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Said Sadi au forum de Liberté

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  • Said Sadi au forum de Liberté



    "L'image du pays est cassée pour plusieurs générations"
    Par : Rédaction WEB/ LIBERTÉ

    Said Sadi a été l'invité, ce mardi, du forum de Liberté (photo). Voici quelques déclarations de l'ex-président du RCD :

    - "Il n'y pas de différent entre le DRS et Bouteflika(...) le problème entre eux c'est la rente"

    - "Le conseil constitutionnel avait le devoir d'appliquer l'article 88"

    - "Le conseil constitutionnel devait s'auto-saisir"

    - "L'image du pays est cassée pour plusieurs générations"

    - "On a problème de système pas de clans"

    - "Amar Saâdani a le droit, en tant qu'algérien, de s'exprimer"

    - " Amar Saâdani a le droit de demander le bilan des services de sécurité"

    - "Les débats sont empoisonnés"

    - "Oui pour un service de renseignement puissant(...)mais non pour un service qui contrôle tout"

    - "Rien, en dehors de l'avis médical, n'interdit à Bouteflika de se présenter"

    - En évoquant son "avenir" politique Said Sadi a déclaré : "je suis en retrait pas en retraite..."

    La bande sonore et des photos de la conférence-débat seront publiées sur notre site (www.liberte-************) en cours de journée et encore plus de détails dans l'édition de Liberté de demain.

    Rédaction WEB/LIBERTÉ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Saïd Sadi plaide pour une transition politique en Algérie

    La seule chose qui reste à faire maintenant est de « disqualifier » l’élection présidentielle à travers une « abstention massive ».


    L’Algérie est dans une « impasse historique », a estimé Saïd Sadi, lors de son passage ce mardi au forum du quotidien Liberté. Et pour sortir le pays de cette situation, il faut aller vers une « phase de transition » durant laquelle le pouvoir politique sera confié à un « collège de personnalités nationales qui ne peuvent pas concourir à des postes de responsabilité ».

    Ce collège de personnalités se chargera de l’élaboration d’une nouvelle Constitution « consensuelle » avant de passer à l’organisation des élections présidentielle et législatives. L’ancien président du RCD a souligné que le pouvoir en place peut être associé dans cette démarche de dialogue national en tant que « partie » et non pas en qualité de « tuteur ou d’arbitre ».

    Saïd Sadi considère que le débat politique en cours actuellement dans le pays est « empoisonné ». Au lieu de focaliser sur « les garanties de transparence » du prochain scrutin, le débat est dirigé sur le quatrième mandat. « Le coup est parti le jour où l’on a violé la constitution pour permettre à Bouteflika de briguer un troisième mandat », a-t-il dit à ce propos. Il a rappelé que les députés du RCD, étaient les seuls au sein du Parlement algérien à s’être opposés à la levée de la limitation des mandats, opérée dans le cadre de l’amendement de la loi fondamentale en 2008.



    Candidats "fous"

    Selon lui, la seule chose qui reste à faire maintenant, est de « disqualifier » l’élection présidentielle d’avril prochain à travers une « abstention massive ». Les candidats doivent se « retirer » et laisser Bouteflika faire la course tout seul. Le chef de l’Etat sortant ne peut pas tenir le coup comme il l’avait fait en 1999, lors du retrait de sept candidats, parce que le contexte a changé, a-t-il expliqué.

    Faisant allusion à Ali Benflis, l’ancien président du RCD s’est dit étonné par l’attitude de certains candidats qui maintiennent leur engagement dans la présidentielle en dépit de la « confiscation des institutions par la tribu de Bouteflika ». Il a cité les ministères de l’Intérieur et de la Justices ainsi que le Conseil constitutionnel, dirigés par des proches de Bouteflika.

    Pour lui, il n’y que deux hypothèses pour expliquer l’attitude des candidats en lice actuellement : « soit ils ont obtenu des promesses de la part de ceux qui distribuent les quotas, ou bien ils sont fous ».

    Selon la lecture faite par l’ancien leader du RCD, il n’y a pas de conflit entre le président et le service de renseignements. « C’est le DRS qui a ramené Bouteflika et c’est lui qui a bourrée les urnes pour lui. La Présidence et le DRS se sont mis d’accord sur la fraude et la corruption. Les différends entre les deux traitent uniquement du partage de la rente », a expliqué Saïd Sadi.


    Farouk Djouadi
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

    Commentaire


    • #3
      INTERVENTION DE SAID SADI AU FORUM DE LIBERTÉ DU 25 FÉVRIER 2014 (Texte integral)

      Monsieur le directeur, mesdames messieurs les journalistes, chers amis invités, bonjour,

      Monsieur le directeur, je vous remercie de m’avoir invité à votre forum, un des derniers espaces où le débat libre est encore possible.

