Soumis par Ahviv Mekdam le lun, 2014-02-17
« Dans le monde nouveau qui est désormais le nôtre, la politique locale est ethnique et la politique globale est civilisationnelle. La rivalité entre grandes puissances est remplacée par le choc des civilisations » (1). Il est sidérant de constater qu'au milieu des grands bouleversements économiques et géopolitiques que connaît la planète toute entière, une contrée reste immuable face au changement et imperméable devant le développement et le progrès. Comme si « La fin de l'Histoire » chère à Francis Fukuyama (2), qui parlait dans son célèbre ouvrage du sommet de génie humain que représente le développement économique et la puissance politico-militaire américaine, ne se situe plus aux USA mais en Afrique du Nord, précisément en Algérie.
Depuis la chute du bloc communiste, le monde connaît des mutations inédites. La fin de la guerre froide a permis à des peuples européens de s'émanciper de la tutelle soviétique, d'autres réclament leur indépendance au sein même de l'Europe occidentale à l'instar des Catalans et des Flamands et des pays jadis connus sous le vocable de « en développement » émergent et deviennent de nouvelles puissances économiques qui contraignent l'Occident à revoir sa stratégie. Les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) imposent un nouvel équilibre planétaire. Certes, le capitalisme s'est affirmé comme modèle économique mais les différentes crises qu'il a connues notamment celle de 2008 incitent les États et les organisations à plus de régulation dans les marchés. Parallèlement, la démocratie comme système de gouvernance pénètre dans des sphères géopolitiques jadis connues pour être des dictatures inébranlables, l'Amérique latine en est le meilleur exemple. Quelle belle leçon de démocratie qu'ont donné les États-Unis, cette nation multiethnique, à l'humanité en élisant en 2008, pour la première fois de son histoire et pour la première fois en Occident, un Noir à la plus haute fonction de l’État. L’alternance au pouvoir n'a été que davantage affirmée en France qui bascule à gauche après 17 ans de présidence de droite. C'est le cas au Royaume uni, en Espagne, en Allemagne et dans quasiment tous les pays de culture démocratique. Même le « Monde Arabe », citadelle imprenable des dictatures, terreau d'idéologie religieuse, terre sainte des polices politiques et foyer permanent de répression, de violence et de corruption et contre toute attente explose. De révolution en contre-révolution, de soulèvement en répression, la partie Nord de l'Afrique bouge et balaye des autocraties trentenaires insupportables pour les peuples qui enfin peuvent respirer à la chute de leurs bourreaux.
La fin du parti unique en Algérie a coïncidé avec la chute du bloc soviétique, mais après plus de deux décennies de bouleversements internationaux et de mutations politiques historiques, ce territoire vaste comme quatre fois la France, riche en matière primaire et en pétrole dix fois plus et avec la moitié en nombre d'habitants reste sclérosé, borné et allergique à tout changement. Comme si l'Algérie existe dans une autre galaxie ou survit à la marge de l'Histoire ! En cinquante année d' indépendance, le même personnel politique grabataire, dépassé par le temps et rejeté par les peuples, se régénère et s'accroche encore à un pouvoir qu'il croit intrinsèque, et cela au détriment des citoyens L'actuel locataire du « palais présidentiel », après 15 années de manœuvres politique adossées à une répression sauvage et à une corruption galopante, aspire à mourir sur le trône. Et une armada de courtisans et de politiciens de pacotille, nourris tous à la sève corruptrice du régime, ne cesse de se mettre à plat ventre pour réclamer un quatrième mandat présidentiel, comme si le personnage n'était pas déjà ministre, putschiste au passage, il y a 50 ans et que dire de ses ministres et députés, de ses préfets et sous-préfets, de ses juges et procureurs. Qui au nom du socialisme, qui au nom du trotskisme, du berbérisme, du nationalisme ou de l'islamisme, idéologies vides de sens, gravitent autour du régent actuel pour tirer le maximum de dividendes avant la déchéance. Toute cette mascarade politicarde se joue devant « une vaillante » Armée qui s'est accaparée par l'assassinat et la violence des rênes du pouvoir et des richesses du territoire, richesses tellement grandes qu'on achète avec même le silence occidental!
