Par : Mustapha Hammouche
Des éléments d’un réseau de recrutement de volontaires pour le djihad en Syrie ont été arrêtés dans la région de Constantine et de Tébessa. La presse rapporte que, selon les aveux des prévenus, ils auraient déjà expédié quelque quarante-trois jeunes, dont une dizaine de filles, vers le théâtre des opérations.
La guerre sainte en Syrie jouit d’une popularité manifeste auprès d’une certaine jeunesse : les pays du Maghreb ont fourni, pour chacun, entre un millier et quelques centaines de djihadistes aux organisations terroristes engagées dans la guerre de Syrie. Des pays d’Europe, la Grande- Bretagne, la Belgique et la France, en particulier, ont aussi vu des centaines de leurs jeunes ressortissants succomber à l’attrait du front anti-Bachar. Le détournement islamiste des révoltes populaires en pays musulmans semble offrir à la nébuleuse terroriste de providentielles opportunités de recrutement international.
Craints mais tolérés comme alliés sur le champ de bataille, les groupes terroristes ont trouvé en l’internet un moyen efficace, et presque imparable parce que discret, de mettre en œuvre leurs stratégies de recrutement.
C’est, timidement, que les gouvernements concernés, en Europe, évoquent ce siphonage de ressources qui, à long terme, consolidera la capacité de nuisance internationale d’Al-Qaïda. Dans la mesure où ils n’ont pas encore pu concevoir la riposte au procédé numérique et personnalisé de recrutement, et où la priorité politique reste celle d’affaiblir le régime d’Al Assad, pas ses assaillants. Quant aux pouvoirs d’Afrique du Nord, préoccupés par la menace terroriste à domicile, ils n’ont pas la ressource de s’occuper des terroristes qui partent. Même s’il entretiennent une lutte a minima contre ces “voyages organisés”, ils préfèrent, à l’instar de leurs homologues européens, sous-estimer l’ampleur du phénomène.
Quand les Tunisiens avaient découvert que des dizaines, voire des centaines, de jeunes ressortissantes étaient parties faire le djihad sexuel, ils avaient commencé par minimiser la tragédie. Si l’activité du réseau de recrutement de djihadistes des deux sexes découverte à l’est du pays se confirme, cela signifierait que de jeunes Algériennes commencent, à leur tour, à emprunter le canal de la débauche halal. On savait que la guerre sainte n’était pas seule à motiver l’engagement terroriste, mais il est plutôt inédit qu’elle puisse mener des filles, en nombre, à s’offrir en objets à plaisir aux combattants de la cause.
Des sociétés sourcilleuses quand elles sont invitées à assumer la question naturelle de la libido ne peuvent qu’être assommées d’apprendre que quelques-unes de leurs filles se rendent si loin, et en pleine barbarie, “pour un peu de tendresse”. Convaincues qu’elles sont que la culture pourrait soumettre la nature, ces sociétés ne voient pas la tragédie qu’elles génèrent du seul fait de leur hypocrisie. Paradoxalement, c’est en épousant, par tactique conciliatrice, la “morale” des islamistes, que des États et des sociétés poussent leurs jeunesses dans les griffes de terroristes barbares. Et c’est parce qu’un jour un État a pris en charge l’application de leur fetwa pour la chasteté, qu’il a crédibilisé leur fetwa pour le djihad du sexe.
Mais de la même manière que les épreuves passées, les leçons de la guerre de Syrie resteront vaines.
M. H.
Des éléments d’un réseau de recrutement de volontaires pour le djihad en Syrie ont été arrêtés dans la région de Constantine et de Tébessa. La presse rapporte que, selon les aveux des prévenus, ils auraient déjà expédié quelque quarante-trois jeunes, dont une dizaine de filles, vers le théâtre des opérations.
La guerre sainte en Syrie jouit d’une popularité manifeste auprès d’une certaine jeunesse : les pays du Maghreb ont fourni, pour chacun, entre un millier et quelques centaines de djihadistes aux organisations terroristes engagées dans la guerre de Syrie. Des pays d’Europe, la Grande- Bretagne, la Belgique et la France, en particulier, ont aussi vu des centaines de leurs jeunes ressortissants succomber à l’attrait du front anti-Bachar. Le détournement islamiste des révoltes populaires en pays musulmans semble offrir à la nébuleuse terroriste de providentielles opportunités de recrutement international.
Craints mais tolérés comme alliés sur le champ de bataille, les groupes terroristes ont trouvé en l’internet un moyen efficace, et presque imparable parce que discret, de mettre en œuvre leurs stratégies de recrutement.
C’est, timidement, que les gouvernements concernés, en Europe, évoquent ce siphonage de ressources qui, à long terme, consolidera la capacité de nuisance internationale d’Al-Qaïda. Dans la mesure où ils n’ont pas encore pu concevoir la riposte au procédé numérique et personnalisé de recrutement, et où la priorité politique reste celle d’affaiblir le régime d’Al Assad, pas ses assaillants. Quant aux pouvoirs d’Afrique du Nord, préoccupés par la menace terroriste à domicile, ils n’ont pas la ressource de s’occuper des terroristes qui partent. Même s’il entretiennent une lutte a minima contre ces “voyages organisés”, ils préfèrent, à l’instar de leurs homologues européens, sous-estimer l’ampleur du phénomène.
Quand les Tunisiens avaient découvert que des dizaines, voire des centaines, de jeunes ressortissantes étaient parties faire le djihad sexuel, ils avaient commencé par minimiser la tragédie. Si l’activité du réseau de recrutement de djihadistes des deux sexes découverte à l’est du pays se confirme, cela signifierait que de jeunes Algériennes commencent, à leur tour, à emprunter le canal de la débauche halal. On savait que la guerre sainte n’était pas seule à motiver l’engagement terroriste, mais il est plutôt inédit qu’elle puisse mener des filles, en nombre, à s’offrir en objets à plaisir aux combattants de la cause.
Des sociétés sourcilleuses quand elles sont invitées à assumer la question naturelle de la libido ne peuvent qu’être assommées d’apprendre que quelques-unes de leurs filles se rendent si loin, et en pleine barbarie, “pour un peu de tendresse”. Convaincues qu’elles sont que la culture pourrait soumettre la nature, ces sociétés ne voient pas la tragédie qu’elles génèrent du seul fait de leur hypocrisie. Paradoxalement, c’est en épousant, par tactique conciliatrice, la “morale” des islamistes, que des États et des sociétés poussent leurs jeunesses dans les griffes de terroristes barbares. Et c’est parce qu’un jour un État a pris en charge l’application de leur fetwa pour la chasteté, qu’il a crédibilisé leur fetwa pour le djihad du sexe.
Mais de la même manière que les épreuves passées, les leçons de la guerre de Syrie resteront vaines.
M. H.
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