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Djamel Zenati hier au Forum de “Liberté” : “Les acteurs du changement doivent converger”

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  • Djamel Zenati hier au Forum de “Liberté” : “Les acteurs du changement doivent converger”

    Qu’ils soient boycotteurs ou participants, les forces patriotiques qui aspirent au renouveau de l’Algérie sont convoquées le 17 avril au soir…

    “Je ne m’étalerai ni sur le bilan désastreux de Bouteflika ni sur son état de santé, tant ces questions ont déjà été largement abordées”, a averti d’emblée, hier, Djamel Zenati, ancien responsable et député du Front des forces socialistes (FFS). Malgré cette assurance, il ne manquera pas, cela dit, de revenir, pour les besoins de la cause, sur les avatars de la gestion Bouteflika. Invité au Forum de Liberté, cette figure du mouvement identitaire berbère estime que l’heure est, aujourd’hui, à la mobilisation. “Nous sommes à un moment propice, une dynamique va se libérer et une forte opposition se fait déjà jour. C’est l’occasion d’aller vers un congrès ou une conférence nationale avec un esprit de responsabilité.” Djamel Zenati, qui dit avoir pris du recul par rapport au débat politique, propose aujourd’hui un mouvement pour l’alternative démocratique, et ce, d’autant que la campagne va libérer, selon lui, beaucoup d’énergies. “J’appelle toutes les forces du changement à se rassembler”, plaide-t-il. Il préconise, ainsi, une transition gérée par “un pouvoir collégial” ou par toute autre formule. “Je suis prêt, pour ma part, à m’effacer, pourvu que ça se fasse !” Il révèlera ainsi qu’il y a actuellement une grande concertation dans les rangs de l’opposition. “Il y a beaucoup de discussions. Il va falloir agréger tout ça.” Pour l’hôte de Liberté qui ne croit pas à l’homme providentiel, “il n’y a pas de formule magique ni de voie royale pour la démocratie”. L’unique voie de salut réside, selon lui, dans cette brèche étroite qu’est le dialogue national. “Chaque peuple construit sa démocratie en fonction de ses matériaux culturels, politiques, sociétaux, etc. Qu’on laisse, enfin, le génie populaire s’exprimer, il écrira, soyons-en sûrs, un joli roman national.” En tout cas, pour lui, la voie la moins coûteuse est assurément “la négociation adossée à un échéancier”. De son point de vue, le pouvoir est, qu’on le veuille ou non, “un acteur-clé”. “Il va falloir s’en accommoder”, prévient-il. D’après Zenati, on ne peut pas se proclamer démocrate et exclure les autres. C’est, pour lui, une question de “culture”. Jugeons-en : “Pour avoir une bonne récolte, on a toujours besoin d’avoir un peu de fumier.” Rires dans la salle.