      Cela va faire bientôt deux ans que je me suis déchargé de toute responsabilité politique en essayant de faire de sorte que cette décision soit aussi l’occasion pour accomplir un acte pédagogique prouvant que, dans nos contrées aussi, un parcours politique partisan pouvait se conclure de façon apaisée et féconde. Il fallait également démontrer que d’autres acteurs, plus jeunes, et qui ne sont pas ceux que les canons politiques formatant la responsabilité publique portent, existent et qu’ils peuvent assumer des charges confisquées par les générations qui les ont précédés. Et la crise en cours donne toute la mesure de cet immense malentendu qui veut que c’est dans la catégorie où prolifèrent les responsables de l’échec que doivent se recruter les artisans de son dépassement.
      Depuis deux ans, je suis en retrait mais pas en retraite. Je me suis acquitté de mes tâches et devoirs de militants de base et écouté, lu et écrit en tant que citoyen.
      Je rassure ceux qui s’agrippent au pouvoir, ce rôle n’est pas plus difficile ni moins intéressant que celui que confère la responsabilité de dirigeant.
      Dans cet intervalle, je me suis autorisé deux interventions publiques. L’une, parue dans le soir d’Algérie à l’occasion de l’université d’été du RCD au cours de laquelle les étudiants m’avaient demandé de faire une communication sur ce qui pouvait être retenu de l’Algérie de novembre et de la Soummam, preuve que la jeunesse est en demande d’information sur l’histoire nationale. L’autre a été publiée dans votre quotidien juste avant la visite du premier ministre français qui me semblait confirmer une relation attentatoire aux intérêts économiques et, surtout, symboliques de l’Algérie.

      J’ai accepté votre invitation aujourd’hui avec plaisir et devoir car, et je ne crois pas être le seul à le penser ou le dire, l’Algérie est en péril. Mais ce qui m’a encore plus déterminé à apporter ma part de vérité dans cette période, ce sont les termes du débat ou, plus exactement, de propagande actuelle. Quelques fois violemment polémiques, ce qui ne contribue pas à clarifier une situation complexe, tendue et confuse, les interventions sont, plus fréquemment, et c’est bien plus grave, délibérément biaisées, ce qui fait qu’au lieu de participer à sérier les enjeux, dévoiler les positions de chacun et distinguer les causes des effets, la logique reptilienne du système impose des paliers de discussion qui interdisent de sortir du champ clos des slogans fossilisés, de la manipulation et de la soumission.
      Le cerveau reptilien, c’est connu, est incapable d’évolution. Programmé pour des fonctions primaires, il est animé par la satisfaction immédiate de besoins élémentaires et réagit par la violence contre tout ce qui peut contrarier la prédation ou inciter à une adaptation des conduites et comportements.

      Cette réduction de la pensée à l’instinct ne facilite pas la recherche d’un compromis extérieur aux luttes claniques qui puisse nous extraire d’un tunnel où celui qui détient l’interrupteur est précisément le maître des ténèbres. La chose est vraie en toute circonstance, elle se vérifie encore plus chez nous où la confiscation ou le conditionnement communication s’avèrent être les moteurs les plus puissant de la crise. Et nous n’avons plus les moyens de jouer aux enfants gâtés du tiers monde qui dilapident, vilipendent et polémiquent sans produire. Il est vital de reprendre nos esprits, de refroidir la relation politique et d’ouvrir les yeux.

      Je ne suis pas venu ici pour rappeler les idées et les objectifs pour lesquels je me suis engagé en politique. Mon propos d’aujourd’hui est celui d’un citoyen inquiet des invectives qui accompagnent une dérive dont on ne semble pas appréhender les origines et, encore moins, les funestes conséquences.
      Tout le monde convient que la situation est grave voire compromise pour l’avenir de la nation. Pourtant, peu, trop peu de voix s’élèvent pour dire que cette malédiction ne tombant pas du ciel, il nous incombe une impérieuse obligation de regarder avec courage, intelligence et lucidité la situation avant qu’il ne soit trop tard. Interdire ou fausser le débat loyal par calcul, peur ou ignorance, sur les causes de notre déchéance équivaut à condamner l’Algérie à une désintégration inéluctable.
      Les exemples de la violence latente alimentée par des haines savamment entretenues sont sous nos yeux. L’embargo fait sur la tragédie du Mzab est significatif des analyses borgnes qui brouillent les investigations qu’appellent les drames inhérents à une gestion violente où les pouvoirs parallèles supplantent toujours l’autorité formelle.
      Les fardages des réalités socio-politiques relayées par une mise sous tutelle de l’expression publique sont une des grandes menaces algériennes de l’heure.
      Beaucoup parlent de système, certains consentent même à le rejeter sinon le renier. Pour autant, l’essentiel des acteurs politiques et sociaux s’interdisent d’envisager une issue à nos problèmes en dehors de ce cadre.
      "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

      Commentaire


      • #4
        L’homme politique n’est sensible aux abus qui brident la vie publique que s’il en est exclus. L’observateur en défend les codes de communication tant que ses propres formulations ou intérêts sont épargnés. L’opérateur économique s’accommode très bien des travers du marché pour peu que ses réseaux échappent aux rigueurs de la loi. Le président de club sportif est prêt à toutes les compromissions s’il se sait intégré dans les compagnonnages hors compétition…

        Le système algérien existe bel et bien. Il a sa logique, ses méthodes, ses objectifs, ses acteurs et ses bénéficiaires. Une tripartie vient de se dérouler avec un syndicat et un patronat candidats historiques à la rente, excluant des organisations syndicales qui ont paralysé pendant un mois tout le système éducatif. Une loi non écrite mais intangible veut que tout intrus soit néantisé quelle que soit sa représentation ou sa légitimité s’il n’est pas reconnu par le logiciel systémique. Cela ne veut pas dire qu’il ne connait pas de turbulences internes. Comme dans tous les ordres mafieux, il peut y avoir des affrontements voire des amputations occasionnelles mais, au dernier moment, l’instinct de survie archaïque, la fameuse conduite reptilienne rivée sur les besoins primaires, développe l’agressivité qui permet la survie de l’espèce.

        La vraie question est de savoir si ces archaïsmes peuvent se reproduire longtemps.

