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L’affaire Munir provoque en Indonésie un scandale politique

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  • L’affaire Munir provoque en Indonésie un scandale politique

    Munir Said Thalib était un défenseur des droits de l'homme en Indonésie et il avait trouvé la mort dans un avion. A la suite de son autopsie, l'empoissenement à l'arsenic a été découvert. On a pus trouver son asssassin et il a été arrêté seulement le voici qui vient d'être acquitté de ce meurtre et cette libération provque heureusement des remous d'autant plus que les services secrets indonésiens sont soupçonnés dans cette affaire. Etre une colombe c'est vraiment être une cible.

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    Le 15 septembre 2004, Munir Said Thalib, 38 ans, embarque dans un avion de la compagnie indonésienne Garuda. Il se rend aux Pays-Bas pour suivre un programme universitaire de droit. On le retrouve mort à son arrivée à Amsterdam. L’autopsie dira qu’il a été empoisonné à l’arsenic. Les premiers soupçons se portent sur les services secrets indonésiens. Munir avait critiqué les atrocités commises par les militaires de son pays au Timor oriental, une île occupée par Jakarta jusqu’en 1999. Il avait aussi fondé la Commission des victimes de la violence (Kontras), une organisation dénonçant les «exécutions extrajudiciaires» en Indonésie. Ces activités lui avaient attiré de solides inimitiés dans les services de sécurité et la classe politique.

    L’enquête est menée par le ministère public mais le président Susilo Bambang Yudhoyono, un général à la retraite, accepte d’y associer une commission indépendante d’avocats et d’activistes des droits de l’homme. Un an plus tard, le procureur expose ses conclusions. Le coupable est Pollycarpus Priyanto, un pilote de Garuda qui se trouvait dans le même avion. Il aurait invité Munir, qui se trouvait en «classe économie», a venir s’installer avec lui en «première classe». Il aurait agi seul et mis l’arsenic dans le verre de jus d’orange de Munir. Pour le procureur, le mobile du crime est simple : Pollycarpus est un «patriote zélé» qui percevait Munir comme une menace pour l’Etat. L’argument ne convint personne et surtout pas la commission indépendante qui démissionne en bloc. Elle dénonce l’implication des services secrets avec lesquels Pollycarpus aurait eu des conversations téléphoniques avant l’assassinat.

    Mais le tribunal suit le réquisitoire du procureur. Le 20 décembre 2005, Pollycarpus est condamné à 14 ans de prison. Les juges reconnaissent que l’accusé a «passé des coups de téléphone réguliers à une personne qui pourrait être membre des services secrets», mais ils n’en tirent aucune conclusion. Les services secrets, dont certains responsables ont refusé d’être interrogés durant l’enquête, sont donc blanchis. Comprenant sans doute qu’il a été piégé, Pollycarpus se pose en «bouc émissaire» et propose d’échanger sa «vérité contre une protection et une amnistie.». Il décide finalement de garder le silence et de faire appel. Cette stratégie porte ses fruits. La Cour suprême l’acquitte finalement en invoquant un manque de preuve. Elle le condamne quand même à deux ans de prison pour falsification de document. Pollycarpus avait en effet produit un document qui attestait que la compagnie Garuda lui avait ordonné de prendre le même avion que Munir. Or, le document serait un faux selon les juges.

    Les associations et la presse réclament la vérité

    Le verdict, rendu mercredi dernier, a provoqué une vague d’indignation dans les milieux associatifs indonésiens. «Ce verdict n’a aucun sens si ce n’est celui de protéger l’état major militaire et les services secrets», accuse Asmara Nabatan, un des avocats de Munir. «Pollycarpus n’aurait pas eu besoin de falsifier un document s’il était innocent. De plus, il n’a pas pu agir seul. Un passager d’un avion voyageant en classe économie n’a pas le droit de se rendre dans la cabine première classe même s’il y est invité par un autre passager. L’équipage de l’avion a laissé faire, ce qui montre bien qu’il avait reçu des ordres.»

    Le ton monte également dans la presse qui réclame que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Certains médias suggèrent même ouvertement que Yudhoyono a fait lui même pression sur les juges de la Cour suprême pour protéger les commanditaires du meurtre. Le président a répliqué en mandatant une nouvelle commission d’investigation. «C’est un simple exercice de relations publiques», affirme Patra Zen, le directeur de la Fondation de l’aide judiciaire indonésienne. «Le président fait la même promesse depuis deux ans mais nous avons désormais la conviction qu’il n’a aucune intention de laisser l’enquête se dérouler librement.» Selon lui, l’affaire Munir met en évidence les limites actuelles de la transition démocratique engagée depuis la chute de Suharto, le général-président qui a gouverné l’archipel d’une main de fer jusqu’à sa destitution forcée en 1998. «Les proches de Suharto occupent encore des postes clefs au sein des services de sécurité. Ils n’ont pas renoncé à leur méthode passée et bénéficient encore d’une large impunité.»

    Par RFI
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