La personnalité politique de la semaine a accepté de revenir, avec le franc-parler que nous lui connaissons, sur les événements politiques marquants. Après son entrevue avec Ahmed Gaïd Salah qui a suscité la polémique, la secrétaire générale du Parti des travailleurs explique le sens de sa démarche.
- Vous avez souvent critiqué les gouvernements qui se sont succédé, mais jamais le président Bouteflika. Si bien que certains y voient une ambiguïté dans votre relation avec le pouvoir. Que leur répondez-vous ?
Il s’agit de positions idéologiques émanant de militants politiques à court d’arguments. Nous n’avons pas critiqué des gouvernements de façon abstraite, nous avons combattu des politiques. Les gouvernements successifs appliquent de manière très contradictoire les orientations qui leur sont données. Durant le premier mandat de Abdelaziz Bouteflika, s’il y a un parti qui a combattu – et non pas seulement critiqué, parce que nous ne sommes pas dans la critique, mais dans le combat – son programme économique et social, c’est le PT. Nous avons voté contre, alerté, mobilisé. Ainsi nous avons combattu la loi sur les hydrocarbures de Chakib Khelil en 2005, la privatisation que mettait en œuvre Abdelhamid Temmar, etc. Bien sûr, c’était l’orientation du programme de Bouteflika. Mais nous avons soutenu le processus pour la restauration de la paix et de la réconciliation, tout comme nous avons soutenu l’officialisation du tamazigh comme deuxième langue nationale, la renationalisation des hydrocarbures en 2006, parce que cela faisait partie de notre combat. Nous avons voté en faveur de la modification de la loi sur la nationalité, parce qu’elle consacrait l’égalité. A chaque fois, nous sommes partis de nos positions propres, des intérêts des larges couches, des intérêts de la nation. Pourquoi ne reconnaissez-vous pas, vous et ces «certains» que c’est Abdelaziz Bouteflika qui a changé de politique et non pas le PT ? C’est lui qui a corrigé sa position sur le tamazight, son orientation économique, qui a renationalisé après avoir dénationalisé les mines en 2001 et les hydrocarbures en 2005, qui a reconnu l’échec des privatisations et du partenariat avec l’étranger en 2008, et qui, dans les LFC de 2009 et 2010, a apporté des correctifs très importants, qui correspondent à nos combats. Et c’est la raison pour laquelle nous les avons soutenus, aucun autre parti n’a engrangé autant de victoires que le nôtre. Le PT combat, mobilise, pour changer la nature de ce régime, restituer la parole au peuple pour qu’il exerce sa souveraineté pleine et entière. Si le PT a présenté un candidat à la présidentielle en 2004, en 2009 et en 2014 et si déjà en 1999, il n’a pas soutenu la candidature de Bouteflika, mais a appelé à voter sur la base d’un bulletin de vote que nous avions nous-mêmes confectionné, c’est une preuve d’indépendance. Le PT est resté conséquent depuis sa fondation, il cherche des solutions nationales.
- Vous situez-vous dans l’opposition ou à la périphérie du pouvoir ?
Qu’est-ce que vous entendez par la périphérie du pouvoir ? Parce que c’est un nouveau concept de classement des partis politiques, qui est étrange. D’abord, qu’est-ce que l’opposition ? On a déjà entendu des partis dire : «Nous sommes dans le gouvernement mais nous sommes aussi dans l’opposition.» Il y a ceux qui sont entièrement d’accord avec la politique du gouvernement, mais comme on ne leur a pas proposé de portefeuilles ministériels, ils se proclament opposants. Mais ça, ce n’est pas l’opposition ! Si nous étions, comme vous le dites, à la périphérie du pouvoir, nous aurions tout simplement accepté d’être au gouvernement. On nous l’a proposé plusieurs fois. Mais nous avons refusé parce que nous ne pouvons pas être dans une sorte de patchwork, un gouvernement dans lequel il y a tout et son contraire. Dans lequel il y a des ministres qui sont pour la souveraineté, d’autres pour la dépendance à l’égard de l’extérieur. Pouvez-vous imaginer que nous puissions accepter d’être dans le même gouvernement que Chakib Khelil, Temmar et tous ceux qui ont démoli l’économie nationale ? Partager le pouvoir avec des partis obscurantistes qui sont pour l’oppression des femmes ? Le PT a un programme très clair : nous exercerons le pouvoir lorsque nous aurons la majorité. A ce moment-là, nous mettrons en œuvre notre projet de société. En attendant, nous revendiquons le droit de nous exprimer en toute indépendance.
- Comment interprétez-vous la sortie de Mouloud Hamrouche, qui se présenterait comme une option possible si le système ne se mettait pas d’accord sur un candidat ?
