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Faut-il craindre un Lehman Brothers chinois ?

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  • Faut-il craindre un Lehman Brothers chinois ?

    Le syndrome Lehman Brothers. Voilà ce qui hante actuellement les investisseurs à propos de la Chine. Si l'inquiétude de voir le système financier de l'Empire du Milieu ébranlé par l'effondrement d'un établissement financier (comme aux États-Unis en septembre 2008) n'est pas unanimement partagée, elle est suffisamment sérieuse pour avoir été relayée vendredi par le Financial Times. Le quotidien de la City en a fait sa une après avoir révélé que le producteur d'acier Haixin de la province du Shanxi était incapable de rembourser des échéances de prêts. D'autant que l'annonce est intervenue après le premier défaut de l'histoire moderne de la Chine d'une entreprise chinoise sur sa dette, début mars : un producteur de panneaux solaires, Chaori Solar Energy Science and Technology, n'avait pas pu honorer les intérêts d'une obligation émise il y a deux ans.

    La crainte des investisseurs a aussi été alimentée par les propos du Premier ministre chinois. Li Keqiang a fait savoir jeudi qu'il fallait s'attendre à une série de défauts alors que le gouvernement a décidé de libéraliser le secteur financier et donc de laisser tomber les entreprises mal gérées ou qui auraient fait des investissements non rentables. "Il faut faire la part des choses entre les risques de défauts et le risque de défaillance de l'ensemble du système financier chinois", relativise Bei Xu, économiste à la recherche économique de Natixis. Contrairement aux États-Unis en 2008, une bonne partie de celui-ci est en effet public ou parapublic. "L'objectif des autorités chinoises est d'éviter un risque systémique tout en éduquant les entreprises, les financiers et les ménages en leur montrant qu'un défaut est bien sûr possible dans un système d'économie de marché", considère cette spécialiste de l'économie chinoise. En d'autres termes, le gouvernement ne laissera jamais tomber une entreprise dont la faillite menacerait l'ensemble du système financier du pays.

    Des crédits accordés beaucoup trop facilement

    Pour autant, les deux défauts interviennent dans un contexte propice aux défaillances d'entreprises. "Il y a eu une extension trop rapide du crédit autorisée pour faire face à la crise financière. Le retournement de la croissance fait augmenter le risque que certains acteurs ne puissent pas rembourser", considère Bei Xu. L'endettement des entreprises n'a cessé d'augmenter, au point que les crédits bancaires représentent aujourd'hui quelque 130 % du PIB chinois contre 110 avant la crise. Les prêts non performants auraient ainsi augmenté de 20 % rien qu'en 2013, souligne Natixis dans une note. En y ajoutant les engagements auprès du système bancaire parallèle (shadow banking, moins régulé et moins regardant sur la qualité des emprunteurs), ainsi que les émissions de dette des entreprises (sous forme d'obligations), le chiffre monte à 200 % du PIB, avance l'économiste de Natixis.

    Au point que la Banque populaire du peuple, la banque centrale chinoise, avait suspendu début décembre ses opérations de marché régulières visant à injecter de nouvelles liquidités dans le système bancaire. Une décision censée enrayer l'octroi de prêts à des spéculateurs, qui avait entraîné une envolée des taux d'intérêt interbancaires, dans un mouvement semblable à celui observé dans le système financier occidental en 2008...

    L'État comme rempart

    Le risque de voir s'enchaîner les défauts dépendra largement de l'évolution de la croissance. Une progression atone de l'activité pourrait en effet mettre nombre d'entreprises sur la paille. Déjà la croissance n'est plus ce qu'elle était il y a quelques années : elle est passée de 10 % à moins de 8 % en 2013. En théorie, l'hypothèse d'un effondrement n'est pas improbable compte tenu de l'imbrication des différentes institutions financières entre elles. En pratique, l'État chinois serait alors obligé d'intervenir pour garantir une croissance 2014 proche de son objectif de 7,5 %, considère Natixis. "Si la Chine est confrontée à un ralentissement bien en deçà de 7,5 %, le risque de défaut serait énorme dans le système bancaire et dans le système bancaire parallèle, ce qui aurait un coût politique et social extrêmement important pour les autorités. Elles auraient peut-être du mal à faire face. Elles doivent donc garantir un minimum de croissance pour cette année", explique Bei Xu.

    Comme au deuxième semestre 2013, l'État chinois pourrait donc sauver la croissance du pays grâce à un programme d'investissements publics dans de grandes infrastructures. L'économiste relativise également le trou d'activité enregistré au premier trimestre, beaucoup relevé par les investisseurs : "Il est lié aux procédures administratives d'approbations d'investissements allongées par le Nouvel An chinois." Autre facteur explicatif, le manque de main d'oeuvre lié au retour des travailleurs dans leur région d'origine, là aussi pour cause de Nouvel An chinois, ce qui freine traditionnellement l'investissement.

    Si une crise financière comparable à celle déclenchée par la faillite de Lehman Brothers en 2008 ne semble donc pas pour tout de suite, les autorités chinoises pourraient bien être obligées de resserrer les conditions de crédits en imposant une prudence renforcée aux banques avec un refinancement plus cher auprès de la banque centrale. Ce qui devrait entraîner un renchérissement du crédit bancaire pour les entreprises, surtout dans des secteurs en surcapacité comme la sidérurgie, les cimenteries, la construction navale ou les équipements photovoltaïques. Un lent mouvement vers un modèle de croissance moins centré sur les investissements des entreprises (y compris étrangères) et plus sur le développement de la consommation intérieure.

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