage tardif : entre ignorance, tabous et négligence d’un corps médical débordé
Le dépistage est souvent tardif, un tiers des patientes arrive aux centres de dépistage alors que la maladie est déjà au stade 4 ou 5 (métastase) et décèdent au bout de quelques mois. Pour celles qui bénéficieront de soins, les traitements sont plus complexes, lourds et coûteux financièrement, physiquement et psychologiquement. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène, la première étant l’absence d’informations sur le cancer du sein. Ce vide informatif en direction de la population laisse place à des croyances et des peurs irrationnelles. Par exemple beaucoup pensent que le cancer est contagieux. Mme Kettab, secrétaire générale de l’association El-Amel, explique que certaines femmes cachent la maladie à leurs proches de peur d’être rejetées par leur mari, fiancé ou encore leurs parents. Certaines mères dissimulent leur maladie par peur que leurs filles ne soient pas demandées en mariage et restent donc vieilles filles, ce qui constitue l’angoisse majeure de toute mère et jeune fille. Mme Kettab raconte qu’une jeune femme de 30 ans était venue à la rencontre de l’association avec une tumeur au bord de l’explosion. Pourquoi avoir attendu ? La jeune femme explique qu’elle craignait que son fiancé ne rompt leurs fiançailles si elle venait à révéler sa maladie. Elle en est morte quelques mois après. Une autre femme, rencontrée dans la salle d’attente de l’association El-Amel, raconte que son mari l’a quittée après son opération (ablation du sein malade), la laissant avec 3 jeunes filles à charge. Ces histoires de vie contribuent à renforcer les craintes, les peurs et le silence de ces femmes. Peur de se voir abandonnées, rester vieilles filles dans une société qui prépare les femmes dès leur plus jeune âge à être de bonnes épouses, de bonnes mères donc en bonne santé et ayant tous les attributs féminins.
le cancer du sein en Algérie touche près de 10 000 femmes chaque année, 3 500 en meurent, soit 10 femmes par jour ! Lourde perte qui pourrait être considérablement diminuée.
En effet, les avancées médicales permettent de soigner cette maladie et les connaissances sur les causes du cancer du sein pourraient également le prévenir dans certains cas. L’Algérie pourrait avoir le matériel médical permettant d’y faire face, à condition bien entendu que les autorités compétentes concrétisent les projets de formation du personnel médical, du dépistage massif, de prévention, de sensibilisation de la population et d’ouverture d’un centre de radiothérapie annoncé il y a plus de 6 ans maintenant.
Dépérissement des hôpitaux, absence de réelle volonté et d’actions politiques en matière de santé, manque d’instituts pour la prise en charge des personnes atteintes de cancer et de matériels médicaux spécialisés : manque d’appareils de soins de radiothérapie et panne tout au long de l'année des seuls disponibles, rupture de stocks de médicaments, absence de prévention, dépistage tardif, manque d’information sur les symptômes et la démarche à suivre pour les soins et enfin manque de formation d’un corps médical dépassé et en manque de reconnaissance.
Le cancer du sein, première cause de mortalité chez les femmes, est également accompagné de représentations sociales, d’ignorance et de tabous qui participent à sa mauvaise prise en charge. Tous ces manquements, dysfonctionnements et pourrissements d’un système arrivé à bout de lui-même
sont connus par les Algériens et les autorités ; cependant, rien ne change, ne bouge, les difficultés se cristallisent et entraînent des pertes inacceptables. L'ordonnance n°73-65 du 28 décembre 1973 avait institué la gratuité totale des soins à l'échelle de l'ensemble des établissements sanitaires publics. Cette mesure s'inscrivait dans le train des réformes radicales entreprises à l'époque par un Etat soucieux de renforcer sa légitimité en multipliant les marques de sollicitude à l'égard des «masses». Cependant, cet Etat s’est progressivement désengagé de sa promesse pour une médecine gratuite et accessible à tous, sa contribution qui représentait 71% en 1974 tombe à 31% en 1988, tandis que celle de la Sécurité sociale passe dans le même temps de 23,5% à 67,5%. Le soin gratuit n’est donc plus qu’un mythe. Selon Mohamed Mebtoul, sociologue, «la société algérienne a connu une construction par le haut de la profession médicale. Elle présente, de ce fait, ce qui va à l’encontre de ce qui est au fondement de cette profession, à savoir l'autonomie acquise par rapport aux autres pouvoirs. En intégrant les acteurs de la santé dans un moule unique, il a contribué à faire de la médecine un instrument efficace dans le maintien et le renforcement d'un Etat autoritaire. Les résultats sont connus : on se trouve en présence d'un simulacre de médecine «moderne», révélant une pratique médicale bricolée et exercée par des professionnels de santé, totalement désenchantés et frustrés, au statut et au prestige fortement dévalorisés, qui se limitent à revendiquer plus de moyens techniques et thérapeutiques». Des médecins débordés en manque de reconnaissance et des associations d’aide aux cancéreux ne cessent de dénoncer le manque de moyens et une déliquescence à peine voilée du système de santé national. Ce qui est spécifique au cancer du sein est que c’est la première cause de mortalité chez les femmes, il touche des jeunes femmes et est accompagné de représentations sociales, d’ignorance et de tabous qui viennent donc se greffer à ces dysfonctionnements structurels et expliqueraient en partie le problème du dépistage tardif.
Dépistage tardif : entre ignorance, tabous et négligence d’un corps médical débordé
Le dépistage est souvent tardif, un tiers des patientes arrive aux centres de dépistage alors que la maladie est déjà au stade 4 ou 5 (métastase) et décèdent au bout de quelques mois. Pour celles qui bénéficieront de soins, les traitements sont plus complexes, lourds et coûteux financièrement, physiquement et psychologiquement. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce phénomène, la première étant l’absence d’informations sur le cancer du sein. Ce vide informatif en direction de la population laisse place à des croyances et des peurs irrationnelles. Par exemple beaucoup pensent que le cancer est contagieux. Mme Kettab, secrétaire générale de l’association El-Amel, explique que certaines femmes cachent la maladie à leurs proches de peur d’être rejetées par leur mari, fiancé ou encore leurs parents. Certaines mères dissimulent leur maladie par peur que leurs filles ne soient pas demandées en mariage et restent donc vieilles filles, ce qui constitue l’angoisse majeure de toute mère et jeune fille. Mme Kettab raconte qu’une jeune femme de 30 ans était venue à la rencontre de l’association avec une tumeur au bord de l’explosion. Pourquoi avoir attendu ? La jeune femme explique qu’elle craignait que son fiancé ne rompt leurs fiançailles si elle venait à révéler sa maladie. Elle en est morte quelques mois après. Une autre femme, rencontrée dans la salle d’attente de l’association El-Amel, raconte que son mari l’a quittée après son opération (ablation du sein malade), la laissant avec 3 jeunes filles à charge. Ces histoires de vie contribuent à renforcer les craintes, les peurs et le silence de ces femmes. Peur de se voir abandonnées, rester vieilles filles dans une société qui prépare les femmes dès leur plus jeune âge à être de bonnes épouses, de bonnes mères donc en bonne santé et ayant tous les attributs féminins.
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