Les statistiques rendues publiques récemment par l’agence allemande Deutsche Presse Argenture (DPA) font froid au dos et donnent le tournis. Ce rapport fait état de 11 millions de femmes célibataires en Algérie sur les 18 millions recensées, dont 5 millions de femmes de plus de 35 ans qui sont encore célibataires.
Sur les 9 millions de femmes algériennes en âge de se marier et de procréer, 50% ne trouvent pas de maris. Là, une question se pose d’elle-même : pourquoi autant de célibataires ? Selon les spécialistes, la réponse est claire. La vie se complique de plus en plus. Des difficultés en tous genres font que cette union conjugale demeure un mirage. Entre un manque cruel en matière de logement, le chômage, l’envie de s’exiler et aller au-delà (des deux sexes), les exigences parfois insoutenables des deux parties, le mariage a de plus en plus de quoi justifier son retard. Le mariage tardif s’explique, pour certains, par le nombre de femmes de plus en plus décidées à tenir leur destin en main. Avec leur présence en force dans le monde de l’éducation, les femmes investissent de plus en plus dans le savoir et la promotion sociale. Elles sont majoritaires dans l’éducation et l’enseignement supérieur : 57% des étudiants et des élèves sont des filles. Si par le passé, les filles avaient des prétendants dès leur jeune âge, ce n’est plus le cas de nos jours. Pour preuve, bon nombre de filles ne se marient qu’à la trentaine, alors que plusieurs femmes atteignent même la quarantaine et ne trouvent toujours pas de conjoint. Sans nul doute, retarder le mariage (si c’est uniquement le cas) engendre des conséquences nuisibles. Il a fait de notre société celle des célibataires. Si l’homme n’a pas trop à s’inquiéter, pour les filles, en revanche, c’est un réel casse-tête. En un mot : le célibat est devenu, ces dernières années, un véritable embarras dans notre pays, et le nombre de célibataires ne cesse d’augmenter. Car à se fier aux statistiques établies par l’Office national des statistiques (ONS), entre 2007 et 2008, les mariages ont augmenté en valeur absolue de 5 700 unions, alors que cette augmentation était de l’ordre de 30 000 entre 2006 et 2007, d’où la légère baisse du taux brut de nuptialité, qui passe de 9,55 pour mille en 2007 à 9,53 pour mille en 2008, soit un accroissement de 2% entre 2007 et 2008. Selon un rapport de l’ONS, l’âge moyen au premier mariage en Algérie est de 33,0 ans pour l’homme contre 29,3 ans pour la femme en 2008, alors qu’il était de 31,3 ans pour les hommes et 27,6 ans pour les femmes en 1998. Le nombre de mariages a augmenté pour atteindre 325 485 unions en 2007, et 331 190 unions en 2008. Selon l’office, au premier janvier 2009, la population de l’Algérie a franchi le seuil des 35 millions d’habitants.
Le CÉLIBAT et l’intolérance
Si dans le monde civilisé, le célibat est vécu et entièrement assumé, dans les pays musulmans, il est tout simplement considéré comme une imperfection réductrice aussi bien pour l’homme que pour la femme. Notre société n’est pas tolérante vis-à-vis du célibat, et c’est le célibat féminin qui alimente le plus souvent les commentaires et les discussions. « Que voulez-vous que je vous dise. Un mari, ce n’est pas quelque chose que l’on pourrait s’offrir chez l’épicier du quartier. C’est un rêve de toute jeune fille encore célibataire, comme moi, en attendant que la chance, si cela en dépend vraiment, soit de mon côté, et en finir avec ce climat infernal que je vis, pourtant parmi les miens », a ironisé Naïma. Diplômée de la Fac de droit à Ben Aknoun (Alger), cette jeune femme âgée que de 25 ans, « reconvertie » en journaliste, dit « ne rien comprendre à l’attitude de sa famille », particulièrement un de ses frères. Ce dernier, a-t-elle encore témoigné, tente tout pour faire de ses jours un « véritable cauchemar » duquel elle voudrait se réveiller. « Ma pauvre maman est incapable de me défendre. Pis, elle ne cesse de me rappeler qu’à mon âge, j’aurais dû être mariée depuis bien longtemps. Pour moi, c’est une angoisse au quotidien que je n’arrive plus à supporter. Suite à quoi, je songe à accepter le premier qui se présente pour demander ma main. Je n’en peux plus », a-t-elle dit. Combien y-a-t-il de Naïma ? Une dizaine, des centaines, des milliers ? On ne le saura jamais, mais ce qui est en revanche sûr et même certain, c’est que la vie de Sabrina n’en diffère pas trop. A première vue, elle paraît comme toutes les filles de son âge. Elle a bouclé ses 25 printemps le mois de janvier dernier. Ingénieur en statistiques et techniques bancaires, elle rêve tout le temps de l’homme de sa vie. « J’ai terminé mes études, je commence vraiment à sentir le fardeau des ans peser sur moi, et là je suis toujours célibataire. Chose pas évidente, mais que voulez-vous que je fasse. Cela ne dépend pas de moi, car si c’était le cas, au moment où je vous parle, j’aurais aimé avoir mon enfant dans mes bras », a-t-elle lancé non sans amertume. Et d’ajouter : « Il ne suffit pas d’avoir un fiancé pour se dire que les choses vont bon train. Ce n’est pas mon cas, certes, mais des amies à moi le sont depuis des années, elles attendent toujours que la situation financière de leurs fiancés s’améliore pour faire la fête.
