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L’ancien directeur de Mon Journal et Djaridati, deux journaux suspendus, indique que «la lettre adressée à Saïd Bouteflika était strictement privée».
- Saïd Bouteflika décide de porter plainte contre vous suite aux graves accusations contenues dans cette lettre. Que répondez-vous ?
Porter plainte contre quoi ? La lettre était exclusivement adressée à Saïd Bouteflika et, à ce titre, strictement privée, dans le but de vérifier avec lui des informations. C’est lui qui a ordonné à TSA de la rendre publique, pas moi. Mais cela va se retourner contre lui. Je n’aurais jamais publié cette lettre sans contacter la personne concernée. J’ai une méthode de travail ; je prends toujours attache avec les personnes citées. Je l’ai fait avec le général Larbi Belkheir, Khalida Toumi, Amar Ghoul, Hamid Melzi, Mohamed Raouraoua, etc. Cela a toujours été ma manière de travailler, ma ligne de conduite. Si Saïd Bouteflika ne me répond pas, ce ne sera pas de ma faute.
- Vous portez des accusations jugées graves par l’opinion publique, comme la vente par les Bouteflika de pétrole au noir et le trafic de drogue, dont vous accusez Saïd Bouteflika d’être l’un des barons et aussi de recevoir 50% des bénéfices de l’ETRHB de Ali Haddad…
Ce sont les informations qui circulent. Et j’ai envoyé la lettre à Saïd Bouteflika pour simplement vérifier.
- Mais la sphère publique interprète autrement. Elle lie cette lettre au contexte actuel, depuis les déclarations de Saadani contre le général Toufik…
Je ne peux pas m’inscrire dans une fausse guerre de clans. Une guerre se fait entre deux adversaires. Or, nous constatons que c’est seulement une partie qui attaque une autre. C’est Saïd Bouteflika qui attaque le général Toufik. Je ne défends pas le général Toufik, il n’a pas besoin de moi. Ce que j’observe, c’est que Saïd Bouteflika l’attaque depuis le retour du chef de l’Etat du Val-de-Grâce. Présentement, son frère, le président de la République, ne décide de rien. Il ne peut même pas prononcer un mot. C’est le cadet qui décide de tout. Tout ce qui se passe est l’œuvre de Saïd Bouteflika. Je m’étonne quand des gens disent que c’est Amar Saadani ; il n’est qu’un pion entre les mains de Saïd. Saadani n’aurait jamais osé attaquer le général Toufik. Autre point : quand Saadani a rencontré l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, pour lui demander d’extirper Chakib Khelil de l’affaire Sonatrach II, c’est Saïd Bouteflika qui l’avait envoyé.
- A votre avis, pourquoi la lettre a-t-elle été rendue publique ?
Je tiens à préciser que le volet relatif à l’homosexualité de Saïd Bouteflika n’allait pas être publié dans mon livre. C’est sa vie privée. Ce chapitre n’intéresse personne. Ce que je voulais, c’était uniquement brosser son portrait pour le présenter à un psychologue. Cependant, je suppose que, en publiant la lettre dont il fait l’objet, Saïd Bouteflika cherche à gagner de la sympathie. Il veut attirer des gens autour de lui. L’attaque de Saadani contre Toufik a été favorable au général. Ce dernier est défendu par plusieurs cercles.
- Ce n’est pas la première fois que vous êtes en conflit avec Saïd Bouteflika…
Saïd Bouteflika me donne la puissance et le rôle que je n’ai pas. Il me rend service. A chaque fois qu’il m’attaque, c’est l’effet boomerang. Il fait de la publicité à mon prochain livre. Et je peux vous dire que le siège d’observateur à la commission des droits de l’homme de l’ONU que j’ai obtenu, c’est grâce à lui. Le 20 mai 2013, quand il a actionné la police et la justice contre moi en raison de mes déclarations dans la presse, il m’a fait une publicité extraordinaire. Il n’est pas intelligent. On peut dire que seul Hichem Aboud a pu sortir Saïd Bouteflika de son silence.
En plus, Saïd Bouteflika remue ciel et terre pour un 4e mandat. Il veut gérer le pays par procuration, comme il l’a fait durant tout le 3e mandat. Il a détourné un mandat électif et il veut récidiver. C’est dommage qu’un président de la République soit conseillé par un homme pareil. Cela explique la déliquescence dans laquelle se trouve le pays.
Mehdi Bsikri
El Watan
11.02.14
???
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