    Le mythe d’Abdelkader El-Mali

    D’après lui, un coup de force ou même une violence excessive n’est pas à écarter, qu’à Dieu ne plaise. C’est pourquoi, il faut, selon lui, s’organiser, d’ores et déjà, dans cette perspective. “Il est de notre responsabilité d’encadrer le mouvement à venir. Il faut appeler à la mobilisation dès maintenant !” En interne, le régime que l'on croyait divisé, notamment à la suite de graves accusations inspirées de la thèse du “qui-tue-qui ?”, affiche de nouveau une façade unanime, digne de l'ère de l’Union soviétique. Cela dit, des lignes rouges ont été franchies. Pour Djamel Zenati, le conflit DRS-clan présidentiel risque de perdurer au-delà du 17 avril et risque même d’ouvrir la voie à tous les scénarios, y compris le pire. “Permettez-moi de vous faire remarquer que ce n’est pas Bouteflika qui a tiré sur Toufik, le chef du DRS. On a choisi pour cela un moins que rien. Ceci est dans notre culture. Quand on veut humilier un adversaire de façon indirecte, on lui envoie le plus dégueulasse de la famille pour le provoquer. On pourra toujours se tirer ensuite d’affaire et raccommoder.” D’après l’ancien député du FFS, c’était une manière détournée pour insulter à la veille d’une élection présidentielle le prétendu faiseur de rois. Le problème, toutefois, d’après lui, est que “Toufik mahabech yfik” (Toufik ne veut pas se réveiller). Et pourtant dans Toufik, il y a “fik” (réveille-toi), ironise-t-il. Au-delà de ce jeu de mots, Zenati n’a pas manqué de lancer un appel solennel aux journalistes pour ne plus assimiler Amar Saâdani, par qui le scandale est arrivé, à un percussionniste, “et cela par respect à cet art de la derbouka porté à son summum par ces grands maîtres du rythme que sont Alilou, Rabah Khalfa, Papou, ou encore Saïd Ghezli”. (Rires encore dans la salle). S’agissant de l’opinion internationale considérée comme “attentiste”, Zenati estime qu’elle le restera encore : “Le cas algérien recèle une dimension stratégique. Les puissances occidentales ne peuvent s’aventurer à soutenir un pouvoir qui risque de s’effondrer dans moins d’un an. Le soutien à un 4e mandat pour Bouteflika peut se retourner contre eux. C’est, à mon avis, une démarche qu’ils ne feront pas. Car ils savent investir non seulement dans l’économie mais aussi dans la politique.” Il rappellera, à ce sujet, “le marathon diplomatique” de Bouteflika au début de son règne qu’on disait destiné à “aider le pays”. D’après lui, le “candidat-absent” et non moins actuel locataire d’El-Mouradia n’a fait que s’assurer, par son va-et-vient, des soutiens contre ses adversaires réels ou potentiels. Le chef de l’État aurait affirmé, d’après Zenati, à Hubert Védrine, chef de la diplomatie française, en juillet 2000, être “le seul porte-parole de l’Algérie à l’étranger”. Et de prévenir le ministre de l’ancienne puissance coloniale que des officiels et des ministres algériens allaient se rendre en France mais qu’il ne fallait, en aucun cas, les croire. Une accusation très grave qui vient faire voler en éclats, une fois encore, le mythe d’Abdelkader El-Mali, soupçonné aujourd’hui d’avoir passé des deals secrets avec des puissances étrangères.


    Juste un petit mortel…

    Au lieu de faire part de son inquiétude, notamment face à la répression de manifestations pacifiques contre le 4e mandat, la communauté internationale préfère globalement s’abstenir. Enfin, pour le moment ! De toute manière, l'ingérence étrangère a toujours montré ses limites par ici. Les Algériens n’en veulent pas. Du coup, c’est beaucoup mieux que ces puissances se taisent ! Car si elles venaient à parler, il n’y aurait peut-être que Bouteflika pour les écouter. Et encore, rien n’est aujourd’hui moins sûr, vu son état végétatif. S’agissant, par ailleurs, des attaques contre ceux qui ne veulent pas d'une honte planétaire à la suite du plébiscite annoncé du “candidat-absent” et qui sont présentés par les “souteneurs” du 4e mandat comme des “fauteurs de troubles” et de “dangereux aventuriers”, Zenati s’en remettra tout simplement à Dieu : “Allah yahfed li yhebna oua yahdi li mayhebnach” (que Dieu préserve ceux qui nous aiment et guide sur le bon chemin ceux qui nous haïssent). Clin d’œil manifeste au plus zélé des “souteneurs” qui ne manquera pas de se reconnaître. Il dénoncera à ce sujet les accusations proférées contre le mouvement Barakat qui essuie actuellement un tir croisé de toutes parts. Il se dira effaré par le fait qu’il puisse exister des candidats qui roulent pour le 4e mandat et qui refusent le changement. “On aura tout vu et entendu. En théorie, celui qui se porte candidat, c’est dans l’espoir d’être élu, n’est-ce pas ?” L’orateur a également convoqué l’histoire de la religion musulmane pour fustiger le culte de la personnalité auquel s’adonnent les ouailles de Bouteflika qui, selon lui, “rasent les murs actuellement”. “À la mort du Prophète, une grande tristesse et une incertitude se sont abattues sur les musulmans. Son proche compagnon, Aboubaker Seddik s’était fendu alors d’une phrase devenue célèbre jusqu’à nos jours : ‘Que celui qui adore Dieu sache que Celui-ci est éternel et que celui qui adore le Prophète sache que celui-ci est mort !’” Une manière de signifier que Bouteflika est juste un petit mortel qui aura cédé, une fois encore, à la tentation et de jeter, de la sorte, l’opprobre sur la foi même de ses partisans. Il est à se demander, en effet, si ces derniers sont encore des musulmans. Mais ceci est une autre question.