        Cette logique de caste est redoutable car elle peut s’imposer aux esprits les plus brillants. L’instinct d’appartenance à la secte transcende les compétences individuelles et inhibe toute capacité critique. Un propos entendu comme incohérent, farfelu ou pernicieux dans un environnement autonome est rationalisé, légitimé voire sacralisé quand il émane du cadre systémique.

        On entend aujourd’hui une multitude voix s’élever contre le quatrième mandat auquel postule l’actuel chef de l’Etat; tous le trouvent humiliant, inadmissible et dangereux. Aucune de ces voix ne s’était élevée le jour où l’organe qui leur ordonne aujourd’hui de s’indigner de cette candidature, avait fait violer la constitution pour rendre possible ce qu’on leur enjoint de décrier sans discernement actuellement. C’est le même centre de pouvoir qui a sommé les parlementaires de ne s’absenter sous aucun prétexte pour voter la levée de la limitation des mandats qui orchestre l’hystérie de la condamnation de la présidence à vie. J’ai le souvenir que seuls les parlementaires du RCD, salués, il est vrai, par de très rares observateurs, avaient voter contre ce qui, mécaniquement, menait à la situation présente.

        L’appel à un minimum de décence pour lire en âme et conscience une séquence politique, dangereuse à maints égards, en vue d’en sortir au moindre coût reste inaudible. Et quand des observateurs en arrive à ce degré d’aveuglement c’est que les générations futures ont des soucis à se faire. Ces moments d’embrigadement des esprits sont les plus aléatoires dans l’histoire des peuples car ils peuvent accoucher de toute sorte d’avatars. Nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous pour sauver ce qui peut l’être.

        Comme tous les citoyens, j’ai entendu celles et ceux qui se préparent à la prochaine échéance électorale. Tous exigent le rejet du quatrième mandat, rares sont ceux qui assument la proposition d’une commission indépendante de surveillance des élections.

        Quelle différence peut-on établir entre celui qui est en poste et qui dit je ne céderai pas ma place et celui qui affirme, je cite, “je serai candidat quelles que soient les conditions” dans lesquelles se déroulera le scrutin ? En clair, cela veut dire : cette fois j’ai, moi aussi, de bonnes raisons de croire que le bourrage des urnes me sera favorable.

        Comment croire aux promesses de changement quand on passe par perte et profit la notion même de légitimité du pouvoir.

        Quelle différence peut-on établir entre un homme du système qui entend prolonger son bail en privatisant l’Etat et celui qui déclare qu’il ne concourra pas si le système présente son candidat? En clair, cela veut dire: ce qui se passe actuellement n’est pas intolérable par ce qu’il y a déni de citoyenneté, c’est intolérable par ce que je ne suis pas promu parrain de la secte.

        Comment peut-on dénoncer un pouvoir sans contre- pouvoir et appeler, dans le même souffle, l’armée à intervenir pour reprendre sa place d’épicentre de l’Etat tout en se proposant de monter dans ses tourelles ? Où sera le contre-pouvoir dans pareil schéma ? Une telle approche porte un nom: un putsch. De vertueux analystes, immergés dans la logique reptilienne, se sont contorsionnés pour subodorer et extraire des émanations rassurantes voire démocratiques d’un acte, par essence, liberticide.
        La question n’est pas d’accabler les auteurs de ces pensées aveugles. La situation est plus grave car ces faillites conceptuelles trouvent écho chez des hommes, par ailleurs capables de raison et même, pour certains, de fulgurance, pour se transformer en exégètes de l’irrationnel et du malheur.

        Comment peut-on être crédible aujourd’hui, condamner le bilan, effectivement catastrophique, d’un homme et passer sous silence le système et, pour être encore plus précis, l’instance qui l’a rappelé, maintenu par une succession de fraudes et même, nous venons de l’évoquer, violé la constitution pour lui permettre de continuer à sévir ?
        "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

        Commentaire


        • #5
          Suite

          Comment peut-on s’offusquer d’un constat d’insuffisance d’un service de renseignements, fut-il fait pour de mauvaises raisons, au motif qu’il y a critique d’une “institution”; ce qui, en l’occurrence, n’est pas le cas ( le DRS n’est pas une institution mais une structure relevant d’une institution), et se livrer aussitôt à des attaques contre d’autres instances officielles qui, elles, sont des institutions ?

          En quoi une institution devrait-elle, par principe, être indemne de critique ? En la matière, la seule chose qui mériterait attention c’est la nature des déficits pointés. Nul n’a contesté la chose.
          On ne débat pas aux services spéciaux rage-t-on !

          Des professionnels de la désinformation, incapables de tenir le débat, s’emploient à semer la confusion entre armée, services de renseignements et police police politique. Il n’est pas question de services spéciaux mais d’une pouvoir parallèle qui fait et défait, depuis l’indépendance, le régime algérien. Personne ne demande la divulgation de la liste des agents des antennes du DRS. Tout citoyen est en droit et en devoir d’exiger que ce service soit sous contrôle d’un pouvoir légitime et qu’il ne décide pas des quotas à distribuer dans chaque élection, ne s’immisce pas dans les affaires de partis, ne soumette pas la presse, ne s’occupe pas de la composition du gouvernement et encore moins du choix du chef de l’Etat…On est loin de l’expertise d’une intelligence qui veille à la sécurité de la nation et rend compte à sa tutelle.

          Il faut sonner l’alarme. Rarement les relais d’opinion, dont les rangs sont, il est vrai décimés par l’exil, l’usure ou la clientèlisation, n’ont été aussi puissamment encadrés.

