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Un p'ttit cadeau pour Momo 
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Toi ma Sloughia, tu es venue du fond des âges, tu es venue d’après la légende du bout de la terre, de là-bas, de l’Asie lointaine, pour me regarder avec tes yeux orientales ourlés de khol, tes yeux d’amour. Tu es venue pour me séduire par ta ligne de douceur, de calme qui tout à coup se déchaine dans un acte foudroyant, incontrôlable où tu redeviens toi aussi primitive pour tuer.
Quand je te conduis loin pour t’emmener vers un ‘’ prince du désert ’’ pour que tu me donnes tes enfants, j’ai conscience d’être le simple maillon d’une immense chaîne d’amoureux de toi. Je suis parmi ceux qui, depuis l’aube du monde, œuvrent pour que tu sois toujours plus belle, toujours plus fine, toujours plus rapide, toujours plus aimée. J’essaie d’imaginer cette immense chaine à travers plusieurs millénaires d’hommes et de femmes à la fois si différents et semblables qui parlaient tant de langues que je ne connais pas mais que toi tu as toujours reconnues.
Quelle émotion, quand je t’ai découverte là, sur les peintures rupestres du Tassili à Tin Tazarift. Tu étais là, peinte en ocre depuis combien de millénaires ?
4000 ou 6000 ans peut-être, fixée à tout jamais pour l’éternité. C’était toi. Tu étais déjà là, la tête fine, tes yeux de gazelle, ta poitrine profonde faite pour respirer à pleins poumons la vie et la vitesse, tes pattes si longues pour danser comme une danseuse étoile ou pour quitter le sol et voler dans l’azur ; jusqu’à ta quue déjà enroulée en arabesque au dessus de ta croupe.
Tu étais là, entourée de chasseurs, superbes athlètes tout en muscles comme toi (Dieu que vous étiez beau à l’aube du monde !). Tous unis dans l’immense foulée pour la chasse, unis pour votre survie commune, unis pour arriver jusqu’à nous : et tu étais là vivante, avec moi, étrangement semblable, folle d’espace, folle de courses dans le sable, folle d’avoir retrouvé ta vraie vie de nomade, toi que je craignais d’avoir élevée avec trop de douceur, tu n’avais rien perdu et tu as retrouvé en un instant, ton merveilleux instinct de piste, de défense du campement ; ma civilisation ne t’a pas abimée, tu es toujours la même. Toi, tu es restée fidèle à toi-même et à ton compagnon de toujours.
Certains disent que tu le ‘’ roi des chiens ‘’ et le ‘’ chien des rois ‘’, par contre, d’autres disent que tu n’es pas un chien car tes ossements apparaissent dans le campement de l’homme avant ceux du chien.
Alors de quelle union magique es-tu le fruit ?
Les divinités de la terre et des cieux se sont mêlées pour te créer : Dieu de la terre pour ta couleur de sable ou de terre ocre, Eole, Dieu du vent pour que ta vitesse soit presque égale à celle du guépard, seigneur de la rapidité sur terre.
Mais aussi, tu es née des nuages et de l’oiseau (ne serait-ce pas le faucon, qui lui aussi chasseur devant l’éternel, t’a donné sa vue perçante ?).
C’est pour cela sans doute que depuis la nuit des temps, les enfants s’appellent S’hab (nuage), Richa (plume), Ghazel (gazelle).
Mais alors quelle divinité t’as donné ce désir d’amour et cette fidélité à en mourir ?
Tu me regardes vivre en attendant l’instant où, enfin j’abandonne toute cette agitation pour communier avec toi dans les vraies choses de la vie.
Je te regarde vivre, alanguie de soleil, déchainée dans des courses endiablées, quand il se perd à l’horizon, capable par amour pour moi de laisser mon chat (qu’en d’autres lieux tu sacrifierais) se voler dans ta chaleur pour une longue sieste, heureuse si je viens vous rejoindre, enfin gagnée par votre art de vivre.
Tu connais la marche du temps ; à quel signe sais-tu qu’aujourd’hui nous allons sortir ensemble, que tu vas courir et peut-être même que je vais t’offrir un faux lapin avec un moteur ? Pour me faire plaisir, pour que je te vois dans tes bonds de gazelle, tu vas t’élancer et retrouver l’espace d’une course, l’espace d’un instant, ton lointain ancêtre de Tin-Tazarift.
Je t’ai vue mettre ton premier chiot au monde : tu avais si peur, tu avais si mal : j’étais là, ma présence te rassurait, t’encourageait et, au premier coup de langue, le mystère de la vie et tout l’amour de la mère est venu dans ton regard. Un seul coup de langue et l’amour, toute la gravité et toute la responsabilité dans ton regard. Vers quel miroir me renvoies-tu ?
