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TEMPETE D’AVRIL : diagnostic sombre, pronostic réservé

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    TEMPETE D’AVRIL : diagnostic sombre, pronostic réservé


    Algérie Express - Détails Publié le mardi 11 février 2014 09:39
    Écrit par Malek Yacini

    Dans les pays qui ont eu la chance de s’engager sur la voie de la liberté et du progrès, une élection présidentielle est toujours une opportunité pour faire des choix essentiels pour la nation sur la base de règles et de projets soumis, dans la transparence, à l’arbitrage du citoyen.

    En Algérie, nous sommes dans un cas rigoureusement inverse. Ce n’est pas à une alternative qu’invite cette échéance mais à un effarant diagnostic.

    L’unanimisme des derniers positionnements des médias en faveur du DRS est une affligeante démonstration du chemin qui reste à la presse algérienne pour prétendre à la vie adulte. Sommaires, univoques et, à l’occasion grossiers, les articles se relaient dans un tintamarre porté par une haine inextinguible qui finissent par provoquer de l’empathie pour un Bouteflika exécré auparavant et dont on oublie même de rappeler un bilan désastreux. Cette charge quasi animale est doublée par une vénération et un asservissement envers des services spéciaux qu’un homme politique n’a pas hésité à définir comme un syndrome de Stockholm algérien. Et dans ce torrent de fureur et d’aveuglement ils sont rares, très rares à avoir essayé de regarder au-delà des tumultes claniques et pensé aux traces que les futures générations de journalistes devront effacer pour, un jour, écrire sans avoir peur de salir leur papier. Tsa, Algérie-express et le talentueux et courageux Kamal Daoud, perdu dans son parchemin, ne seront pas de trop pour que les pousses d’aujourd’hui, plumes de demain, puissent redresser la tête.

    Les débris d’une société civile embrigadée sont actionnés les uns derrière les autres dans une méprisante mise en scène pour stigmatiser Saadani, coupable d’avoir tenu, dans sa longue carrière, les rares paroles qui aient du sens et, en tout cas, qui invitaient à débat. Le Forum des chefs d’entreprises, coffre fort de campagne historique de Bouteflika, voyant le jeu brouillé a décidé de reporter pour aujourd’hui la réunion où il devait annoncer un énième soutien au candidat éternel. On aura remarqué que ceux qui prétendent construire une économie de production dans la compétitivité et la loyauté n’ont pas profité de cette grisaille pour se racheter à peu de frais de leur forfaiture passée en répondant, pour une fois, avec dignité qu’en tant qu’organisation sociale, nécessairement plurielle, elle n’avait pas à s’impliquer dans une compétition politique. Non, le FCE a décidé de reporter sa réunion…Histoire de percevoir le sens du vent. Et ça veut nous convaincre que ça paie ses impôts, que ça respecte l’environnement physique et réglementaire du pays. Et ça veut négocier avec le patronat européen dans des rapports horizontaux.

    Les hommes politiques, hormis les cas notables du RCD et de Djaballah, ne sont pas en reste. Ils sont gagnés par ce qu’il faut appeler par son nom : l’indignité politique. Ou animé d’un cynisme qui, pour le coup, n’aurait rien à envier à celui de Bouteflika. Qu’il s’agisse de ceux qui concourent ou de ceux qui protestent, tous exigent l’évacuation de Bouteflika de la compétition mais tous évacuent soigneusement la question centrale de la régularité des élections. Pour une bonne partie de la classe politique, formatée dans le système, les questions éthiques et les principes démocratiques sont des gadgets bons pour les doux rêveurs. Nourris à la mamelle du pouvoir occulte et construits par la culture putschiste, ils ne se posent en aucune façon la seule question qui vaille en démocratie : comment garantir le choix du peuple et quel est le cahier des charges qui évitera à l’Algérie de subir l’abus d’un autocrate, même démocratiquement élu ? Deux questions que la Tunisie comme l’Egypte, dont les corps sociaux sont moins vermoulus que le notre, ont mis comme préalables à toute consultation électorale. La navrante déclaration signée hier par Ali Yahia Abdenour, Taleb Ahmed et Rachid Benyelles atteste de la profondeur de la crise politique et morale algérienne. Les trois personnages - dont on pouvait attendre un peu plus de recul que la meute des rapaces pressés d’achever la bête puisqu’ils ne concourent pas - se prononcent pour le boycott si Bouteflika se présente, se désolent des propos tenus par Saadani contre le DRS, qui plus est au nom du FLN déplorent-ils ( ce parti serait donc vierge de magouilles poltiques ) et passent par perte et profit la teneur d’accusations gravissimes portées contre un service dont la responsabilité dans le naufrage national est tout sauf anodine et zappe dédaigneusement les conditions frauduleuses programmées dans lesquelles va se dérouler le vote du 17 avril.

    L’élection d’avril 2014 n’ouvre aucune perspective mais elle nous renseigne sur l’ampleur sur la maladie nationale. C’est toujours ça.

    Malek Yacini.
    Othmane BENZAGHOU
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