          Oui le débat actuel est biaisé: il est malsain, grégaire, inefficace et, surtout dangereux car il tétanise l’Algérie dans le tabou, marécage où ont proliféré les régressions mortifères qui ont enseveli tant et tant de peuples.
          Mettre de la lumière et de la raison dans la communication algérienne est une urgence absolue. Le patriotisme, aujourd’hui, c’est de percer le brouillard de la déraison et du renoncement, matrice d’un asservissement fatal.

          Cette façon de se soumettre à une autorité uniquement par ce qu’on la croit puissante et qu’elle est invisible est porteuse de grands périls. Tout se passe comme si le citoyen était amené à une auto-persuasion qui fait de lui un coupable potentiel ou un client obligé. Chacun aurait quelque chose d’illégal voire d’illégitime à demander ou quelque chose de honteux à se faire pardonner, il est captif d’un pouvoir invisible dont il dépend pour l’éternité et devant lequel il doit être heureux de pouvoir se prosterner.

          Que de fois n’a-t-on vu dans l’Histoire des communautés émérites sombrer dans le chaos parce que le citoyen n’a pas usé de son libre arbitre pour peser sur son destin et que la conduite reptilienne l’a privé de voir clair, juste et loin.

          On entend dire ici et là dans des circuits parallèles que le moment est mal choisi pour entamer une démarche de rénovation, que le pays est fragile....

          A-t-on vu une fois des dirigeants algériens issus du système initier une ouverture sans qu’il y soient contraints et forcés. Le printemps amazigh de 1980 avait été diabolisé, la tragédie d’octobre 1988 a été manipulée. Au lieu d’ouvrir loyalement le champ politique, on a louvoyé et perverti les attentes: 15 personnes dotées de 2 millions de dinars pouvaient créer un parti. Pollué par de telles manoeuvres, le pluralisme était miné au départ. Le pouvoir avait beau jeu de gloser, par la suite, sur des hommes politiques incultes, cupides et irresponsables. Au lieu de subventionner les entreprises de presse en tant que structures impliquées dans le service public, on a octroyé deux années de salaire aux journalistes qui se sont retrouvés, à leur corps défendant, des obligés du gouvernement…

          Le régime algérien n’a fait de concessions que sous pression et les avancées démocratiques qui se sont imposées à lui sont arrivées par effraction. Octobre 88 nous enseigne que le système algérien ne peut pas et veut pas envisager une communauté de citoyens. Il est fait et vit avec une assemblée de clients. Depuis l’avortement tragique du retour de Boudiaf, les abandons des réformes de la justice, de l’école, de l’Etat annoncées au début des années 2000, le gâchis fait de l’embellie financière consécutive au renchérissement du baril sont venus invariablement attester de l’incapacité du système à se mettre au service de la nation et en phase avec le monde. La scénographie burlesque actuelle qui livre l’Algérie à la dérision universelle n’est que l’aboutissement d’une stratégie vouée à l’échec. Le passif est lourd. Ne nous ne réjouissons pas trop. Les conséquences de cet autisme sont terribles et, d’une façon ou d’une autre chacun de nous a sa part de responsabilité.
          "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

          Commentaire


          • #6
            Suite

            Nous devons agir vite, avec audace et responsabilité car c’est le statut quo qui provoque, et entretient la déchéance algérienne. La fragilité du pays est réelle et s’aggrave de jour en jour. Elle vient de la censure, de la fermeture du pays et des esprits, de l’instrumentalisation de la justice, de l’opacité avec son corollaire la corruption endémique, du népotisme…

            Et dans le fracas des injonctions clientélistes actuel, ceux qui refusent de rentrer dans le chantage à la stabilité, s’entendent sentencieusement expliquer que dans tous les pays du monde il y a des services de renseignement puissants. Il y a quelque temps de cela, j’avais eu à ferrailler sur ce sujet avec un des producteurs de ces amalgames qui a été jusqu’à comparer les services de renseignements algériens avec ceux des Etats-Unis. Il avait oublié d’ajouter qu’aux USA, le peuple américain votait librement une fois tous les quatre ans et que c’est le président qui nomme le patron du renseignement et non l’inverse.

            Dernier argument que l’on instille pour soustraire au débat citoyen l’antre où se décide le destin du peuple algérien : les dossiers de corruption. Sur ce sujet aussi, nous ne devons pas céder à la facilité. Aucun pouvoir algérien n’a voulu lutter contre la corruption. Tous en ont profité personnellement ou collectivement. Tous en ont joué pour recruter et construire leur base sociale; quand il y a eu sanction, c’est que le concerné est tenté de s’émanciper ou de changer de camp. La corruption est un mode d’organisation politique et un levier d’ajustement et de régulation des intérêts interclaniques. Et ceux qui, probablement à juste titre, s’effraient des sommes détournées dans les hydrocarbures, l’autoroute est-ouest, l’agriculture, le médicament, le foncier ou les travaux publics, seront surpris de découvrir une autre saignée: le coût financier du pouvoir occulte qui prélève, contraint et dérègle les circuits économiques par son omnipotence.

            Cet agrégat de castes dominant un marché sans règle ni visibilité qui grève le budget de l’Etat par ses recrutements pléthoriques, peu qualifiés et parasitaires est également un détournement de la ressource nationale qui n’a rien à envier aux commissions qui ponctuent la quasi totalité des contrats.

            La corruption est au coeur du système algérien.
            J’ai pris quelques exemples au hasard de l’actualité et des diatribes qui agitent la scène médiatique pour montrer comment on empêche l’Algérie de rentrer dans l’échange politique adulte qui permettrait, s’il en est encore temps, de voir comment sortir d’une ornière qui la condamne à disparaitre de l’échiquier régional.

