PROSÉLYTISME RELIGIEUX à l’Ecole normale de Bouzaréah
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui assistait hier à la cérémonie de remise du prix Maurice Audin de mathématiques, a déclaré « ne pas être au courant » de l’affaire.La scène s’est passée, hier matin, à l’Ecole normale supérieure, ENS, chargée, comme on le sait, de former pour l’éducation nationale les enseignants d’aujourd’hui et de demain. A l’entrée de l’établissement : un jeune, visiblement étudiant, distribue des tracts appelant les jeunes fi lles à veiller à la « rigueur » de leur hidjab et à le porter « en conformité avec la charia». «Il s’agit de sensibiliser sur les bienfaits du hidjab, comme valeur sûre, protectrice et identitaire », dira-t-il à celles qui le questionnent sur le contenu du texte.Le spectacle aurait pu être d’une banalité de tous les jours s’il s’était passé à l’extérieur de l’établissement ou devant une association islamiste. Il ne l’était sûrement pas à l’intérieur d’un établissement de la République où le prosélytisme religieux est interdit par la loi et par le règlement intérieur dans ce type de bâtiment où la propagande religieuse et pour des signes extérieurs de religiosité tels que le hidjab n’est pas du tout souhaitée - c’e le moins que l’on puisse dire pour ne pas être accusés de répression – pour des raisons d’éthique universitaire normalement articulée autour du sacrosaint principe du respect d’autrui et de ses croyances et convictions. Cet appel au port du hidjab réglementaire, a-t-on appris sur place, a été organisé par une section du syndicat estudiantin UGEL se réclamant des idées et de l’obédience du MSP de Abderrazak Mokri. Il a été fait, selon les témoignages recueillis sur place, avec l’aval et l’autorisation de la direction de l’ENS qui considère qu’il n’y a rien d’anormal ni de dangereux que des étudiants islamistes investissent l’école pour faire de la propagande religieuse dans une ambiance, il est vrai, bon enfant, mais dont le contenu est pour le moins inacceptable dans un pays qui a connu une « guerre civile » de dix ans pour une raison où l’intégrisme religieux a été pour une très large part le moteur de la division qui a déchiré les Algériens durant les années quatre-vingt-dix.
HIDJAB « MOULTAZIM »Munis de badge et de gilets portés pour l’occasion, ces étudiants ont passé une partie de la matinée à solliciter méthodiquement toutes les étudiantes avec ou sans hidjab pour leur distribuer leurs tracts et leur faire la morale sur la nécessité de «porter le hidjab et surtout de le porter à la manière orthodoxe et non pas de la façon défroquée, comme le font certaines étudiantes ». La leçon a porté sur le hidjab parfait et son mode d’emploi devant le regard attentif et manifestement intéressé de l’agent de police posté pas loin de l’entrée principale de l’Ecole normale supérieure. Il s’agit d’un hidjab «moultazim», nous dira un des étudiants en charge de la distribution des tracts dont certains, nous a-t-on dit, sont inspirés de textes de prédicateurs salafi stes saoudiens. Des organisateurs de la propagande nous diront qu’il s’agit juste d’un « texte de référence pris d’un ouvrage disponible dans nos bibliothèques et librairies ».Quelques instants plus tard, on apprend que la distribution des tracts – qui n’est pas la première du genre – se déroulait en accompagnement d’une sortie de meeting tenu dans la grande salle de réunion de l’Ecole normale. A l’intérieur, des dizaines de jeunes étudiantes – dont certaines étaient sans hidjab – assistaient à un prêche «magistral» sur… justement le port rigoureux du hidjab. Le ton et les propos tournaient autour des raisons du port du hidjab « pour la vie et l’après-vie » loin des questions qui devraient en principe concerner de futurs enseignants destinés à encadrer l’appareil pédagogique de l’éducation nationale. Le style et le discours n’étaient pas loin de celui des évangélistes et étaient ponctués de questions que posaient les étudiantes. La jeune fi lle qui posait la question était invitée à se rapprocher de l’estrade. Avec un micro, le modérateur lui répondait. Mais avant de satisfaire la curiosité de la jeune fi lle, il reprenait sa question face à l’auditoire, puis répondait enfi n. Ses réponses étaient enrichies par des versets coraniques, dont des passages étaient repris en cœur par l’audience. Après quoi, il se retournait vers son interlocutrice, pour lui demander si elle était satisfaite de ses argumentations. Parmi les intervenants que l’on a pu voir, outre le modérateur, un monsieur était de la partie : un certain Cheikh Sid Ali Bouidou. Le religieux, d’après ce qui était susurré, serait conférencier et imam. Avec une voix posée et un léger trémolo, il défendra le port du hidjab. Ses propos étaient suivis « religieusement » par les étudiantes…
REPORTERS.DZ
