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« Sans regret, sans remords, pourquoi je ne serai plus candidat », par Jean-Pierre Bel

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  • « Sans regret, sans remords, pourquoi je ne serai plus candidat », par Jean-Pierre Bel

    LE MONDE |

    « Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et une confiance inébranlable pour l'avenir »
    , disait Jean Jaurès, dont nous célébrons cette année le centenaire de l'assassinat. Il y a là des balises qui jalonnent mon parcours de vie.

    Le 1er octobre 2011, la victoire de la gauche au Sénat a représenté un bouleversement historique attendu depuis près de cinquante ans ; elle a également contribué à légitimer le bicamérisme en démontrant que l'alternance était possible.
    A la fin du mois de septembre auront lieu de nouvelles élections pour la moitié des sièges à pourvoir. Pour ce qui me concerne, je ne serai pas candidat pour exercer, pendant six ans supplémentaires, un nouveau mandat.

    Dès les premiers jours qui ont suivi mon élection à la présidence, j'en ai informé François Hollande, alors qu'il était lui-même candidat à la candidature pour la présidence de la République. Lui, et lui seul, car c'était la condition pour effectuer cette extraordinaire mission en toute plénitude.

    C'est d'abord un choix personnel très ancien. J'ai été élu sénateur il y a seize ans ; j'y ai exercé diverses responsabilités avant de devenir, grâce à la confiance de mes camarades, président du groupe socialiste. Pendant sept ans, avec l'ensemble de la gauche et des écologistes, rassemblés, nous avons travaillé, nous avons préparé minutieusement le changement dans cette assemblée qui, depuis si longtemps, ne l'avait pas connu.

    J'ai été le candidat qui allait porter l'alternance. Premier président socialiste du Sénat depuis le début de la Ve République, j'ai ressenti cela comme un immense honneur, ce fut la responsabilité la plus passionnante de toutes celles que j'ai eu à exercer. Cette décision, qui vient de loin, c'est un engagement souvent affirmé, vis-à-vis de moi-même, vis-à-vis de mon entourage, un engagement auquel je ne souhaite pas me soustraire.

    Avec les nouvelles dispositions sur la vie politique, je suis convaincu que nous entrons dans une nouvelle ère. Je suis convaincu que pour redonner confiance dans la parole politique on ne peut pas s'en tenir à proclamer des principes, il faut être capable de se les appliquer… et, d'abord, ne pas se considérer comme propriétaire de nos mandats.

    Je ne prétends surtout pas à l'exemplarité ; j'ai la chance de me trouver en situation de pouvoir le faire sans mettre en péril les positions de la gauche et des socialistes ni dans mon département, l'Ariège, ni, demain, pour la majorité sénatoriale. Rien ne m'oblige et, pour répondre par avance à certains commentaires orientés ou ignorants, en particulier pas la crainte des échéances à venir.

    J'ai été presque le seul à annoncer, en 2011, le basculement à gauche du Sénat ; je dis, aujourd'hui, pour l'avoir bien étudié, qu'il restera à gauche en 2014. Je suis fier de ce que cette nouvelle majorité a pu accomplir depuis deux ans et demi.

    J'ai aimé le Sénat ; je continue à l'aimer pour ce qu'il apporte à la démocratie, à la qualité du travail législatif. L'heure n'est pas encore, en ce moment, au bilan ; mais qu'on ne s'y trompe pas, nous aurons l'occasion dans les mois qui viennent de montrer le chemin parcouru.

    La première année, exaltante, fut celle où notre action a contribué à la reconquête ; puis, depuis juin 2012, l'absence de majorité gouvernementale a rendu plus incertain et moins cohérent le positionnement politique du Sénat, victime d'un rapport de force politique volatile.

    Certes, j'ai été confronté à nombre de conservatismes, mais j'ai exercé cette haute responsabilité avec beaucoup d'enthousiasme en me gardant de toute tentation narcissique ou concessions médiatiques.

    Voilà maintenant trente et un ans, je devenais maire d'une commune de haute montagne en Ariège, puis maire de Lavelanet, une ville ouvrière textile. J'ai été conseiller régional, conseiller général ; je me suis investi sans compter au Parti socialiste, exerçant toutes les responsabilités, de secrétaire de section jusqu'à celle de dirigeant national aux fédérations, aux élections… J'ai accompagné à ces postes, Lionel Jospin, Henri Emmanuelli, François Hollande…

    C'est un long chemin. Je ne serai candidat à aucune autre fonction élective. Je demande à chacun de croire en ma sincérité, à mes amis, à mes amis politiques, mais également aux autres vis-à-vis desquels je me suis efforcé de toujours me comporter avec respect et loyauté.

    Je ne suis ni déçu ni blasé… bien au contraire. Nous avons toujours mille raisons d'attendre et de ne pas entendre ; mais le prix du renoncement est plus cher à payer que le prix du courage.

    Comme d'autres, comme Bertrand Delanoë, je décide simplement moi-même, en toute lucidité, toute sérénité du moment, de m'arrêter. C'est le plus grand des privilèges. Je souhaite à chacun de pouvoir en disposer au moment qui lui correspond. Je continuerai, avec la même passion, jusqu'au dernier jour pleinement investi dans la fonction qui est la mienne tout en m'impliquant dans la campagne à venir. J'encourage tous ceux qui veulent donner du sens à leur citoyenneté à servir la République, à s'engager dans la vie politique.

    J'exprime ma profonde reconnaissance à tous mes collègues, en particulier à celles et ceux qui ont partagé mes valeurs, des valeurs qui restent fortes, qui nous honorent. Je les appelle à continuer ce merveilleux combat pour lequel j'ai consacré une grande partie de ma vie.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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