            La question n’est pas le quatrième ou le cinquième mandat. Le coup est bel et bien parti. Tout ce que l’on peut faire c’est de le disqualifier pour en rapprocher le terme. Le bilan du chef de l’Etat ne peut être dissocié de celui du DRS. De toutes façons, maintenant que les services spéciaux se sont soumis au dictat du clan présidentiel, les cris d’orfraie vont cesser du jour au lendemain.

            Demeure la vraie question. Comment envisager l’après élection ?
            La seule question qui vaille d’être posée est simple : quand et comment le citoyen algérien pourra-t-il voter librement sans prendre le risque d’un ticket sans retour.
            Il m’a été donné de le dire il y a quelques années de cela; je ne peux que réitérer l’alerte. l’Algérie ne vit pas une crise politique. Elle est dans une impasse historique. Il y a une différence de nature et non de degré entre les deux phénomènes. Le monde, la région et la nation ne peuvent pas s’accommoder d’un modèle qui a survécu un demi siècle au détriment du pays. Les choix stratégiques retenus sont antinomiques du développement national. Nous avons effleuré les dommages occasionnés au pays. La stratégie de la tension que nous cultivons dans la région, et que les segments sécuritaires de notre voisinage, également réfractaires au choix du peuple souverain, relaient et amplifient précipitera notre chute.

            Nous le savons tous; dans deux à trois ans, les recettes des hydrocarbures seront à peine suffisantes pour payer les pensions. Le statut quo, le pouvoir occulte, les fraudes électorales, la répression et la corruption ne sont plus de mises. Dans notre entourage immédiat ou dans des pays plus lointains comme l’Ukraine, le Vénézuela ou la Thailande, qui n’ont pas su faire les adaptations nécessaires, les peuples se soulèvent. Et encore; il y a, là-bas, des organisations qui parviennent, peu ou prou, à canaliser les fureurs populaires.

            Que se passera-t-il chez nous quand viendra le moment du débordement des énergies et des intelligences niées et des espoirs trahis ?
            "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

            Commentaire


            • #7
              Suite et fin

              C’est le moment pour moi d’avancer quelques pistes pour inviter à la réflexion dans l’humilité et la responsabilité.
              Le système a stérilisé la nation. Fraudes, censures, corruption et répression ont épuisé l’opposition. Le désert culturel et les lois liberticides ont étouffé la société civile. Quand à force de sacrifices et de dévouement un parti réussit à casser un carcan et à conquérir un mandat, les officines ne s’embarrassent pas de loi ou de scrupules: les présidents d’APC de Berriane et de Beni Abbas qui ont à leur actif des bilans que leur envieraient des élus des pays démocratiques ont été illégalement démis pour avoir refusé de trahir leur parti. Prenant le relais de la partialité de l’administration, ses organes politico-médiatiques entonnent, sans vergogne, l’antienne d’une opposition invisible.

              L’opposition : combien de divisions, a cru encore pouvoir ironiser un ancien cadre de l’armée que l’on croyait revenu de l’arrogance des sots à laquelle il a lui même payé le prix fort. Accabler les victimes des censures et de la fraude au lieu de dénoncer les fléaux qui empêchent l’expression et l’activité de l’opposition. Y-a-t-il pire manière de maintenir la régression ?

              Il n’est pas possible de lutter efficacement dans des conditions d’abus, de sectarisme et d’opacité aussi patentes. Il s’agit de créer un climat de compétition politique qui, pour une fois depuis l’indépendance, donne une visibilité des courants qui traversent la société algérienne. Etablir enfin la carte d’identité idéologique de la communauté nationale. Est-ce trop, n’est-il pas légitime d’œuvrer à sortir enfin l’Algérien du dévastateur et humiliant SNP politique que nous infligent les fraudes ?

              Pour y parvenir, il convient de s’engager dans un processus ordonné de sortie du système qui a prévalu depuis 1962. Des voix consensuelles émanant de partis conduits par des jeunes dirigeants ou des personnalités n’aspirant plus à une ambition politique se font entendre pour proposer une phase transitoire nécessairement limitée dans le temps, qui doit être entreprise au plus vite. Elle sera dirigée par un collège de personnalités indépendantes qui ne pourront pas concourir dans les échéances post-transitoires.

              Il y a lieu d’élaborer aussitôt un cahier des charges auquel doivent souscrire tous les compétiteurs.
              Aucune formation ne devra s’exonérer des règles qui s’imposent à tout acteur se réclamant de la démocratie. La légitimité est conférée par la seule volonté populaire. Aucun autre référent ne doit être avancé dans le champ politique pour prétendre à l’accès, l’exercice ou au contrôle du pouvoir. Le droit de la minorité est imprescriptible quelle que soit l’importance de la majorité au pouvoir.

              Pendant cette transition, une constitution sera élaborée par un consensus construit entre les différents acteurs de la classe politique et de la société civile. Dans les pays où cette approche a été privilégiée, les débats ont été plus sereins et les résultats équilibrés. En cas de nécessité, le recours à un référendum peut toujours être envisagé.
              Les élections législatives et la présidentielle doivent couronner cette phase de remise en ordre de la maison Algérie.

              Il est temps de regarder haut et loin. Nous, le devons à nos enfants. Chacun de nous a essayé de faire faire au pays un chemin vers la lumière à partir d’un échafaudage politique obsolète. Le résultat est une régression qui expose la nation à toutes les aventures.