Il s’agit d’un communiqué émanant d’une personne, qui représente sa personne. Peut-être qu’il a des ambitions, peut-être pas. Nous avons lu son communiqué alambiqué. A un moment donné, il faudra bien discuter du bilan et des responsabilités collectives et individuelles de ceux qui ont poussé notre pays dans la tragédie nationale, qui ont mis notre pays dans les griffes du FMI et il en fait parti.
Nous sommes pour la liberté de candidature mais toutes les conditions doivent être réunies pour que le peuple algérien exerce son libre arbitre et qu’il choisisse entre les programmes. Faute de quoi, nous sombrerons dans le chaos. Cette fois-ci, nous ne pourrons pas y échapper. Nous sommes à la veille de la date limite du dépôt des dossiers de candidature. Le Président a, dans son communiqué, suite au crash tragique de l’avion militaire, mis les points sur les «I», en demandant aux courtisans et à la clientèle de cesser de parler en son nom, en interdisant l’instrumentalisation de l’ANP à des fins électoralistes et a condamné fermement toute atteinte à l’unité de l’armée. L’élément déterminant n’est pas que le Président se présente ou pas, mais la nature du scrutin : est-ce qu’il va permettre aux Algériens de s’exprimer librement, est-ce qu’il va préserver notre pays des tentatives d’ingérence extérieure ? Nous nous battons pour qu’il y ait une issue positive.
Nous avons interpellé le président de la République, lui demandant de stopper l’engrenage qui a été actionné contre l’intégrité de l’Etat et la souveraineté nationale via une offensive sans précédent ciblant la cohésion et l’unité de l’ANP.
Le président de la République vient de réagir avec force à l’occasion de la Journée du chahid, identifiant les auteurs de l’opération qui vise à déstabiliser le pays et à le fragiliser vis-à-vis de l’étranger et les sommant de cesser leurs manigances. Pour nous, le communiqué du chef de l’Etat est un rappel à l’ordre ferme, un verdict sans appel quant aux desseins des responsables concernés. Le président de la République a également abordé la question de la présidentielle, il incombe donc aux institutions concernées qu’il a cité, d’assurer les conditions politiques pour que ces élections soient irréprochables afin de restituer la confiance aux Algériennes et aux Algériens et d’immuniser par la même notre pays.
- Certains vous reprochent de ne pas avoir adapté votre discours idéologique aux évolutions du monde. Dans vos interventions, vous affirmez régulièrement que l’Algérie est menacée par un complot impérialiste…
Mais ces détracteurs dont vous parlez, j’ai l’impression qu’ils vivent sur une autre planète que la Terre ! Au moins depuis 2008, depuis que s’est déclarée une crise sans précédent – de par son étendue et de par sa violence, cette crise est incomparable à la crise de 1929 – du système capitaliste mondial. Ces gens-là n’ont-ils pas entendu parler des tragédies en Europe ? De pays entièrement engloutis par la crise à l’instar de la Grèce ? De millions de personnes chassées de leur domicile aux Etats-Unis et de centaines de milliers d’Espagnols jetés à la rue ? Des attaques sauvages contre les salaires, les retraites, les emplois, de ces licenciements par millions, de la désertification industrielle ? Mais ils vivent où ? Même les BRICS, (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s’enfoncent dans la crise. Ils sont touchés de plein fouet parce que leurs économies sont complètement arrimées à l’économie mondiale. Mais où vivent ces détracteurs-là pour ne pas constater que si l’Algérie s’en est sortie, tant bien que mal, c’est parce qu’heureusement notre économie n’est pas totalement intégrée à l’économie mondiale ? Qu’on n’a pas tout privatisé – surtout les banques – et qu’on a renationalisé les hydrocarbures, ce qui permet à l’Etat algérien de promouvoir une politique plus ou moins indépendante, d’exercer des attributs de souveraineté. Aujourd’hui même des Américains, des cinéastes, des militants politiques, syndicaux, parlent de l’impérialisme américain ; des présidents de droite se remettent à lire Karl Marx, ce sont ces gens dont vous parlez qui vivent en dehors du temps et de l’espace. Un système est à l’agonie et quand un système est à bout de souffle, il se retourne en son contraire. Que nous offre le système capitaliste aujourd’hui ? Des guerres, des interventions militaires partout pour relancer l’industrie d’armement, organiser la dislocation des nations. Ce qui se passe en Irak, au Yémen, en Syrie, au Liban, en Egypte, au Mali, en Centrafrique, en Libye, est-ce une vue de l’esprit, une phobie du PT ou une réalité qui confirme l’existence du plan de Grand Moyen-Orient américain, annoncé en 2003 et dont on a trouvé une première partie, le NMO sous forme de plan de dépeçage des nations, diffusée en août 2006 sur le site de l’armée américaine ?
