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Sahel- Les non-dits de l’incursion marocaine (1re partie)

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  • Sahel- Les non-dits de l’incursion marocaine (1re partie)

    Par Mostefa Zeghlache,ancien cadre au ministère des Affaires étrangères

    La visite effectuée, à partir du 18 février 2014, par le souverain marocain Mohammed VI dans quatre pays d’Afrique subsaharienne intervient à un moment précis où la région du Sahel connaît une tension persistante marquée par le soulèvement armé d’une partie de la population de la partie nord du Mali et du Niger, l’émergence de groupes djihadistes, renforcés en hommes et en matériels par la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, en Libye, et l’intervention de certains Etats de la région (Cédéao) et d’une puissance européenne, la France.

    La tournée programmée du roi du Maroc dans quatre Etats africains n’est, en soi, pas une nouveauté. Certainement conscient que la politique de la chaise vide pratiquée à l’OUA et ensuite à l’Union africaine par le Maroc, suite à la décision de retrait en date du 12 novembre 1984 prise par son père, le défunt roi Hassan II, deux années après l’admission de la RASD à l’OUA, en 1982, était un obstacle pour la promotion des intérêts politiques et économiques du pays dans le continent, le nouveau monarque tente, depuis les premières années de son accession au trône — le 23 juillet 1999 — d’impulser une nouvelle dynamique aux relations maroco-africaines. Il l’a déclaré à plusieurs reprises, notamment lors du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité, le 6 juin 2013 : «Nous avons placé l’Afrique au cœur de notre politique extérieure et avons fait le choix délibéré, naturel et stratégique en faveur d’une coopération solidaire Sud-Sud et triangulaire qui se traduit par la mise en œuvre de projets concrets au bénéfice de plusieurs pays du continent.» D’ailleurs, un quotidien marocain rappelait récemment, qu’au lendemain de son accession au trône, le jeune roi avait annoncé en 2000, lors du sommet Europe-Afrique, tenu au Caire, l'annulation de la dette des pays africains les moins avancés et l'exonération totale des droits de douane de leurs produits exportés au Maroc. Cette déclaration souligne l’ambition du monarque de «rattraper le temps perdu.»

    Aux déclarations s’ajoutent les visites officielles dans des pays africains francophones dont certains, comme le Sénégal et le Gabon, sont ses plus fidèles alliés s’agissant de la question du Sahara occidental. Parallèlement, les tournées africaines sont étoffées par la signature de nombreux accords de coopération, soutenus par un véritable déploiement d’entreprises publiques et privées qui s’engagent à travers des projets qui sont soit entièrement financés par l’Etat marocain et touchant essentiellement des secteurs sociaux (santé, éducation, affaires religieuses, formation professionnelle, logements sociaux…) soit en partenariat associant le secteur privé marocain, en majorité dans les secteurs économiques et techniques (industrie de transformation, cimenteries, télécommunication,agriculture, BTP…).

    Parmi les visites de Mohammed VI, signalons la tournée de 13 jours effectuée en juin 2004 au Bénin, Cameroun, Gabon, Niger et Sénégal. Le Ghana et le Mali étaient aussi initialement prévus. Mais la visite dans ces deux pays avait été annulée en raison de leur reconnaissance de la RASD.
    Par ailleurs, le roi Mohammed VI avait assisté, le 19 septembre 2013, à l’investiture du président malien Ibrahim Boubacar Keita et y avait prononcé un discours. Pour la presse marocaine, cette visite a «…consacré l’engagement avéré du Maroc aux côtés du Mali et au-delà, en faveur de ses partenaires du Sud».

    C’est dans ce contexte qu’intervient la tournée de Mohammed VI, prévue dans quatre pays africains à compter du 18 février 2014. Deux visites officielles au Mali et en Guinée Conakry et deux visites de travail et d'amitié en Côte d'Ivoire et au Gabon, selon un communiqué du ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie.

    La première visite a eu lieu au Mali, du 18 au 23 février 2014, et la deuxième en Côte d’Ivoire, du 24 au 28 du même mois. Le souverain s’est rendu en Guinée Conakry du 3 au 5 mars courant. Le 6 de ce mois, il entame sa sixième visite au Gabon où il se sentira un peu chez lui eu égard à l’intensité des relations entre ces deux pays depuis l’époque où Hassan II et Omar Bango présidaient aux destinées du Maroc et du Gabon. Dans les trois premiers pays, le roi a inauguré un certain nombre de chantiers financés et à réaliser soit par l’Etat marocain, soit en partenariat associant les entreprises publiques ou privées marocaines et signé des accords de coopération dans différents secteurs d’activité socioéconomique.
    Par ces temps de crise au Sahel, le volet religieux s’avère, pour le Maroc, un «produit» d’exportation peu coûteux et à forte symbolique dans cette région majoritairement musulmane.