              Depuis 1962, la représentation nationale s’est construite autour d’intérêts de groupes au détriment de l’Algérie. Ce ne sont ni les réalisations ni les institutions qui ont permis à la nation de perdurer. Les ressources naturelles exceptionnelles qui nous ont assuré une vie de passivité sont dorénavant insuffisantes pour affronter les défis qui nous attendent.

              Le recyclage de pensionnaires de la pensée unique, s’il peut encore faire partie du décorum politique, ne peut plus être la panacée. Leur activisme participe d’un langage politique inconnu des jeunes qui se feront entendre: dans la cohabitation ou la fureur.
              Débattons librement et loyalement dans le respect de toutes les opinions. Nous devons ce respect à notre peuple. Il est peut être encore temps de sauver l’Algérie.

              Je vous remercie pour votre attention.

              SAID SADI
              "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

              Commentaire


              • #8
                Saïd saadi appelle à une disqualification des élections présidentielles en algérie

                RÉDACTION — 25/02/2014
                said-saadi-algerie
                Pour sa première sortie politique depuis son départ de la tête du RCD, Saïd Saadi appelle les Algériens à une mobilisation pour « disqualifier les présidentielles ». De ce fait, « Abdelaziz Bouteflika fera campagne seul et sera président de la République de lui-même ». Invité au Forum de Liberté, ce mardi 25 février, Saïd Saidi affirme intervenir en tant que citoyen. « Je suis en retrait de la vie politique mais je ne suis pas en retraite », indique t-il.

                L’homme politique au long parcours, qualifie le contexte de « dangereux » et de « trouble ». Pour autant, il ne critique la candidature de Bouteflika. En effet, Saïd Sadi ne veut décliner ce droit à personne. Son discours et ses critiques se veulent dirigées uniquement autour du bilan de l’actuel président de la République. Il reconnait cependant les problèmes de santé de M. Bouteflika et s’interroge sur le certificat médical devant être fourni par les candidats aux présidentielles. « On ne peut empêcher un candidat à se présenter sauf à avancer son incapacité physique », souligne t-il.

                Ce qui importe à l’ex-numéro 1 du RCD n’est pas tant la candidature d’Abdelaziz Bouteflika que l’absence « de garantie quant aux conditions dans lesquelles va se dérouler le vote ». « Il n’est pas obligé de retirer lui-même les formulaires de candidatures, je me suis moi-même présenté deux fois aux présidentielles et j’ai fait procuration pour qu’on retire pour moi les formulaires ». L’homme ne veut pas entrer dans les invectives et la surenchère. « Ni de discours pour régler personnellement ses comptes », insiste t-il.

                Saïd Saadi reconnait ne pas être surpris par la candidature de Bouteflika, prévisible « depuis le viol de la Constitution pour briguer des mandats à vie ». Par contre il se dit étonné du maintien des autres candidatures. « On ne peut se dire de l’opposition, déclarer que les jeux sont faits d’avance s’il y a 4e mandat et rester en lice », interroge Saïd Sadi. L’ancien président du RCD ne prononcera pas le terme de boycott. Il propose une disqualification qui doit être menée tant par les candidats actuels que par le peuple. De même, il n’appelle ni à manifester ni à marquer son mécontentement dans l’espace public. La disqualification peut se faire de façon pacifique, laisse t-il entendre quand il stipule : « il ne faut pas pousser à l’affrontement ».

                Le bilan des années de présidence sous Bouteflika est pointé du doigt par l’ex-président du RCD. Il revient sur son propre retrait du parti pour laisser « la jeunesse pleine de potentialité » exercer son rôle au RCD, sous-entendant par là que le président de la République devrait faire de même. L’essentiel pour l’homme politique ne tourne pas tant autour du personnage d’Abdelaziz Bouteflika que dans le changement intégral du système. Il recommande à ce titre « l’engagement dans un processus ordonné de sortie du système ». Mais également une formation collégiale avec des personnalités indépendantes, l’élaboration d’un cahier des charges ».

                Il ne réfute pas la nécessité de « passer par référendum », ni « durant la période de transition, l’élaboration d’une Constitution », proclame le leader du RCD. Il invoque la Tunisie qui a été « capable de légiférer une nouvelle Constitution autour d’un consensus ». Le parallèle avec l’Ukraine et le Venezuela ainsi que la Thaïlande démontre pour M. Sadi que si le projet de société n’est pas pensé, « le peuple se soulève ». La menace de baisse de production des hydrocarbures prévisible « dans deux ou trois ans commande une réponse rapide ». Confiant, il souhaite : « il est peut-être toujours temps de sauver l’Algérie ».
                The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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                • #9
                  Saïd Sadi hier au Forum de “Liberté”
                  “Il faut disqualifier politiquement cette élection”
                  Par : Mohamed-Chérif LACHICHI

                  À la question de savoir s’il renvoyait Bouteflika et le DRS dos à dos, Sadi précisera qu’il les mettait plutôt tous les deux dans le même sac.