- Vous avez souvent critiqué les gouvernements qui se sont succédé, mais jamais le président Bouteflika. Si bien que certains y voient une ambiguïté dans votre relation avec le pouvoir. Que leur répondez-vous ?
Il s’agit de positions idéologiques émanant de militants politiques à court d’arguments. Nous n’avons pas critiqué des gouvernements de façon abstraite, nous avons combattu des politiques. Les gouvernements successifs appliquent de manière très contradictoire les orientations qui leur sont données. Durant le premier mandat de Abdelaziz Bouteflika, s’il y a un parti qui a combattu – et non pas seulement critiqué, parce que nous ne sommes pas dans la critique, mais dans le combat – son programme économique et social, c’est le PT. Nous avons voté contre, alerté, mobilisé. Ainsi nous avons combattu la loi sur les hydrocarbures de Chakib Khelil en 2005, la privatisation que mettait en œuvre Abdelhamid Temmar, etc. Bien sûr, c’était l’orientation du programme de Bouteflika. Mais nous avons soutenu le processus pour la restauration de la paix et de la réconciliation, tout comme nous avons soutenu l’officialisation du tamazigh comme deuxième langue nationale, la renationalisation des hydrocarbures en 2006, parce que cela faisait partie de notre combat. Nous avons voté en faveur de la modification de la loi sur la nationalité, parce qu’elle consacrait l’égalité. A chaque fois, nous sommes partis de nos positions propres, des intérêts des larges couches, des intérêts de la nation. Pourquoi ne reconnaissez-vous pas, vous et ces «certains» que c’est Abdelaziz Bouteflika qui a changé de politique et non pas le PT ? C’est lui qui a corrigé sa position sur le tamazight, son orientation économique, qui a renationalisé après avoir dénationalisé les mines en 2001 et les hydrocarbures en 2005, qui a reconnu l’échec des privatisations et du partenariat avec l’étranger en 2008, et qui, dans les LFC de 2009 et 2010, a apporté des correctifs très importants, qui correspondent à nos combats. Et c’est la raison pour laquelle nous les avons soutenus, aucun autre parti n’a engrangé autant de victoires que le nôtre. Le PT combat, mobilise, pour changer la nature de ce régime, restituer la parole au peuple pour qu’il exerce sa souveraineté pleine et entière. Si le PT a présenté un candidat à la présidentielle en 2004, en 2009 et en 2014 et si déjà en 1999, il n’a pas soutenu la candidature de Bouteflika, mais a appelé à voter sur la base d’un bulletin de vote que nous avions nous-mêmes confectionné, c’est une preuve d’indépendance. Le PT est resté conséquent depuis sa fondation, il cherche des solutions nationales.
- Vous situez-vous dans l’opposition ou à la périphérie du pouvoir ?
Qu’est-ce que vous entendez par la périphérie du pouvoir ? Parce que c’est un nouveau concept de classement des partis politiques, qui est étrange. D’abord, qu’est-ce que l’opposition ? On a déjà entendu des partis dire : «Nous sommes dans le gouvernement mais nous sommes aussi dans l’opposition.» Il y a ceux qui sont entièrement d’accord avec la politique du gouvernement, mais comme on ne leur a pas proposé de portefeuilles ministériels, ils se proclament opposants. Mais ça, ce n’est pas l’opposition ! Si nous étions, comme vous le dites, à la périphérie du pouvoir, nous aurions tout simplement accepté d’être au gouvernement. On nous l’a proposé plusieurs fois. Mais nous avons refusé parce que nous ne pouvons pas être dans une sorte de patchwork, un gouvernement dans lequel il y a tout et son contraire. Dans lequel il y a des ministres qui sont pour la souveraineté, d’autres pour la dépendance à l’égard de l’extérieur. Pouvez-vous imaginer que nous puissions accepter d’être dans le même gouvernement que Chakib Khelil, Temmar et tous ceux qui ont démoli l’économie nationale ? Partager le pouvoir avec des partis obscurantistes qui sont pour l’oppression des femmes ? Le PT a un programme très clair : nous exercerons le pouvoir lorsque nous aurons la majorité. A ce moment-là, nous mettrons en œuvre notre projet de société. En attendant, nous revendiquons le droit de nous exprimer en toute indépendance.
- Comment interprétez-vous la sortie de Mouloud Hamrouche, qui se présenterait comme une option possible si le système ne se mettait pas d’accord sur un candidat ?
