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Hamrouche, Sadi, ou comment stopper le train du 4e mandat

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  • Hamrouche, Sadi, ou comment stopper le train du 4e mandat

    Par Hassane Zerrouky

    Ces derniers jours, il a été beaucoup question de Mouloud Hamrouche. Face à l'obstination d'Abdelaziz Bouteflika à se maintenir au pouvoir au nom d'une stabilité qui n'est rien d'autre qu'un refus de l'alternance au pouvoir, l'ex-Premier ministre réformateur a publié un texte, court, dans lequel il a choisi d'interpeller l'armée qui est au cœur du pouvoir politique depuis 1965. Il a rappelé aux responsables de l'institution militaire que «la renaissance» de l’«identité algérienne» et le «projet national ont été cristallisés, abrités et défendus, successivement, par l'Armée de libération nationale, puis, l'Armée nationale populaire», ainsi que «la promesse d'édifier un État moderne qui survit aux hommes, aux gouvernements et aux crises» ou encore «l'engagement pris de poursuivre le processus démocratique...» Avant de souligner, je cite : «Nos constituants sociaux ne peuvent s'accommoder de pouvoir souverain sans contre-pouvoir. Il ne peut y avoir d'exercice d'un pouvoir d'autorité ou de mission sans habilitation par la loi et sans un contrôle. Il y va de l'intérêt et de la sécurité de l'Algérie, de tous les Algériens et de toutes les régions du pays.
    C'est à ces conditions, que notre Armée nationale populaire assurera sa mission plus aisément et efficacement et nos institutions constitutionnelles assumeront clairement leurs rôles et fonctions.» Avec le recul, j'avoue que ce texte, dans lequel il pointe de vrais problèmes, m'a laissé un peu perplexe. Il a provoqué des commentaire favorables. Mais le débat, resté circonscrit aux médias et dans une moindre mesure aux réseaux sociaux, n'a pas provoqué le déclic attendu. On ne sait pas non plus comment il a été perçu par ceux à qui il était adressé, à savoir l'armée, à qui Mouloud Hamrouche semble s'en remettre pour aider à dénouer la crise afin de sortir de l'impasse politique actuelle. Le reproche que lui font de nombreux Algériens, celui d'avoir attendu 15 ans avant de sortir prudemment du silence dans lequel il s'était muré, importe peu. Même si les occasions n'ont pas manqué depuis 2004 pour que Mouloud Hamrouche se positionne, j'en veux pour exemple ces nombreuses alertes pointant les impasses sociales et politiques auxquelles a été confrontée l'Algérie (elle l'est toujours) ces dernières années. Le fait implicite mais saillant de ce texte est que l'ex-Premier ministre se pose en recours du système et non contre le système.
    Subodorant une réaction des gens auxquels s'est adressé Mouloud Hamrouche, le Président sortant (ou ceux qui le conseillent) lui a grillé la politesse en annonçant sa candidature, lui, qui, un certain 8 mai 2012, avait déclaré que le temps était venu de laisser la place ! Si le Président maintient sa candidature, il est certain qu'il n'acceptera pas d'être battu. Les ouvriers et tâcherons du système y veilleront. Reste qu'il n'est pas trop tard pour que Bouteflika y renonce d'autant qu'on ne sait pas s'il a réellemment retiré le dossier de candidature. Le chef de l'Etat sait que sa candidature est une source de tensions comme l'a illustré le conflit Saâdani-DRS. Il sait que l'Algérie de 2014 n'a plus rien à voir avec celle de 1999. Le paysage politique a évolué. L'alliance présidentielle sur laquelle s'appuyait son pouvoir n'existe plus. Le contexte régional et arabe n'est plus le même.
    Et ailleurs, en Ukraine, des dirigeants sourds au changement ont été balayés. Contrairement à Hamrouche, Saïd Sadi, qui a tenté l'expérience de faire évoluer le système de l'intérieur quand le RCD participait au premier gouvernement formé sous le premier mandat de Bouteflika, a estimé lundi dernier que la seule chose restant à faire est de «disqualifier cette élection présidentielle par une abstention massive. Il propose «un processus ordonné de sortie du système». Comment ? Par la mise en place d'un «collège de personnalités nationales qui ne peuvent pas concourir à des postes de responsabilité», qui se chargerait de l'élaboration d'une nouvelle Constitution «consensuelle puis de l'organisation des élections présidentielle et législatives. Et ce, dans le cadre d'un dialogue national associant le pouvoir actuel.»
    A l'évidence, l'Algérie ne peut rester l'otage d'un système politique qui n'a pas été capable malgré les centaines de milliards de dollars engrangés en 15 ans de construire une économie productive, de sortir d'une vision du développement axé exclusivement sur la logique du tout-pétrole ; une logique génératrice de surcroît d'une corruption ayant atteint un niveau sans précédent comme l'illustre le scandale de Sonatrach, objet d'une enquête du parquet de Milan.
    H. Z.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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