    C’est à grand tapage médiatique que les autorités marocaines mettent en exergue «l’aura» du monarque en Afrique subsaharienne qui lui proviendrait de son statut de «commandeur des croyants». Dans un article intitulé «Maroc l’appel du Sud», le journaliste Youssef Aït Akdim de Jeune Afrique souligne que dans ces pays, «les musulmans pieux l’ont accueilli d’abord comme un chef religieux, auréolé du prestige de chérif, descendant du Prophète, selon l’hagiographie royale» in Jeune Afrique n° 2771 du 16 au 22 février 2014. De même, ces autorités mettent en exergue le caractère «modéré de l’Islam malékite marocain… dans une région de 190 millions de musulmans où l’islam radical fait bon marché». C’est ainsi que le Maroc s’est engagé à assurer la formation de 500 imams maliens au Maroc et à prendre en charge la construction de nouvelles mosquées et la restauration d’écoles coraniques et de medersas au Mali et en Guinée.

    Vues sous cet angle, les différentes visites de Mohammed VI en Afrique francophone s’identifient à une simple stratégie de redéploiement politique et économique du Maroc dans un terrain qu’il a longtemps négligé, voire méprisé — rappelons-nous du qualificatif de «conférence tam-tam» attribué par Hassan II à l’OUA, après l’admission de la RASD. Mais à y regarder de près, cette démarche ressemble à tout sauf à un ballet diplomatique dépourvu d’arrière- pensées à l’égard de l’Algérie. Sans verser dans l’alarmisme, et tout chauvinisme algérien mis à part, on peut facilement comprendre que l’agitation marocaine, à notre frontière méridionale, a de quoi inquiéter. L’alibi en est la position de notre pays à l’égard de la question du Sahara occidental.

