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Où je vais d'où je viens

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  • Où je vais d'où je viens

    Où je vais d'où je viens

    Où je vais, d'où je viens
    Pourquoi je suis trempée.
    Voyons, ça se voit bien.
    Il pleut.
    La pluie, c'est de la pluie
    Je vais dessous, et puis,
    Et puis c'est tout.
    Passez votre chemin
    Comme je passe le mien.
    C'est pour mon plaisir
    Que je patauge dans la boue.
    La pluie, ça me fait rire.
    Je ris de tout et de tout et de tout.
    Si vous avez la larme facile
    Rentrez plutôt chez vous,
    Pleurez plutôt sur vous,
    Mais laissez-moi,
    Laissez-moi, laissez-moi , laissez-moi, laissez-moi.
    Je ne veux pas entendre le son de votre voix,
    Passez votre chemin
    Comme je passe le mien.
    Le seul homme que j'aimais,
    c'est vous qui l'avez tué,
    Matraqué, piétiné...
    achevé.
    J'ai vu son sang couler,
    couler dans le ruisseau,
    dans le ruisseau.
    Passez votre chemin
    comme je passe le mien.
    L'homme que j'aimais
    est mort, la tête dans la boue.
    Ce que j'peux vous haïr,
    vous haïr.. c'est fou... c'est fou... c'est fou.
    Et vous vous attendrissez sur moi,
    vous êtes trop bons pour moi,
    beaucoup trop bons, croyez-moi.

    Vous êtes bons... bons comme le ratier est bon pour le rat...
    mais un jour... un jour viendra où le rat vous mordra...
    Passez votre chemin,
    hommes bons... hommes de bien.


    Jacques Prévert (La pluie et le beau temps)
    Arrivée à bon port !

  • #2
    Nirina Bonjour

    Jolis texte choisis "Où je vais d'où je viens"
    Encore une fois je retourne a l'enfance ,l’école le son de cloche les vacances l'odeur de la craie .Prevert ,Aragon , Hugo et les autres font parti de notre savoir ...

    Merci de cet beau partage ....

    Ma contribution ...


    Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
    hommes de pays loin
    cobayes des colonies
    doux petits musiciens
    soleils adolescents de la porte d'Italie
    Boumians de la porte de Saint-Ouen
    Apatrides d'Aubervilliers
    brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
    ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
    au beau milieu des rues
    Tunisiens de Grenelle
    embauchés débauchés
    manoeuvres désoeuvrés
    Polaks du Marais du Temple des Rosiers
    Cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
    pêcheurs des Beléares ou du cap Finistère
    rescapés de Franco
    et déportés de France et de Navarre
    pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
    la liberté des autres
    Esclaves noirs de Frejus
    tiraillés et parqués
    au bord d'une petite mer
    où peu vous vous baihnez
    Esclaves noirs de Fréjus
    qui évoques chaque soir
    dans les locaux disciplinaires
    avec une vieille boite de cigares
    et quelques bouts de fil de fer
    tous les échos de vos villages
    tous les oiseaux de vos forêts
    et ne venez dans la capitale
    que pour fêter au pas cadencé
    la prise de la Bastille le quatorze juillet
    Enfants du Sénégal
    départriés expatriés et naturalisés
    Enfants indochinois
    jongleurs aux innocents couteaux
    qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
    de jolis dragons d'or faits de papier plié
    Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
    qui dormez aujourd'hui de retour au pays
    le visage dans la terre
    et des hommes incendiaires labourant vos rizières
    On vous a renvoyé
    la monnaie de vos papiers dorés
    on vous a retourné
    vos petits couteaux dans le dos
    Étranges étrangers
    Vous êtes de la ville
    vous êtes de sa vie
    même si mal en vivez
    même si vous en mourez .

    Jacques PRÉVERT Grand bal du printemps

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    • #3
      bonsoir Néo

      Merci d'être passé Néo et surtout de nous avoir publié ce petit bijou de Prévert qui nous a fait voyager dans Paris...
      Arrivée à bon port !

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      • #4
        Déjeuner du matin

        DÉJEUNER DU MATIN

        Il a mis le café
        Dans la tasse
        Il a mis le lait
        Dans la tasse de café
        Il a mis le sucre
        Dans le café au lait
        Avec la petite cuiller
        Il a tourné
        Il a bu le café au lait
        Et il a reposé la tasse
        Sans me parler
        Il a allumé
        Une cigarette
        Il a fait des ronds
        Avec la fumée
        Il a mis les cendres
        Dans le cendrier
        Sans me parler
        Sans me regarder
        Il s'est levé
        Il a mis
        Son chapeau sur sa tête
        Il a mis son manteau de pluie
        Parce qu'il pleuvait
        Et il est parti
        Sous la pluie
        Sans une parole
        Sans me regarder
        Et moi j'ai pris
        Ma tête dans ma main
        Et j'ai pleuré


        Jacques Prévert
        Arrivée à bon port !

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