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L’après-17 avril, enjeu de la guerre des clans

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  • L’après-17 avril, enjeu de la guerre des clans

    Pour certains, les deux clans qui s’affrontent représentent les deux faces d’une seule pièce et finiront par se neutraliser Pour d’autres, cette guerre vise le dernier rempart qui fait obstacle au quatrième mandat. Dans les deux cas, l’enjeu de cette confrontation est l’après-17 avril, parce qu’il sera question de l’avenir politique des uns et la survie des autres.


    Au fur et à mesure que l’échéance du 17 avril approche, la guerre des clans fait rage et donne une piètre image des institutions de l’Etat. Si pour certains, le résultat ne sera que bénéfique pour l’Algérie, en espérant que les deux clans qui s’affrontent finiront par se neutraliser et quitter le pouvoir, pour d’autres, le pire est à craindre parce qu’au centre de cette lutte, il y a un enjeu considérable lié à l’avenir des intérêts des uns après la Présidentielle.

    Pour comprendre les dernières décisions de mise à la retraite d’officiers supérieurs du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), il faudra revenir au mouvement opéré dans les rangs du Département, en décembre 2011, lorsque le patron du DRS, le général Toufik, avait procédé à des changements au sein des structures qu’il chapeaute.
    «Rappelez-vous, il avait fait appel au général Athmane Tartag, dit Bachir, pour remplacer le général Abdelkader Kherfi, plus connu sous le nom d’Ahmed, relevé de son poste et envoyé à la retraite, qui dirigeait la Direction de la sécurité intérieure (DSI). Tartag était connu comme étant le protégé de Toufik, tout comme d’ailleurs le général Mhenna Djebar, auquel il a confié en 2005 la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), qui dépendait de son département. Jusque-là, toutes les décisions étaient signées par le président de la République.

    Les problèmes ont commencé avec les enquêtes économiques ouvertes après la création du service de la police judiciaire dépendant du DRS. Les affaires de corruption que les officiers vont élucider touchent directement les hommes les plus proches du Président. Est-ce que les investigations ciblaient délibérément le clan de l’Ouest ? Le fait est que le cœur même de l’entourage le plus proche de Bouteflika est éclaboussé avec des preuves accablantes, confirmées plus tard par le contenu des réponses des nombreuses commissions rogatoires adressées aux tribunaux étrangers et auxquelles personne ne s’attendait. Tayeb Belaïz, alors ministre de la Justice, va tout faire pour que l’ancien ministre de l’Energie ne soit pas inquiété», expliquent nos sources. Pour celles-ci, le général Toufik était à cette époque encore en position de force.

    «Son proche collaborateur, le général Mhenna, a même eu le feu vert pour écarter de nombreux officiers, que l’on disait proches du clan de l’Ouest, en les mettant à la retraite, et pour certains avant l’âge, suscitant une colère dans les rangs, mais aussi au cabinet de la Présidence, que chapeaute de loin Saïd Bouteflika, le frère du Président. Les révélations de la justice italienne vont pousser le ministre de la Justice, Mohamed Charfi, alors en disgrâce (auprès du Président) d’aller jusqu’au bout de l’enquête, en annonçant, par le biais du procureur général près la cour d’Alger, le lancement d’un mandat d’arrêt international, contre Chakib Khelil, son épouse et ses deux enfants. Ce qui lui vaudra son poste, peu de temps plus tard, et quelques actes de la procédure se voient ainsi annulés, sur pression de certains milieux, dans le but de rendre le mandat inexécutable, en attendant mieux», révèlent nos interlocuteurs, qui précisent que le départ de Charfi a coïncidé avec celui du général Abdelmalek Guenaïzia en tant que ministre délégué à la Défense, et la suppression de ce poste aux larges prérogatives pour le remplacer par celui de vice-ministre de la Défense confié au chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah.


    «Vice-ministre, un cadeau qui fait de l’officier supérieur un fidèle allié du clan présidentiel»


    «Pour la première fois dans l’histoire, il y a cumul de deux postes aux intérêts contradictoires. Un chef d’état-major, censé être sur le terrain, ne peut pas se charger d’une fonction politique de vice-ministre, qui siège en Conseil des ministres. C’est du jamais vu. Gaïd Salah se retrouve ainsi avec de lourdes et très larges prérogatives. Un cadeau qui fait de l’officier supérieur l’allié fidèle du clan présidentiel. Il va être derrière le mouvement de la fin septembre 2013, qui a vu les plus proches de Toufik écartés», souligne-t-on. C’est ainsi, ajoutent nos sources, que le général-major Mhenna a été sommé de céder son poste à la tête de la DCSA au général-major Lakhdar Tirèche, pour revenir à son service d’origine, le DRS, et diriger le bureau d’organisation qui dépend directement du général Toufik. Une nouvelle organisation des services du renseignement est mise en place. En filigrane, elle vise d’abord la dissolution du service de la police judiciaire, créé en 2006 par décret présidentiel, qui menait des enquêtes sur la corruption, mais aussi l’affaiblissement du général Toufik, à travers l’élimination d’un certain nombre de ses hommes de confiance.
    Ainsi, Bachir Tartag se retrouve une seconde fois sur une voie de garage. Il est démis de son poste à la tête de la DSI pour être remplacé par le général Ali Bendaoud.

