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L’ONU impuissante face au sort de la Crimée

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  • L’ONU impuissante face au sort de la Crimée

    Alors qu’une dernière rencontre entre les chefs de la diplomatie américaine et russe John Kerry et Sergueï Lavrov a échoué, les Ukrainiens expriment leurs vives inquiétudes

    L'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU à New York l’a souligné jeudi devant le Conseil de sécurité: la fenêtre diplomatique est en train de se fermer. Vendredi, après près de six heures d’entretien à Londres, les chefs de la diplomatie américaine et russe n’ont trouvé aucun terrain d’entente sur la crise ukrainienne. Un responsable du Département d’Etat a fait part à des journalistes voyageant avec John Kerry que les pourparlers sont restés dans une impasse: «Nous avons développé de nombreuses idées et nous étions prêts à les proposer [à la Russie] au nom de l’Ukraine, mais il est rapidement apparu» que Sergueï Lavrov «n’était pas autorisé à discuter des propositions ayant des conséquences sur la Crimée» avant que le référendum à très haut risque sur le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie ne se tienne dimanche.

    L’échec de la rencontre Kerry-Lavrov ne devrait pas empêcher les Américains de soumettre ce samedi au vote du Conseil de sécurité une résolution qui ne condamne pas, mais réaffirme la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. La Russie s’y opposera et la Chine devrait sans doute s’abstenir.

    Malgré ces efforts, un sentiment d’impuissance dominait à New York vendredi. Comme si le coup de force de Moscou en Ukraine devenait inéluctable. L’ambassadeur d’Ukraine Iouri Sergueyev a néanmoins rassemblé des représentants des minorités de son pays pour qu’ils disent «leur vérité». Une manière de démystifier ce qu’ils considèrent comme la propagande fallacieuse de Moscou selon laquelle la population russophone serait menacée et l’Ukraine en proie à un antisémitisme virulent.

    Ayla Atali, l’une des responsables de la communauté turco-tatare de Crimée, dresse un tableau préoccupant de la situation: des croix ont été inscrites sur les maisons d’habitants tatars de la péninsule de Crimée dans l’optique du référendum. «Des passeports ont également été confisqués. L’arrivée de soldats russes nous replonge dans la crainte de l’occupation soviétique. Les Tatars sont des indigènes en Crimée. Ils ont été déportés en 1944. On n’aurait jamais imaginé qu’une invasion russe de la Crimée serait à nouveau possible.»

    Selon Ayla Atali, la population tatare appréhende l’échéance de ce dimanche. «En allant dormir dimanche soir, nous ne saurons pas si en nous réveillant, nous aurons droit au même sort que nos ancêtres en 1944.» La communauté tatare boycottera le référendum et manifestera dans les rues pour exprimer son souhait de conserver une Ukraine unie.

    L’ambassadeur Iouri Sergueyev a aussi invité à l’ONU le grand rabbin d’Ukraine, Jacob Dov Blaikh, pour répondre aux accusations proférées par Moscou selon lesquelles les attaques antisémites auraient explosé depuis l’avènement du gouvernement de transition. Le religieux a vécu vingt-quatre ans en Ukraine et vingt-quatre ans sous l’ère soviétique. Doté d’un fort accent américain, il est catégorique: «Je n’entends pas laisser se répandre des mensonges au sujet d’un antisémitisme qui est utilisé comme excuse pour envahir l’Ukraine.» S’il admet que le phénomène existe en Ukraine comme dans d’autres pays, il s’inquiète des allégations faites par la Russie: «A Simferopol, je n’ai jamais assisté à des actes antisémites. Or le jour où les troupes russes ont envahi la Crimée, un graffiti antisémite a été peint sur la synagogue.» Le rabbin ne craint pas non plus des dérapages des membres du parti Svoboda qui disposent de plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement et dont le passé est marqué de taches brunes. «Nous avons eu des garanties du premier ministre», se rassure-t-il.

    Commentant la situation depuis Kiev par vidéoconférence, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les droits de l’homme, Ivan Simonovic, décrit lui aussi une situation alarmante. Depuis les récents événements de Maïdan, il se dit très préoccupé par les accusations d’exécutions sommaires, de torture, d’enlèvements et de détention arbitraire. S’il a renoncé à se rendre en Crimée après avoir été averti par les autorités locales qu’elles n’étaient pas en mesure de garantir sa sécurité, il a pu quand même s’entretenir avec plusieurs acteurs de la société civile de la péninsule.

    L’Etat de droit n’existe plus, la liberté de mouvement n’est plus garantie. Toutes les chaînes de télévision ukrainiennes ont été fermées. Forte de ce constat, l’ONU a mis sur pied une mission d’évaluation de la situation des droits de l’homme opérationnelle dès la semaine prochaine. Son objectif: contribuer à la désescalade avec des informations précises pour empêcher leur utilisation à des fins de propagande.

    le soir Bel
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