Depuis 1989, l’Algérie a connu un général-président, un président général après avoir connu l’assassinat d'un exilé installé président, une guerre civile qui a coûté 200 000 morts, 30 000 disparus, des centaines de journalistes et intellectuels abattus et un Printemps noir en Kabylie où les les forces de l'ordre ont tiré à bout portant sur 128 jeunes manifestants kabyles pacifiques, tout cela sans que le régime ne chute. L’Occident, prompt à renverser Saddam et Kadhafi, à pourchasser Ben Laden et Milosevic, à dénoncer Mugabe et Gbagbo, à démettre Morsi et isoler Ahmadinjad ne souffle mot sur Bouteflika, Mediène, Nezzar et tous les monarques du régime algérien! A priori, cette terre amazighe ancestrale, berceau des civilisations, est condamnée à l'obscurité éternelle. Faux, nous dit l'histoire ! La conjugaison des intérêts du pouvoir algérien et des pays occidentaux qui ne veulent plus de conflit syrien en Afrique du Nord est éphémère et l'Histoire ne peut s’arrêter. Les récents événements nous le montrent amplement. La France, à l'instar des affidés du pouvoir, accompagne la fin du régime algérien, pour ne pas dire la fin de l’Algérie et face à un danger imminent, la position la plus rentable est de tirer le maximum d’intérêt. Que l'Occident l'anticipe ou pas, il y aura une chute de régime en Algérie, la chute sera brutale et une nouvelle configuration politique se dessinera en Afrique du Nord et ce n'est pas une propagande désuète des ministres algériens qui va arrêter ce processus inéluctable.
En cinquante année de règne, la junte militaire avec façade civile, et malgré l'exorbitante corruption sociale et le clientélisme politique, n'a pas pu construire une légitimité politique ni consolider la paix sociale. De putsch en putsch, d'assassinat en assassinat et de fraude en fraude, la hideuse image du pouvoir algérien ne s'est pas améliorée d'un iota ni aux yeux des administrés ni aux yeux des partenaires étrangers. Les rapports internationaux sur la corruption, sur la liberté d'expression et la bonne gouvernance, sur l’éducation et la recherche, sur l'information et la culture placent l'Algérie dans les cases noires. N'en parlons pas du terrorisme international dont ce pays reste un principal pourvoyeur notamment en amnistiant des égorgeurs d'enfants, en apportant du soutien à toute dictature en fin de règne et en recevant à grande pompe tous les adeptes d'Al Qaida et autres groupuscules terroristes. Au plan interne, malgré l'apparente stagnation due principalement à la surveillance accrue de la police politique qui n’hésite pas à bastonner des syndicats, à intimider des militants et à mettre en taule des blogueurs, la société bouillonne, certes en rangs dispersés, mais des énergies nouvelles tendent à faire pression sur les tenants absolus du pouvoir et de la richesse nationale.
Ce qui se passe en ces moments mêmes dans la vallée du Mzab, dans le sud algérien, renseigne de la faiblesse, si ce n'est l'absence totale de l’État comme garant de sécurité, de stabilité et de paix sociale. Les graves atteintes à une communauté autochtone par des nomades soutenus par les forces de répression étatiques, dénote également de l'absence du sentiment national, de cohésion sociale et surtout de conflit ethnique latent. Sinon comment expliquer que des hordes de délinquants arabes s'en prennent à des citoyens réputés paisibles en incendiant leurs quartiers et en saccageant leurs commerces et c'est la police même qui encadre ces attaques en lançant des bombes lacrymogènes à l'encontre de ces citoyens et en arrêtant les victimes qui osent dénoncer cette vandetta à huis-clos? La magie d'internet et les vidéos qui y circulent dévoilent l'image fardée du régime algérien. Les graves événements que connaît Ghardaia sont un indicateur majeur de la déliquescence quasi absolue de l’Algérie, ils sont le prélude à un proche délitement. Jamais ce territoire jadis amazigh, n'a connu dans la période récente de si violents affrontements entre Arabes et Berbères et la guerre au sommet de l’État entre partisans d'un quatrième mandat pour Bouteflika et des généraux hostiles n'est que la partie visible d'une longue mais certaine déliquescence.
A suivre.
Ahviv Mekdam
Université Paris VIII
Notes
(1) Samuel P. Huntington, le choc des civilisations, Odile Jacob, Paris, 2007. P. 20.
(2) Francis Fukuyama, La fin de l'histoire et le dernier homme, Champs Flammarion, Paris, 1992.
