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Le dernier mystère de la guerre d'Algérie

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  • Le dernier mystère de la guerre d'Algérie

    Hervé Bertho

    Toute vérité ne serait-elle donc pas bonne à dire ?

    Les secrets entretenus au nom de la raison d'État n'ont rien de bien glorieux car ils empêchent de comprendre l'histoire et entravent le deuil, celui des familles comme celui des peuples. C'est ainsi que l'on n'en a pas fini avec la guerre d'Algérie...

    L'ombre de Maurice Audin, jeune mathématicien français « disparu » en 1957 à Alger reste comme une tache honteuse.

    À l'époque, les autorités françaises soupçonnent cet universitaire d'aider les communistes. Il est arrêté. Les parachutistes du général Massu le torturent selon des procédés qu'un ami de Maurice Audin, Henri Alleg, racontera dans La question en 1958.

    Censuré, ce témoignage interdit sera tout de même distribué à 150 000 exemplaires... On ne bâillonne pas toujours la vérité ! Les horreurs de la guerre d'Algérie, les coups, les humiliations et la « gégène », sont désormais tristement bien connus.

    La mémoire et la paix sont de beaux mots qui vont bien ensemble et devraient unir les deux côtes de la Méditerranée. Mais Josette, l'épouse de Maurice Audin, en est privée. Elle est toujours en quête de vérité sur la mort de son mari qu'on lui a dit évadé, disparu... Sans jamais reconnaître qu'il avait été assassiné par la France, poussé dans une fosse par un bull-dozer.

    L'armée française garde ses secrets. Les garants de l'honneur militaire ont parfois failli et il reste du sang à laver sur les mains sales. Or, le moment de la mort est parfois propice aux remords.

    « Le nom d'Audin est tabou dans l'armée », prévient Jean-Charles Deniau, auteur d'une remarquable enquête qui relance l'affaire. Il avait l'oreille du Général Paul Aussaresses, ancienne gloire militaire à qui Jacques Chirac avait retiré sa légion d'honneur quand il a reconnu ses actes de barbarie. Tortionnaire revendiqué, le vieux général a livré quelques secrets avant de mourir sans regrets. Le disparu aurait en réalité été tué sur ordre par un parachutiste : exécuté « pour l'exemple ».

    Notre histoire est troublée par cette énigme et seule la vérité pourrait désormais apaiser les consciences. Jean-Yves Le Drian en a d'ailleurs pris toute la mesure. Devant l'Assemblée Nationale, le ministre de la défense, a en effet promis que le gouvernement fera « tout ce qui est en son pouvoir pour contribuer à l'établissement de la vérité ». On attend.En attendant que cette vérité soit dite, une place porte le nom de Maurice Audin à Alger, une autre entretient également sa mémoire publique à Paris.

    Aujourd'hui que Massu et Aussaresses appartiennent aux livres d'histoire, il est temps que notre grande muette ouvre ses archives et dise la vérité. C'est une question d'honneur.

    La vérité sur la mort de Maurice Audin, éditions des équateurs, 20 €.La question. Henri Alleg. Éditions de Minuit. 6 €.L'affaire Audin. Pierre Vidal-Naquet. Éditions de Minuit, 10 €.
    ouest france
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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