La région fascine.
La richesse de son artisanat, de ses us et coutumes en font une contrée attrayante.
Son patrimoine qui comprend sites naturels, chott, lacs et sebkhate, sans oublier ses villages traditionnels, ses mosquées centenaires et sa gastronomie locale en fait une destination touristique privilégiée.
Le Souf est spécifique de par son architecture construite en voûte et en coupole, d’où la grande originalité de cette ville, surnommée à juste titre «ville aux milles coupoles».
En fait, ce type de construction n’a pas seulement une valeur esthétique, il répond surtout aux conditions climatiques et d’isolation.
Le Souf est également connu pour ses zaouïas. Leur implantation remonte à, il y a plusieurs siècles.
L’apparition des tourouq a beaucoup influencé la population. Trois zaouïas se partagent l’espace d’El Oued, en l’occurrence la zaouïa Tidjania, la Kadiriya et la Rahmania.
Ces dernières constituent des centres de rayonnement cultuel et culturel où le savoir est dispensé aux fidèles.
Le Souf est aussi le pays des roses des sables, des fennecs et des tapis de haute laine ou en poil de chameau.
D’ailleurs, la traditionnelle fête du tapis, organisée chaque année entre mars et avril, réunit les plus belles créations et les tisseuses de la région saisissent cette occasion pour montrer tout leur savoir- faire, un savoir-faire ancestral.
Concernant le tapis de Oued Souf, il serait du fait de deux frères d’origine turque, les Gherib qui ont d’abord travaillé dans le Constantinois.
Un peu plus au sud, dans le Hobba, des Ottomans sont venus s’installer, vers le milieu du XIXe siècle et leurs descendants y sont toujours.
Les « zerbya » sont les premiers modèles exécutés par les artisans du cru. Ils se caractérisent par une belle couleur rouge ou des bleus ardents. Cependant cette forme d’art s’estompe peu à peu pour laisser apparaître un camaïeu de teintes naturelles qui est un mélange de laine et de poils de chameau.
Les tapis bruns, beiges et noirs sont très beaux et très bien exécutés, pour ce qui est de l’ornementation, elle demeure assez classique, avec des emprunts aux tapis nememchi, à savoir un médaillon central, des bordures d’encadrement et des écoinçons garnis de semis.
Le «nakh» ou la danse des cheveux
Ceux qui ont visité la région de Oued Souf ont certainement dû assister à ces fameuses exhibitions connues sous le nom de nakh ou noukh.
C’est une danse bédouine et nomade typique qui a lieu au cours d’un «mahfel».
Elle est exécutée le soir, au clair de lune, par des jeunes femmes célibataires. Les spectateurs forment un croissant.
Dans la partie ouverte du croissant, sont assis les chanteurs…
Sous la conduite d’une vieille femme, les danseuses arrivent, le visage couvert d’un voile fin, en habit de fêtes, parées de bijoux traditionnels, toujours en argent car les nomades ne se parent pas d’or.
Elles se mettent à genoux devant les chanteurs qui entonnent en chœur des chants appropriés, souvent improvisés séance tenante, en battant la mesure sur des tas de sable ! C’est à ce moment que la vieille dame qui dirige la danse dévoile, une à une, les jeunes filles, découvrant ainsi leur abondante chevelure.
Le buste incliné vers l’arrière, suivant le rythme des chants et les applaudissements, les danseuses impriment à leurs cheveux des mouvements de va-et-vient, combiné à une rotation de la nuque, donnant ainsi des ondulations rotatives et semi-circulaires.
Seules les chevelures et la nuque sont en mouvement, grâce à la souplesse du cou.
Le «noukh» est propre au Souf… à l’exception d’une tribu syrienne.
Des palmeraies classées patrimoine universel
En juin 2006, l’Organisation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture, la FAO a décidé de classer les «ghouts», anciennes palmeraies de la région de Oued Souf, patrimoine universel.
Cette décision a été annoncée lors d’ateliers sur «Le système ingénieux du patrimoine agricole mondial» organisés à El Oued.
A la suite de cette classification, il a été demandé aux agriculteurs locaux de préserver les «ghouts» non seulement pour eux mais aussi pour les générations futures.
Il faut noter que les meilleures dattes au monde, les fameuses deglet nour sont produites dans les ghouts, qui sont de vastes cratères creusés par les Soufis et au fond desquels poussent des palmiers irrigués naturellement de la nappe phréatique.
Il faut savoir, enfin, que la région d’El Oued compte plus de 9000 ghouts dont environ 900 ont été détériorés, en raison de la remontée des eaux.
Hassina Amrouni
Histoire de Oued Souf
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