« Dans le monde nouveau qui est désormais le nôtre, la politique locale est ethnique et la politique globale est civilisationnelle. La rivalité entre grandes puissances est remplacée par le choc des civilisations » (1). Il est sidérant de constater qu'au milieu des grands bouleversements économiques et géopolitiques que connaît la planète toute entière, une contrée reste immuable face au changement et imperméable devant le développement et le progrès. Comme si « La fin de l'Histoire » chère à Francis Fukuyama (2), qui parlait dans son célèbre ouvrage du sommet de génie humain que représente le développement économique et la puissance politico-militaire américaine, ne se situe plus aux USA mais en Afrique du Nord, précisément en Algérie.
Depuis la chute du bloc communiste, le monde connaît des mutations inédites. La fin de la guerre froide a permis à des peuples européens de s'émanciper de la tutelle soviétique, d'autres réclament leur indépendance au sein même de l'Europe occidentale à l'instar des Catalans et des Flamands et des pays jadis connus sous le vocable de « en développement » émergent et deviennent de nouvelles puissances économiques qui contraignent l'Occident à revoir sa stratégie. Les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) imposent un nouvel équilibre planétaire. Certes, le capitalisme s'est affirmé comme modèle économique mais les différentes crises qu'il a connues notamment celle de 2008 incitent les États et les organisations à plus de régulation dans les marchés. Parallèlement, la démocratie comme système de gouvernance pénètre dans des sphères géopolitiques jadis connues pour être des dictatures inébranlables, l'Amérique latine en est le meilleur exemple. Quelle belle leçon de démocratie qu'ont donné les États-Unis, cette nation multiethnique, à l'humanité en élisant en 2008, pour la première fois de son histoire et pour la première fois en Occident, un Noir à la plus haute fonction de l’État. L’alternance au pouvoir n'a été que davantage affirmée en France qui bascule à gauche après 17 ans de présidence de droite. C'est le cas au Royaume uni, en Espagne, en Allemagne et dans quasiment tous les pays de culture démocratique. Même le « Monde Arabe », citadelle imprenable des dictatures, terreau d'idéologie religieuse, terre sainte des polices politiques et foyer permanent de répression, de violence et de corruption et contre toute attente explose. De révolution en contre-révolution, de soulèvement en répression, la partie Nord de l'Afrique bouge et balaye des autocraties trentenaires insupportables pour les peuples qui enfin peuvent respirer à la chute de leurs bourreaux.
La fin du parti unique en Algérie a coïncidé avec la chute du bloc soviétique, mais après plus de deux décennies de bouleversements internationaux et de mutations politiques historiques, ce territoire vaste comme quatre fois la France, riche en matière primaire et en pétrole dix fois plus et avec la moitié en nombre d'habitants reste sclérosé, borné et allergique à tout changement. Comme si l'Algérie existe dans une autre galaxie ou survit à la marge de l'Histoire ! En cinquante année d' indépendance, le même personnel politique grabataire, dépassé par le temps et rejeté par les peuples, se régénère et s'accroche encore à un pouvoir qu'il croit intrinsèque, et cela au détriment des citoyens L'actuel locataire du « palais présidentiel », après 15 années de manœuvres politique adossées à une répression sauvage et à une corruption galopante, aspire à mourir sur le trône. Et une armada de courtisans et de politiciens de pacotille, nourris tous à la sève corruptrice du régime, ne cesse de se mettre à plat ventre pour réclamer un quatrième mandat présidentiel, comme si le personnage n'était pas déjà ministre, putschiste au passage, il y a 50 ans et que dire de ses ministres et députés, de ses préfets et sous-préfets, de ses juges et procureurs. Qui au nom du socialisme, qui au nom du trotskisme, du berbérisme, du nationalisme ou de l'islamisme, idéologies vides de sens, gravitent autour du régent actuel pour tirer le maximum de dividendes avant la déchéance. Toute cette mascarade politicarde se joue devant « une vaillante » Armée qui s'est accaparée par l'assassinat et la violence des rênes du pouvoir et des richesses du territoire, richesses tellement grandes qu'on achète avec même le silence occidental!
