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Reflux des émergents : à qui la faute ?

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  • Reflux des émergents : à qui la faute ?

    Un éditorial récent du « Financial Times » prédisait une période difficile pour les économies émergentes prises dans l'ajustement monétaire en cours des économies avancées et en rejetait la faute sur leurs dirigeants. Ils devaient savoir que les vaches maigres suivent les vaches grasses et agir en conséquence. Ils devaient s'attendre à ce que les mouvements de capitaux qui leur ont été favorables durant la crise se retournent, entraînant avec eux, dans le meilleur des cas, dévaluation, inflation et ralentissement économique, et, s'ils n'y prennent pas suffisamment garde, une crise économique majeure. Mais que devaient-ils faire ? Certaines économies avancées ne se sont-elles pas rendues elles-mêmes coupables des mêmes « erreurs » ? Et le problème n'est-il pas avant tout celui d'une mobilité excessive des capitaux que l'on ne parvient pas à réguler efficacement ?


    En moins de vingt ans, le balancier des mouvements nord-sud de capitaux s'est renversé pas moins de trois fois, dont deux fois déjà avec des conséquences désastreuses. En 1997, le renversement des mouvements de capitaux à destination des pays d'Asie qui venaient de libéraliser leur secteur financier conduit à une crise mondiale d'une ampleur inédite. Pourtant, le monde et l'Asie s'en remettent assez rapidement. Les années qui suivent voient au contraire un afflux de capitaux des grandes économies émergentes et des pays pétroliers vers les Etats-Unis, qui accumulent de leur côté un déficit record de leur compte courant. Conjointement avec les développements mal régulés du secteur financier, ces « déséquilibres mondiaux » vont conduire à la grande crise de 2008.


    Les perspectives économiques maussades des économies avancées en pleine crise, puis l'expansion monétaire destinée à les relancer, avec des taux d'intérêt proches de zéro, renversent alors le mouvement. De nouveau, les capitaux et les liquidités nouvellement créées s'acheminent vers les économies émergentes, bien plus attractives. Leurs monnaies s'apprécient, ce qui améliore d'autant la rentabilité d'y investir, et la conjoncture y reste favorable après la courte interruption de 2009. L'abondance de capitaux fait même apparaître des bulles spéculatives sur certains marchés (Brésil, Turquie, Indonésie).

    Mais le balancier repart à nouveau. Est-il porteur d'une nouvelle crise ? La hausse des taux d'intérêt dans les pays avancés semble inéluctable et, par anticipation, les capitaux refluent vers les économies développées, les monnaies émergentes se déprécient, l'inflation accélère et l'on commence de craindre des difficultés majeures dans certaines économies émergentes dont les répercussions risqueraient même d'affecter l'économie mondiale.
    Alors, faut-il s'interroger sur la responsabilité des décideurs des économies émergentes plutôt que sur les risques que fait courir une mobilité internationale excessive des capitaux ? De tels mouvements sont une bonne chose lorsqu'ils reflètent des raretés différentielles fondamentales. Ils sont dangereux lorsqu'ils n'obéissent qu'à des décalages temporaires de parités. Il est toujours difficile de résister à l'arrivée de capitaux bon marché, mais qu'il faille à cet égard calmer les ardeurs des investisseurs est une opinion de plus en plus partagée. Ce qui est moins clair c'est la façon de le faire. Il est peu probable, en particulier, qu'une seule taxe sur les transactions financières soit suffisante.


    les échos
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