                  Le docteur Saïd Sadi, qui a décidé en 2012 de se retirer de la présidence du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) pour devenir un simple militant, était hier l’invité du Forum de Liberté. Sollicité à s’exprimer sur son long silence, l’ancien candidat à l’élection présidentielle, une figure de l’opposition s’il en est, a expliqué qu’il n’avait été, à aucun moment, absent, ni lui ni sa formation politique. “Que voulez-vous ? On est interdit de télé, de marches pacifiques, de réunions… Dites-moi, qui habite 24h sur 24 la Télévision nationale où il n’y a plus aucune place pour les autres ?” Mais que devient véritablement le Dr Sadi dont l’absence semble cruellement manquer au débat national. “Le RCD se porte bien, notamment depuis mon départ. Je paye régulièrement mes cotisations et je n’ai jamais assisté à une réunion de la direction du parti. Cela dit, depuis deux ans, je suis en retrait, mais pas en retraite. Aujourd’hui, je m’acquitte de mes devoirs de militant de base en écoutant, en lisant et en écrivant. Je peux même rassurer tous ceux qui s’agrippent au pouvoir en leur disant que le rôle de militant n’est pas plus difficile ni moins intéressant que celui que confère la responsabilité de dirigeant.” Le ton est donné. Loin de paraître comme un homme usé, Saïd Sadi n’a, semble-t-il, rien perdu de sa verve ni de son humour. L’affluence même au Forum de Liberté témoigne, si besoin est, que cet orateur hors pair garde aujourd’hui tout son crédit, et ce, malgré toutes les tentatives de diabolisation dont il a été l’objet.
                  Il faut dire que le contexte actuel, porteur de tous les dangers, ne laisse personne indifférent. Intervenant en tant qu’observateur “avisé” de la scène politique nationale, selon le modérateur du Forum de Liberté, Sadi a, d’emblée, rappelé que sa dernière sortie publique remonte à la visite du Premier ministre français en Algérie, Jean-Marc Ayrault, lorsqu’il s’était fendu d’une contribution exclusive parue dans Liberté où il déniait, à cette occasion, au président français, François Hollande, sa proposition de réhabiliter, à partir de Tlemcen, Messali Hadj. “Mais de quoi tu te mêles ?” a-t-il interpellé le chef de l’État français, soupçonné, selon lui, de vouloir jeter “l’hypothèque” sur l’histoire nationale. Sur ce registre des relations controversées avec l’ancienne puissance coloniale, Sadi s’offusque également du fait que le sceau officiel de l’État algérien soit sorti du pays pour être apposé sur des actes et des décisions prises dans l’enceinte même d’un hôpital militaire français.
                  À titre d’exemple, les journalistes algériens n’auront pas eu, hélas, la primeur de leur “Journée nationale de la presse”, décrétée, faut-il le rappeler, à partir de Paris, par le chef de l’État algérien, sur son lit d’hôpital. Cette entorse qui a, du reste, été très peu signalée est pour le docteur Sadi, assurément, “anticonstitutionnelle”. S’agissant des multiples contradictions et autres joyeusetés illégales ou incohérences dont s’est rendu auteur le premier magistrat du pays, Sadi estime que celles-ci sont légion et trop fastidieuses à énumérer. “Il a renversé Ben Bella pour lui faire ensuite un deuil national, il a appelé à la professionnalisation des médias pour faire passer en boucle le lendemain son 4e mandat, etc.” Comme à son accoutumée, le célèbre psychiatre a toujours cette faculté à pouvoir mettre les mots sur des malaises parfois latents, souvent indescriptibles. Cette fois, il convient, lui aussi, comme tout un chacun, que “l’Algérie est en péril”.
                  Le docteur se dit effaré par le niveau d’aliénation dans lequel les dirigeants du pays ont mis la société algérienne. “L’image de l’Algérie est cassée pour des générations. C’est une humiliation qu’on est en train de vivre aujourd’hui. C’est un moment de grande gravité et de réelle incertitude.” D’après lui, cette tentative de reconduction du statu quo au nom de la “stabilité” va vite montrer ses limites. “Vu le contexte, il sera extrêmement difficile de jouer ce qui s’est passé en 1999.” Loin de défendre exclusivement des positions partisanes, il avertira l’assistance dans son préambule que son propos est d’abord celui d’un “citoyen inquiet”.
                  L'annonce de la candidature par procuration pour un énième mandat pour le président Bouteflika est venue aggraver la sinistrose en Algérie et alimenter la colère de larges pans de la société qui s'interrogent encore : comment est-ce possible ? Bref, aujourd’hui, la pilule ne passe pas ! Avec cette opération grossière et ubuesque, le pouvoir algérien a définitivement signé son ignominie et doit s’attendre, en retour, à un “printemps” qui déjà pointe son nez. Pour le docteur Saïd Sadi, qui sait attendre, tout vient à point nommé. Cette candidature qui vient insulter l’intelligence, l'honneur et la dignité de tout un peuple devrait constituer, d’après lui, un déclic.
                  The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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                  • #10
                    Libérer la conscience citoyenne

