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Bangui paralysé, entre violences et désillusion

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  • Bangui paralysé, entre violences et désillusion

    Les habitants de Bangui, la capitale centrafricaine, ont connu hier une nouvelle matinée de violences. Un début de journée ponctué de tirs à l’arme lourde et d’explosions dans plusieurs quartiers, notamment près de l’aéroport, dont l’accès était bloqué par une multitude de barricades érigées par les jeunes du quartier et des membres des milices chrétiennes anti-balaka. Huit personnes auraient été tuées et une vingtaine blessées, selon une source médicale.



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    Cette poussée de violence, qui a paralysé une partie de la ville, découle d’incidents survenus la veille au soir dans le quartier de Boy Rabé, l’un des principaux fiefs des anti-balaka, entre membres de la milice et militaires de la Misca, la force africaine. Un militaire français a été blessé par balles lors de l’intervention, mais ces jours ne sont pas en danger.

    Convoi. Hier matin, la situation s’est à nouveau tendue avec le départ d’un convoi de musulmans vers le Tchad, escorté par l’armée d’Idriss Déby. «Les Tchadiens tirent à vue sur les gens, affirme le secrétaire général du gouvernement de transition, Gaston Mackouzangba. Je ne sais pas à quoi ils jouent, mais ils jouent avec le feu.»

    Les représentants du gouvernement de transition de Centrafrique, dont une ministre, ont dû quitter à la hâte, quelques heures plus tard, l’hôpital communautaire de Bangui. Venus s’adresser aux blessés et à leurs familles, ils en sont repartis sous les huées de la foule. «Mon fils a reçu une balle perdue alors qu’il était simplement assis près de notre concession, dénonce une mère de famille. Que fait le gouvernement ? On n’a plus rien à manger dans les quartiers, on souffre. Et qui va soigner mon fils ? Ils nous disent que les Blancs de l’hôpital vont le soigner. A quoi servent-ils alors ? S’ils sont incapables de nous gouverner, qu’ils démissionnent !»

    La Centrafrique s’enfonce un peu plus dans l’instabilité et la violence, entre la désillusion de la population civile envers un gouvernement de transition dont ils espéraient un retour rapide au calme, l’incompréhension face à l’attitude des militaires tchadiens et la frustration immense des anti-balaka qui pensaient incarner les libérateurs contre les ex-rebelles de la Séléka (à l’origine du coup d’Etat de mars 2013) et qui se retrouvent aujourd’hui pointés du doigt. «Les anti-balaka parviennent à mobiliser sur un thème simple : nous avons chassé les Séléka et maintenant on veut nous désarmer alors qu’on ne désarme pas le camp d’en face, estime Gaston Mackouzangba, qui plaide pour un changement de communication du gouvernement de transition présidée par Catherine Samba-Panza. Ce n’est pas avec une politique du silence que nous allons changer tout ça.»

    Faim. Les anti-balaka, par la voix de leur porte-parole, Emotion Brice Namsio, nient être à la manœuvre. «Ce ne sont pas les anti-balaka, mais toute la population qui est mécontente. Les Tchadiens leur tirent dessus à leur passage. […]Nous ne sommes pas des voyous, nous demandons un retour au calme.»

    Au-delà de cette violence persistante, un nouveau facteur inquiète les observateurs sur place : la faim. Malgré le déploiement des forces internationales (Sangaris et Misca), l’axe routier entre le Cameroun et la Centrafrique n’est pas encore totalement sécurisé. Pas suffisamment, en tout cas, pour y faire circuler des camions de vivres. Et les musulmans, qui contrôlaient le commerce, quittent massivement la ville, victimes de l’épuration confessionnelle. Alors que l’inflation croît de manière exponentielle, les stocks se vident à vue d’œil

    libération
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