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Oran : Sidi El Houari, un quartier en décrépitude

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  • Oran : Sidi El Houari, un quartier en décrépitude

    Écrit par Kader Boumerdassi

    La place d’Armes, sur le plateau qui surplombe le quartier, a bénéficié d’une récente cure de beauté pour mettre en valeur le tramway flambant neuf qui y passe, mais la vieille ville, elle, le cœur battant d’Oran, le siège de sa mémoire multiséculaire, est pitoyablement délaissée, malmenée même.


    « Ya hasra ki kan Sidi El Houari centre-ville », s’exclame Milouda, rencontrée dans une des vieilles rues délabrées du noyau historique d’Oran : le quartier de Sidi El Houari.
    Arrivés au cœur de Sidi El Houari, à la Blanca, l’émotion l’emporte et une seule question s’impose avec une douloureuse évidence : pourquoi ?
    A quelques centaines de mètres de là, au nord du quartier, la douleur redouble : l’îlot de Scaléra a été tout simplement rasé l’année dernière, sous prétexte de vétusté. Il n’y reste désormais que la zaouïa de Sidi Abd El Baki, témoin mutilé de la destruction commise. Novembre 2012 : des images solidement implantées dans ma mémoire, celles de la belle Scaléra et de ses maisons colorées délicatement posées sur les pentes abruptes du djebel Murdjadjo, face à la mer.Janvier 2014 : le vide, parsemé de quelques ruines d’après défaite, envahit le cœur.Les habitants de Scaléra ont été relogés à Gdiyel, à une vingtaine de kilomètres de là.
    Mokhtar témoigne. C’est un habitant de la vieille ville et un adhérent de l’association la plus active du quartier, SDH, Santé Sidi El Houari : le déracinement a été douloureux et l’est encore. Quelques nouveaux habitants de Gdiyel parlent de revenir, mais est-ce vraiment possible lorsque l’on sait que 80% des habitants de Sidi El Houari veulent, quant à eux, partir ? Oui, les gens veulent partir, abandonner ces lieux qu’ils disputent aux rats, oublier les infiltrations d’eau, l’humidité, privilégier la santé et la sécurité à cette lutte éreintante au milieu de pierres chargées d’histoire, mais qui risquent de les emporter dans leur ruine.
    Z. nous a invité chez lui ; sa maison, une construction sauvage qui préexistait à son arrivée sur les lieux en 1975, est adossée à un donjon d’époque mérinide, à quelques dizaines de mètres de la mer. Z. m’indique du doigt les fissures et les trous laissés après les chutes, dans sa cour, de pierres détachées du donjon.
    En pénétrant dans cette maison de fortune dans laquelle Z. et sa famille vivent, l’impression de manquer d’air nous gagne et pour cause, il n’y a pas d’aération. L’humidité est rendue visible par des tâches brunâtres qui s’étalent sur les murs et les plafonds. Les beaux sourires des enfants de Z., sur des visages jaunis par l’insalubrité des lieux, expriment le bon côté des choses : le lieu où ils vivent est un petit paradis en été, mais ils expriment aussi la longueur de l’hiver : c’est la saison qui emporte les vivants; deux voisins – un père et sa fille – auraient été emportés par la maladie à quelques années d’intervalle. Le palais du bey d’Oran (construit en 1792) et l’Eglise Saint-Louis (construite en 1679), classés patrimoine historique depuis plus de soixante ans, sont dans un état de délabrement avancé. Classer un monument signifie-t-il le clôturer en laissant le temps se charger irrémédiablement de sa destruction ; cela signifie-t-il qu’il faut y maintenir des étais en bois, comme autant de béquilles, pendant des années, et laisser les choses en l’état ?
    SDH symbolise parfaitement la résistance de la société civile à ce sinistre profond. L’association siège dans la vieille ville, à l’emplacement des bains turcs (édifiés par le bey
    Bouchlaghem entre 1708 et 1721) et du premier hôpital d’époque coloniale. L’association, agréée en 1992, s’occupait au départ de problèmes de santé publique ; son intérêt pour le patrimoine s’est fait jour lorsque des dizaines de journées de volontariat ont été organisées pour nettoyer le site, aujourd’hui d’une propreté irréprochable, mais qui il y a vingt ans était à l’image du quartier, chargé de débris et d’immondices. Les membres de l’association ne s’arrêtèrent pas là puisqu’une école de formation y a été créée en vue de l’insertion des jeunes du quartier. Cette école, créée en 2003, a été agréée par l’Etat en 2011 et ses formations diplômantes reconnues. 500 à 600 jeunes y ont acquis des diplômes dans les métiers de la réhabilitation et de la restauration du vieux bâti. Ces jeunes déscolarisés ont en outre bénéficié d’un suivi psychologique, de cours de civisme, d’éducation à la santé, de sorties pédagogiques et d’activités sportives. Ils ont également été accompagnés dans leurs démarches pour s’insérer dans le monde du travail et vivre de leur savoir-faire.L’association compte une centaine d’adhérents, parmi lesquels une trentaine d’actifs, dont vingt salariés.Des partenariats avec des écoles étrangères, telles l’école de chaux de Barcelone ou l’école de restauration des biens culturels de Madrid, a permis d’accéder à des financements et à des échanges de savoir propices à un travail de meilleure qualité. Des chantiers internationaux pour les jeunes sont organisés depuis 1999 ; ils favorisent les échanges internationaux dans le domaine du patrimoine. Les jeunes stagiaires de l’école ont participé, par exemple, à la réhabilitation de la mosquée de la Perle en se chargeant d’un pan d’enceinte de soixante mètres de long sur cinq mètres de hauteur.Un tour d’Algérie a été organisé par l’association pour sensibiliser au patrimoine et à ses métiers, avec des étapes à Timimoun, Tlemcen, Mascara, Tablat, Alger, Béjaïa…
    Il y a quelques semaines, les bains turcs au-dessus desquels siège l’association ont été classés patrimoine national.
    C’est indubitablement un effet de la persévérance des membres de SDH et de leur action multiforme en faveur du patrimoine. Ici, au moins, on se dit que classer un monument ce n’est pas simplement le protéger des dégradations d’origine humaine, mais ralentir les effets du temps sur son existence.
    On quitte Sidi El Houari empli d’admiration pour le travail de SDH, mais pleinement conscient de son impact limité sur le destin de la vieille ville en l’absence d’une véritable politique publique pour enrayer les graves menaces qui pèsent sur son existence.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Dans ce vieux quartier (ancien centre ville d'Oran), on peut réhabiliter certains édifices, mais c'est beaucoup trop couteux.

    Même avec certaines réfections ici et là, tout est trop vieux et tombe en ruine.

    Cà coutera vraiment moins cher de tout raser,

    puis de tout reconstruire !

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