    La surenchère sur la question du Sahara occidental

    Tous les paramètres utilisés ou susceptibles de l’être par les politologues comme par les juristes, et les différentes résolutions de l’OUA/UA et de l’ONU l’attestent, pour qualifier la situation du Sahara occidental aboutissent à la conclusion qu’il s’agit là d’un territoire non autonome, auquel s’applique le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à l’autodétermination, tel qu’établi par la Charte des Nations unies en 1945 et conforté et réaffirmé par la résolution 1514 (XV) du 14 décembre 1960 de l’Assemblée générale des Nations unies ainsi que le Pacte sur les droits civils et politiques du 16 décembre 1966, spécifiant tous que «tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes». Ce droit est inaliénable et constitue une norme impérative du droit international, ou jus cogens. La communauté internationale est unanime à ce sujet, sauf le royaume du Maroc dont les autorités persistent à vouloir faire croire qu’il s’agit d’un différend avec l’Algérie.
    Il n’y a pas lieu de s’étendre sur la longue et tragique histoire du peuple sahraoui depuis le retrait de l’ex puissance coloniale, l’Espagne. Beaucoup a été dit et écrit par des instances et des spécialistes mieux au fait des différentes facettes de cet épineux problème qui constitue, entre autres, un sérieux obstacle à l’édification de l’espace maghrébin. L’occupation marocaine dure depuis près de 40 ans au mépris de la volonté du peuple sahraoui et de la légalité internationale. En plus de sa persistance, la question sahraouie tend, aujourd’hui, à prendre une nouvelle dimension avec l’émergence de la problématique des droits de l’homme. En effet, conformément aux conventions de Vienne de 1864 et surtout d’août 1949 qui définissent les règles de protection des personnes, notamment les civils, en cas de conflit armé. Dans ce cadre, la puissance occupante est tenue au respect de ses obligations, notamment s’agissant de la protection des personnes qui ne participent pas au conflit. Ces conventions constituent la base de ce qu’on appelle aujourd’hui le droit humanitaire. La politique répressive des autorités marocaines dans les territoires sahraouis est assimilée à une atteinte aux droits de l’homme, dont la protection, en cas de défaillance de l’autorité occupante, est dévolue aux Nations unies. La position sahraouie est soutenue par l’Algérie comme par beaucoup d’autres pays du tiers-monde et des organisations humanitaires et de la société civile, notamment occidentales. Cette nouvelle dynamique irrite beaucoup les autorités marocaines qui y voient l’œuvre de l’Algérie. Comme en témoigne la déclaration de Mohammed VI du 6 novembre 2013, lors de la célébration du 38e anniversaire de l’invasion du Sahara occidental — la marche verte — : «C’est dire que le Maroc refuse de recevoir des leçons en la matière surtout de la part de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l’homme. Quiconque souhaite surenchérir sur le Maroc n’a qu’à descendre à Tindouf et observer dans nombre de régions alentours les atteintes portées aux droits de l’homme les plus élémentaires.» On ne peut être plus clair à l’égard de l’Algérie. Ne se contentant apparemment pas de déclarations et de communiqués officiels, le makhzen est allé loin dans ses manœuvres contre l’Algérie en organisant une violation en bonne et due forme des locaux du consulat général d’Algérie à Casablanca, le 1er novembre 2013. Durant ce grave incident diplomatique, l’intrus marocain a même arraché l’emblème national, de surcroît un 1er novembre, une date ô combien symbolique pour le peuple algérien ! L’Algérie a encaissé le coup et évité le piège de la provocation gratuite.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    De même, l’Algérie avait été accusée de refoulements de ressortissants syriens vers le Maroc et les gardes-frontières algériens, eux, ont été accusés d’avoir tiré… deux coups de feu contre un poste-frontière marocain dans la région du Figuig, à la frontière commune. Depuis, une ligne de «défense» aux barbelés aurait été érigée par la partie marocaine ! En fait, la raison essentielle de cette agitation-provocation est une réponse maladroite des autorités marocaines au renforcement des mesures de sécurité et de contrôle décidées récemment par les autorités algériennes dans leur lutte contre la contrebande qui saigne l’économie nationale, notamment concernant le trafic illégal de carburants. Au point où les autorités marocaines ont été contraintes… d’augmenter le prix des carburants au Maroc !
    Pourtant, cette situation n’est ni nouvelle ni inédite, elle dure depuis le départ, en 1974, de la puissance tutélaire espagnole et l’occupation marocaine d’une grande partie du territoire sahraoui — à l’origine partagé avec la Mauritanie — et le soutien de principe de l’Algérie à la cause sahraouie. L’espoir demeure de voir les autorités marocaines prendre en considération les aspirations de leur peuple et le courage de lancer une nouvelle «marche verte», légitime, celle-là pour libérer une partie du territoire marocain, les enclaves de Ceuta et Melilla, encore sous occupation étrangère. C’est dans ce contexte peu propice à des relations sereines et apaisées de bon voisinage et de coopération avec l’Algérie qu’intervient la récente tournée du souverain marocain dans la région et plus particulièrement au Mali.
    D’abord, on constate qu’avec la visite au Mali, la question de la RASD n’est plus une ligne rouge infranchissable dans la stratégie marocaine en Afrique. Le Mali avait reconnu la RASD le 4 juillet 1980. Il avait été retiré de la liste des pays à visiter par Mohammed VI, en 2004, pour cette raison. Et voilà que ce pays devient «fréquentable» au point d’être visité à deux reprises en moins de 6 mois. Quel revirement !

    D’ailleurs, les autorités maliennes demeurent fidèles à leur position de principe de solution politique négociée à ce conflit. C’est ce qui ressort du communiqué issu à la fin de la visite de Boubacar Keita à Alger, le 19 janvier 2014 dans lequel «les deux présidents (algérien et malien) réitèrent leur soutien aux efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé spécial (pour le Sahara occidental) qui visent à trouver une solution politique agréée par les deux parties, le Polisario et le Maroc), conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies». Cette position de principe ressurgit dans le communiqué publié à l’issue de la visite du souverain marocain à Bamako, un mois plus tard. A cette occasion, le président malien a «réitéré son engagement à soutenir la mise en œuvre des résolutions pertinentes du secrétaire général et de l’Assemblée générale de l’ONU… et se félicite des efforts sérieux et crédibles déployés par le royaume du Maroc pour aller de l’avant vers un règlement pacifique, négocié et définitif de cette question».

