La 15ème édition du Festival national du film (FNF) de Tanger, apporte en primeur cette année une surprise : un film gay. Il s’agit du long-métrage « L’armée du salut » de l’écrivain et réalisateur marocain Abdellah Taïa qui est projeté cette année dans la ville du Détroit.
Taïa est le premier écrivain à avoir eu le courage de faire son coming-out au Maroc. D’autres personnalités dont les penchants sexuels sont notoires n’osent pas le suivre. On les comprend..;
Mais, il faut dire qu’au pays du « commandeur des croyants », et prétendu descendant direct du Prophète Mohammed, la projection d’un film à caractère homosexuel n’aurait jamais eu lieu sans des instructions venues d’en haut.
Le FNF est organisé par le Centre cinématographique marocain, un organisme public dirigé par Nour-Eddine Saïl, qui est également le président du festival. Saïl, un ex-directeur général de la chaîne publique de télévision 2M, est un proche du Palais.
Nous n’avons pas eu l’occasion de voir le film de Taïa, et nous ne voulons porter aucun jugement de valeur sur lui sans l’avoir vu, mais sa projection dans la « commanderie des croyants » est une bonne chose. Elle met à bas les hypocrisies des uns et des autres. Celle du régime qui s’appuie sur la religion musulmane pour asseoir sa légitimité et gouverner d’une main de fer, et qui à chaque fois qu’il est question de libertés fondamentales peste contre ceux, les activistes des droits de l’homme, qui veulent importer au Maroc, dit-il, des moeurs occidentales (la démocratie, la liberté d’expression, etc…) qui seraient contraires à nos « coutumes » et « traditions ancestrales ». L’homosexualité fait-elle partie des « coutumes » et des « traditions ancestrales » des Marocains ?
Une séquence du film l'Armée du salut " d'Abdellah Taïa.
L’autre hypocrisie à mettre en relief est celle des islamistes light du Parti de la justice et du développement (PJD, au gouvernement), autrefois violents contempteurs du festival de Tanger quand il invitait par exemple des réalisateurs israéliens. Cette fois-ci les barbus ont étrangement décidé de faire profil bas, parlant de »film médiocre » à qui ils ne voudraient pas faire de la publicité après avoir fait une « étude » sur le terrain. C’est ça !
En fait, comme pour les socialistes, les nationalistes et les communistes marocains, le Makhzen a domestiqué les islamistes jusqu’à leur faire avaler la couleuvre de devoir accepter la projection d’un film homosexuel au Maroc, un pays dont le chef du gouvernement est un islamiste.
Et toc !
Simo Sbaï
Demain Online
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