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Georges Ibrahim Abdallah, un prisonnier pas comme les autres

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  • Georges Ibrahim Abdallah, un prisonnier pas comme les autres

    Son nom ne dit rien aux plus jeunes. Les plus vieux, quant à eux, se souviennent de Georges Ibrahim Abdallah, membre des FARL (Forces armées révolutionnaires libanaises) condamné à la prison à vie en février 1987 en France au terme d’une parodie de justice.

    Né en 1952 à Koubayath, nord du Liban, dans une famille de chrétiens maronites, il a été arrêté en 1984 et condamné en juillet 1986 à quatre ans de prison pour détention de faux papiers : il voyageait avec un passeport algérien sous le nom de Abdelkader Saâdi.

    L’affaire aurait pu s’arrêter là si entre-temps il n’avait pas été inculpé de complicité d’assassinat sur le colonel Charles Ray, attaché militaire de l’ambassade des Etats- Unis à Paris et sur Yakov Barsimantov, secrétaire en second de l’ambassade d’Israël à Paris, en fait chef du Mossad en France, en janvier et avril 1982. Le meurtre de ce dernier a été imputé à une jeune Libanaise, Jacqueline Esber, amie de Georges Ibrahim et membre des FARL, réfugiée depuis au Liban. Ces deux exécutions ont été revendiquées par les FARL dans un contexte de crise aiguë au Liban en proie à une guerre civile.

    En 1986, le cas de George Ibrahim Abdallah se complique quand un mystérieux CSPPA (Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes) exige sa libération et commet des attentats faisant 13 morts, dont celui de la rue de Rennes, devant le magasin Tati en septembre 1986. Les médias se déchaînent, affirment que le CSPPA n’est qu’une émanation des FARL. Les têtes des frères de Georges Ibrahim Abdallah — Emile, Joseph, Maurice et Robert — , de Jacqueline Esber et sa sœur Caroline, des sœurs Fayouz et Ferial Daher et de Selim el-Khouri, dont les photos sont placardées dans toute la France, sont mises à prix : un million de francs pour quiconque aiderait la police à les retrouver. Ces personnes ont en commun d’être des chrétiens libanais, originaires de Koubayath et membres des FARL. Dans la foulée : 14 Libanais, plus ou moins membres du Parti communiste libanais sont interpellés et expulsés vers le Liban sur ordre du ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua.
    En fait, ces attentats des Champs-Elysées (deux morts), de chez Tati, rue de Rennes (huit morts) et de l’Hôtel de ville de Paris (un mort) ont été commis par un groupe islamiste démantelé en mars et juin 1987, dirigé par le Libanais Anis Naccache, lié aux services iraniens et dans lesquels est impliqué un diplomate de l’ambassade d’Iran à Paris, Wahid Gordji. L’Iran en guerre avec l’Irak cherchait à faire payer la France — Jacques Chirac était Premier ministre — pour son soutien au régime de Saddam.

    Du coup, la donne change. «Les frères Abdallah ne sont pour rien dans l’attentat de la rue de Rennes» rapporte Libérationdu 16 septembre 1986, citant des sources policières. Ces faits nouveaux auraient dû disculper Georges Ibrahim Abdallah et conduire à une révision de son procès. Il n’en a rien été. Car, comme l’écrivait l’Humanité du 13 mars 1987, «tout a été fait pour associer dans l’esprit des Français le nom d’Abdallah au terrorisme (…) et notamment à la vague d’attentats de septembre 1986». En fait, le sort du militant libanais a été scellé lors de la rencontre entre les présidents Mitterrand et Reagan à Washington en juillet 1986. Il fallait un exemple et comme l’affirmait le Nouvel Observateurdu 27 février 1987, ne pas «laisser filer au mépris de la loi» celui que l’Express qualifiait de «successeur de Carlos». Car, suite à une médiation algérienne, George Ibrahim devait être échangé contre Gilles Peyrolles pris en otage à Beyrouth par les FARL et libéré sans contrepartie par ces derniers.

    Gravement malade, Georges Ibrahim Abdallah croupit depuis 23 ans dans une prison française. En raison des pressions américaines et israéliennes, ses demandes de liberté conditionnelle lui ont été refusées.

    Vendredi, un meeting animé par Henri Alleg et Gilles Perrault pour exiger sa libération aura lieu à la Bourse du travail de Saint-Denis, en région parisienne.

    Par Hassane Zerrouky-Le soir
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