    Par ailleurs, et comme prévu, lorsque cela est possible, le Maroc compte sur ses alliés africains pour ressortir la question sahraouie à son avantage. C’est notamment le message délivré par le ministre guinéen des Affaires étrangères à la presse marocaine, à la veille de la visite de Mohammed VI à Conakry : «La Guinée défend et soutient la proposition d’autonomie et nous allons réaffirmer cette position» (lors de la visite du souverain marocain). En fait, la conception marocaine des relations avec les pays africains (francophones) n’a pas évolué depuis la fin des années soixante-dix du siècle passé. Sous le couvert de la promotion de relations politiques et économiques classiques se dégage un objectif non avoué qui est de contrecarrer et d’affaiblir la position de l’Algérie, voire de lui créer de sérieux problèmes dans la partie méridionale de son territoire.

    Pour ce faire, et conscient qu’il ne dispose pas des moyens politiques, économiques et financiers de son voisin oriental, l’Algérie, le Maroc joue la carte Azawad et s’allie à une puissance extra-africaine, en l’occurrence la France, pour réaliser ses desseins. C’est ce qui explique le rapprochement avec le MNLA qui a lieu avec l’accord de la présidence malienne et le soutien manifesté publiquement au redéploiement politico-militaire de la France dans la région.

    La carte Azawad

    Après les accords de Ouagadougou, le médiateur de la Cédéao pour le Mali, le président burkinabé, Blaise Compaoré – qualifié, à tort ou à raison — par la presse malienne de «proche soutien» des rebelles du MNLA — est pris par de sérieux problèmes de succession et d’alternance au pouvoir dans son pays, générés par une forte contestation qui s’affirme chaque jour davantage. Profitant de cette situation, le nouveau président malien tente de récupérer le processus de dialogue avec l’opposition du Nord, en s’appuyant sur l’Algérie. C’est dans ce sens que le dialogue politique national débutera à Bamako le 10 mars courant. Dans ce contexte, le Maroc, encouragé par Paris, s’est lancé dans une tentative visant à soustraire l’initiative de médiation à l’Algérie. C’est le sens de l’accueil chaleureux réservé par Mohammed VI, le 31 janvier 2014, au secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Bilal Ag Acherif accompagné du porte-parole du mouvement, Moussa AG Attaher. Le roi et ses invités ont même prié ensemble dans la mosquée de la Koutoubia de Marrakech ! Le communiqué officiel publié par le palais après l’audience justifiait cet accueil par «le souci constant du Maroc de préserver l’unité territoriale et la stabilité du Mali et la volonté constante de parvenir à une solution à la crise malienne…». Selon la presse marocaine, le secrétaire général du MNA «a présenté devant le souverain un exposé sur le développement de la situation au nord du Mali et a remercié Sa Majesté le roi pour son engagement dans la lutte contre la violence, l’extrémisme et le terrorisme qui menacent la région du Sahel et du Sahara».
    Ce même Bilal boycotterait, à l’initiative du Maroc, les rencontres de concertation qui se tiennent à Alger avec les représentants de mouvements maliens du Nord. Mais si les contacts du palais avec les dirigeants du MNLA ne datent pas d’hier, ils n’étaient pas auparavant aussi ostentatoires et médiatisés. En effet, ce même Attaher, porte-parole du mouvement et coordonnateur de son action diplomatique en Europe s’était rendu à plusieurs reprises au Maroc, notamment en octobre 2012, pour rencontrer les responsables de réseaux militants amazighs marocains à Rabat, Agadir et Tanger, en vue de faire passer le message du Maroc qui consiste notamment à demander pourquoi l’Algérie refuse aux Maliens du Nord le même droit qu’elle défend pour les Sahraouis, à savoir l’autodétermination et l’indépendance. Ainsi, le reproche fait à l’Algérie est de pratiquer la politique des «deux poids, deux mesures» en raison de sa crainte de faire face à un supposé problème Azawad similaire, sur son territoire. Enfin, Rabat mettrait à profit le «mécontentement» de Paris contre Alger qui aurait garanti l’asile politique à Iyad Ag Ghali, chef d’Ansar Eddine, activement recherché par les Français depuis le déclenchement de l’opération Serval, en janvier 2013. Selon les mêmes sources, Paris serait «déçu par le manque de coopération de l’Algérie, depuis l’autorisation de survol du territoire algérien».
    M. Z.
    (A suivre)
    Demain : «Le Maroc, un sous-traitant de la Françafrique ?»
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Mais à y regarder de près, cette démarche ressemble à tout sauf à un ballet diplomatique dépourvu d’arrière- pensées à l’égard de l’Algérie. Sans verser dans l’alarmisme, et tout chauvinisme algérien mis à part, on peut facilement comprendre que l’agitation marocaine, à notre frontière méridionale, a de quoi inquiéter.
      C'est malheureusement le cas .On appelle ça la paranoïa !!