Je ne sais rien sur la création, mais je sais que nous étions faites pour nous rencontrer un jour, pour que toi, ma Slouhia, tu m’aides à vivre…
Hélène Yousfi
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Toi ma Sloughia, tu es venue du fond des âges, tu es venue d’après la légende du bout de la terre, de là-bas, de l’Asie lointaine, pour me regarder avec tes yeux orientales ourlés de khol, tes yeux d’amour. Tu es venue pour me séduire par ta ligne de douceur, de calme qui tout à coup se déchaine dans un acte foudroyant, incontrôlable où tu redeviens toi aussi primitive pour tuer.
Quand je te conduis loin pour t’emmener vers un ‘’ prince du désert ’’ pour que tu me donnes tes enfants, j’ai conscience d’être le simple maillon d’une immense chaîne d’amoureux de toi. Je suis parmi ceux qui, depuis l’aube du monde, œuvrent pour que tu sois toujours plus belle, toujours plus fine, toujours plus rapide, toujours plus aimée. J’essaie d’imaginer cette immense chaine à travers plusieurs millénaires d’hommes et de femmes à la fois si différents et semblables qui parlaient tant de langues que je ne connais pas mais que toi tu as toujours reconnues.
Quelle émotion, quand je t’ai découverte là, sur les peintures rupestres du Tassili à Tin Tazarift. Tu étais là, peinte en ocre depuis combien de millénaires ?
4000 ou 6000 ans peut-être, fixée à tout jamais pour l’éternité. C’était toi. Tu étais déjà là, la tête fine, tes yeux de gazelle, ta poitrine profonde faite pour respirer à pleins poumons la vie et la vitesse, tes pattes si longues pour danser comme une danseuse étoile ou pour quitter le sol et voler dans l’azur ; jusqu’à ta quue déjà enroulée en arabesque au dessus de ta croupe.
Tu étais là, entourée de chasseurs, superbes athlètes tout en muscles comme toi (Dieu que vous étiez beau à l’aube du monde !). Tous unis dans l’immense foulée pour la chasse, unis pour votre survie commune, unis pour arriver jusqu’à nous : et tu étais là vivante, avec moi, étrangement semblable, folle d’espace, folle de courses dans le sable, folle d’avoir retrouvé ta vraie vie de nomade, toi que je craignais d’avoir élevée avec trop de douceur, tu n’avais rien perdu et tu as retrouvé en un instant, ton merveilleux instinct de piste, de défense du campement ; ma civilisation ne t’a pas abimée, tu es toujours la même. Toi, tu es restée fidèle à toi-même et à ton compagnon de toujours.
Certains disent que tu le ‘’ roi des chiens ‘’ et le ‘’ chien des rois ‘’, par contre, d’autres disent que tu n’es pas un chien car tes ossements apparaissent dans le campement de l’homme avant ceux du chien.
Alors de quelle union magique es-tu le fruit ?
Les divinités de la terre et des cieux se sont mêlées pour te créer : Dieu de la terre pour ta couleur de sable ou de terre ocre, Eole, Dieu du vent pour que ta vitesse soit presque égale à celle du guépard, seigneur de la rapidité sur terre.
Mais aussi, tu es née des nuages et de l’oiseau (ne serait-ce pas le faucon, qui lui aussi chasseur devant l’éternel, t’a donné sa vue perçante ?).
C’est pour cela sans doute que depuis la nuit des temps, les enfants s’appellent S’hab (nuage), Richa (plume), Ghazel (gazelle).
Mais alors quelle divinité t’as donné ce désir d’amour et cette fidélité à en mourir ?
Tu me regardes vivre en attendant l’instant où, enfin j’abandonne toute cette agitation pour communier avec toi dans les vraies choses de la vie.
Je te regarde vivre, alanguie de soleil, déchainée dans des courses endiablées, quand il se perd à l’horizon, capable par amour pour moi de laisser mon chat (qu’en d’autres lieux tu sacrifierais) se voler dans ta chaleur pour une longue sieste, heureuse si je viens vous rejoindre, enfin gagnée par votre art de vivre.
Tu connais la marche du temps ; à quel signe sais-tu qu’aujourd’hui nous allons sortir ensemble, que tu vas courir et peut-être même que je vais t’offrir un faux lapin avec un moteur ? Pour me faire plaisir, pour que je te vois dans tes bonds de gazelle, tu vas t’élancer et retrouver l’espace d’une course, l’espace d’un instant, ton lointain ancêtre de Tin-Tazarift.
Je t’ai vue mettre ton premier chiot au monde : tu avais si peur, tu avais si mal : j’étais là, ma présence te rassurait, t’encourageait et, au premier coup de langue, le mystère de la vie et tout l’amour de la mère est venu dans ton regard. Un seul coup de langue et l’amour, toute la gravité et toute la responsabilité dans ton regard. Vers quel miroir me renvoies-tu ?
Je ne sais rien sur la création, mais je sais que nous étions faites pour nous rencontrer un jour, pour que toi, ma Slouhia, tu m’aides à vivre…
Hélène Yousfi
en plus c'est un fauconnier par excellence 
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