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Francis Perrin«La Russie ne négligera pas des possibilités d’implantation dans le nucléaire algérien»

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  • Francis Perrin«La Russie ne négligera pas des possibilités d’implantation dans le nucléaire algérien»

    Francis Perrin, président de Stratégies et politiques énergétiques (SPE) et directeur de la rédaction Pétrole et Gaz Arabes : «La Russie ne négligera pas des possibilités d’implantation dans le nucléaire algérien»

    Écrit par djaouida abbas

    Reporters : Il semblerait que la Russie serait de plus en plus intéressée par le marché africain. Quel rôle peut jouer Alger pour Moscou ?

    Francis Perrin : Effectivement, la Russie s’intéresse de plus en plus au marché africain même si ce n’est pas, et de loin, sa principale priorité. En matière politique comme dans le domaine commercial, la Russie compte souvent sur des pays qui ont été d’anciens alliés ou Etats relativement proches de l’ex-Union soviétique. De plus, la Russie n’a pas une connaissance très approfondie de l’Afrique d’aujourd’hui, en tout cas, de certaines régions de ce continent, et l’Algérie peut contribuer à pallier ces insuffisances. Des coopérations entre la Russie et l’Algérie sont donc possibles à condition que l’Algérie y trouve son intérêt. Moscou doit donc mettre sur la table des propositions intéressantes. En dehors des aspects économiques, l’Algérie est considérée à Moscou comme un pays important sur la scène africaine, en particulier en Afrique du Nord et dans la bande sahélienne, et l’on sait que, pour différentes raisons, ces régions inquiètent quelque peu les diplomates, les militaires et les stratèges, qu’ils soient russes ou occidentaux. Ces questions occupent forcément beaucoup de temps dans un rendez-vous dominé par les aspects diplomatiques, même si les ministres des Affaires étrangères ne négligent pas les sujets économiques et énergétiques, surtout lorsqu’il s’agit de deux pays producteurs et exportateurs d’hydrocarbures.

    Aujourd’hui, que représente le partenariat stratégique pour les deux parties?

    Très franchement, pas grand-chose. Lorsqu’il avait été conclu, nous avions indiqué à Pétrole et Gaz Arabes (PGA) que c’était beaucoup de bruit pour rien, pour citer Shakespeare. Certains Etats et, parfois, certaines compagnies ont tendance à user et à abuser de certaines expressions telles que « partenariat stratégique », mais il peut y avoir plus de communication que de substance. A l’époque, ce partenariat avait suscité des inquiétudes dans les pays occidentaux sur les impacts énergétiques possibles, mais il n’y avait pas vraiment de quoi perdre le sommeil. Ceci ne signifie pas que la Russie et l’Algérie ne pourraient pas conclure un vrai partenariat stratégique, mais celui qui existe est largement une coquille vide. Il y a des complémentarités, mais aussi des rivalités entre les deux pays, notamment autour du gaz.

    Le géant Gazprom a toujours exprimé son intérêt pour les actifs de BP dans le Sud algérien. Selon vous, cet intérêt est-il, toujours, dans l’air du temps?

    Gazprom reste désireux d’avoir un pied - voire deux - dans les projets gaziers permettant de desservir le marché européen, qui est, comme pour la Sonatrach, son marché naturel. Cet intérêt n’a pas disparu. Il n’est cependant pas sûr qu’une telle transaction, si elle était concrètement envisagée, servirait les intérêts de l’Algérie par rapport à ses clients et par rapport à l’Union européenne.

    L’autre intérêt russe en Algérie est l’exploitation de son uranium…

    Pour les dirigeants russes, la filière nucléaire est une filière stratégique - pas autant que les hydrocarbures cependant - et Moscou soutient les efforts de ses entreprises et agences pour se développer à l’étranger dans l’amont et dans l’aval de l’industrie nucléaire. Pour le nucléaire, le groupe clé est Rosatom. L’enjeu en Algérie n’est pas de même importance que celui du gaz, vu de Moscou, mais la Russie ne négligera pas des possibilités d’implantation dans ce secteur.

    Alors qu’Alger parle de plus en plus d’une diversification de ses ressources nucléaires, à des fins pacifiques, quel apport peut avoir la Russie dans l’exploitation de ses ressources qui restent à ce jour vierges ?

    L’Algérie envisage effectivement de lancer un programme nucléaire pour diversifier ses sources de production d’électricité et répondre à une demande nationale en croissance rapide, tout en demeurant un exportateur d’hydrocarbures significatif. C’est un objectif de long terme puisque, pour le court et le moyen terme, les énergies renouvelables, notamment le solaire, sont favorisées. Rosatom est un groupe intégré sur toute la filière nucléaire et il pourrait évidemment offrir ses services à l’Algérie pour la partie cycle du combustible, à commencer par l’extraction d’uranium et l’étape clé de l’enrichissement, et pour les futurs réacteurs. Mais la Russie ne sera évidemment pas seule en lice pour ces marchés.

    Et sur le gaz de schiste ?

    Nous revenons à Gazprom pour qui il s’agit d’un enjeu majeur. Officiellement, le géant du gaz est très critique sur le gaz de schiste et les autres gaz non conventionnels qui sont susceptibles de contrecarrer ses intérêts. Mais Gazprom sait qu’il s’agit pour partie d’un combat d’arrière-garde, car, à travers le monde, outre les Etats-Unis, plusieurs pays veulent exploiter leur potentiel de gaz non conventionnel. Cela inclut la Chine, l’Argentine, l’Australie, l’Algérie, le Maroc, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Pologne, l’Ukraine, le Royaume-Uni et quelques autres. Comme disent les Américains, « ‘if you can’t beat them, join them”,c’est-à-dire si vous ne pouvez pas les battre, rejoignez-les.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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