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Maghreb : Alger « préfère » Tunis

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  • Maghreb : Alger « préfère » Tunis

    Écrit par Halim Midouni et Djaouida Abbas

    Hier, le Premier ministre a qualifié de « pas de géant » l’adoption par les Tunisiens d’une nouvelle Constitution consacrant les luttes, souvent difficiles, qui ont été menées depuis la chute du régime de Ben Ali pour l’avènement d’une représentation politique et parlementaire librement choisie et intraitable pour préserver les acquis démocratiques dans le pays. La phrase de M. Sellal traduit un processus faisant de l’Algérie et de la Tunisie des voisins solidaires dans un Maghreb malheureusement en panne.


    Lune de miel entre Alger et Tunis ? Pour le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, «l’Algérie demeure en toute circonstance aux côtés de la Tunisie». Les deux pays, après une période de flottement due à l’incertitude de la transition, dont le dernier épisode important a été l’adoption d’une Constitution post-régime Benali, poursuivent, en effet, une relation de bon voisinage.
    Elle est sans doute cimentée par l’histoire maghrébine et anticoloniale commune M. Sellal était en Tunisie pour célébrer le traditionnel anniversaire de Sakiet Sidi Youcef qui fait chaque année remonter le souvenir du bombardement par l’aviation française en 1958 de cette localité frontalière tunisienne qui servait de refuge aux maquisards de l’ALN. Mais elle est surtout dictée par les impératifs du présent et en premier lieu par le sécuritaire. L’un des points importants qui seront abordés aujourd’hui entre M. Sellal et son homologue tunisien, Mehdi Jomaâ, dans le cadre de la Grande commission mixte, la 19e du nom, concerne, en effet, la coordination sécuritaire aux frontières et la lutte antiterroriste.
    Deux ans après la précédente rencontre de ladite commission, en 2010, les thèmes liés à la sécurité restent prédominants. Ils sont imposés par l’actualité du côté du Mont Chaambi qui reste encore brûlante et où l’on signale depuis avant-hier au moins des bombardements d’endroits susceptibles d’abriter des groupes terroristes présumés appartenir à Ansar Al Charia, classée « organisation terroriste » depuis l’été 2013 par les autorités tunisiennes. Ils sont dictés aussi par la situation toujours inquiétante en Libye où les autorités de transition, contestées hier lors d’une manifestation importante à Tripoli, éprouvent les pires difficultés à gérer aussi bien le politique que le sécuritaire et ne donnent pas pour l’instant des signaux rassurants pour l’avenir. La plupart des armes qui servent aux groupes terroristes actifs en Tunisie ou à la frontière algéro-tunisienne, affirment des experts, proviennent de l’arsenal libyen. Mais ces menaces ne sont qu’une partie, certes importante, de l’explication à l’intensification qu’on observe dans la coopération entre les deux pays. L’autre raison réside dans la bonne santé et la vigueur de la relation politique qui lie les deux pays.

    Entre Alger et Tunis, en effet, la concertation n’a jamais été aussi régulière ni aussi dense : en 2013, plusieurs responsables tunisiens de haut niveau, du gouvernement ou de la classe politique en général, se sont rendus dans la capitale algérienne à plusieurs reprises. Des observateurs ont évoqué à ce sujet tantôt une recherche d’influence de l’Algérie sur la transition, d’autres moins orientés ont mis en avant le partage des frontières entre les deux Etats et la nécessité de travailler ensemble pour les développer – il existe d’ailleurs dans les deux gouvernements des équipes chargées de réfléchir aux questions de développement de la bande frontalière algéro-tunisienne. Il s’est agi, affirme une source algérienne de haut niveau, de « rassurer » et d’«accompagner les frères tunisiens dans une transition qui n’a pas d’effets « seulement internes », mais concernent les deux pays et la sous-région.
    La participation solennelle, hier à Tunis, du Premier ministre algérien aux festivités relatives à l’adoption le 26 janvier dernier de la nouvelle Constitution tunisienne a, selon notre source, « valeur » de cet accompagnement et de ce soutien. De la nouvelle loi fondamentale tunisienne, M. Sellal a, fort à propos, déclaré qu’il s’agit d’un « pas géant dans la bonne direction ». Le nouveau Premier ministre tunisien Mehdi Jomaâ, qui vient de former un gouvernement apolitique, a tenu à dire que « la joie de cette réalisation ne doit pas nous faire oublier l’importance des défis à venir ».

    Le défi est économique et l’enjeu maghrébin

    Pour le bilatéral algéro-tunisien, il est évident que le grand défi est économique. Le développement des zones frontalières et la coopération économique et commerciale, rappelle-t-on, sont les dossiers les plus importants qu’aura à examiner dès ce matin la Grande commission mixte algéro-tunisienne. L’objectif est de renforcer des échanges qui ne dépassent pas actuellement le milliard de dollars, dont l’enjeu est de faire du binôme algéro-tunisien un exemple pour le futur maghrébin et, peut-être, une locomotive, en attendant que soient réglées les divergences de vue opposant l’Algérie et le Maroc sur ce que doit être le Maghreb, une question sous-tendue par le règlement du conflit du Sahara occidental actuellement entre les mains du Conseil de sécurité de l’ONU. Le challenge est loin d’être facile. L’économiste Abderrahmane Mebtoul rappelait, hier, dans une déclaration à Reporters qu’ «en comparant le PIB maghrébin – de l’ordre 412 milliards de dollars – par rapport à celui de du monde – à hauteur de 73 000 milliards de dollars - on déduit que l’apport économique mondial du Maghreb est insignifiant. Cet espace sans les hydrocarbures algériens et libyens ainsi que les phosphates du Maroc, affirme-t-il, reste économiquement faible. Ses échanges n’excèdent pas les 2%». «Dans l’espace de la ZALE, zone de libre-échange arabe, poursuit-il, il est évalué à 6% pour tous les pays membres ». En revanche, fait-il remarquer à juste titre, «chacun de ces pays possède respectivement des volumes d’échanges considérables avec l’UE». Le flux d’échanges de l’Algérie avec l’UE est de 60% contre 70% pour la Tunisie. Entre ces deux pays (l’Algérie et la Tunisie, NDLR), ce volume n’atteint pas la barre des 1MDS USD. C’est dire le faible flux d’échanges entre eux.

    Est-ce une fatalité pour autant ? A l’issue des travaux de la Grande commission mixte, il est question, comme l’a annoncé il y a plusieurs jours déjà le ministre algérien du Commerce, pour l’Algérie et la Tunisie, de fixer la date de mise à exécution de l’«accord commercial préférentiel». Cet accord, signé en 2008, intervient en remplacement de la convention commerciale actuelle dans le cadre de la Zone arabe de libre-échange. Il devrait donner un nouveau coup de fouet aux échanges économiques et commerciaux entre les deux pays.

    reporters.dz
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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