Depuis 1989, l’Algérie a connu un général-président, un président général après avoir connu l’assassinat d'un exilé installé président, une guerre civile qui a coûté 200 000 morts, 30 000 disparus, des centaines de journalistes et intellectuels abattus et un Printemps noir en Kabylie où les les forces de l'ordre ont tiré à bout portant sur 128 jeunes manifestants kabyles pacifiques, tout cela sans que le régime ne chute. L’Occident, prompt à renverser Saddam et Kadhafi, à pourchasser Ben Laden et Milosevic, à dénoncer Mugabe et Gbagbo, à démettre Morsi et isoler Ahmadinjad ne souffle mot sur Bouteflika, Mediène, Nezzar et tous les monarques du régime algérien! A priori, cette terre amazighe ancestrale, berceau des civilisations, est condamnée à l'obscurité éternelle. Faux, nous dit l'histoire ! La conjugaison des intérêts du pouvoir algérien et des pays occidentaux qui ne veulent plus de conflit syrien en Afrique du Nord est éphémère et l'Histoire ne peut s’arrêter. Les récents événements nous le montrent amplement. La France, à l'instar des affidés du pouvoir, accompagne la fin du régime algérien, pour ne pas dire la fin de l’Algérie et face à un danger imminent, la position la plus rentable est de tirer le maximum d’intérêt. Que l'Occident l'anticipe ou pas, il y aura une chute de régime en Algérie, la chute sera brutale et une nouvelle configuration politique se dessinera en Afrique du Nord et ce n'est pas une propagande désuète des ministres algériens qui va arrêter ce processus inéluctable.
En cinquante année de règne, la junte militaire avec façade civile, et malgré l'exorbitante corruption sociale et le clientélisme politique, n'a pas pu construire une légitimité politique ni consolider la paix sociale. De putsch en putsch, d'assassinat en assassinat et de fraude en fraude, la hideuse image du pouvoir algérien ne s'est pas améliorée d'un iota ni aux yeux des administrés ni aux yeux des partenaires étrangers. Les rapports internationaux sur la corruption, sur la liberté d'expression et la bonne gouvernance, sur l’éducation et la recherche, sur l'information et la culture placent l'Algérie dans les cases noires. N'en parlons pas du terrorisme international dont ce pays reste un principal pourvoyeur notamment en amnistiant des égorgeurs d'enfants, en apportant du soutien à toute dictature en fin de règne et en recevant à grande pompe tous les adeptes d'Al Qaida et autres groupuscules terroristes. Au plan interne, malgré l'apparente stagnation due principalement à la surveillance accrue de la police politique qui n’hésite pas à bastonner des syndicats, à intimider des militants et à mettre en taule des blogueurs, la société bouillonne, certes en rangs dispersés, mais des énergies nouvelles tendent à faire pression sur les tenants absolus du pouvoir et de la richesse nationale.
Ce qui se passe en ces moments mêmes dans la vallée du Mzab, dans le sud algérien, renseigne de la faiblesse, si ce n'est l'absence totale de l’État comme garant de sécurité, de stabilité et de paix sociale. Les graves atteintes à une communauté autochtone par des nomades soutenus par les forces de répression étatiques, dénote également de l'absence du sentiment national, de cohésion sociale et surtout de conflit ethnique latent. Sinon comment expliquer que des hordes de délinquants arabes s'en prennent à des citoyens réputés paisibles en incendiant leurs quartiers et en saccageant leurs commerces et c'est la police même qui encadre ces attaques en lançant des bombes lacrymogènes à l'encontre de ces citoyens et en arrêtant les victimes qui osent dénoncer cette vandetta à huis-clos? La magie d'internet et les vidéos qui y circulent dévoilent l'image fardée du régime algérien. Les graves événements que connaît Ghardaia sont un indicateur majeur de la déliquescence quasi absolue de l’Algérie, ils sont le prélude à un proche délitement. Jamais ce territoire jadis amazigh, n'a connu dans la période récente de si violents affrontements entre Arabes et Berbères et la guerre au sommet de l’État entre partisans d'un quatrième mandat pour Bouteflika et des généraux hostiles n'est que la partie visible d'une longue mais certaine déliquescence.
A suivre.
Ahviv Mekdam
Université Paris VIII
Notes
(1) Samuel P. Huntington, le choc des civilisations, Odile Jacob, Paris, 2007. P. 20.
(2) Francis Fukuyama, La fin de l'histoire et le dernier homme, Champs Flammarion, Paris, 1992.
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