Il s’agit d’un communiqué émanant d’une personne, qui représente sa personne. Peut-être qu’il a des ambitions, peut-être pas. Nous avons lu son communiqué alambiqué. A un moment donné, il faudra bien discuter du bilan et des responsabilités collectives et individuelles de ceux qui ont poussé notre pays dans la tragédie nationale, qui ont mis notre pays dans les griffes du FMI et il en fait parti.
Nous sommes pour la liberté de candidature mais toutes les conditions doivent être réunies pour que le peuple algérien exerce son libre arbitre et qu’il choisisse entre les programmes. Faute de quoi, nous sombrerons dans le chaos. Cette fois-ci, nous ne pourrons pas y échapper. Nous sommes à la veille de la date limite du dépôt des dossiers de candidature. Le Président a, dans son communiqué, suite au crash tragique de l’avion militaire, mis les points sur les «I», en demandant aux courtisans et à la clientèle de cesser de parler en son nom, en interdisant l’instrumentalisation de l’ANP à des fins électoralistes et a condamné fermement toute atteinte à l’unité de l’armée. L’élément déterminant n’est pas que le Président se présente ou pas, mais la nature du scrutin : est-ce qu’il va permettre aux Algériens de s’exprimer librement, est-ce qu’il va préserver notre pays des tentatives d’ingérence extérieure ? Nous nous battons pour qu’il y ait une issue positive.
Nous avons interpellé le président de la République, lui demandant de stopper l’engrenage qui a été actionné contre l’intégrité de l’Etat et la souveraineté nationale via une offensive sans précédent ciblant la cohésion et l’unité de l’ANP.
Le président de la République vient de réagir avec force à l’occasion de la Journée du chahid, identifiant les auteurs de l’opération qui vise à déstabiliser le pays et à le fragiliser vis-à-vis de l’étranger et les sommant de cesser leurs manigances. Pour nous, le communiqué du chef de l’Etat est un rappel à l’ordre ferme, un verdict sans appel quant aux desseins des responsables concernés. Le président de la République a également abordé la question de la présidentielle, il incombe donc aux institutions concernées qu’il a cité, d’assurer les conditions politiques pour que ces élections soient irréprochables afin de restituer la confiance aux Algériennes et aux Algériens et d’immuniser par la même notre pays.
- Certains vous reprochent de ne pas avoir adapté votre discours idéologique aux évolutions du monde. Dans vos interventions, vous affirmez régulièrement que l’Algérie est menacée par un complot impérialiste…
Mais ces détracteurs dont vous parlez, j’ai l’impression qu’ils vivent sur une autre planète que la Terre ! Au moins depuis 2008, depuis que s’est déclarée une crise sans précédent – de par son étendue et de par sa violence, cette crise est incomparable à la crise de 1929 – du système capitaliste mondial. Ces gens-là n’ont-ils pas entendu parler des tragédies en Europe ? De pays entièrement engloutis par la crise à l’instar de la Grèce ? De millions de personnes chassées de leur domicile aux Etats-Unis et de centaines de milliers d’Espagnols jetés à la rue ? Des attaques sauvages contre les salaires, les retraites, les emplois, de ces licenciements par millions, de la désertification industrielle ? Mais ils vivent où ? Même les BRICS, (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) s’enfoncent dans la crise. Ils sont touchés de plein fouet parce que leurs économies sont complètement arrimées à l’économie mondiale. Mais où vivent ces détracteurs-là pour ne pas constater que si l’Algérie s’en est sortie, tant bien que mal, c’est parce qu’heureusement notre économie n’est pas totalement intégrée à l’économie mondiale ? Qu’on n’a pas tout privatisé – surtout les banques – et qu’on a renationalisé les hydrocarbures, ce qui permet à l’Etat algérien de promouvoir une politique plus ou moins indépendante, d’exercer des attributs de souveraineté. Aujourd’hui même des Américains, des cinéastes, des militants politiques, syndicaux, parlent de l’impérialisme américain ; des présidents de droite se remettent à lire Karl Marx, ce sont ces gens dont vous parlez qui vivent en dehors du temps et de l’espace. Un système est à l’agonie et quand un système est à bout de souffle, il se retourne en son contraire. Que nous offre le système capitaliste aujourd’hui ? Des guerres, des interventions militaires partout pour relancer l’industrie d’armement, organiser la dislocation des nations. Ce qui se passe en Irak, au Yémen, en Syrie, au Liban, en Egypte, au Mali, en Centrafrique, en Libye, est-ce une vue de l’esprit, une phobie du PT ou une réalité qui confirme l’existence du plan de Grand Moyen-Orient américain, annoncé en 2003 et dont on a trouvé une première partie, le NMO sous forme de plan de dépeçage des nations, diffusée en août 2006 sur le site de l’armée américaine ?
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