    «Le clan présidentiel se renforce par Gaïd Salah devenu son allié principal. Dans sa logique d’isoler le dernier rempart qui fait obstacle aux partisans du quatrième mandat, le Conseil supérieur de la fonction militaire a été convoqué pour une réunion extraordinaire le 14 janvier dernier. Cette instance a été créée en février 2006, en vertu d’une ordonnance présidentielle et dont la mission est de gérer la carrière des militaires. Elle est présidée par le chef d’état-major, c’est-à-dire Gaïd Salah, et constituée par le secrétaire général du ministère de la Défense, les chefs des forces aériennes, marines, terrestres, de la défense du territoire, de la Gendarmerie nationale, des six commandants des régions militaires et du patron du DRS. La réunion a eu lieu au siège du ministère de la Défense, au lendemain du départ du Président en France. Le débat a tourné surtout autour de trois généraux du DRS, Djebbar, Chafik (qui s’occupait des enquêtes économiques) Hassen (chargé de la lutte antiterroriste), ainsi du colonel Fawzi, tous mis à la retraite à partir du 1er février, après avoir appliqué l’article 20 de l’ordonnance 06/02 du 28 février 2006 à leur encontre.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Si pour Djebbar, les griefs retenus pour son départ à la retraite, étaient liés à des supposées affaires, pour le général Chafik, les accusations portent sur les procédures relatives aux enquêtes menées par le DRS, notamment celles de l’autoroute et de Sonatrach. En ce qui concerne le général Hassan, le conseil l’a mis à la retraite pour une affaire qui remonte à quelques mois. Il aurait envoyé son unité de lutte contre le terrorisme pour une opération de récupération d’un lot d’armement qui devait être convoyé du nord du Mali vers l’Algérie sans aviser le commandant de Région. Erreur ou pas, la sanction a été d’abord appliquée aux éléments du général Hassan, qui ne rend compte de ses actes qu’à son chef hiérarchique, à savoir le général Toufik. Lors de cette réunion du conseil, cette affaire a été ressortie pour mettre à la retraite le général Hassan à partir du 1er février.

    Se sentant lésé par cette décision, le général Hassan a résisté, ce qui lui a valu une poursuite devant le tribunal militaire qui l’a placé sous contrôle judiciaire pour n’avoir pas informé le commandant de Région de la mission de ses éléments au sud du pays», révèlent nos interlocuteurs, qui confirment que «l’administration du centre de repos familial militaire de Sidi Fredj, où réside le général, avait coupé l’électricité et le gaz pour le pousser à déménager. Il a fallu l’intervention du général Toufik pour que l’officier soit maintenu dans sa résidence».

    Lors de la réunion du 14 janvier, souligne-t-on, «le général Toufik n’a rien dit. Il a entendu tout le monde et à la fin, il est rentré chez lui. Il n’a pas pris part au déjeuner offert par Gaïd Salah aux membres du Conseil. Ce qui a été considéré comme un affront».
    Pour nombre de nos interlocuteurs, si le fameux article 20 de l’ordonnance 06/02 de février 2006 devait être appliqué, une grande partie des dirigeants de l’armée serait déjà à la retraite. Cet article définit la limite d’âge et de durée de service des militaires de carrière. Ainsi, l’âge de la retraite obligatoire est de 64 ans et la limite de la durée de service de 42 ans pour les généraux de corps d’armée. La retraite des généraux-majors doit être obligatoire à l’âge de 60 ans après 38 ans de carrière, alors que pour les généraux, elle doit être prise à l’âge de 58 an, après 36 ans de service.


    «Tous les commandants de région et les chefs des forces ont dépassé l’âge de la retraite»


    Les colonels font valoir leur droit à la retraite à 53 ans après 32 ans de carrière, les lieutenants-colonels à 48 ans après 28 ans de service et les commandants à 45 ans après 25 ans de service. Mais tous les commandants de Région ainsi que les chefs des armées, les généraux-majors ont largement dépassé l’âge de la retraite et à aucun moment le conseil n’a pensé appliquer l’article 20. Bien sûr, Gaïd Salah, qui a dépassé les 70 ans, est couvert par le poste de vice-ministre qu’il cumule avec celui de chef d’état-major. Il sait que s’il venait à mettre en application les dispositions de l’ordonnance, tous les membres du conseil seraient mis à la retraite.

    Mais, exception faite pour le général Toufik, ces derniers lui sont tous acquis. Pour l’instant, l’article 20 est utilisé comme arme pour pousser le général Toufik à la retraite. La sortie de Amar Saadani, le secrétaire général du FLN, n’était pas fortuite. Elle fait partie de la logique de revanche du clan présidentiel. Raison pour laquelle, Gaïd Salah, premier responsable de l’armée, dont dépend le DRS, n’a pas voulu répondre aux attaques violentes portées non pas contre la personne du général Toufik, mais contre l’institution qu’il représente. Nos interlocuteurs se disent «convaincus» que les déclarations du patron du FLN «lui ont été murmurées à l’oreille». Une manière de susciter la réaction de celui qui ne veut pas cautionner le quatrième mandat.

    D’autres sources se déclarent plutôt optimistes dans la mesure où elles s’attendent à «une neutralisation» des deux clans qui s’affrontent. «Le général Toufik et Bouteflika sont les deux faces d’une même pièce. Ils incarnent le système. S’ils partent tous les deux, ils rendront un grand service au pays. Le général Toufik est en train de payer un choix qu’il a fait il y a 14 ans. Il avait cautionné le départ forcé de bon nombre de ses proches, comme le défunt général Lamari et plusieurs généraux et colonels, dans le but de permettre à Bouteflika d’asseoir son pouvoir. A son tour, il est rattrapé par ce dernier, pour garder le palais d’El Mouradia ou pour le remettre à un candidat qui garantira à sa famille l’immunité.»
    Même s’ils divergent sur quelques points, les deux avis se rejoignent pour faire de l’après-17 avril le véritable enjeu de cette guerre des clans qui donne une piètre image du pays.

    Salima Tlemçani
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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