Bonjour, paraît-il, le payment des pensions des anciens combattants étaient déjà prévue avant la sortie du film.
-------------------------------------------------------------------------
-------------------------------------------------------------------------
Le geste avait surpris. Jacques Chirac, après avoir assisté à l’avant-première du film «Indigènes», décide de mettre fin à une injustice qui dure depuis près de 50 ans: attribuer à tous les anciens combattants coloniaux la même pension que leurs anciens frères d’armes français.
« Il n’est pas inexact de dire qu’ayant eu le privilège de voir avant sa sortie le film ‘Indigènes’, j’ai été particulièrement touché par ce qu’il exprimait et la façon dont il l’exprimait», a expliqué, quelques jours plus tard, le président français devant les journalistes.
Jacques Chirac a-t-il réellement agi sous le coup de l’émotion après avoir regardé le film «Indigènes» ou son geste relève-t-il d’une opération de communication habilement préparée ? Selon nos informations, le dossier des pensions des anciens combattants coloniaux était déjà prêt depuis plusieurs semaines. Le ministre délégué aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera y travaillait depuis trois ans.
D’origine algérienne et lui-même ancien militaire de l’armée française, M. Mekachera aurait, dans la première mouture de son projet, préconisé une revalorisation plus généreuse. Mais, pour des raisons budgétaires, il a dû revoir ses propositions à la baisse.
A quelques mois des élections présidentielles, la droite au pouvoir souhaitait faire un geste aux vétérans issus des colonies, mais la mesure, purement symbolique, ne devait pas avoir un impact négatif sur les finances du pays. La version finale retenue respecte cet équilibre: une revalorisation symbolique de quelques dizaines d’euros par combattant et par mois qui ne coûtera au Trésor français que 110 millions.
Le dossier étant prêt, restait l’habillage. La sortie prévue d’«Indigènes» offrait une occasion en or au président Chirac. Financé en partie par des proches de son ami Mohamed VI, le film met en vedette l’acteur Jamel Debouz. D’origine marocaine, l’humoriste est lui-même très proche du roi du Maroc.
Des conseillers en communication de Mohamed VI sont sur le coup. Ils débarquent à Paris, travaillent avec les communicants de l’Elysée, sur un concept pour l’opération. Ils le savent: l’émotion reste le meilleur moyen de faire passer les messages.
Et ils optent sans hésiter pour ce registre. Restait la mise en scène. Là encore, c’est facile: la vedette du film, Jamel Debouz, est très populaire en France. Le président peut donc s’afficher à ses côtés. Le coup d’envoi d’une vaste opération de communication franco-marocaine est donné quinze jours avant la sortie du film: Jacques Chirac et Jamel Debouz côte à côte, complices, à l’avant-première du film à Paris, à l’issue de laquelle le président français annonce sa décision sur les pensions.
La sortie d’un film émouvant sur l’histoire des anciens combattants coloniaux de l’armée française se transforme en une vaste opération de communication en faveur du Maroc: Jamel Debouz en couverture de l’hebdomadaire «Le Nouvel Observateur» sous le titre «Pourquoi j’aime la France», l’acteur sur tous les écrans de télévision pour affirmer avoir renoncé à son cachet parce qu’il voulait voir ce projet aboutir.
L’acteur d’origine marocaine a volé la vedette au réalisateur du film, Rachid Bouchareb, auquel revient pourtant le mérite de la réussite du film. Le fruit de plusieurs années de travail, de recherche et de documentation d’un réalisateur d’origine algérienne qui se transforme en une vaste opération de communication en faveur du Maroc.
Rabah Yanis
Quotidien d'Oran
« Il n’est pas inexact de dire qu’ayant eu le privilège de voir avant sa sortie le film ‘Indigènes’, j’ai été particulièrement touché par ce qu’il exprimait et la façon dont il l’exprimait», a expliqué, quelques jours plus tard, le président français devant les journalistes.
Jacques Chirac a-t-il réellement agi sous le coup de l’émotion après avoir regardé le film «Indigènes» ou son geste relève-t-il d’une opération de communication habilement préparée ? Selon nos informations, le dossier des pensions des anciens combattants coloniaux était déjà prêt depuis plusieurs semaines. Le ministre délégué aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera y travaillait depuis trois ans.
D’origine algérienne et lui-même ancien militaire de l’armée française, M. Mekachera aurait, dans la première mouture de son projet, préconisé une revalorisation plus généreuse. Mais, pour des raisons budgétaires, il a dû revoir ses propositions à la baisse.
A quelques mois des élections présidentielles, la droite au pouvoir souhaitait faire un geste aux vétérans issus des colonies, mais la mesure, purement symbolique, ne devait pas avoir un impact négatif sur les finances du pays. La version finale retenue respecte cet équilibre: une revalorisation symbolique de quelques dizaines d’euros par combattant et par mois qui ne coûtera au Trésor français que 110 millions.
Le dossier étant prêt, restait l’habillage. La sortie prévue d’«Indigènes» offrait une occasion en or au président Chirac. Financé en partie par des proches de son ami Mohamed VI, le film met en vedette l’acteur Jamel Debouz. D’origine marocaine, l’humoriste est lui-même très proche du roi du Maroc.
Des conseillers en communication de Mohamed VI sont sur le coup. Ils débarquent à Paris, travaillent avec les communicants de l’Elysée, sur un concept pour l’opération. Ils le savent: l’émotion reste le meilleur moyen de faire passer les messages.
Et ils optent sans hésiter pour ce registre. Restait la mise en scène. Là encore, c’est facile: la vedette du film, Jamel Debouz, est très populaire en France. Le président peut donc s’afficher à ses côtés. Le coup d’envoi d’une vaste opération de communication franco-marocaine est donné quinze jours avant la sortie du film: Jacques Chirac et Jamel Debouz côte à côte, complices, à l’avant-première du film à Paris, à l’issue de laquelle le président français annonce sa décision sur les pensions.
La sortie d’un film émouvant sur l’histoire des anciens combattants coloniaux de l’armée française se transforme en une vaste opération de communication en faveur du Maroc: Jamel Debouz en couverture de l’hebdomadaire «Le Nouvel Observateur» sous le titre «Pourquoi j’aime la France», l’acteur sur tous les écrans de télévision pour affirmer avoir renoncé à son cachet parce qu’il voulait voir ce projet aboutir.
L’acteur d’origine marocaine a volé la vedette au réalisateur du film, Rachid Bouchareb, auquel revient pourtant le mérite de la réussite du film. Le fruit de plusieurs années de travail, de recherche et de documentation d’un réalisateur d’origine algérienne qui se transforme en une vaste opération de communication en faveur du Maroc.
Rabah Yanis
Quotidien d'Oran
Commentaire