      Le Mali n'est qu'une étape du périple du roi qui agit d'abord et avant tout en VRP pour les entreprises marocaines afin de booster l’économie marocaine.

      Quant à l'implication religieuse du Maroc ( et non du roi) dans ces pays, elle remonte loin dans le temps entre les dynasties marocaines et ces pays qui sont les premiers à la mettre en relief et qui désir la promouvoir .

      En tout cas cela doit faire plaisir à l’Algérie puisque le Maroc prône un islam modéré qui est l'anti-dote de l'islam radical qui a mis à feu et à sang l’Algérie durant la décennie noire.

      Et ce n'est pas en contaminant ces pays avec des Belmokhtar que l’Algérie sera débarrassée de la pieuvre islamiste qui peut toujours resurgir.

      Au lieu de passer son temps à critiquer le Maroc et à nous sortir des slogans éculés comme la françafrique , l’Algérie devrai emboiter le pas au Maroc religieusement en accueillant des imams chez elle et les former dans le respect du rite malekite tolérant et économiquement en aidant les sociétés privées algériennes à s'exporter EN AFRIQUE et non à aller engraiser le mammouth français comme le fait Cevital..

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      • #4
        @Sepico

        Pour ton info :

        Le Roi M6 n avait trouvé sur quel pied danser

        Talfatlou !

        Est ce que l Europe , l UMA , le CCG ou bien l Afrique ?

        Carrément , politiquement il patine sur place ...le Sahara Occidental l envenime , il n ose jamais l avouer publiquement
        A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

        Commentaire


        • #5
          Le Maroc, un sous-traitant de la Françafrique ? (2e partie et fin)

          Par Mostefa Zeghlache, ancien cadre au ministère des Affaires étrangères

          En toute clarté et sans complexe aucun, le régime marocain fait sienne la politique néocoloniale française en Afrique, particulièrement francophone.
          Le roi l’a déclaré lors du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, tenu à Paris en décembre 2013, à l’instant même où la France envoyait ses troupes en République Centrafricaine, en proie à de très graves troubles qui persistent et s’aggravent de jour en jour, mettant en «joue» la minorité musulmane dans ce pays. A cette occasion, le souverain avait déclaré : «Je voudrais rendre hommage à l’intervention courageuse et décisive de la France et du Président François Hollande qui a été renforcée par l’engagement de nombreux pays africains et de la Cedeao pour vaincre la menace terroriste et restaurer la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire.» Cette déclaration n’apporte pas de nouveau à une position marocaine constante de soutien à l’intervention française. En effet, en janvier 2013, le ministre marocain de l’Intérieur avait organisé, à Rabat, une réunion «sécuritaire» avec ses homologues de l’Intérieur français, portugais et espagnol. A l’issue de cette réunion, lors d’une conférence de presse, le ministre marocain avait exprimé «le soutien sans réserve du Maroc à l’intervention militaire française au Mali pour défendre la souveraineté de ce pays africain».

          Il avait ajouté que «la France est intervenue en République malienne pour lutter contre le terrorisme et contre les atteintes à son intégrité territoriale et à la sécurité de ses populations», et conclu que «le Maroc a, dès la première heure, fait public son soutien au Mali face aux mouvements séparatistes menaçant la paix et la sécurité, non seulement du Mali et du Sahel, mais aussi celles de tous les pays de la région». La Françafrique ne pouvait trouver meilleur allié.
          L’alignement du Maroc sur la politique de la France en Afrique et plus précisément au Sahel est, semble-t-il, apprécié. C’est la réponse du berger à la bergère : le Maroc soutient le déploiement de la France qui, au retour, soutient le Maroc dans le conflit sahraoui. Mais cette idylle est en passe d’être remise en cause par la justice française qui a mis dans l’embarras les autorités françaises et «scandalisé» le Makhzen à la fin de février 2014, en cherchant à entendre le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi qui accompagnait son ministre de l’Intérieur en visite en France. La justice avait agi sur la base de deux plaintes contre le patron du contre-espionnage marocain déposées par une ONG «Action des chrétiens contre la torture», et un Franco-Marocain, Adil Lamtalsi qui se plaignait d’avoir été torturé au Maroc en 2008.

