Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La politique énergétique allemande crée surtout de la pauvreté

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La politique énergétique allemande crée surtout de la pauvreté

    En matière de politique énergétique, les Allemands font totalement fausse route. La surtaxation de l'électricité, destinée à subventionner les énergies vertes, augmente la précarité énergétique, sans donner de vrais résultats en matière de lutte contre le changement climatique. Par Bjorn Lomborg, directeur du Copenhagen Consensus Center
    olitique énergétique allemande pénalise les plus démunis, tout en s'avérant une piètre solution pour le changement climatique. Le 24 février, le gouvernement allemand a reconnu que 6,9 millions de ménages vivent en dessous du seuil de précarité énergétique - seuil déterminé par un taux d'effort des dépenses en énergie supérieur à 10% des revenus d'un ménage. Ces faits sont largement dus à l'Energiewende, la transition énergétique du pays du nucléaire vers les énergies renouvelables (EnR).

    Une subvention d'un montant astronomique à l'énergie verte, payée par les consommateurs

    Si les faits n'étaient pas aussi tragiques, on aurait presque pu qualifier d'humoristique la déclaration d'une parlementaire verte selon laquelle "les énergies fossiles sont devenus un piège de la pauvreté". Elle oublie un peu facilement que cette année, les consommateurs allemands devront subventionner l'énergie verte d'un montant astronomique de 23,6 milliards d'euros en sus de leur facture d'électricité normale au nom de "la répartition des charges des énergies renouvelables."

    Une redistribution à l'envers: plus pour les riches, moins pour les pauvres

    Depuis 2008, ce prélèvement a considérablement réaffecté l'argent des pauvres vers les riches - par exemple, celui des locataires à faibles revenus de la région du Ruhr vers les riches propriétaires de la Bavière qui installent des panneaux solaires sur leurs toits. Cette charge est montée en fusée, de 1.15 c€/kWh en 2008 à 6.24 c€/kWh cette année. Une augmentation qui s'est soldée depuis par 1,4 million de ménages supplémentaires vivant dans la précarité énergétique. Les consommateurs allemands ont déjà payé 109 milliards d'euros pour les EnR depuis 2000, et les prévisions annoncent une augmentation substantielle de la note dans les années à venir. Entre 2000 et 2013, le prix réel de l'électricité domestique a augmenté de 80%. Actuellement, la facture des EnR représente un quart des coûts domestiques en électricité en Allemagne.

    L'innovation découragée

    Parallèlement, il apparaît très clairement que l'Energiewende est loin d'être une politique pertinente. Les conseillers politiques en matière de Recherche et Développement (R&D) commissionés par le Parlement allemand ont livré un rapport accablant sur la loi allemande sur les énergies renouvelables (EEG). Selon ce rapport, les subventions actuelles découragent l'innovation : "elles ont un faible impact sur l'innovation technologique en matière d'EnR en Allemagne." Essentiellement, il est plus sécurisant pour les entreprises de continuer à commercialiser les anciennes technologies utilisées pour l'éolien, le solaire et la biomasse, du fait des larges subventions qui leur sont allouées, plutôt que d'essayer de développer de nouvelles technologies qui produiront les mêmes bénéfices mais impliqueront plus de prises de risques.

    Le climat n'est pas mieux protégé

    Par ailleurs, la loi EEG n'offre pas plus de protection climatique mais au contraire, elle augmente considérablement son coût. Et le rapport de conclure que "pour ces deux raisons, la poursuite de l'application de la loi EEG n'est pas justifiée."

    La politique EEG revient à employer les grands moyens pour réaliser peu de choses. Une étude menée récemment par le cabinet McKinsey montre que les prix de l'électricité domestique en Allemagne ont augmenté de 48% par rapport à la moyenne européenne. Dans le même temps, les prix énergétiques européens ont augmenté de 40% depuis 2005, contrairement à ceux des États-Unis qui ont baissé.

    Les industriels allemands un peu moins surtaxés

    Et malgré les exemptions de prélèvement EEG dont bénéficient les entreprises allemandes à forte consommation d'énergie, leur facture énergétique reste supérieure à la moyenne européenne de 19%, ce qui leur vaut un désavantage concurrentiel par rapport à leurs homologues européennes, notamment celles basées aux États-Unis. Il n'est pas suprenant que le géant de la chimie allemande BASF soit peu enclin à élargir ses investissements en Allemagne et en Europe, avec les impacts que cela implique sur les emplois industriels locaux.

    Une consommation de charbon en forte hausse

    Rien que pour le solaire, l'Allemagne s'est engagée à payer des subventions de plus de 100 milliards d'euros sur les 20 prochaines années, bien que le solaire ne constitue actuellement que 0.7% de la consommation primaire en énergie. Projeté vers la fin de siècle, les impacts des panneaux solaires sur le climat se résument à un retardement du réchauffement climatique de 37 heures.

    Les énergies vertes ne peuvent pas couvrir les besoins en électricité en Allemagne - qu'allez-vous faire lorsque le soleil ou le vent fait défaut ? C'est la raison pour laquelle l'Allemagne doit encore s'appuyer sur les énergies fossiles, et c'est l'un des facteurs qui ont fait monter la consommation du charbon (source d'énergie très polluante) l'année dernière à son plus haut niveau depuis 1990. En conséquence, l'Allemagne a augmenté ses émissions de CO2 depuis sa sortie du nucléaire entamée en 2011, et cela, malgré les subventions incroyables consacrées aux EnR.

    Investir dans la R&D verte

    L'Allemagne ne devrait pas injecter des centaines de milliards d'euros dans les subventions de technologies peu fiables et peu efficientes, qui pèsent en revanche très lourd dans la facture énergétique des plus défavorisés. Elle devrait plutôt investir plus dans la R&D verte dans le but de développer des générations plus efficaces d'EnR, de technologies de stockages et de smart grids. Si nous pouvions innover de manière à ramener les coûts des EnR en dessous de ceux des énergies fossiles, tout le monde passerait aux EnR, sans pénaliser les plus démunis.

    Selon les recherches effectuées par quelques-uns des plus éminents économistes de la planète, incluant trois Prix Nobel, pour le Copenhagen Consensus Center, les subventionnements actuelles des EnR sont si peu bénéfiques que sur chaque euro dépensé en subvention, 97% est gaspillé. Par contre, investir un euro dans les innovations écologiques pourrait permettre d'éviter 11 euros de dégâts à long-terme dus au changement climatique, ce qui serait 500 fois plus efficace.

    Le gouvernement allemand serait bien inspiré de suivre les conseils de ses experts et de ne pas poursuivre ses politiques actuelles sur le solaire et l'éolien qui ne font qu'accroître la pauvreté. En lieu et place, l'Allemagne devrait concentrer ses efforts sur des innovations vertes plus abordables qui seraient bénéfiques à la fois au climat, à l'économie et aux citoyens à faible revenu.

    la tribune
Chargement...
X