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Journée nationale du chahid- Khelil Amrane et ses compagnons honorés au douar Ikhedjane, près de Sidi Aïch

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  • Journée nationale du chahid- Khelil Amrane et ses compagnons honorés au douar Ikhedjane, près de Sidi Aïch

    A l’occasion de la Journée du chahid, l’exécutif de l’APC de Tifra, l’ONM et l’ONEC de la commune ont commémoré la mort au champ d’honneur de Khelil Amrane et de ses 15 compagnons le 6 novembre 1961, au douar Ikhedjane, près de Sidi Aïch.
    Cette cérémonie fut rehaussée par la présence du wali de Béjaïa, du président de l’APW et du chef de la daïra de Sidi Aïch.
    Agsous Mohamed Arab, ancien officier de l’ALN, l’un des deux rescapés de cette opération, a expliqué à l’assistance les conditions de cette hécatombe dans l’infirmerie de la région. Il précisera que sur dénonciation, quatre abris où étaient réfugiés des blessés et des malades furent découverts par l’ennemi ; ils furent encerclés à partir de 8h30 par un dispositif important de l’armée française.
    Dans l’abri où se trouvait le sous-lieutenant Agsous Md Arab, il y avait un djoundi de son escorte, son neveu Belkacem, un ancien sergent de la compagnie 324 devenu commissaire politique du secteur et Touala Mohamed Ouidir. Après quelques tentatives de pourparlers par des officiers français pour les faire décider à se rendre, la réponse fut donnée par un feu nourri des moudjahidine. Pour eux, il n’était pas question de faillir et de trahir les traditions de l’ALN. C’est alors que des grenades furent lancées à l’intérieur ; les moudjahidine, malgré leur insuffisance en hommes et leur très faible armement, doivent tenter le tout pour le tout afin de briser l’encerclement.
    Un accrochage s’en est suivi aussitôt. Depuis l’abri, Agsous Mohamed Arab (armé d’une carabine US), son neveu Belkacem (avec une mitraillette MAT 49) et son escorte (avec un fusil MAS 36) se relayaient pour contenir les soldats. Chacun brûlait les diverses listes, les documents et une somme de 3 millions de centimes, alors que les soldats français étaient en position de force. Déjà Agsous Belkacem fut grièvement touché à l’abdomen ; son PM fut alors remis à un autre djoundi pour le remplacer.
    Vers 11h, soit après trois heures d’accrochage, il fallait songer à sortir de cet enfer. Le sous-lieutenant Agsous élabora un plan d’attaque : il ordonna à son escorte de lancer une grenade à fusil à l’extérieur afin de provoquer la panique chez les assaillants ; aussitôt, ils foncèrent hors de la souricière, malgré un feu nourri ; après le djoundi d’escorte, Si Mohamed Arab s’engagea, suivi de Toualah Mohamed Ouidir.
    Le premier tomba sur place, les deux autres, tout en tirant, réussirent à s’en sortir. Ils n’en croyaient pas leurs yeux ! Ils se précipitèrent sur Ighzer El Hamam et là, ils se retrouvèrent nez à nez avec une patrouille de soldats. Un accrochage s’ensuivit, mais sans perte des deux côtés, sauf que Agsous Md Arab fut blessé au bras. L’essentiel, c’est qu’ils étaient sains et saufs.
    Pendant ce temps, dans les autres abris, l’aspirant Khelil Amrane et ses compagnons, dans leur tentative, tombèrent tour à tour dans les mêmes conditions. Sauf miracle, il leur était très difficile de sortir vivants de cette souricière.
    Après cet encerclement, il fallait faire le bilan. Il est très lourd : 15 moudjahidine dont la plupart étaient blessés ou malades en traitement, ont péri, à 5 mois seulement du cessez-le-feu et à la fleur de l’âge. Les 6 blessés graves en traitement dans l’infirmerie sont portés disparus.
    Heureusement que trois djounoud chargés de l’intendance et trois autres chargés de la protection n’étaient pas rentrés la veille, comme prévu.
    Quelques semaines auparavant, l’aspirant Khelil Amrane était muté pour nous rejoindre en Région 3 comme adjoint politique. Le colonel Si Mohamed Oulhadj avait décidé de mettre ses compétences dans d’autres domaines alors qu’il avait toujours occupé des postes de responsabilité dans les services de santé de l’ALN. Il s’agit là d’une preuve de confiance, car l’aspirant Khelil Amrane de par ses compétences et son expérience dans les maquis, était en mesure d’assurer des fonctions plus importantes dans le cadre de la réorganisation de nos structures après l’opération «Jumelles». Mais le destin en a décidé autrement.
    Une stèle à la mémoire de ces martyrs érigée non loin de l’infirmerie où tombèrent ces héros fut inaugurée par les autorités de la wilaya, en présence d’une centaine de moudjahidine qui ont tenu à assister à cet hommage, malgré le poids des années qui les ont marqués.
    La population de la région et, parmi elle, des jeunes notamment a tenu à participer à cette journée du souvenir. Le plus émouvant, ce fut la présence des familles des 15 disparus ; il y avait les deux frères et les deux sœurs de Khelil Amrane, des veuves, des enfants et des petits-enfants des disparus.
    Ainsi, Khelil Amrane a rejoint Abdellatif et Abbas, ses deux frères déjà tombés au champ d’honneur. C’est dire le lourd tribut payé par cette famille à l’indépendance de l’Algérie.
    Au fur et à mesure des témoignages, des larmes coulaient silencieusement sur les visages d’où se lisait la douleur, notamment de ceux des proches de ces héros tombés très jeunes, ainsi que de certains anonymes gagnés par la tristesse de tous ces souvenirs.
    Comme pour respecter ces moments de communion, il y eut de brèves prises de parole. Des médailles furent distribuées aux familles de nos héros, afin de marquer cet événement et de perpétuer leur souvenir.
    Cinq mois plus tard, ce fut le cessez-le-feu ; le traître à l’origine de la dénonciation n’aura pas survécu longtemps. Il fut exécuté pour lui faire payer sa trahison.
    Djoudi Attoumi
    Ancien officier de l’ALN. Ecrivain.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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