                    Les Algériens savent, ainsi, désormais à quel point l'homme est capable de se rabaisser pour garder le pouvoir. Celui qui refusait hier d’être un trois quart de président accepte aujourd’hui d’être l'ombre de lui-même.
                    Pour l’invité du Forum de Liberté, peu importe que la crise des institutions, rendue récemment publique par l’une des créatures même du régime, perdure au-delà du 17 avril. “Car sans le DRS, il n’y aurait pas eu Bouteflika.” D’après Sadi, Saâdani, par qui le scandale est arrivé, a tout à fait le droit de demander aux responsables des services de sécurité de rendre des comptes, même si pour cela il n’est pas dupe quant au fait qu’il ait agi pour de mauvaises raisons. “Toute institution dans ce pays est en droit d’être interpellée”, a-t-il martelé, avant de préciser que le DRS n’est qu’une structure dépendant d’une institution. “Quand vous avez un pouvoir invisible qui décide de tout et qui ne répond de rien, il ne faut pas s’étonner qu’un dandy s’érige alors en vice-roi. On nous répond qu’un service secret doit rester secret. Certes, mais personne n’a demandé la liste des agents du DRS.” Ainsi, d’après lui, il n’y a pas de conflit entre Bouteflika et le DRS. “Il s’agit d’un problème interne et sûrement pas d’un clivage idéologique.” Et pour cause, il reviendra sur l’arrivée de Bouteflika dans le pays. “Qui l’a ramené en 1999 sur un char ? Qui a bourré les urnes en sa faveur ? Qui a violé la Constitution en 2008 ?” s’est-il écrié. Il rappellera, enfin, qu’en 2008, seuls les parlementaires du RCD s’étaient opposés, en vain, à la “présidence à vie”. “Il ne faut pas nous reprocher d’avoir été seulement 20 élus et non pas 200. Pour cela, il faudrait demander à ceux qui bourrent les urnes”, a-t-il ironisé.
                    Nombre de journalistes seront intrigués par cette sortie “à rebrousse-poil”, surtout lorsque Sadi reconnaîtra au Président sortant le droit de se présenter. “Je suis obligé, pour ma part, de ne pas suivre la meute. Sauf avis médical, rien n’empêche Bouteflika de se porter candidat ! Vous savez tout ce que je pense de son bilan : c’est un désastre national. Mais en vertu de la Constitution, il a le droit de se présenter. Qu’il verrouille les institutions et mobilise les médias publics en sa faveur, c’est cela qui pose problème. Pourquoi empêcher les gens de mener une campagne pour le boycott ? Ne sont-ils pas des Algériens ? Travaillent-ils pour des intérêts étrangers ?” En réitérant, par ailleurs, la position de son parti qui vient d’appeler au retrait des candidats, Sadi s’interroge sur la surenchère “participationniste” de certains candidats, déclarés ou potentiels, et présentés comme de “grosses cylindrées”.
                    “Sont-ils fous pour se lancer dans cette élection insensée ou ont-ils des relations avec les gens qui octroient des quotas ?” s’interroge-t-il. Pour lui, ces derniers peuvent toujours courir car le régime ne pourra jamais s’amender de l’intérieur. “L’élection est jouée d’avance. Tous les instruments de la fraude sont réunis.” Même s’il trouve effarant que le pseudo-candidat du pouvoir ne s’adresse pas au peuple dont il sollicite les suffrages, il lui concède le droit absolu de se présenter. À l’entendre, ce sont les autres candidats qui l’agacent le plus ! “Chacun a le droit de s’exprimer et libre de ses actes, mais je ne comprends pas qu’on dise qu’une tribu a colonisé l’État algérien, que l’élection est biaisée et, en même temps, dire : moi j’y vais. Je ne veux pas faire de procès d’intention, mais l’opinion est en droit de s’interroger.” Explicitant son point de vue, somme toute assez “surprenant” sur la question de la candidature Bouteflika, le leader politique ne laissera planer aucune ambigüité. “Je ne fais pas de chantage à l’instabilité, mais il ne faut pas accompagner les manipulations médiatiques. La responsabilité des journalistes est engagée : on n’a pas le droit de laisser prospérer des contradictions qui viennent miner un débat qui est déjà très fragile. Si l’on veut que la situation se complique, il faut laisser la confusion prospérer”, prévient-il. S’il reconnaît que l’ère Bouteflika a été celle de la fermeture du jeu politique, revenant sur les maigres acquis de 1988, il estime que cette fois, cette candidature “de trop” va finir par réveiller le peuple de sa longue léthargie. Comme lui, beaucoup se laissent croire, optimistes, à une prise de conscience suite à laquelle les Algériens ne manqueront pas d'exprimer, prochainement, tout leur mépris envers cet homme pitoyable qui, à force de compromissions, se prend véritablement pour un monarque à l'abri de tout. “Il faut disqualifier politiquement cette élection pour minimiser les dégâts. Chacun devra faire un effort pour sauver le pays de l’explosion annoncée. Le peuple doit se mobiliser pour disqualifier ce scrutin par une abstention massive. Il faut que Bouteflika soit le président de lui-même.” Il appelle ainsi à une sorte d’union sacrée où le pouvoir ne serait pas exclu. “Je n’ai aucun problème personnel avec aucun homme politique. J’ai même serré la main de mon tortionnaire. Je crois qu’on ne peut être plus tolérant. Il faut accepter tout le monde, même les gens du pouvoir qui, qu’on le veuille ou non, sont des acteurs politiques. Seulement, ils ne pourront pas se placer comme des tuteurs ni comme des arbitres. Il faut donc prendre sur soi et les accepter. Et comme on est généreux même avec ceux qui ont bousillé le pays, les gens du pouvoir pourront intervenir dans ce débat afin de trouver un consensus.” Pour le docteur Sadi, il faut absolument se mettre autour d’une table avec un cahier des charges car personne ne peut trouver la solution tout seul. “Aucun parti, aucun dirigeant ne peut se présenter comme un recours, sauf à faire un coup d’État.” D’après lui, le patriotisme, aujourd’hui, c’est essayer d’avoir un débat adulte, citoyen et responsable. “Il faut redresser la tête, rester froid et sans complaisance afin de ne pas être manipulé. Il faut libérer la conscience citoyenne des tutelles occultes. Il faut peser sur cette élection pour disqualifier le scrutin à venir et remettre les compteurs à zéro.” Ainsi, Saïd Sadi, que certains croyaient fini, se dit prêt à prendre encore des risques. Car finalement, prendre un risque, c’est, pour lui, prendre une décision qui relève d’une pulsion de vie, d’un engagement ! Nos décideurs, quant à eux, et tout le monde le sait, sont aujourd’hui sous l’emprise d’une pulsion de mort.


                    M.-C. L.
                    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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