Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le Maroc visé par deux plaintes pour torture

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le Maroc visé par deux plaintes pour torture

    Le militant sahraoui Naâma Asfari, marié à une Française, aurait été battu et affamé dans les prisons de Laayoun, au Sahara occidental, en novembre 2010. Son avocat porte plainte devant le tribunal de grande instance de Paris et à l'ONU.

    Le Sahara occidental, ce territoire désertique que se disputent âprement le Maroc et les indépendantistes sahraouis depuis le départ des colons espagnols en 1976, s'invite devant la justice française et internationale. Le 20 février, Me Joseph Breham a déposé une plainte devant le doyen des juges d'instruction parisiens, Sylvia Zimmerman, au nom du militant sahraoui Naâma Asfari, de son épouse française, Claude Mangin, et de l'association Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat). Son client aurait été victime de tortures et d'autres peines et traitements cruels, inhumains et dégradants entre les mains de la gendarmerie et de la police chérifiennes, en novembre 2010 -des tortionnaires dont les noms figurent noir sur blanc dans la plainte. Parallèlement, l'avocat parisien et l'Acat ont également porté plainte contre le Maroc devant le Comité contre la torture des Nations Unies, à Genève.

    Arrêté avant l'assaut

    Au mois d'octobre 2010, 20 000 Sahraouis dressent un village de tentes traditionnelles, baptisé "camp de la fierté et de la dignité", à une douzaine de kilomètres de leur capitale, Laâyoune, pour réaffirmer leur droit à l'auto-détermination. Le 7 novembre, Naâma Asfari est à Laayoun pour accueillir des Français, dont le député Jean-Paul Lecoq, alors député communiste de Seine-Maritime. Il doit les emmener visiter le camp de toile. Le vétéran de la lutte pour l'indépendance et coprésident du Corelso (Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental) n'en aura pas le temps : Le soir même, il est arrêté et conduit au commissariat de la ville. Menotté, les yeux bandés, il est violemment frappé et subi le supplice de la falaqa (des coup portés sur la plante des pieds). Il est transféré le 8 novembre à la gendarmerie de Laâyoune, où il est privé d'eau et de nourriture pendant cinq jours et obligé de rester assis, les mains attachés dans le dos, malgré les douleurs qui lui déchirent le corps. Le 8 novembre, policiers et gendarmes lancent l'assaut contre le campement des Sahraouis pour déloger les manifestants. Onze membre des forces de l'ordre perdent la vie dans les échauffourées.

    Asfari, coutumier des séjours dans les geôles du Royaume, assure ne jamais avoir signé d'aveux, ni au commissariat, ni à la gendarmerie. "Mais on l'a contraint, sous la menace de la torture, à apposer son paraphe sur un document qu'il n'a pas pu lire, indique son défenseur, Me Breham. Ensuite, la police judiciaire a présenté au juge d'instruction militaire un procès-verbal consignant ses aveux et prétendument signé par lui."

    Trente ans d'emprisonnement

    En février 2013, le tribunal militaire de Rabat a condamné Naâma Asfari à trente ans de prison pour "constitution d'une bande criminelle et complicité de violence avec préméditation ayant entraîné la mort d'agents des forces publiques dans l'accomplissement de leurs fonctions." A ses côtés, 24 autres militants sahraouis ont écopé de lourdes peines à l'issue de ce procès qualifié de "vicié à la base" par Amnesty International

    "A travers le cas de Naâma Asfari, nous appelons le Comité contre la torture des Nations Unies à condamner le phénomène tortionnaire et l'impunité au Maroc ; souligne Hélène Legeay, responsable Maghreb/Moyen-Orient à l'Acat. Une condamnation encouragerait les autres victimes sahraouies et marocaines à porter plainte devant l'ONU jusqu'à ce que le Royaume décide de rendre justice lui-même."

    L'EXPRESS
    Par Anne Vidalie, publié le 20/02/2014
    Dernière modification par icosium, 21 février 2014, 19h51.
    "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)
Chargement...
X