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INTERVIEW DE JEAN-JACQUES KOURLIANDSKY «Venezuela: tous les enjeux politiques tournent autour du pétrole»

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  • INTERVIEW DE JEAN-JACQUES KOURLIANDSKY «Venezuela: tous les enjeux politiques tournent autour du pétrole»

    Cinquième exportateur mondial de pétrole, le Venezuela est un partenaire stratégique pour les Etats-Unis. Malgré les différences idéologiques qui existent entre les deux gouvernements, ce type d'échange n’a jamais été remis en cause: « chacun y trouve son intérêt » explique à JOL Press Jean Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Amérique centrale et latine.


    JOL Press : Quelle est la relation pétrolière entre les Etats-Unis et le Venezuela aujourd'hui ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : Le pétrole a été découvert et a commencé à être exploité au Venzuela en 1917. Depuis cette date, les Etats-Unis sont le principal client du Venezuela, pour des raisons de proximité évidentes. Les Etats-Unis ont toujours essayé d’éviter d’être prisonniers d’un seul marché, celui du Proche-Orient, et ont privilégié les fournisseurs de pétrole les plus proches : le Mexique et le Venezuela.

    D’un point de vue vénézuélien, les autorités se sont toujours attachées à renforcer ce lien. La société pétrolière PDVSA qui a été nationalisée en 1976, a fait de gros investissements aux Etats-Unis, dans trois raffineries, et en réseau de plusieurs milliers de stations-services. Ce type d’échange fonctionne des deux côtés, de façon considérée comme satisfaisante. Lorsqu’il y a eu les deux guerres du Golfe, le Venezuela a accepté de répondre à la demande des Etats-Unis d’augmenter sa production et ses ventes aux Etats-Unis, pour compenser le manque à gagner de pétrole venant des Emirats du Golfe et du Koweït.

    JOL Press : Malgré le discours anti-américain d’Hugo Chavez, cela n'a pas empêché les États-Unis de rester le premier client du Venezuela ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : Il y a eu de fortes critiques concernant la manière de gouverner au Venezuela de la part du président des Etats-Unis, mais il n’y a jamais eu de ruptures à ce point de vue-là. A l’occasion d’un déplacement en Angleterre, le président Chavez, avait été amené à répondre à une question d’un journaliste à ce sujet : « Je ne suis pas fou » avait-il dit. Il serait très difficile pour le Venezuela de rompre avec les Etats-Unis pour des raisons économiques et commerciales : ce ne serait pas évident de trouver aussi vite un relais des acheteurs pour son pétrole. Et, parce qu’il est surtout probable qu’il y ait une réaction vigoureuse voire militaire des Etats-Unis pour essayer de préserver l’accès à ce fournisseur stratégique.

    Les Etats-Unis évitent d’aller au-delà des mots ou de créer des situations anarchiques qui pourraient mettre en péril la production et le transfert du pétrole vers les Etats-Unis s’il y avait des affrontements civils au Venezuela.

    JOL Press : Les Etats-Unis s’accommodent donc du gouvernement vénézuélien pour s’assurer ce marché du pétrole ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : S’il y avait un gouvernement vénézuélien idéologiquement plus proche des Etats-Unis, ces derniers n’en seraient pas mécontents. Mais aujourd’hui, les Etats-Unis n’auraient aucun intérêt à engager un conflit civil au Venezuela, dans la mesure où ce qui importe pour eux aujourd’hui, c’est que le Venezuela continue à alimenter le marché du pétrole des Etats-Unis.