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui assistait hier à la cérémonie de remise du prix Maurice Audin de mathématiques, a déclaré « ne pas être au courant » de l’affaire.La scène s’est passée, hier matin, à l’Ecole normale supérieure, ENS, chargée, comme on le sait, de former pour l’éducation nationale les enseignants d’aujourd’hui et de demain. A l’entrée de l’établissement : un jeune, visiblement étudiant, distribue des tracts appelant les jeunes fi lles à veiller à la « rigueur » de leur hidjab et à le porter « en conformité avec la charia». «Il s’agit de sensibiliser sur les bienfaits du hidjab, comme valeur sûre, protectrice et identitaire », dira-t-il à celles qui le questionnent sur le contenu du texte.Le spectacle aurait pu être d’une banalité de tous les jours s’il s’était passé à l’extérieur de l’établissement ou devant une association islamiste. Il ne l’était sûrement pas à l’intérieur d’un établissement de la République où le prosélytisme religieux est interdit par la loi et par le règlement intérieur dans ce type de bâtiment où la propagande religieuse et pour des signes extérieurs de religiosité tels que le hidjab n’est pas du tout souhaitée - c’e le moins que l’on puisse dire pour ne pas être accusés de répression – pour des raisons d’éthique universitaire normalement articulée autour du sacrosaint principe du respect d’autrui et de ses croyances et convictions. Cet appel au port du hidjab réglementaire, a-t-on appris sur place, a été organisé par une section du syndicat estudiantin UGEL se réclamant des idées et de l’obédience du MSP de Abderrazak Mokri. Il a été fait, selon les témoignages recueillis sur place, avec l’aval et l’autorisation de la direction de l’ENS qui considère qu’il n’y a rien d’anormal ni de dangereux que des étudiants islamistes investissent l’école pour faire de la propagande religieuse dans une ambiance, il est vrai, bon enfant, mais dont le contenu est pour le moins inacceptable dans un pays qui a connu une « guerre civile » de dix ans pour une raison où l’intégrisme religieux a été pour une très large part le moteur de la division qui a déchiré les Algériens durant les années quatre-vingt-dix.
HIDJAB « MOULTAZIM »Munis de badge et de gilets portés pour l’occasion, ces étudiants ont passé une partie de la matinée à solliciter méthodiquement toutes les étudiantes avec ou sans hidjab pour leur distribuer leurs tracts et leur faire la morale sur la nécessité de «porter le hidjab et surtout de le porter à la manière orthodoxe et non pas de la façon défroquée, comme le font certaines étudiantes ». La leçon a porté sur le hidjab parfait et son mode d’emploi devant le regard attentif et manifestement intéressé de l’agent de police posté pas loin de l’entrée principale de l’Ecole normale supérieure. Il s’agit d’un hidjab «moultazim», nous dira un des étudiants en charge de la distribution des tracts dont certains, nous a-t-on dit, sont inspirés de textes de prédicateurs salafi stes saoudiens. Des organisateurs de la propagande nous diront qu’il s’agit juste d’un « texte de référence pris d’un ouvrage disponible dans nos bibliothèques et librairies ».Quelques instants plus tard, on apprend que la distribution des tracts – qui n’est pas la première du genre – se déroulait en accompagnement d’une sortie de meeting tenu dans la grande salle de réunion de l’Ecole normale. A l’intérieur, des dizaines de jeunes étudiantes – dont certaines étaient sans hidjab – assistaient à un prêche «magistral» sur… justement le port rigoureux du hidjab. Le ton et les propos tournaient autour des raisons du port du hidjab « pour la vie et l’après-vie » loin des questions qui devraient en principe concerner de futurs enseignants destinés à encadrer l’appareil pédagogique de l’éducation nationale. Le style et le discours n’étaient pas loin de celui des évangélistes et étaient ponctués de questions que posaient les étudiantes. La jeune fi lle qui posait la question était invitée à se rapprocher de l’estrade. Avec un micro, le modérateur lui répondait. Mais avant de satisfaire la curiosité de la jeune fi lle, il reprenait sa question face à l’auditoire, puis répondait enfi n. Ses réponses étaient enrichies par des versets coraniques, dont des passages étaient repris en cœur par l’audience. Après quoi, il se retournait vers son interlocutrice, pour lui demander si elle était satisfaite de ses argumentations. Parmi les intervenants que l’on a pu voir, outre le modérateur, un monsieur était de la partie : un certain Cheikh Sid Ali Bouidou. Le religieux, d’après ce qui était susurré, serait conférencier et imam. Avec une voix posée et un léger trémolo, il défendra le port du hidjab. Ses propos étaient suivis « religieusement » par les étudiantes…
REPORTERS.DZ
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