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Google a-t-il perdu 10 milliards de dollars en revendant Motorola ?

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  • Google a-t-il perdu 10 milliards de dollars en revendant Motorola ?

    C'est la surprise de ce début d'année : Google lâche Motorola. Il cède le fabricant de smartphones au Chinois Lenovo pour 2,91 milliards de dollars, alors même qu'il l'avait racheté à prix d'or 12,5 millions de dollars il y a deux ans et demi.

    Google serait-il tombé sur la tête au point de perdre près de 10 milliards de dollars entre les deux transactions ? Pas tout à fait... Explications.
    Google garde les chers brevets de Motorola

    Si l'on sort la calculette d'abord, Google n'aurait en réalité "perdu" que 3,2 milliards de dollars. Lorsqu'il rachète Motorola en août 2011, celui-ci disposait de 3 milliards de dollars de trésorerie, et bénéficiait d'un crédit d'impôt de près d'un milliard de dollars, rapporte le "New York Times". Au lieu de 12,5 milliards, l'addition tombe en réalité à 8,5 milliards de dollars.

    Par la suite, Google a revendu l'activité de décodeurs télé de Motorola à Arris pour 2,35 milliards de dollars, ramenant la facture à 6,1 millions de dollars.

    Enfin, le géant de l'internet cède seulement pour 2,91 milliards l'activité de conception et fabrication de Motorola au fabricant chinois. Il conserve la grande majorité des intéressants brevets (15.000 sur 17.000) dont disposait le constructeur de téléphones, qui représentent ainsi la note à 3,2 milliards.
    La surprise de cette annonce confirme que Google n'a racheté Motorola que pour ses brevets", résume à "l'Obs" Mathieu Drida, PDG du site MeilleurMobile.com.

    "Ce sont bien ces brevets qui avaient convaincu Google de racheter Motorola", confirme Matthieu Soulé, analyste chez L'Atelier BNP Paribas. En acquérant à prix d'or le fabricant de smartphones, le géant de l'internet a mis un frein aux procès et menaces de procès intentés par les constructeurs, Microsoft en tête, à tous ceux qui concevait des mobiles Android.

    "Si Google propose Android gratuitement, Microsoft a fait savoir que le système peut violer certains de ses brevets, et donc qu'il attaquerait tout constructeur qui utilise le système sans négocier d'accord de licence avec lui", rappelle Matthieu Soulé à "l'Obs".

    En rachetant Motorola et ses 17.000 brevets, Google protège son bébé Android, en évitant que les constructeurs ne migrent vers un autre système par crainte de poursuites. Pari réussi puisqu'aujourd'hui Android équipe 82% des smartphones vendus (chiffre Gartner), contre 51% à la fin 2011.

    Dans un dépôt réglementaire de la fin 2012, Google avait évalué la valeur de l'ensemble des "brevets et technologies développées" par Motorola à 5,5 milliards de dollars. Bien sûr, ce calcul ne tient pas compte des avantages stratégiques de Google comme de Lenovo, ni des millions de dollars de pertes d'exploitation qu'affiche Motorola depuis deux ans. Mais il semble que Google ne s'en soit pas trop mal tiré.
    Google veut rassurer Samsung, en se concentrant sur Android

    Le Galaxy Nexus, fabriqué par Samsung et imaginé par Google, en 2011 (Kin Cheung/AP/SIPA)

    Au-delà des brevets, cette vente permet à Google de brosser dans le sens du poil ses partenaires, en particulier Samsung. En effet, les fabricants de mobiles Android s'inquiétaient, depuis l'acquisition de Motorola, de voir Google favoriser ses smartphones maison au détriment des leurs.
    Il y a deux ans et demi, l'annonce de cette vente a jeté un grand froid chez les autres constructeurs", confirme Matthieu Soulé. "Beaucoup craignaient que Google ne devienne à la fois juge et partie, à l'image d'Apple."

    Les relations s'étaient notoirement tendues avec Samsung, premier vendeur mondial de téléphones, qui envisage même de lancer son propre système, baptisé Tizen. Par le passé, Samsung a même menacé de se tourner vers un concurrent (Windows Phone 8, Mozilla).

    Le site spécialisé Re/Code rapporte toutefois que les discussions se sont ré-ouvertes entre l'Américain et le Sud-Coréen il y a quelques semaines. Un vaste accord d'utilisation des brevets aurait été conclu, et Samsung se serait engagé à moins modifier le système Android (par sa surcouche TouchWiz) sur ses Galaxy.

    "La vente de Motorola envoie un signal clair : Google ne se concentre que sur le système des smartphones", note Mathieu Drida. Il opte ainsi pour un modèle semblable à Microsoft avec Windows dans le monde du PC. Pour Google, l'essentiel reste de protéger ses logiciels, à travers lesquels il diffuse de la publicité, sa source principale de revenus.

    "Google met fin à une situation de schizophrénie", renchérit Matthieu Soulé.
    Une déception nommée Motorola

    Lors du rachat de Motorola, Google n'a pas ménagé ses arguments enthousiastes pour affirmer que la transaction "boosterait" tout l'écosystème Android, et que le fabricant de smartphones serait relancer en servant de porte-étendard au système. Le discours marketing retombé, Google s'est aperçu qu'il a finalement hérité d'un catalogue de produits en développement bien en-deçà des attentes.

    Ancien leader américain des téléphones, Motorola a raté le virage du smartphone. Sa part de marché s'est effondrée (jusqu'à disparaître du top 10 mondial en 2013), tandis que les pertes se sont accumulées. Au dernier trimestre, la marque a accusé une perte opérationnelle de 248 millions de dollars, pour près de 1 milliard par an.

    Google a entrepris une profonde restructuration en changeant de direction et en enchaînant les vagues de licenciements (plus de 5.000 emplois supprimés dans le monde). Finalement, les deux smartphones sont nés de cette nouvelle ère - le Moto X et le Moto G - mais, malgré les efforts de promotion, ils ont été des échecs commerciaux.

    En revendant Motorola, Google stoppe l'hémorragie et allège au passage sa masse salariale de 10%.



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