    JOL Press : Le Venezuela est le 5 e exportateur mondial de pétrole. Pourquoi l’économie vénézuélienne ne profite pas mieux de cette richesse pétrolière ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : Regardez ce qui se passe en Algérie, en Indonésie, au Nigéria…La plupart des pays qui sont dépendants des matières premières comme le pétrole énergétique, sont victimes des fragilités qui sont permises par la vente d’un produit très demandé sur les marchés mondiaux. Ces pays-là deviennent des pays importateurs : ils ne produisent rien d’autre que du pétrole. Il est beaucoup plus avantageux d’acheter que de produire sur place : ce sont des économies de rentes. Il y a régulièrement des problèmes lorsque les cours de cette matière première, qui est fondamentale pour l’économie de ces pays, vient à baisser, ou lorsque cela vient à se tarir. Cela n’est pas le cas actuellement le cas au Venezuela, mais lorsqu’Hugo Chavez est arrivé au pouvoir, le baril de pétrole était descendu à 8 dollars. Il peut y avoir aussi des problèmes de surchauffe économique, d’inflation, lorsque les importations créent de graves déséquilibres de balance des changes. C’est le cas aujourd’hui avec un gouvernement vénézuélien aujourd’hui qui est dépassé par l’inflation et qui a pris des mesures volontaristes pour essayer fermer les frontières et contrôler les entrées et les sorties avec un double système de changes. Cela a provoqué des phénomènes de contrebandes, de marché noir sur la monnaie, aggravant la situation et créant des pénuries sur des produits de base.

    JOL Press : Hugo Chavez avait pourtant promis de sortir de cette politique du « tout pétrole ». Qu’en est-il aujourd’hui ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : Sa promesse a valu ce que valait la promesse de ses prédécesseurs…Carlos Andrés Pérez avait promis la même chose dans les années 80…Cela s’est terminé en catastrophe par des centaines de morts, avec l’armée qui visait des manifestants au moment où le gouvernement – dépassé par la crise économique – avait proposé des hausses de tarifs. Les gouvernements vénézuéliens ont tous fait des promesses en essayant d’engager la réforme magique qui permettrait d’engranger la réforme du pétrole et à la fois de développer le secteur pétrolier du pays. Tous ont échoué jusqu’ici : que ce soit les gouvernements d’aujourd’hui ou ceux d’hier.

    JOL Press : Quelles sont les conséquences de cette politique du « tout pétrole » ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : Le Venezuela ne crée pas d’emplois en dehors du secteur de l’import/export. Le Venezuela importe son alimentation, mais aussi tous les produits dont il a besoin : de la bicyclette, à la moto en passant par les téléviseurs. Tout est acheté à l’extérieur.

    JOL Press : Pourquoi dit-on qu'Hugo Chavez a mis l'entreprise pétrolière PDVSA (Petroleos de Venezuela SA) au service de la « révolution bolivarienne » ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : C’est le vocabulaire officiel, de la propagande. Tous les enjeux politiques au Venezuela tournent autour du pétrole. Hugon Chavez s’est présenté comme l’élu de la majorité, des plus pauvres, il a mis la main sur la société pétrolière PDVSA, qui a été mise sous le contrôle direct de l’Etat, afin d’affecter une partie des redevances pétrolières à des politiques sociales. Il n’y a pas eu, contrairement à ce que certains disent, une transformation du Venezuela en régime communiste à la cubaine, mais c’est l’argent du pétrole qui a été affecté à des programmes sociaux, dont bénéficie une majorité de la population.

    JOL Press : Quelle a été la réaction de l’opposition ?

    Jean-Jacques Kourliandsky : L’opposition a violemment réagi à l’époque, en 2002 : il y a une grève brutale de plusieurs mois avec une suspension des exportations de pétrole, qui s’est terminée par une tentative de coup d’Etat. Une partie de l’armée a pris le pouvoir pendant quelques heures, Hugo Chavez avait été détenu. Cela avait été une bataille brutale, dans la mesure où le pétrole est la clé qui permet à celui qui est au pouvoir d’y rester le plus longtemps possible.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Le vénézuela est totalement dépendant des EU pour son gazoil et essence

    elle produit mais ne raffine plus
    .
    .
    ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
    Napoléon III

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