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    كلّ إناءٍ بما فيه يَنضَح

  • #2
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    Hamrouche, le FFS et les autres

    Interrogé, en outre, sur la position confuse et ambiguë du FFS qui consiste dans un “ni boycott ni participation”, Zenati a averti son auditoire qu’il ne taperait pas sur le FFS duquel il a pris, il est vrai, ses distances, il y a plus d’une décennie. “Je ne peux pas taper sur le FFS, surtout maintenant, et ce n’est pas par tactique politique. Ceci dit, je ne comprends pas sa position qui est pour moi un Opni (objet politique non identifié). On ne peut pas considérer raisonnablement que le prochain scrutin sera un non-évènement. Ils vont nous donner peut-être bientôt quelques éclaircissements…”
    Dubitatif face à cette “non-position” de son ancienne formation politique dont la vocation naturelle est, rappelle-t-il, comme celle de tout autre parti politique, de structurer l’opinion et non pas de l’égarer. “Je ne sais pas, mais quand on renonce à cette mission, il y a comme un problème. L’essentiel est que le FFS veuille participer à la transition, et c’est cela qui me réconforte”, conclut-il, optimiste. Quant à la sortie de l’ancien Premier ministre, Mouloud Hamrouche, diversement appréciée, Zenati a un avis plutôt tranché sur la question. “Hamrouche a fait ce que nous sommes en train de faire : tirer la sonnette d’alarme et appeler les jeunes générations à prendre leurs responsabilités. Hamrouche doit continuer à parler et j’appelle les autres personnalités aussi à parler.” Explicitant sa propre position favorable, faut-il souligner, à la participation au prochain scrutin, Zenati dit ne pas s’opposer aux boycotteurs : “Leurs arguments sont tout à fait recevables même si je n’y adhère pas. Ceci dit, nous sommes tous dans la même perspective de changement.” Qu’à cela ne tienne, l’appel de Djamel Zenati à la création d’“un mouvement pour l’alternative démocratique” semble déjà trouver des échos positifs. Pour preuve, la présence hier au Forum de Liberté de l’ancien chef de gouvernement, le Dr Ahmed Benbitour, du général à la retraite Mohand-Tahar Yala et de plusieurs anciens responsables du FFS, à l’instar de Mohamed Bouhadef et d’Ali Kerboua, ce qui témoigne que l’idée d’un regroupement de l’opposition fait, assurément, son bonhomme de chemin. Toutefois, il recommande la plus grande vigilance face à un pouvoir cynique qui connaît toutes les subtilités de mise en pratique du fameux adage “diviser pour régner”. Il reconnaît pour cela un certain “génie” à Bouteflika, un génie au service du mal, bien sûr. “Il a tout divisé en attaquant des journalistes par d’autres journalistes, l’opposition par l’opposition. En opposant l’armée à l’armée, les syndicats aux syndicats, etc.”


    Dessine-moi un système

    Essayant, par ailleurs, de comprendre et d’expliquer ce qui se trame dans ce merveilleux pays, Zenati aura recours à son profil de mathématicien pour présenter un schéma, une esquisse où il fait ressortir la configuration du pouvoir en Algérie à travers plusieurs cercles concentriques. “Par déformation professionnelle, j’ai mis un peu de géométrie en représentant dans ce schéma le clan présidentiel, le système et le sous-système”. D’après lui, on ne peut appréhender les choses aujourd’hui sous le prisme du factionnalisme pour expliquer ce qui se passe actuellement en Algérie. Cette démarche n’est plus pertinente, selon lui. “Ce n’est plus seulement une affaire de clans”, argue-t-il. D’après lui, une des caractéristiques du “système” et du “sous système” est le “budget d’entretien de la contre-société”. “C’est le prix à payer, il n’y a pas d’autre solution. Les réseaux informels doivent augmenter.” Et c’est comme cela qu’on a vu en Algérie s’ériger des fortunes en quelques mois, un “enrichissement sans cause”, comme on dit, sous d’autres cieux. “Celui qui ne s’est pas enrichi sous Bouteflika ne sera jamais riche.” Tel pourrait être le slogan mobilisateur des partisans du 4e mandat. Jamais, en effet, la corruption ne s’est autant généralisée dans le pays que depuis l’avènement de Bouteflika. Le Président sortant, candidat à sa propre succession, est lui-même, éclaboussé, via son entourage, par de gros scandales. Dans son analyse, Djamel Zenati démontre qu’une “petite société se développe en Algérie sur le dos de la vraie société”. En somme, une “petite république” qui ne fait qu’agrandir un “cercle rouge” qui représente, d’après lui, l’implosion à venir. Inévitable, présage-t-il : “Le soir du 17 avril, il se passera quelque chose.”


    Liberté
    12.03.14



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