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Les poèmes brulés : La liberté à l’épreuve de la lâcheté

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  • Les poèmes brulés : La liberté à l’épreuve de la lâcheté

    Les poèmes brûlés de Djamel Guermi est un réquisitoire contre le silence des intellectuels.

    La scène est dépouillée ou presque. Le rouge et le noir sont bousculés par le blanc. Les poèmes brûlés, la nouvelle pièce de Djamel Guermi, présentée lundi soir au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi à Alger, se situe dans un espace presque ouvert. Une terre incertaine ? Un lieu lointain ? On est dans une rue, entre deux trottoirs. Après, on «passe» dans une chambre où le porte-manteau ressemble à un mur mouvant. Plus loin, on sera dans un palais. Tout est instable dans cette pièce.

    Les personnages sont tourmentés, parfois désarticulés. Les mots sortent comme des rafales et la gestuelle interpelle les consciences qui somnolent à l’ombre de la rente. Il est question de manuscrits, de poèmes, de textes brûlés, de répression… L’homme au costume noir porte un pistolet et menace un poète qui lutte pour la liberté. Mais, il y a aussi des poètes de la grande cour. Il y a également les penseurs de la terreur et de l’asservissement. Et il y a, bien entendu, les architectes des cabinets noirs. La musique est parfois martiale, parfois folklorique. C’est tout le dilemme des «intellectuels» qui se vendent aux enchères. Les autres, ceux qui élèvent la voix contre l’arbitraire, sont martyrisés ou parfois «ridiculisés», réduits au silence. «ô, toi violeur, rends-moi la liberté à moi et à mon pays», crie le poète rebelle.

    Il est harcelé par des loups, ou peut-être des chiens. Ils tentent de le remettre sur «le droit» chemin, le convaincre que son combat n’a pas de sens. Le combat pour la liberté est-il vain dans un climat de lâcheté générale ? Djamel Guermi a axé sa pièce sur l’expression corporelle pour souligner le jeu dans la pièce. Il a fait appel aux principes de la biomécanique de Theodor Meyerhold pour mieux prendre en charge un texte à l’origine puisé dans la poésie politique. Il y a également une grande part de réalisme dans le choix esthétique du metteur en scène. Les comédiens n’ont pas totalement adhéré à ces idées n’étant pas habitués à la grande scène. Comme ils n’ont pas rendu totalement la vivacité du texte de Djamel Saâdaoui.

    Djamel Guermi a visiblement évacué l’idée du théâtre spectacle pour revenir d’une manière quelque peu contemporaine à la dramaturgie du message. Un risque ? «Il y a des moments où le théâtre doit assumer sa mission, véhiculer des messages pour la société. Nous vivons dans un monde où tout se déroule comme dans un jeu mené par des gens qui sont dans l’ombre. Ces gens font probablement l’intellectuel qui agira sous leurs ordres», a relevé Djamel Guermi.

    Le comédien Mohamed Djellouli, qui a interprété plusieurs rôles dans la pièce, dont ceux du tortionnaire et de l’amoureux romantique, n’aime pas «les intellectuels organiques». «J’ai aimé ce texte parce qu’il épouse mes propres idées. Pour moi, l’intellectuel doit être la lanterne de la société. Il doit être toujours aux devants. Il faut en finir avec la chita !», a-t-il plaidé. Les poèmes brûlés est une pièce produite par la coopérative artistique et culturelle Face Troupe d’Alger. 

    Fayçal Métaoui- El Watan
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