A mon avis, un smicard à moins de 50 000 DA est condamné. » Sabrina garde tout de même l’espoir d’enfiler un jour une robe blanche, avoir un enfant et se réveiller le matin au côté de l’homme de sa vie. Quant à Soraya, qui se tenait juste à côté d’elle, elle dit en avoir marre de se sentir vieille sans qu’elle ne puisse rien faire. « Me marier ? Oui, je veux bien, mais avant cela, il faudrait que quelqu’un vienne demander ma main », s’est-elle contentée de résumer une situation dont elle n’est pas la seule à en souffrir.
Un choix assumé
Par ailleurs, pour certains, le célibat est tout simplement un choix. Bon nombre d’entre eux, pour maintes raisons, préfèrent le rester. Autrement dit, c’est devenu un mode de vie. Selon les spécialistes, les conditions socioprofessionnelles sont pour beaucoup dans l’accentuation du célibat, mais certaines de nos demoiselles le prennent comme un plaisir à vivre. « Oui, je suis un peu vieille, comme vous le dites, mais cela ne me dérange guère, je vis ma vie et je suis libre d’aller là où bon me semble sans que mon ‘‘mari’’ vienne me demander des comptes le soir », estime Nadia, pharmacienne. A ses dires, se marier est synonyme « d’emprisonnement », et affirme ne pas craindre le regretter à l’avenir. « Les prétendants ne manquent pas, en mes 28 printemps. J’en ai eu pas moins de sept, mais je n’ai jamais été enchantée par l’idée d’appartenir à quelqu’un d’autre. Pour être franche, je ne marchanderai jamais ma liberté », a-t-elle encore souligné. Qu’en pensent ses parents ? Elle assure qu’ils ont tout le temps respecté « son choix ». Ce n’est pas tout. Sans équivoque, le célibat dans notre pays ne cesse d’augmenter. Chacun a sa propre justification. S’il est tout simplement un mode de vie pour certains, d’autres optent pour ce genre de vie par dépit des femmes, lesquelles, après avoir goûté aux déceptions amoureuses, ne songent pas à se marier. Nacéra en est une. A ce point précis, elle dira que ce qu’elle a vécu avec Chakib pendant quatre ans de relation lui appris à ne plus avoir confiance en les hommes, du moins pour le moment. « Au début, tout allait pour le mieux pour nous deux. Je lui avais tout offert, pour qu’un jour je me réveille un beau matin pour apprendre qu’il est parti sous d’autres cieux. Je me suis fait ma propre idée des hommes, je suis convaincue qu’ils ne sont pas tous pareils, mais il m’est difficile de panser mes blessures. Je l’ai aimé du fond de mon cœur et voila le résultat : je suis là à me dire que si je pouvais remonter le temps, je ne commettrais jamais cette erreur. Quoi qu’il en soit, je suis encore jeune (23 ans) pour me jeter dans la gueule du loup », a-t-elle indiqué.
ET La solution ?