          Mais la goutte qui a fait déborder le vase a été la déclaration, en 2011, de l’ancien ambassadeur français aux Etats-Unis, faite à un acteur espagnol et publiée par le journal Le Monde dans laquelle le diplomate aurait dit : «Le Maroc est une maîtresse avec laquelle on dort la nuit, dont on n’est pas particulièrement amoureux, mais qu’on doit défendre.» Ce fut le tollé général à Rabat qui, en guise de «représailles», a reporté la visite de Nicolas Hulot et «suspendu» sa coopération judiciaire avec la France ! Le président français a dû appeler le souverain marocain pour «lui transmettre un message de confiance et d’amitié». Cet épisode reflète bien la «considération et le respect» dont jouit le Maroc auprès des responsables français. Néanmoins, s’agissant du Sahel, le soutien marocain n’est pas seulement politique, il est aussi militaire. Dans un article intitulé «De Laâyoune à Tombouctou» publié dans Jeune Afrique n° 2771, François Soudan révèle que c’est «dans la plus grande discrétion, (que) des forces spéciales marocaines ont été engagées sur le terrain au Mali, dans le cadre de l’opération Serval». De même, des avions de chasse français Rafales auraient survolé le territoire marocain en direction du Mali.
          Et plus récemment encore, certaines sources de presse ont annoncé la participation de militaires marocains en République centrafricaine, dans le cadre de l’opération «Sangaris» menée par la France dans ce pays. La collaboration marocaine à la stratégie française au Sahel est, selon Rabat, appréciée tant par Paris que par Washington. Et ce serait à l’initiative marocaine que le ministre français de la Défense aurait finalement accepté d’inclure le MNLA dans le processus de dialogue en cours, comme l’a révélé la journaliste Lila Ghali : «Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a admis hier avoir eu ‘’des relations fonctionnelles avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA)’’.» (article intitulé «La France contrainte de s’allier avec le MNLA au Nord du Mali»).

          La politique algérienne au Sahel :
          pragmatisme et réalisme


          Comme on vient de le constater, le Maroc déploie tous azimuts ses moyens politiques, diplomatiques, économiques, voire culturels à la frontière méridionale de l’Algérie avec la ferme intention de perturber ses efforts pour une solution négociée, viable et durable aux problèmes d’une zone sensible qui constitue le prolongement naturel du territoire algérien. De même, la position stratégique de notre pays dans la région sahélo-saharienne est remise en question par le Maroc qui, selon Mohamed Benhamou, président du Centre marocain des études stratégiques, «conteste la théorie algérienne de l’Etat-pivot qui se traduit par une volonté de mise sous tutelle de toute la région sahélienne». Qu’en est-il alors de l’attitude algérienne face à ces défis ?
          Dans ce contexte de défi, en apparence de nature exclusivement politico-sécuritaire, voire doctrinale, se greffe un autre de caractère socio-économique touchant les populations arabo-berbéro-africaines longtemps maintenues éloignées du processus de développement mené par des pouvoirs centraux installés dans des capitales très éloignées des régions désertiques et pauvres où vivent ces populations. En l’absence d’un interlocuteur crédible et engagé avec ces populations, les revendications pacifiques et légitimes ont été récupérées soit par le discours autonomiste soit par le discours politico-religieux. Cette situation n’était pas sans danger pour les pays de la région, en premier lieu l’Algérie. Pour avoir longtemps connu les affres de l’extrémisme, dont le dernier grand épisode sanglant s’est produit au sud du pays, non loin de la frontière avec la Libye, au site gazier de Tiguentourine, le 16 janvier 2013, et consciente des dangers qui se profilent à ses frontières et des conséquences de leur extension à l’intérieur du pays, l’Algérie s’est très tôt inscrite dans une triple perspective. D’abord, toute approche pour régler ces problèmes doit reposer sur le dialogue avec les représentants légitimes des populations autochtones, ensuite, toute solution exclusivement sécuritaire est vouée à l’échec, et enfin la coordination régionale et internationale est une condition sine qua non dans la recherche de solutions viables, durables et consensuelles aux différents problèmes de la région. Il n’est pas nécessaire de rappeler les engagements concrets et multiformes pris par l’Algérie en faveur des pays africains, notamment ceux du Sahel et cela depuis les premières années de l’indépendance. Solidarité avec les peuples africains en toutes circonstances a de tout temps été le maître-mot de la relation algéro-africaine. Et il serait inutile de revenir là-dessus. Mais dans le contexte du déploiement marocain à la porte sud de l’Algérie, il s’avère utile de rappeler quelques vérités.

