STRATEGIE DE DEFENSE DU DRS : confusion et soutiens encombrants
Algérie Express - Détails Publié le dimanche 9 février 2014 17:36 Écrit par Ali Graïchi
Après les sorties alambiquées des Ghoul, Benyounes, Belayat, qui assument leur affiliation au DRS tout en affichant leur dévotion à Bouteflika, on devine mieux la stratégie de défense du DRS : isoler Said Bouteflika tout en préservant le chef de l’Etat qu’il faut présenter comme un otage d’un entourage véreux. Une fois la stratégie arrêtée, il faut lâcher progressivement les agents dans une partition écrite autour d’un principe simple : le DRS est, par principe, inattaquable.
On apprend de source sûre que le réquisitoire livré par Louisa Hanoune contre le chef du FLN, qu’elle visitait avec ferveur et déférence, il y a à peine un mois, lui a été intégralement dicté par le colonel Mazari de la DRI. Il est difficile de ne pas voir dans le concert de ces indignations affectées des sollicitations ou des inspirations du même service ; les intervenants étant tous des obligés du système. Les enfants de chouhadas, les officiers en retraite, le colonel Senouci, dont la gestion de l’OREF ne fut pas un exemple de transparence, ou l’ancien ministre de la justice qui se rappelle opportunément que Saadani avait voulu soustraire Chakib Khellil à la justice sont, à divers niveaux, des segments recrutés, organisés et clientélisés par les services spéciaux.
Il y a derrières tous ces émois de lourdes, très lourdes culpabilités que l’évanouissement du DRS peut transformer en délits voire en crimes. Et c’est bien là que le DRS a failli. Il n’a jamais lutté contre la corruption. Il l’a souvent couverte quand il ne l’a pas franchement encouragée pour structurer une mafia qui ne peut échapper au chantage politique sur lequel il a construit son emprise politique et sociale. Et aujourd’hui qu’il veut se faire passer pour le chevalier blanc décidé à nettoyer les écuries d’Augias, des recrues comme les Benyounes, Ghoul, Belayat et autre Louisa Hanoune, dont les prédations constituent une bonne partie de leur carte de visite, réduisent considérablement les portées du profil de justicier que l’on veut construire à des services spéciaux dévoyés.
En face, l’approche n’est guère meilleure. Que Saadani dénonce aujourd’hui la carence, bien réelle, d’un DRS obnubilé par le contrôle de la société au moins d’en avoir oublié sa vocation de protection nationale n’a rien d’innocent. Que la presse quasi unanime vole au secours d’un organe occulte, omnipotent et incontrôlable qui régit la majorité des rédactions sans poser une seule fois la question de savoir si les accusations avancées sont fondées ou non – ce qui est quand même essentiel - n’est pas très rassurant pour l’avenir de la démocratie en Algérie.
L’héritage calamiteux de Bouteflika fait partie du bilan du général Toufik. Et cette élémentaire évidence, aucun média ne veut ou ne peut s’en souvenir. C’est sans doute là que se dévoile la profondeur de la crise algérienne.
Dans ce désert d’aliénation morale et politique quelques rares medias auxquels s’honore d’appartenir Algérie Express essaient de jouer leur rôle de témoin autonome. Dans la classe politique, et si l’on exclut le FFS qui a choisi le silence comme stratégie de communication sur les dossiers sensibles, il y a le RCD et le parti d’Abdallah Djaballah – pourtant aux antipodes l’un de l’autre - qui ont délivré des positions lisibles et cohérentes.
Pour l’instant, la vraie question est de savoir si le trio Gaid Salah - Said Bouteflika – Amar Saadani va résister aux épreuves des pressions et des tentations de réseaux, certes déstructurés du DRS, mais toujours actif. L’épisode du général Hacène est là pour rappeler que le jeu de surface dévolu aux clients n’est que la face visible de l’iceberg algérien.
Ali Graïchi
Algérie Express - Détails Publié le dimanche 9 février 2014 17:36 Écrit par Ali Graïchi
Après les sorties alambiquées des Ghoul, Benyounes, Belayat, qui assument leur affiliation au DRS tout en affichant leur dévotion à Bouteflika, on devine mieux la stratégie de défense du DRS : isoler Said Bouteflika tout en préservant le chef de l’Etat qu’il faut présenter comme un otage d’un entourage véreux. Une fois la stratégie arrêtée, il faut lâcher progressivement les agents dans une partition écrite autour d’un principe simple : le DRS est, par principe, inattaquable.
On apprend de source sûre que le réquisitoire livré par Louisa Hanoune contre le chef du FLN, qu’elle visitait avec ferveur et déférence, il y a à peine un mois, lui a été intégralement dicté par le colonel Mazari de la DRI. Il est difficile de ne pas voir dans le concert de ces indignations affectées des sollicitations ou des inspirations du même service ; les intervenants étant tous des obligés du système. Les enfants de chouhadas, les officiers en retraite, le colonel Senouci, dont la gestion de l’OREF ne fut pas un exemple de transparence, ou l’ancien ministre de la justice qui se rappelle opportunément que Saadani avait voulu soustraire Chakib Khellil à la justice sont, à divers niveaux, des segments recrutés, organisés et clientélisés par les services spéciaux.
Il y a derrières tous ces émois de lourdes, très lourdes culpabilités que l’évanouissement du DRS peut transformer en délits voire en crimes. Et c’est bien là que le DRS a failli. Il n’a jamais lutté contre la corruption. Il l’a souvent couverte quand il ne l’a pas franchement encouragée pour structurer une mafia qui ne peut échapper au chantage politique sur lequel il a construit son emprise politique et sociale. Et aujourd’hui qu’il veut se faire passer pour le chevalier blanc décidé à nettoyer les écuries d’Augias, des recrues comme les Benyounes, Ghoul, Belayat et autre Louisa Hanoune, dont les prédations constituent une bonne partie de leur carte de visite, réduisent considérablement les portées du profil de justicier que l’on veut construire à des services spéciaux dévoyés.
En face, l’approche n’est guère meilleure. Que Saadani dénonce aujourd’hui la carence, bien réelle, d’un DRS obnubilé par le contrôle de la société au moins d’en avoir oublié sa vocation de protection nationale n’a rien d’innocent. Que la presse quasi unanime vole au secours d’un organe occulte, omnipotent et incontrôlable qui régit la majorité des rédactions sans poser une seule fois la question de savoir si les accusations avancées sont fondées ou non – ce qui est quand même essentiel - n’est pas très rassurant pour l’avenir de la démocratie en Algérie.
L’héritage calamiteux de Bouteflika fait partie du bilan du général Toufik. Et cette élémentaire évidence, aucun média ne veut ou ne peut s’en souvenir. C’est sans doute là que se dévoile la profondeur de la crise algérienne.
Dans ce désert d’aliénation morale et politique quelques rares medias auxquels s’honore d’appartenir Algérie Express essaient de jouer leur rôle de témoin autonome. Dans la classe politique, et si l’on exclut le FFS qui a choisi le silence comme stratégie de communication sur les dossiers sensibles, il y a le RCD et le parti d’Abdallah Djaballah – pourtant aux antipodes l’un de l’autre - qui ont délivré des positions lisibles et cohérentes.
Pour l’instant, la vraie question est de savoir si le trio Gaid Salah - Said Bouteflika – Amar Saadani va résister aux épreuves des pressions et des tentations de réseaux, certes déstructurés du DRS, mais toujours actif. L’épisode du général Hacène est là pour rappeler que le jeu de surface dévolu aux clients n’est que la face visible de l’iceberg algérien.
Ali Graïchi
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