Pas du tout facile d’avancer une quelconque réponse. Les choses semblent incontrôlables et de plus en plus embrouillées. Or, Djeloul Kessoul dira à ce sujet : « Dans un pays où le SNMG n’est que de 18 000 DA, face à une population dont le taux de chômage est en croissance constante, le mariage passe souvent à côté. Etant donné les circonstances, se marier et compléter l’autre moitié de sa religion est considéré comme un investissement. Un investissement qui n’est pas à la portée de tout le monde. »
Écrit par Mariam Ali Marina
Sur les 9 millions de femmes algériennes en âge de se marier et de procréer, 50% ne trouvent pas de maris. Là, une question se pose d’elle-même : pourquoi autant de célibataires ? Selon les spécialistes, la réponse est claire. La vie se complique de plus en plus. Des difficultés en tous genres font que cette union conjugale demeure un mirage. Entre un manque cruel en matière de logement, le chômage, l’envie de s’exiler et aller au-delà (des deux sexes), les exigences parfois insoutenables des deux parties, le mariage a de plus en plus de quoi justifier son retard. Le mariage tardif s’explique, pour certains, par le nombre de femmes de plus en plus décidées à tenir leur destin en main. Avec leur présence en force dans le monde de l’éducation, les femmes investissent de plus en plus dans le savoir et la promotion sociale. Elles sont majoritaires dans l’éducation et l’enseignement supérieur : 57% des étudiants et des élèves sont des filles. Si par le passé, les filles avaient des prétendants dès leur jeune âge, ce n’est plus le cas de nos jours. Pour preuve, bon nombre de filles ne se marient qu’à la trentaine, alors que plusieurs femmes atteignent même la quarantaine et ne trouvent toujours pas de conjoint. Sans nul doute, retarder le mariage (si c’est uniquement le cas) engendre des conséquences nuisibles. Il a fait de notre société celle des célibataires. Si l’homme n’a pas trop à s’inquiéter, pour les filles, en revanche, c’est un réel casse-tête. En un mot : le célibat est devenu, ces dernières années, un véritable embarras dans notre pays, et le nombre de célibataires ne cesse d’augmenter. Car à se fier aux statistiques établies par l’Office national des statistiques (ONS), entre 2007 et 2008, les mariages ont augmenté en valeur absolue de 5 700 unions, alors que cette augmentation était de l’ordre de 30 000 entre 2006 et 2007, d’où la légère baisse du taux brut de nuptialité, qui passe de 9,55 pour mille en 2007 à 9,53 pour mille en 2008, soit un accroissement de 2% entre 2007 et 2008. Selon un rapport de l’ONS, l’âge moyen au premier mariage en Algérie est de 33,0 ans pour l’homme contre 29,3 ans pour la femme en 2008, alors qu’il était de 31,3 ans pour les hommes et 27,6 ans pour les femmes en 1998. Le nombre de mariages a augmenté pour atteindre 325 485 unions en 2007, et 331 190 unions en 2008. Selon l’office, au premier janvier 2009, la population de l’Algérie a franchi le seuil des 35 millions d’habitants.
Le CÉLIBAT et l’intolérance
Si dans le monde civilisé, le célibat est vécu et entièrement assumé, dans les pays musulmans, il est tout simplement considéré comme une imperfection réductrice aussi bien pour l’homme que pour la femme. Notre société n’est pas tolérante vis-à-vis du célibat, et c’est le célibat féminin qui alimente le plus souvent les commentaires et les discussions. « Que voulez-vous que je vous dise. Un mari, ce n’est pas quelque chose que l’on pourrait s’offrir chez l’épicier du quartier. C’est un rêve de toute jeune fille encore célibataire, comme moi, en attendant que la chance, si cela en dépend vraiment, soit de mon côté, et en finir avec ce climat infernal que je vis, pourtant parmi les miens », a ironisé Naïma. Diplômée de la Fac de droit à Ben Aknoun (Alger), cette jeune femme âgée que de 25 ans, « reconvertie » en journaliste, dit « ne rien comprendre à l’attitude de sa famille », particulièrement un de ses frères. Ce dernier, a-t-elle encore témoigné, tente tout pour faire de ses jours un « véritable cauchemar » duquel elle voudrait se réveiller. « Ma pauvre maman est incapable de me défendre. Pis, elle ne cesse de me rappeler qu’à mon âge, j’aurais dû être mariée depuis bien longtemps. Pour moi, c’est une angoisse au quotidien que je n’arrive plus à supporter. Suite à quoi, je songe à accepter le premier qui se présente pour demander ma main. Je n’en peux plus », a-t-elle dit. Combien y-a-t-il de Naïma ? Une dizaine, des centaines, des milliers ? On ne le saura jamais, mais ce qui est en revanche sûr et même certain, c’est que la vie de Sabrina n’en diffère pas trop. A première vue, elle paraît comme toutes les filles de son âge. Elle a bouclé ses 25 printemps le mois de janvier dernier. Ingénieur en statistiques et techniques bancaires, elle rêve tout le temps de l’homme de sa vie. « J’ai terminé mes études, je commence vraiment à sentir le fardeau des ans peser sur moi, et là je suis toujours célibataire. Chose pas évidente, mais que voulez-vous que je fasse. Cela ne dépend pas de moi, car si c’était le cas, au moment où je vous parle, j’aurais aimé avoir mon enfant dans mes bras », a-t-elle lancé non sans amertume. Et d’ajouter : « Il ne suffit pas d’avoir un fiancé pour se dire que les choses vont bon train. Ce n’est pas mon cas, certes, mais des amies à moi le sont depuis des années, elles attendent toujours que la situation financière de leurs fiancés s’améliore pour faire la fête.