          Dès que la région du Sahel a commencé à donner les signes d’une sanctuarisation des groupuscules terroristes, particulièrement après la chute du régime de Kadhafi, l’Algérie a mis tout son poids politique, économique et militaire pour soustraire cette région aux périls qui s’annonçaient. Cette démarche venait en soutien à ses efforts de médiation entre le pouvoir central à Bamako et les mouvements séparatistes.
          L’objectif de l’action algérienne est d’aboutir à une solution africano-africaine, sans interférence occidentale, mais avec l’appui de tous les Etats, y compris non africains. Cette vision ne cadre à l’évidence pas avec celle de Rabat et même de Paris. Néanmoins, Alger est parvenue à sensibiliser ses partenaires africains du Sahel sur la nécessité de prendre en charge, en commun, les problèmes de la sous-région. C’est ainsi qu’est né, à Bamako, le 20 mai 2011, le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc), regroupant les chefs d’état-major du Mali, d’Algérie, de Mauritanie et du Niger, et dont le siège a été fixé à Tamanrasset, en Algérie. On appelle ces pays les «pays du champ». Entre autres objectifs, le Cemoc devait créer, dans un délai de 18 mois, une force commune d’intervention pouvant regrouper jusqu’à 150 000 hommes.
          The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

          Commentaire


          • #6
            Par ailleurs et pour renforcer leurs capacités d’action, les pays du champ avaient tenu, d’abord à Washington, le 8 novembre 2011, une réunion avec les Etats-Unis consacrée à la situation militaire et sécuritaire, ensuite à Bruxelles le 8 décembre 2011, une réunion de coordination avec l’Union européenne (réunion Sahel-UE) pour débattre des moyens de lutte contre la pauvreté et le terrorisme au Sahel.
            Prenant conscience que l’action militaire n’est pas la solution, les pays du champ ont créé, à Nouakchott, deux comités. L’un politique, au niveau des ministres des Affaires étrangères, chargé de la mise en œuvre et du suivi des décisions politiques du groupe ; et l’autre technique chargé du suivi des projets de développement structurants «ayant un impact direct sur l’amélioration du niveau de vie des populations des zones enclavées». Le Nigeria et le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme, dont le siège est à Alger, participent aux travaux de ces comités.
            La proclamation, le 6 avril 2012, de l’indépendance des trois régions nord du Mali par le MNLA est venue compliquer la donne. Mais depuis, cette revendication s’est atténuée sans disparaître.

            Le MNLA se présente plutôt comme un interlocuteur attitré avec la France et les autorités maliennes, sous prétexte que ses hommes connaissent mieux le terrain du nord du Mali «Azawad» que les troupes françaises et de la Cédéo auxquelles il souhaite prêter main-forte pour reprendre le terrain laissé vacant par ses anciens alliés d’Ansar Eddine et du Mujao et tenter de s’imposer comme l’interlocuteur inévitable, voire le seul des autorités centrales maliennes.
            Par ailleurs, et comme on l’a déjà évoqué, le président malien s’est rendu en visite de travail en Algérie les 18 et 19 janvier 2014, après une visite en Mauritanie. Commentant l’événement, le site malien Mali-Web écrivait en substance «(…) Le dossier du Nord se résoudra avec l’Algérie ou ne le sera jamais… En plus d’une longue frontière commune, l’Algérie dispose d’une expérience avérée qui pourrait être de grande utilité dans la résolution de nos problèmes internes qui, en réalité, ne le sont plus. D’où une nécessité de réponse globale dans laquelle l’Algérie devrait jouer un rôle de premier plan. Autant dire, en toute objectivité, que l’Algérie est beaucoup plus un atout aujourd’hui qu’un ennemi à frapper d’ostracisme» (article «Visite d’IBK en Algérie :
            les manœuvres torpilles» du 21 janvier 2014). A l’issue de cette visite, le ministre malien des Affaires étrangères a déclaré que «des mouvements armés du nord du Mali avaient demandé aux autorités algériennes de les aider à peaufiner une plateforme de dialogue pour se préparer à des négociations inclusives.
            Le gouvernement algérien a accueilli favorablement la démarche… Donc, il faut positiver cette démarche qui permettra aux mouvements armés, à la société civile et aux communautés du Nord de participer à un dialogue inclusif, lequel se fera à Bamako, entre Maliens, pour trouver une issue favorable à la crise». Pour sa part, le ministre algérien des Affaires étrangères a ajouté que «les discussions entre les mouvements du nord du Mali et notre pays sont à présent des pourparlers exploratoires. L’objectif étant de relancer le dialogue inter-malien».

            Tout comme la visite du président malien a permis aux deux parties d’instituer un comité bilatéral stratégique sur le Nord-Mali. D’ailleurs, ce comité a tenu sa première réunion à Alger les 2 et 3 mars. Selon le ministre malien de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord, présidant la délégation de son pays, ce comité a été créé «pour prendre en charge l’ensemble des questions qui structurent les relations entre l’Algérie et le Mali sur cette question (nord du Mali) précisément». Le dialogue inter-malien s’ouvrira bientôt à Bamako. Dans le communiqué commun publié à l’issue de la première réunion du comité, «les deux pays sont convenus à conjuguer leurs efforts pour créer un front uni contre les menaces à leur sécurité, notamment le terrorisme, le trafic de drogues et le crime organisé» (agence APS du 4 mars 2014).
            D’ailleurs, certaines sources de presse, en particulier maliennes, considèrent que la récente visite de Boubacar Keita à Alger témoigne de la confiance que les nouvelles autorités maliennes investissent en l’Algérie considérée comme un médiateur fiable et crédible.
            Ainsi, il s’avère clairement qu’avec l’Algérie, on est loin du cafouillage et de l’improvisation de la «stratégie» marocaine. Il est évident que le poids et le rôle de l’Algérie dans cette partie du continent gênent certains intérêts et ne lui procurent pas que des amis. Ces dernières années, on a constaté la recrudescence des actes d’hostilité manifestés par le Maroc contre l’Algérie. Pour sa part, cette dernière gère cette situation avec une certaine flexibilité, ainsi que l’a souligné l’actuel ministre des Affaires étrangères qui a déclaré à la chaîne de télévision russe Russia Today, «l’Algérie entretient des relations normales et diversifiées avec le Maroc… Certains incidents surviennent de temps à autre. Nous souhaitons qu’ils n’aient pas lieu, mais lorsqu’ils se produisent, nous privilégions toujours, en Algérie, la solution pacifique à tous les différends».

            Ce sont des propos sages et une attitude responsable qui honorent leur auteur et l’Algérie, mais qui risquent d’être mal compris par l’opinion publique algérienne. En effet, comment justifier cette souplesse officielle lorsque c’est l’Algérie qui est la cible de cette campagne marocaine hostile ? Est-ce qu’une réplique un peu plus marquée dans le fond, la forme et le ton ne s’impose-t-elle pas pour remettre à sa place l’auteur de cette attitude inamicale ?
            Par ailleurs, s’il existe au Maroc une volonté sincère de s’insérer dans la dynamique de sauvetage de la région sahélo-saharienne entreprise par les Etats de la région sous l’égide de l’Algérie (Cemoc, notamment), les autorités de ce pays auront intérêt à se délester de l’esprit de blocage, voire de provocation à l’encontre de l’Algérie, qui ne sert les intérêts d’aucun des pays de la région — dont le Maroc qui n’est nullement à l’abri des coups de forces de déstabilisation actives dans la région — ni le Grand Maghreb arabe, ni l’Afrique entière. La question sahraouie est prise en charge par les Nations unies depuis de nombreuses années et les deux protagonistes dans ce conflit sont identifiés et connus. Et c’est en cette qualité mutuellement reconnue qu’ont eu lieu, par le passé, les pourparlers de la banlieue de New York sous l’égide des Nations unies.
            L’Algérie, le Maroc et le Maghreb auront tout à gagner avec des relations apaisées, décomplexées et équilibrées. L’exemple nous est donné par deux pays européens, l’Allemagne et la France, que séparaient une guerre (1871), deux guerres mondiales (1914-1918 er 1939-1945) et un litige territorial (Alsace-Lorraine) et qui, non seulement aujourd’hui filent la quasi-parfaite entente, mais sont devenus les principaux leviers de l’intégration européenne. Pouvons-vous faire au moins autant ? Pourquoi pas ? Il est permis de le croire en gardant à l’esprit un certain rendez-vous maghrébin à Tanger, un 27 avril 1958.
            M. Z.
            The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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