A mon avis, un smicard à moins de 50 000 DA est condamné. » Sabrina garde tout de même l’espoir d’enfiler un jour une robe blanche, avoir un enfant et se réveiller le matin au côté de l’homme de sa vie. Quant à Soraya, qui se tenait juste à côté d’elle, elle dit en avoir marre de se sentir vieille sans qu’elle ne puisse rien faire. « Me marier ? Oui, je veux bien, mais avant cela, il faudrait que quelqu’un vienne demander ma main », s’est-elle contentée de résumer une situation dont elle n’est pas la seule à en souffrir.
Un choix assumé
Par ailleurs, pour certains, le célibat est tout simplement un choix. Bon nombre d’entre eux, pour maintes raisons, préfèrent le rester. Autrement dit, c’est devenu un mode de vie. Selon les spécialistes, les conditions socioprofessionnelles sont pour beaucoup dans l’accentuation du célibat, mais certaines de nos demoiselles le prennent comme un plaisir à vivre. « Oui, je suis un peu vieille, comme vous le dites, mais cela ne me dérange guère, je vis ma vie et je suis libre d’aller là où bon me semble sans que mon ‘‘mari’’ vienne me demander des comptes le soir », estime Nadia, pharmacienne. A ses dires, se marier est synonyme « d’emprisonnement », et affirme ne pas craindre le regretter à l’avenir. « Les prétendants ne manquent pas, en mes 28 printemps. J’en ai eu pas moins de sept, mais je n’ai jamais été enchantée par l’idée d’appartenir à quelqu’un d’autre. Pour être franche, je ne marchanderai jamais ma liberté », a-t-elle encore souligné. Qu’en pensent ses parents ? Elle assure qu’ils ont tout le temps respecté « son choix ». Ce n’est pas tout. Sans équivoque, le célibat dans notre pays ne cesse d’augmenter. Chacun a sa propre justification. S’il est tout simplement un mode de vie pour certains, d’autres optent pour ce genre de vie par dépit des femmes, lesquelles, après avoir goûté aux déceptions amoureuses, ne songent pas à se marier. Nacéra en est une. A ce point précis, elle dira que ce qu’elle a vécu avec Chakib pendant quatre ans de relation lui appris à ne plus avoir confiance en les hommes, du moins pour le moment. « Au début, tout allait pour le mieux pour nous deux. Je lui avais tout offert, pour qu’un jour je me réveille un beau matin pour apprendre qu’il est parti sous d’autres cieux. Je me suis fait ma propre idée des hommes, je suis convaincue qu’ils ne sont pas tous pareils, mais il m’est difficile de panser mes blessures. Je l’ai aimé du fond de mon cœur et voila le résultat : je suis là à me dire que si je pouvais remonter le temps, je ne commettrais jamais cette erreur. Quoi qu’il en soit, je suis encore jeune (23 ans) pour me jeter dans la gueule du loup », a-t-elle indiqué.
ET La solution ?
Pas du tout facile d’avancer une quelconque réponse. Les choses semblent incontrôlables et de plus en plus embrouillées. Or, Djeloul Kessoul dira à ce sujet : « Dans un pays où le SNMG n’est que de 18 000 DA, face à une population dont le taux de chômage est en croissance constante, le mariage passe souvent à côté. Etant donné les circonstances, se marier et compléter l’autre moitié de sa religion est considéré comme un investissement. Un investissement qui n’est pas à la portée de tout le monde. »
Écrit par Mariam Ali Marina
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